Come together, sans une ride, les Beatles ont leur « ticket to ride » en bande dessinée
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Come together, sans une ride, les Beatles ont leur « ticket to ride » en bande dessinée

Tout comme les écrits, les chansons mythiques restent, imperméables au temps, fredonnée jusqu’à la fin des jours. Mais qu’en est-il des histoires qui flottent au vent, s’étiolant au fil du bouche-à-oreille? Elles se perdent irrémédiablement si on ne les actualise pas de temps en temps. Fidèles au format qui a fait leur succès, les éditions Petit à Petit rééditent « The Beatles en BD », un ouvrage qui fait la part belle aux dessins de 25 auteurs, aux anecdotes (dont certaines incroyables) qui entourent les dix ans d’existence du groupe légendaire tout en piochant dans leur discographie. QR Codes et partenariat avec Deezer à l’appui. Du beau boulot.

Résumé de l’éditeur: Le parcours du groupe le plus célèbre du 20e siècle, de Liverpool à la séparation en passant par le phénomène Beatlemania. L’incroyable épopée en 252 pages du groupe le plus mythique de l’Histoire de la Pop.

 

 

©Gaët's/Efix chez Petit à Petit

 

 

©Gaet’s/Efix chez Petit à Petit

 

À 25 ans, comme beaucoup de « gamins » de mon âge qui cherchent à s’intéresser à la musique qui régnait avant les 90’s, c’est par procuration que j’ai vécu les Beatles, ou plutôt leur musique (et encore, les grands hits). John Lennon et George Harrison étaient morts depuis longtemps, la Beatlemania avait cédé la place à une incompréhensible Biebermania (ou peut-être était-ce pour Tokio Hotel « à mon époque »), les paillettes avaient ensevelis le « bumpy ride » des « scarabées »… Restaient quelques images fortes (comme celle qui sert de pochette au « Sergeant pepper lonely heart club band » reprise en fin d’année 2016 pour célébrer tous les morts de cette « année…catombe ») d’une carrière courte mais intense, hors-norme, des images privées de mots fixant l’instant mais pas le moment et son contexte.

 

 

© Gaët's/Bloop chez Petit à Petit

 

 

© Gaet’s/Bloop chez Petit à Petit

 

Du coup, un livre tel que le publie Petit à Petit est une aubaine joignant l’utile à l’agréable. La musique aussi, puisque des playlists ont été créées pour l’occasion sur Deezer et sont accessibles en scannant les QR Codes disséminés au fil des pages et de la partition de vie des quatre garçons dans le vent (qui, en comptant les hommes de l’ombre mis en lumière depuis longtemps, étaient sans doute un peu plus nombreux pour faire souffler le vent de la révolution). Une innovation par rapport aux précédentes éditions (un recueil du même acabit en 2008 chez Petit à Petit suivi, quelques années plus tard, d’une trilogie sélective chez feu les éditions Fetjine). Alors, on attend que vous soyez branchés et on reprend…. ça y est… c’est bon… vous avez trouvé les playlists? Bien, vous voilà en situation idéale pour savourer ce livre.

 

 

© Gaët's/Brayon chez Petit à Petit

 

 

© Gaet’s/Brayon chez Petit à Petit

 

Un livre qui, nous le soulignions déjà à propos d’une autre parution de Petit à Petit dans un tout autre domaine (La mythologie grecque en BD), prend le soin de ne pas se gaver jusqu’à plus faim de l’histoire en long et en large mais de s’en inspirer parcimonieusement. C’est ainsi qu’une vingtaine d’anecdotes ont été choisies par Michels Mabel (remarquez le pseudonyme) et scénarisée par Gaet’s, parfois rocambolesques (comme la rumeur de la mort de Paul ou la vendetta massive des Américains contre les Beatles à la suite d’une interview de John reprise par la presse à scandale) mais permettant surtout d’avancer à vitesse de croisière, des prémisses à la fin (du moins, celle actée) d’une époque plus que formidable, d’un disquaire obscur de Liverpool à un claquement de porte fatal dans les studios d’Abbey Road.

 

 

© Gaët's/Gleyse chez Petit à Petit

 

 

© Gaet’s/Gleyse chez Petit à Petit

 

À chaque épisode, un dessinateur différent a la main, faisant trait avec l’esprit et l’atmosphère qui traversent les Beatles. L’innocence des premiers pas en compagnie de Lu-K, la turbulence et la frénésie des premières scènes par Vox dans un style qui n’appartient qu’à lui, A hard day’s night sous le crayon très hispanique de Victor Giménez ou encore la période hallucinogène rendue par Piero Ruggeri et Filippo Neri.

 

 

© Gaët's/Gimenez chez Petit à Petit

 

 

© Gaet’s/Gimenez chez Petit à Petit

 

Sans y perdre le style qui fait leur identité (et ils en ont à revendre tant l’éditeur n’a pas choisi les premiers venus), les dessinateurs, tous dans le même bateau (ou serait-ce un sous-marin jaune?), se révèlent habiles pour reconstituer en l’espace de quatre planches le climat régnant entre les Fab Four, de l’âge d’or de la collaboration Lennon-McCartney au démantèlement. On croise des figures connues (Yoko Ono qui poussa la mésentente à son paroxysme mais ne signa, a priori, pas la fin des Beatles; Elvis Presley et une jam légendaire; le guide ou imposteur, c’est selon, Maharishi Mahesh Yogi, responsable de l’orientalisation des Beatles; le maître-picker de John, Donovan; Mike Love, le premier leader des Beach Boys, un temps rivaux [bien plus que les Rolling Stones] des Quatre de Liverpool…), tout en se mouvant dans quelques lieux mythiques. Dans ses années 60 qui suintent tous les possibles quand on a l’audace et la fougue de les accomplir, les auteurs semblent à l’aise et dans leur élément.

 

 

© Gaët's/Ruggeri/Neri chez Petit à Petit

 

 

© Gaet’s/Ruggeri/Neri chez Petit à Petit

 

Tous valent le coup d’oeil et on peut qu’en toucher quelques mots: l’éclat féminin d’une belle rencontre hambourgeoise Anne-Sophie Servantie, Ludivine Stock rend tous les honneurs au Cavern Club, Amandine Puntous plongée dans les souvenirs et dans la froideur d’un Londres hivernal, Romuald Gleyse dans la chaleur d »Abbey Road témoin de la naissance d’un mythe, Julien Lamanda retranscrit toute la ferveur populaire du phénomène, Efix en mode patchwork, Lapuss « so french » et très marrant, Pierre Braillon qui en impose quand il s’agit d’écraser le sol du Kennedy Airport, Ben Lebègue Dylanesque, Anthony Audibert pianissimo, Bloop se paye Elvis en caricature, Akita mangaka-démoniaque, Laurent Houssin aux confins du psychédélisme, Richard Di Martino en mode Sergeant Pepper, Martin Trystram pour un fabuleux voyage en Asie, Clément Baloup excellent pour faire ressentir l’instabilité amenée par Yoko Ono, Edwina Cosme ambitieuse pour mettre des couleurs sur le « White Album », Patrick Lacan irrésistible pour enterrer prématurément Paul, Virginie de Lambert insinue le début de la fin, Joël Alessandra qui scelle le destin du groupe en retenue et, enfin, Odile Santi réussit (en fabuleuse portraitiste qu’elle est) à refermer ce livre.

 

 

© Gaet's/Santi chez Petit à Petit

 

 

© Gaët’s/Santi chez Petit à Petit

 

Un ouvrage collectif pas exempt de redondances (entre le textes explicatifs et les planches) mais extrêmement sincère et passionné  qui, en plus, a le mérite de nous donner plein de noms d’auteurs à (re)découvrir. De belles notes, donc. Let it was, let it be and let it’ll be!

 

Alexis Seny

 

Titre: The Beatles en BD

Réédition, Recueil d’histoires collectives

Textes: Michel Mabels

Scénario: Gaet’s

Dessin: Lu-K (Renaud Farace), Vox, Anne-Sophie Servantie, Ludivine Stock, Amandine Puntous, Romuald Gleyse, Julien Lamanda, Efix, Lapuss’, Pierre Braillon, Ben Lebègue, Anthony Audibert, Bloop, Victor Gimenez, Akita, Laurent Houssin, Richard Di Martino, Piero Ruggeri et Filipo Neri, Martin Trystram, Edwina Cosme et Christophe Billard, Patrick Lacan, Virginie de Lambert, Joël Alessandra, Odile Santi

Couverture: Christophe Billard

Genre: Musique, Biographique

Éditeur: Petit à Petit

Nbre de pages: 236

Prix: 24,90€



Publié le 13/01/2017.


Source : Bd-best

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