Les masques et la plume, to be or not to be, Blake et Mortimer sur les traces du mystère Shake-Speares
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Les masques et la plume, to be or not to be, Blake et Mortimer sur les traces du mystère Shake-Speares

Remis du fiasco du Bâton de Plutarque, Blake et Mortimer repartent inlassablement vers de nouvelles aventures. Moins trépidantes mais plus érudites, cette fois. Car Yves Sente et André Juillard se sont mis en tête de fêter non pas un (les 70 ans de Philip et Francis) mais deux anniversaires. Et si, a priori, le titre ne nous avait pas vraiment mis sur la voie, les premières planches nous ont mis la puce et la pièce à l’oreille: le Testament de William S. est un bien bel hommage à le seul et l’unique Shakespeare. L’unique? Quoique…



Résumé de l’éditeur: Nos héros les plus british mènent l’enquête sur le plus british des dramaturges: William Shakespeare of course ! Mais qui est-il vraiment ? Entre l’Angleterre et l’Italie, Philip Mortimer et Elizabeth, la fille de Sarah Summertown, résolvent des énigmes plus ardues les unes que les autres. Entre-temps, Francis Blake enquête sur une bande organisée de Hyde Park.

 

 

 

© Sente/Juillard/Demille chez Dargaud

 

 

© Sente/Juillard/Demille aux Éditions Blake et Mortimer

 

Diviser pour régner, sans doute l’expression n’a-t-elle jamais autant convenu pour un album de Bande Dessinée. Dans Le Testament de William S., c’est devenu une habitude chez Sente et Juillard, Philip et Francis mènent leurs petites affaires chacun de leur côté. Mieux! Par un parallèle temporel insoupçonné, si l’on remonte près de 350 ans en arrière, nous tomberons sur deux êtres, l’un campagnard, l’autre de prime noblesse, qui pourraient bien former à deux le vénéré… Shakespeare, contre vents et tempêtes, peu importe ce que pensent leurs proches. Shakespeare, une identité littéraire bicéphale. To be or not to be… schizophrénique. Cela vaut bien un trait d’union, Shake-Speares (William Shake, le campagnard – Guillermo Da Spiri, le voyageur).

 

 

 

© Sente/Juillard chez Dargaud (Visible dans l'Héritage Jacob, 9ème tome de Autour de Blake et Mortimer)

 

 

© Sente/Juillard aux Éditions Blake et Mortimer (Visible dans l’Héritage Jacob, 9ème tome de Autour de Blake et Mortimer)

 

S’introduisant dans la brèche laissée béante par le mystère qui entoure l’auteur(s) de Roméo et Juliette, Yves Sente et André Juillard ne confondent pas la fiction et la réalité, et s’ils s’inspirent de deux ou trois grandes lignes de la (prétendue) vie du dramaturge, pas question de privilégier l’une ou l’autre piste fiables selon les experts de Shakespeare comme l’avait fait avec brio le film Anonymous de Roland Emmerich. Le mieux est donc d’inventer, de créer, tout en dispersant quelques références (Edouard de Vere, par exemple, l’un des noms qui revient le plus quand on cherche à attribuer la paternité de l’oeuvre de Shakespeare à un de ses contemporains).

 

 

 

© Sente/Juillard/Demille chez Dargaud

 

 

© Sente/Juillard/Demille aux Éditions Blake et Mortimer

 

Un bond en avant, un bond en arrière, le duo d’auteurs a trouvé un excellent mécanisme pour remonter le temps et placer nos deux héros (qui trouvent renforts chez d’autres personnages venus en one-shot ou nous rappelant le souvenir de précédents albums) sur l’échiquier d’une chasse au trésor géante, entre Stratford, Venise ou encore Vérone. L’enjeu est de taille: mettre la main sur une pièce totalement inédite du père de Roméo et Juliette et, par la même occasion, mettre un terme à la querelle (parfois meurtrière) que se livrent depuis des luxes Oxfordiens et Stratfordiens. Sans compter que d’autres personnages plus ou moins malveillants entendent bien se tailler la part du lion. Comme… Olrik qui, en prison, téléguide ses sbires en vue d’accomplir de noirs desseins.

 

 

 

© Sente/Juillard/Demille chez Dargaud

 

 

© Sente/Juillard

 

“Les hommes qui parlent le moins sont les plus vaillants” disait le dramaturge. Alors Blake et Mortimer sont sans doute moins vaillants, sur ce coup-ci, mais pas dépourvu de qualités pour autant. C’est vrai qu’il y a à lire dans ce nouveau tome. Beaucoup à lire. Et n’en déplaise à ceux qui pensent que la BD se conçoit plus en dessin qu’en lettres. Les fanas d’action peuvent donc ici passer leur tour, ce Blake et Mortimer-ci se veut plus intellectuel, passionnant.

 

 

 

© Sente/Juillard/Demille chez Dargaud

 

 

© Sente/Juillard/Demille aux Éditions Blake et Mortimer

 

Ici, Dan Brown croise Agatha Christie et l’enquête vaut son pesant de surprises. Sans besoin de forcer le talent, le trait de Juillard est la plupart du temps statique tout en sachant se dévergonder et se faire efficace lors des moments d’action. Le testament de William S., malgré une couverture pas folichonne (celle de la version « strip » est beaucoup plus réussie) signe le retour en grâce de deux amis qui n’étaient plus vraiment en forme depuis quelques années.

 

 

 

© Sente/Juillard

 

 

© Sente/Juillard

 

Et quant à savoir qui se cache vraiment derrière l’homme de Stratford, là… n’est plus la question. Le mystère est savamment entretenu et laissons à Shakespeare le mot de la fin: "Un feu léger est vite étouffé : si vous le laissez faire, des rivières ne sauraient l’éteindre."

 

Alexis Seny

 

Série: Les aventures de Blake et Mortimer

D’après les personnages d’Edgar P. Jacobs

Tome: 24 – Le testament de William S.

Scénario: Yves Sente

Dessin: André Juillard

Couleurs: Madeleine Demille

Genre: Aventure, Enquête, Mystère

Éditeur: Blake et Mortimer

Nbre de pages: 64

Prix: 15,95€



Publié le 28/11/2016.


Source : Bd-best

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