Les fantômes de Knightgrave, une interview Choc !
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Les fantômes de Knightgrave, une interview Choc !

Par une matinée glacée de février 1955, le manoir de Knightgrave devient la propriété du marquis Di Magglio, un mystérieux et richissime acquéreur que nul n'a jamais vu. Et pour cause : sous le patronyme du marquis Di Magglio se cache en réalité le non moins mystérieux M. Choc, empereur du crime, aussi redouté qu'insaisissable. À quel plan retors songe-t-il, en achetant cette propriété ? Quelle machination est-il en train de mettre en place ? À moins qu'il ne soit en train d'accomplir un voeu connu de lui seul - et dont nous allons découvrir, par un habile jeu de flash-back, les tenants et les aboutissants. Car c'est bien dans le passé de M. Choc que ce récit va nous plonger...

Présente-t-on encore M. Choc, le terrible et insaisissable adversaire de Tif et Tondu ? Et pourtant, on ne sait rien, ou presque, à son sujet. D'où vient-il ? Quelle a été son enfance ? Quels événements ont infléchi sa destinée ? C'est ce que Stéphane Colman et Éric Maltaite nous proposent de découvrir avec ce récit en deux tomes, qui dévoile les origines d'un des génies du mal les plus fameux de la bande dessinée. Approuvé par Maurice Rosy, le co-créateur de M. Choc, le scénario de Stéphane Colman revisite sans le trahir ce personnage très noir, hanté par son enfance et habité d'un immense désir de vengeance. Un récit d'une grande personnalité, servi par le dessin expressif et incisif d'Éric Maltaite - qui n'est autre que le fils de Will.

Laurent Lafourcade vous propose en exclusivité, une interview de ce dernier et nous rapporte moult détails au sujet de cette nouvelle série.

 

D’où vient l’idée de reprendre le personnage de Choc ?

Ça me vient de deux choses : d’un côté, une envie de travailler avec mon vieil ami Stephan Colman depuis très longtemps, et ensuite le besoin qui se fait ressentir au fil des ans de rendre un hommage à mon père Will. Comme il a été le créateur du personnage, le jour où il a arrêté Tif et Tondu, il m’a bien précisé : « Ecoute, ce personnage t’appartient, tu en fais ce que tu veux. » Je me suis dit, quel meilleur hommage pouvais-je faire que de reprendre ce personnage et d’en faire quelque chose de bien.

La pression la plus forte vient-elle des fans puristes de Tif et Tondu ou de l’ombre bienveillante de votre père ?

Les puristes de Tif et Tondu jusqu’à présent sont assez contents je dois dire, d’après les échos que j’ai bien sûr qui ne sont pas représentatifs. Il est évident qu’il ne faut pas trahir le travail qu’a fait mon père qui était un très beau travail, notamment dans la pureté et l’élégance du personnage de Choc qui est quelque chose de particulièrement difficile à restituer. Cela dit en plus en rajoutant le fait que ce personnage doit être adapté à mon style à moi. C’est un sérieux défi à mettre en place.

Rosy, puis Desberg, avaient-ils disséminé des indices sur les origines de Choc ?

Oui, mais vous en saurez plus en lisant l’album qui sort maintenant, et encore plus quand le deuxième sortira. En fait, Rosy avait carrément fait une lettre à ouvrir après son décès dans laquelle il révélait le secret de Monsieur Choc. Quand il a eu le scénario de Stephan Colman, il était tellement enchanté qu’il en a fait part à Stephan Colman pour lui expliquer : « Voilà, j’ai fait ça, je comptais la mettre dans mon testament pour qu’un jour les gens puissent savoir qui est Monsieur Choc, mais ce que tu es en train de faire est tellement chouette que cette lettre n’existe plus. » Donc, en fait, oui, il y a eu des indices, mais disons que ce n’est pas de ce côté là qu’il faut se tourner pour savoir exactement qui est Monsieur Choc, mais ce que nous en faisons.

 

 

 

 

Le personnage qui est peut-être le plus proche de Choc est le Fantômas originel de Souvestre et Alain. Cela a-t-il été une source d’inspiration pour vous ?

Pour moi peut-être pas, parce qu’on a pris le travail à la suite de Rosy et de mon père. D’un autre côté, que Rosy ait été influencé par Fantômas, oui, c’est connu. Je crois même qu’il s’en est ouvert dans une interview. C’est intéressant d’avoir un personnage masqué qu’on ne connaît pas et particulièrement intelligent, roublard. Je pense qu’au départ il y a une inspiration très sérieuse de ce côté là.

Graphiquement, votre trait a énormément mûri. On est assez éloigné du graphisme plus rond des Fondus ou des Campeurs, séries humoristiques chez Bamboo. Jongliez-vous d’un style à l’autre ou vous êtes vous totalement immergé dans Choc pendant plusieurs mois ?

On est à 100 % dans Choc. Passer de l’un à l’autre est assez difficile. Ensuite, il faut savoir que faire 86 pages par bouquin dans un laps de temps aussi court que celui qui nous est imparti est un vrai challenge. Il y a même des dessinateurs qui sur une année arrivent à peine à faire 44 pages. Là, j’en fait 86 sur un an et ça fait deux ans de travail, parce que chacun des deux tomes fait 86 pages. Donc on ne peut pas imaginer travailler sur autre chose pour le moment. Je suis en immersion totale.

Avez-vous eu carte blanche de Dupuis ? Je pense notamment à quelques scènes assez violentes pour le public du journal Spirou.

Au départ, nous n’avons pas fait cette histoire en lorgnant du côté de Dupuis ou de qui que ce soit. On s’est dit qu’on allait faire un hommage à Will, à ce fabuleux personnage qu’il a créé avec Rosy qui est Monsieur Choc. On n’avait pas un éditeur en vue particulièrement, en sachant que Dupuis serait intéressé plus que certainement, la preuve puisqu’ils l’ont pris. Mais il n’était pas du tout question de passer dans Spirou bien entendu. Quand Dupuis s’est intéressé à Choc, et quand Dupuis, après, a demandé à ce que Choc passe dans Spirou, on a tenu vraiment comme condition première qu’on ne touche à rien. Tel quel, c’est très violent par moment. Le personnage de Choc est beaucoup moins « fantaisiste » qu’il ne l’était dans les Tif et Tondu du début. Si l’on sort Choc du récit Tif et Tondu de l’époque et qu’on essaie de penser un tout petit peu à qui il est, c’est un personnage qui déjà est dur et très dangereux. A peine Tif et Tondu avaient-ils rencontré Choc dans la Main Blanche qu’il les balançait d’un avion à 3000 mètres d’altitude sans parachute. Dans la vraie vie, ça fait mal. Ça prétend faire rire, mais c’est beaucoup plus violent, c’est un fait.


La longueur du récit vous offre la possibilité de réaliser de beaux décors, de grandes cases occupant souvent une demi page. Est-ce une demande que vous avez faite à votre scénariste ou bien étaient-ce des respirations imposées par le scénario ?

D’un commun accord, on s’est dit qu’on avait quand même beaucoup de pages, peut-être pas autant que ce qu’on aurait voulu d’ailleurs, mais on en a beaucoup. De ce fait, ce serait dommage de ne pas profiter justement pour user d’un rythme plus aéré et un petit peu plus lent. En fin de compte, on a tellement de choses à mettre dedans que, oui, il y a des grandes cases de respiration. On fait malgré tout une bande dessinée très classique quelque part et assez dense, bien qu’il y ait ces respirations très agréables pour le dessinateur. (et le lecteur, ndlr)

Vous auriez pu prendre l’option de type de colorisations différentes pour les diverses époques. L’aviez-vous envisagé ?

On y a pensé. En fin de compte, on s’est dit que c’était un peu bateau, déjà vu. On aurait pu aussi changer le style de dessin. J’aurai pu faire en couleurs directes, les flash-back à l’aquarelle. Et puis, je me suis dit que c’était mieux, si le scénario et le dessin étaient à la hauteur, et si les intentions étaient bien expliquées, bien exprimées, on n’a pas besoin de ce genre d’artifice pour que faire fonctionner l’histoire. L’histoire fonctionnera d’elle même. Et je crois que c’est le cas.

 

 

 

 

Y a-t-il un écho entre le prénom Eden qui tranche avec l’enfer qu’a vécu le personnage dans son enfance ?

Alors là, je ne crois pas. Mais ça pourrait. Eden en anglais c’est le paradis. Peut-être que Stephan Colman y a pensé. Mais ce que je sais, c’est qu’Eden  Cole est un copain de Stephan Colman. C’est un monsieur qui existe vraiment.

On ressent de la pitié et de la compassion pour Choc, personnage froid et cruel. Vous êtes-vous posé des limites pour ne pas tomber dans le pathos ?

On ne s’est pas dit lors d’une réunion qu’on allait mettre les limites là ou là. Elles s’imposent d’elles mêmes. On sait effectivement jusqu’où on peut aller et on sait ce qu’on ne peut pas faire. Ce sont les limites presque empiriques qui sont ressenties. Ce n’est pas calculé. Ça vient. C’est presque instinctif.

Le fait de ne pas montrer son visage adulte, est-ce une volonté pour garder une part de mystère ?

C’est un peu la tradition du personnage en fait. On ne connaît pas son visage adulte. Il n’est pas dans notre intention, en tout cas jusqu’à présent, de révéler son visage. Ça serait dommage. C’est la partie mystérieuse du personnage. Même si on y va carrément. On explique un petit peu certaines choses sur lui. On dit un petit peu qui il est, mais le principe d’être un personnage masqué et qui porte une grande part de mystère en lui, ça restera malgré tout, quoiqu’il arrive.

Une reprise ou un reboot de Tif et Tondu est-il possible pour vous ou pour une autre équipe d’auteurs ?

Pour moi, à priori, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je sais qu’il y a des choses qui sont en cours de réalisation pour le moment, par de grands dessinateurs. Pour quand ? Je ne sais pas.

Dans votre carrière, deux albums auraient mérité des destins de séries. L’un d’eux est Nationale Zéro. Pourquoi ce concept n’a-t-il pas rencontré son public ?

J’avais au départ le soutien du rédacteur en chef de Spirou. C’est d’ailleurs lui qui m’a mis le pied à l’étrier pour cette série. C’était une super bonne idée. Le scénario était vraiment très chouette. D’après ce que j’ai entendu de la part de l’éditeur, ça tient au format : des petites histoires courtes réunies dans un gros album. Il y a des règles de marketing qui disent que ce n’est pas valable, pas commercial. Quand on a fait plus de deux albums en se disant « Super, j’y crois » et qu’on vous sort cet argument là, on ne pas que hausser les sourcils et, plutôt que de pleurer, se lancer sur d’autres choses. Mais, c’est vrai que j’étais fort triste que ça ne se passe pas bien, parce que c’était vraiment très chouette.

 


 

 

 

L’autre est Carmen Lamour. Cette actrice avait tout pour avoir un destin à la Natacha. Les pages de garde alléchantes laissaient présager d’une série au long cours. Etait-ce ce qui était prévu ?

Le problème, c’est que ce n’était pas le bon éditeur. Cette série était prévue au départ pour Spirou. On avait déjà fait une quinzaine de pages. On était soutenu par une partie de la maison d’éditions. Une autre partie de la maison d’éditions n’était pas d’accord. Ils se sont embrouillés. Il en a résulté qu’il a fallu trouver un autre éditeur vu la quantité de travail faite. On est tombé sur P&T qui faisait des albums un peu « olé olé » avec Dany à l’époque, et avec mon père aussi. On leur a proposé. Ils ont trouvé ça pas mal mais nous on demandé de faire un peu plus adulte. En disant oui, on a un petit peu perverti le sujet. Finalement, on s’est retrouvé au mauvais endroit avec la mauvaise série. Ça aurait été une très chouette série pour Dupuis s’ils avaient voulu jouer le jeu. Ailleurs que chez Dupuis, ça ne tenait pas.

Une intégrale de 421 est annoncée, puis repoussée depuis quelques mois déjà. Un succès pourrait-il annoncer une suite ?

Je n’en sais absolument rien. Le cas échéant, si on me demande de reprendre, j’y penserai sérieusement car c’est quand même une série dans laquelle je me suis bien amusée et qui, à mon avis, a encore du potentiel. Maintenant, ce n’est pas moi qui ferait les démarches. Je les avais faites une première fois chez Dupuis à une époque pour reprendre 421. Ça les avait laissés un peu de glace. Maintenant, ils viennent vers moi pour faire une intégrale, on va laisser les choses se faire naturellement.

Outre la deuxième partie de Choc, pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets ?

Juste après Choc, normalement, si tout va bien, et si on trouve un éditeur, j’ai un projet de Pulp, une bande dessinée dans le genre des Pulp américains avec des filles déshabillées, un scénario farfelu, beaucoup d’action… Un truc très très amusant avec pour scénariste Zidrou. Une page pilote a été faite. Quelques pages de scénario sont prêtes. Dès que j’en aurai fini avec le deuxième album de Choc, normalement, c’est là-dessus qu’on va travailler avec Zidrou. C’est mon voisin en Espagne. Il habite à 300 kilomètres d’ici. On s’entend très très bien.

 

 

 

 

Choc "Les fantômes de Knightgrave" par Maltaite et Colman
Genre : Action Aventure Polar / Thriller
Album cartonné - 88 pages en couleurs
ISBN/Code-barre: 9782800157573
France: 16.50 EUR
Belgique: 16.50 EUR
Suisse: 25/04/2014 - 24.70 CHF
Sortie le 25 avril 2014

 

Interview © BD-Best-Laurent Lafourcade 2014
Images © Dupuis 2014
Photo © Dupuis 2014



Publié le 25/02/2014.


Source : Bd-best

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