Des hommes et des femmes sur Mars, le cinéma l’a rêvé, Florence Porcel et Erwann Surcouf y ont été… en Bd
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Des hommes et des femmes sur Mars, le cinéma l’a rêvé, Florence Porcel et Erwann Surcouf y ont été… en Bd

Le monde de la BD semble s’être passé le mot. La bande dessinée du réel (comme j’aime l’appeler afin qu’elle soit la plus ouverte possible aux BD-reportages, -documentaires ou -enquêtes, aux (auto)biographies, aux essais et plein d’autres choses) n’a cessé de se développer depuis un bon paquet d’années. Et il semblerait que depuis quelques mois, elle ait encore passée une vitesse supérieure avec l’apparition de collection dédiée à la compréhension de notre monde. Avec la petite bédéthèque des savoirs du Lombard (ici, là ou encore ici), Sociorama chez Casterman (ici) et, désormais, la collection Octopus, dirigée par Boulet et Marion Amirganian. Une « collection savante qui déploie ses tentacules » qui s’ouvre par un grand voyage entre les mains de Florence Porcel et Erwann Surcouf. Mars, nous voilà.

Résumé de l’éditeur : Ils sont psychiatre, médecin, ingénieur, pilote ou encore botaniste : ce sont les ambassadeurs de la première mission habitée vers Mars. Mais comment réagiraient les humains à 150 millions de kilomètres de la Terre ? Quel lien les unit à Mars ? C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur cette magnifique et dangereuse planète… Un récit de « vulgarifiction » piloté par Florence Porcel et Erwann Surcouf !

 

 

 

 

© Porcel/Surcouf chez Delcourt

 

Avant toute chose, quand je me suis retrouvé avec Mars Horizon dans les mains, je ne savais pas encore que la surprise me guettait. Alors que jusqu’ici, La petite Bédéthèque des Savoirs et Sociorama (pour ne citer que les deux collections qui ont fait pas mal parler d’elles depuis deux ans, possédaient un format bien particulier, immédiatement reconnaissable et, finalement, très « livre de poche » dans sa taille), celui d’Octopus joue sur un autre terrain, ne cherchant pas à se faire remarquer dès le premier coup d’oeil, à la frontière des genres. Si bien que quand la couverture de Mars Horizon fut révélée, au-delà de son format comics, on pensait qu’avec sa couverture très graphique, spectaculaire et rappelant le magnifique « Sunshine » de Danny Boyle, Florence Porcel et Erwann Surcouf, pirate de l’espace, allaient nous livrer un autre thriller dans un espace de tous les dangers.

 

 

 

 

© Porcel/Surcouf chez Delcourt

 

On était loin du compte même s’il y a sans conteste quelques notions de thriller. Et si l’on se méfie souvent des appellations qu’on donne aux livres pour mieux les vendre et parfois insensées, on est bien obligé de se rendre à l’évidence : en parlant de « vulgarifiction », Delcourt vise dans le mille avec cette oeuvre hybride avec un début, une fin et un enjeu, surtout, de vie ou de mort, de succès ou d’échec. Ce qui manque parfois à ces BDs si explicatives qu’elles en oubliaient le suspense. Et sous la question posée par les médias depuis pas mal de temps (et à chaque fois que des scientifiques décèlent des planètes similaires à la Terre), nous voilà en pleine simulation pour un aller(-retour ?) sur la planète rouge. Oh, il s’agit moins du voyage que de l’exploration de ces terres encore méconnues et située à plus de 200 millions de kilomètres de chez nous. Nous sommes en octobre 2080 et les premiers hommes marchent enfin sur les cratères marsiens. Et outre l’émerveillement, il va falloir survivre.

 

 

 

 

© Porcel/Surcouf chez Delcourt

 

Écrit par une des spécialistes de la vulgarisation scientifique et astronomique jusqu’au-boutiste (Florence, paraît-il, ne dirait pas non si elle pouvait s’installer durablement là-haut) et dessiné par un auteur qui a de moins en moins peur de se frotter à l’immensité spatiale (en témoigne son dernier livre, Pouvoirpoint) et encore moins à des thèmes complexes, Mars Horizon se présente finalement comme un récit choral entre trois paires isolées dans trois caissons, trois huis-clos devant l’étendue vertigineuse de l’espace. Il y a Tsi-Ku et Nikash qui font route, dans un véhicule d’exploration baptisé le… Delorean, vers un Cargo balancé sur Mars quelques jours auparavant. Il y a Jeanne (notre interlocutrice dont le but est de rester seule sur Mars quand ses comparses s’en retourneront) et Sam, le médecin, qui surveillent les opérations depuis la base. Puis, il y a Josh, le psychiatre, et Elena, la pilote, du vaisseau Tereshkova resté en orbite mais tout aussi clé dans la réussite de la mission. Encore plus quand il faut gérer les imprévus.

 

 

 

 

© Porcel/Surcouf chez Delcourt

 

Ainsi, durant 120 pages, ces Marsonautes évoluent entre fiction et éléments véridiques pour nous aider à mieux comprendre les enjeux et les caractéristiques. La progression se fait par à-coups, évitant le bourrage de crâne pour mieux faire comprendre les notions qui semblent couler de source pour nous (se parler, se déplacer, faire l’amour) mais dont les paramètres se trouvent totalement faussés sur Mars. Il faut donc se réadapter, réapprendre parfois. Comme cet adaptation ou cette déprime qui peuvent se ressentir une fois éloigné de son élément, de la Terre… mère. Si l’ensemble se complique parfois la tâche dans sa manière de faire comprendre les choses (l’explication de ce voyage, de sa genèse arrive un peu trop tard) et lasse par moment, la passion émerge dans chaque page et le graphisme d’Erwann Surcouf dope le tout sans se croire à Hollywood et sans s’encombrer de détails superflus pour aller droit au but, à l’essentiel et rendre cette BD, avant tout relationnelle, percutante.

 

Alexis Seny

 

Titre : Mars Horizon

Récit complet

Scénario : Florence Porcel (Page Facebook)

Dessin et couleurs : Erwann Surcouf

Genre : Aventure, docu-fiction, science-fiction

Éditeur : Delcourt

Collection : Octopus

Nbre de pages : 120

Prix : 16,50€



Publié le 27/03/2017.


Source : Bd-best

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