En images et en bulles
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L'océan des secrets.   Abyss Azure 3

 

"-Commandante ! Le ministre Erigéron va s'adresser aux citoyens !

-Allons voir !"

 

 

 

 

 


Dans les profondeurs sous-marines, le ministre Erigéron a pris le pouvoir. La colère contre les humains gronde. Ils souillent la mer de leurs déchets, se promènent en sous-marin comme s'ils étaient chez eux. Le réchauffement climatique impacte sur la formation des coraux et des mollusques. Plus grave encore, des espèces animales comme l'ômichi, l'otarie du Japon, continuent à être chassées alors qu'elles sont en voie d'extinction. Si les humains ont décidé de signer leur propre perte, il est hors de question pour le peuple des sirènes de se laisser détruire et de souffrir en silence. Erigéron a donc échafaudé un plan autour d'une île qui n'appartiendrait qu'à leur peuple : l'île des sirènes. Pendant ce temps, Jo est prisonnière. La sirène Akira lui offre la liberté afin qu'elle s'introduise avec elle dans le palais ministériel pour tenter de découvrir le plan d'Erigéron. Elle se laisse convaincre car elle pourrait y retrouver Yuki, l'homme devenu sirène, et son amie Ryû. Elles se feront passer pour des employés.

© Akihito Tomi 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française

Ce fourbe d'Erigéron veut profiter de l'idylle entre Yuki et Ryû pour s'emparer de leur premier enfant et créer une armée d'hybrides. Ryû ne se rend pas compte que cela causerait la perte des humains. Fuir ou réagir ? Il va falloir décider, mais il faudrait plus de pilules de transformation. Jo va découvrir que celles-ci sont faites à partir du sang de Rinrin, une petite sirène qui est enchaînée dans une pièce secrète. Elle a le même nom que l'impératrice des mers dont une statue trône à l'entrée du palais. La délivrée aurait-elle un rapport avec celle qui a jadis gouverné le pays ? Les jeux de pouvoir créent des clans pendant que le grabuge entre les humains et les sirènes sème la zizanie jusque dans les profondeurs.

© Akihito Tomi 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française

Ce troisième tome clôt la trilogie Abyss Azure. La simple histoire d'amour prend une dimension politique inattendue. Akihito Tomi explore les fonds marins en développant son univers. Le final va nous entraîner tout au fond des abysses. Un dragon va donner un nouvel élan à l'aventure permettant au mangaka de s'envoler dans des grandes compositions. Ce "Mushu" des mers est d'une grâce incroyable. Ses ondulations offrent les plus belles scènes d'action de la série. Le final serait presque conventionnel. Il permet de terminer fort logiquement le récit tout en laissant la porte légèrement entrouverte vers un potentiel second cycle.

© Akihito Tomi 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française

Abyss Azure aura permis de remettre au goût du jour le récit de sirènes. Ces trois tomes très denses auraient pu être développés sur une plus longue haleine. Ça aura néanmoins eu le mérite de ne pas traîner et d'éviter les temps morts. Aquatique et féérique !

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Abyss Azure

Tome : 3

Genre : Mangaquatique

Scénario & Dessins : Akihito Tomi

Éditeur : Vega Dupuis

ISBN : 9782379502743

Nombre de pages : 210

Prix : 8 €


 



Publié le 04/03/2024.


Source : Boulevard BD


Spin off du réseau Papillon.   La bataille de Claudine 1/2

 

"-Pfff ! J'en peux plus ! J'en viens à regretter l'école, tiens.

-Je te connais. Quand les écoles rouvriront, tu traîneras les pieds pour y aller.

-C'est pas pour demain…

-D'ailleurs… On se disait ton père et moi, que peut-être… Tu pourrais quitter Brest…

-Quoi ?! Mais pourquoi ?

-Tu sais, avec tous ces bombardements, tu n'es pas en sécurité.

-Mais vous non plus ! Je ne veux pas partir !"

 

 

 

 

 


                Brest, février 1943, les parents de Claudine veulent l'envoyer au vert, loin des bombardements qui s'abattent sur la ville. L'adolescente n'est pas de cet avis et compte bien apporter sa pierre à l'édifice dans la Résistance. Elle apporte à vélo du linge à nettoyer dans une blanchisserie pour les hôtels ou pour l'hôpital. Elle en profite pour faire passer des messages secrets, au nez et à la barbe des patrouilles de contrôle. Au siège de la Kriegsmarine, marine de guerre allemande, dans la même ville, l'Amiral Canaris a reçu les pleins pouvoirs de la part du Führer pour mettre un terme à la bataille de l'Atlantique. Colette, l'une des résistantes les plus actives de la région, a découvert que le système électrique du hangar de construction des sous-marins allemands était défaillant. Un incendie pourrait facilement tout ravager. Mais comment y pénétrer ? Le réseau a les plans. Claudine pourrait faire passer les messages pour coordonner l'action.

© Otéro, Dumanche, Schmitt - Jungle

                Réseau Chinchilla, voilà le nom de l'organisation brestoise de résistants dont fait partie Claudine. Les sous-marins de l'Allemagne nazie tentent d'empêcher le ravitaillement en armes et en nourriture de l'Angleterre. Au large de l'Atlantique Nord, la bataille est décisive. Claudine va faire équipe avec Colette, une résistante homosexuelle, raison de plus pour être traquée par les barbares nazis. On apprend que l'ennemi les marquait d'un triangle avant de les déporter. Claudine a remarqué cette marque sur Colette qui a dû, miraculeusement à moment donné, échapper au pire.

© Otéro, Dumanche, Schmitt - Jungle

                Les scénaristes Franck Dumanche et Michel-Yves Schmitt apportent une nouvelle dimension à la série-mère en emmenant le lecteur voir ce qu'il se passe dans d'autres régions. On quitte le bordelais pour la Bretagne, où les combats sont similaires même si les problématiques sont différentes. On se tourne un peu plus vers l'étranger, en l'occurrence l'Angleterre, et on y mettra plus que vraisemblablement les pieds dans la deuxième partie du diptyque. Fort de ses expériences dans le réalisme (La cellule, Joseph Kessel l'indomptable), Nicolas Otéro s'affirme dans des scènes historiques où décors et matériaux priment, comme les attaques sous-marines ou aériennes avec le survol du port de Brest par des bombardiers.

© Otéro, Dumanche, Schmitt - Jungle

                La bataille de Claudine est le premier spin-off du Réseau Papillon. Espérons que ce diptyque ne soit que le premier d'un tour de France de la Résistance vue à l'échelle adolescente.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : La bataille de Claudine

Tome : 1/2

Genre : Aventure historique

Dessins : Nicolas Otéro

Scénario : Franck Dumanche  & Michel-Yves Schmitt

Couleurs : 1ver2anes

Éditeur : Jungle

Collection : Une aventure du Réseau Papillon

ISBN : 9782822242141

Nombre de pages : 48

Prix : 12,95 €

 



Publié le 04/03/2024.


Source : Boulevard BD


 "- Ce bois est immense ! Il est vraiment entièrement à nous ?

- Oui, bien que je ne sache pas exactement jusqu'où va le domaine.

- Huub, il faut que tu voies ça !

- Il y en a ici aussi ... Ah, on dirait un graffiti tout droit sorti de "Blair Witch Project" ! La tempête est aussi passée par ici !

- C'est vraiment dommage ! Celui-là devait bien avoir quelques centaines d'années ...

- Oui, mais il devait sans doute être pourri ou malade ou quelque chose comme ça ...

- Cette eau ... elle est si noire ... Cette eau ... Elle a quelque chose de ... "

 

 

Le plus grand malheur pour tout parent est de perdre un enfant ! C'est ce qui est arrivé à Huub et à Sara Kuylder ! Ruben, leur fils de 6 ans, meurt renversé par une voiture alors qu'il accompagnait sa maman au vernissage d'une exposition la consacrant !

6 ans passent ! Sara est incapable de s'en remettre. Elle a arrêté de peindre. Se sentant responsable, elle s'est enfermée dans un monde géré par son traitement psycho-médical !

Pourtant un jour, Huub décide qu'il est temps pour elle de se reprendre en main, de se remettre à vivre ... et à créer !

 

Il décide d'emménager dans une propriété abandonnée, héritée de son grand-oncle. Elle est située au milieu d'une immense parcelle de forêt primaire.

Au fond de celle-ci, le couple découvre un gigantesque arbre, plus que centenaire, déraciné par une tempête. Couché tout de long, comme un géant terrassé par des forces naturelles maléfiques, une mare noire inquiétante remplit désormais un trou béant à ses pieds !

Une étrange attirance s'en dégage !

Autour d'elle, de vieux hêtres se dressent encore ... Sur leur tronc, de mystérieux symboles y sont gravés !

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Par ailleurs, près de la bâtisse, une vieille remise sera transformée en atelier afin de permettre à Sara de se remettre à la peinture.

Cette mise au vert, le fait de quitter Amsterdam, devrait l'aider dans son processus de deuil ... Elle en est convaincue devant sa thérapeute, lui promettant de continuer à prendre néanmoins ses antipsychotiques !

Bref, si ce déménagement semble pouvoir être bénéfique à Sara, cette mare noire l'attire subrepticement !

 

Alors qu'ils commencent à s'installer, une vieille voisine, un peu folle, vient jeter un froid en avertissant Sara d'un danger la menaçant !

 

-Toi ... tu es en danger. Je suis venue t'avertir ! Ta douleur est comme un phare ! Tu ne t'en rends pas compte ! Le portail est fragile, ici ! ...

 

Le trouble augmente avec la découverte dans le grenier de vieux carnets remplis d'un charabia incompréhensible et de symboles ésotériques semblables à ceux gravés sur les arbres près de la mare noire ... Cette fameuse et étrange mare noire ...

Et voilà que subitement, Sara commence à "revoir" son fils décédé. Perd-elle la tête ou une malédiction liée à l'endroit la frappe-t-elle ??? A moins que ... ???

 

 

Un récit partant d'un drame familial terrible, fragilisant Sara à un tel point que sa douleur, son deuil inachevé pourrait servir de portail à ... Qui sait ? Mais ce sera effroyable et sans retour !

 

Et cette mare noire obsessionnelle, qui attire Sara vers une perte totale du sens de la réalité, qui semble lui prédire ses futurs sombres desseins ... comme elle aurait pu le lire dans le marc de café, au fond d'une tasse ébréchée ... Ebréchée comme elle par la vie et le décès de son fils !

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Erik Kriek nous offre ici un thriller psycho-effrayant allant en crescendo jusqu'à un dénouement sanglant !

Si certaines clés et éléments classiques du genre sont utilisés pour amener le suspense, la psychose s'installe doucement au fur et à mesure des pages. Les gravures sur les arbres entourant une mare étrange d'une eau noire inquiétante, des carnets remplis de formules et signes diaboliques, le récit maudit de la vie du grand-oncle qui semble avoir perdu la tête, la vieille voisine et ses avertissements, la réputation maléfique du domaine dans le voisinage, ... et j'en passe !

Tous les ingrédients nécessaires à un bon roman d'horreur !

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Pourtant, si rien de bien nouveau n'apparaît dans ce catalogue d'accessoires, on ne peut pas dire que l'intérêt du récit est inexistant.

La référence de Huub au film "Blair With Project" au moment de découvrir les arbres gravés évite intelligemment l'impression d'un plagiat maladroit. Au contraire, elle nous indique la direction à prendre pour se plonger dans l'intrigue.

Mais cette dernière ne dérape pas brutalement dans le côté horrifique du genre. Bien au contraire, il faut attendre la fin pour en découvrir toute l'ampleur ! Un véritable coup de maître narratif que de réussir à garder ce final, à y amener le lecteur sans lui la "vendre" trop tôt ! Rêves ? Cauchemars ? Visions rédemptrices ? Un chemin étroit au bord d'un précipice ... guérison d'un côté, folie de l'autre ...

 

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

 

Intrigue également qui est largement soutenue, renforcée par le style graphique d'Erik Kriek ! Un dessin à la fois sobre et sombre, lourd dans ses traits, offrant aux expressions faciales, aux décors, à l'atmosphère la touche de psychose supplémentaire à assumer. Le tout est éclairé de façon angoissante par une palette de couleur restreinte, comme Erik à l'habitude de faire.

 

Comme il le précise lui-même dans l'interview qu'il nous a accordée ce mercredi 28 février, on ne peut s'empêcher de remarquer l'influence de Charles Burns dans son graphisme si oppressant.

 

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Un captivant roman graphique noir de l'auteur de "L'Exilé", également aux éditions Anspach !

 

 Capsule "Derrière la palette ... Erik Kriek"

© Th. Ligot - BD Best 2024

 

Thierry Ligot

________________________________________________________________________________

 

Titre : La Mare

Scénario / dessin / couleur : Erik Kriek

Editeur : éditions Anspach

Genre : roman-graphique

Thèmes : horreur, psychose

Parution : 23/2/2024

Page : 136

Format : 20,7 x 28,3 cm

ISBN : 978-2-931105-21-4

Prix : 29 €



Publié le 04/03/2024.


Source : Bd-best


Martine Ă  Paris, une Ă©ternelle icĂ´ne de la jeunesse

"Vacances j'oublie tout

Plus rien à faire du tout

J'm'envoie en l'air

Ça c'est super

Folies légères ..."

 

Si tout n'est peut-être pas à reprendre tel quel en fonction de l'âge, l'invitation peut être amusante ...

 

 

 

 

Alors que nous sommes en plein milieu des congés de Carnaval ici et là, pour certains parents, cela ressemble plus à un calvaire qu'à une véritable période de détente et de repos pour leur progéniture. Que faire vu ce temps "extraordinaire" qui ne cessent de changer d'un jour à l'autre ?

Encore ce matin, sur le fil de mon Facebook, une maman qui "pleurait" afin de trouver des activités pour sa fille de 9 ans qui refuse d'aller en stage ...

D'accord, le "qui refuse" laisse un peu patois quant à qui décide dans la famille ! Mais bon, no comment !

 

Alors voici une idée ... un peu de lecture et justement ... les aventures d'une des premières héroïnes pour petites filles ! Une institution littéraire qui n'a fondamentalement pas changé depuis ses origines, depuis 1954 ! Un "Martine" évidemment !

 

 

© Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

A travers une soixantaine d'albums, cette petite fille sage, accompagnée de son fidèle Patapouf et de ses amis, sa famille en a entraîné des générations de jeunes lecteurs/lectrices dans ses aventures et découvertes. Pas besoin d'aller au bout du monde et de retrouver des trésors perdus au fin fond d'une jungle ou d'un océan. Martine, c'est une invitation à des découvertes du quotidien, de la vie, de l'enfance.

 

La voici justement qui part pour quelques jours chez sa tante Flo et son oncle Max à Paris ! Ville Lumière, riche en histoire, en culture, en monuments exceptionnels, ce ne sont pas les visites qui manquent. Alors suivons-là dans son jeu de piste, imaginé par sa tante, afin d'aller de la basilique du Sacré-Cœur à la Tour Eiffel évidemment !

7 animaux à retrouver pour gagner une belle surprise ... Quoi de plus tentant pour Martine et son frère Jean ... sans oublier Patapouf évidemment !

 

Une dizaine d'étapes indispensables pour tout qui ne connaîtrait pas encore Paris : l'Arc de Triomphe, le Louvre (où elle était déjà allée dans un album précédent), le musée d'Orsay, Notre-Dame de Paris (avant qu'elle ne brûle), le centre Pompidou, le Muséum d'histoire naturelle, le jardin du Luxembourg, ...

 

 

 

© Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

L'album se clôture par une brève présentation de chaque site visité, repris ensuite sur un plan simplifié de Paris. Normal, que serait une chasse au trésor sans carte ?

Un guide touristique parisien à la portée des plus jeunes lecteurs ...

 

Née il y a 70 ans tout juste (joyeux anniversaire Martine), cette petite fille resplendissante de joie et de bonheur a connu 60 aventures avec ses créateurs, Marcel Marlier et Gilbert Delahaye. Ce dernier en écrira une nouvelle chaque année jusqu'à sa mort en 1997.

Marcel Marlier, lui, décède le 18 janvier 2011, à l'âge de 80 ans.

Mais Martine ne disparaîtra pas pour autant !

 

 

 

© Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

 

120 millions d'albums en français et 50 millions en langues étrangères, cette série est devenue un authentique mythe littéraire. Si aujourd'hui encore, il s'en vend environ 400.000 exemplaires par an, ce chiffre peut grimper jusqu'à 500.000 en cas de nouvelle sortie, comme en 2021 avec "Martine au Louvre" !

Des chiffres à faire pâlir d'envie bien des auteurs et des éditeurs !

 

Icône populaire, héroïne aux exploits du quotidien, un style et un graphisme qui ont immédiatement fait mouche ... et continuent à le faire auprès de son lectorat. Une saga devenue un incroyable phénomène de société.

Car "phénomène de société", Martine l'est sans conteste. En plus de promouvoir, depuis 70 ans, des valeurs parfaites d'une société idéalisée (politesse, respect d'autrui, tolérance, ouverture d'esprit, ...), Martine est, avant l'heure, le modèle du "non-genrée".

Ses activités et jeux sont autant pour garçons que pour filles et ce sans manière, ni préjugé ou autres ... Il en sera de même dans la répartition de certaines corvées ou responsabilités "ménagères" et familiales.

Entre Jean, son petit frère, et elle, certains rôles ont néanmoins parfois été "mal" interprété et compris de certains détracteurs qui ont tenté de voir dans quelques albums une volonté des auteurs d'encourager une vision fort "sexiste" du rôle de la femme et de l'homme !

Erreurs et mauvaise foi !

 

Cependant, si les valeurs sont restées identiques depuis le début, Martine a évolué au cours des décennies dans ses thèmes et enjeux. Ces derniers ont suivi les évolutions de la société, comme la suppression petit à petit de stéréotypes, l'importance grandissante des questions environnementales, ...

 

Par ailleurs, il n'y a pas que cela qui s'est "modernisé" ou plutôt adapté à l'époque ! Si le graphisme général, le trait, le style global est quasi semblable depuis le début, notamment afin d'inscrire une continuité d'identification des générations de lecteurs à l'atmosphère de "Martine", cette dernière a connu plusieurs "modèles". Marcel Marnier n'hésitait jamais à "remplacer" son modèle, sitôt que sa "Martine" devenait trop "grande".

Les textes eux-mêmes connaissent cette "modernisation", cette mise à niveau ne dénaturant d'aucune manière son image aux yeux de son lectorat. Bien au contraire, en restant compréhensible, `la Martine du XXIe siècle confirme sa légitimité d'héroïne "toute génération".

 

Tel Tintin, Martine ne vieilli pas, ne grandit pas ... mais s'adapte à son époque, comme à son environnement !

 

 

Tel Tintin, Martine est également internationale ! Publiée dans une trentaine de langues, Martine se voit diffusée partout dans le monde ! Plus qu'un simple succès francophile, un lectorat international qui se justifie aisément par l'absence de toute référence trop régionaliste, religieuse ou culturelle de Martine. Mais également une uniformisation des formats, couvertures, ... un canevas quasi identique quel que soit la version ! Bref tout est fait pour rendre la série "universelle" !

 

 

 

© Laurence Boudart - Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

 

Et pour bien marqué cet aspect "universel", le nombre sans cesse croissant des détournements de couverture, mises à toutes les sauces en fonction d'événements ou de faits d'actualité ! Preuve que Martine est clairement passée dans l'ADN culturel de chacun ! Référence d'un côté et source d'inspiration de tout qui souhaite moquer d'une situation, que demander de plus pour une héroïne qui connut un succès immédiat dès ses premiers albums !

 

 

© Laurence Boudart - Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

Mélange texte - dessin ... dessin - texte ... une success-story littéraire jamais démentie et que Laurence Boudart décortique, analyse et développe dans un ouvrage richement illustré, documenté de nombreuses archives, "Martine, L'éternelle jeunesse d'une icône" !

 

Plus de 120 pages pour mieux appréhender cette véritable et unique icône populaire de la littérature jeunesse !

Une mine d'informations de premier plan, d'anecdotes parfois inédites, une réflexion, une étude approfondie du pourquoi et comment "Martine, icône intemporelle". Laurence Boudart s'attarde notamment sur la capacité des auteurs à toujours coller l'évolution de Martine aux évolutions de la société ! Une réussite étincelante rarement atteinte sur une durée aussi longue !

 

 

© Laurence Boudart - Delahaye - Marlier - Casterman 2024

 

 

Un nouvel album doublé d'une ouvrage-hommage pour celle qui accompagna, et continue d'accompagner, tant et tant de générations de jeunes lectrices / lecteurs !

 

 

Thierry Ligot

 

______________________________________________________________________________________

 

Série : Martine

Titre : Martine à Paris

Scénario : Rosalind Elland-Goldsmith, d'après Gilbert Delahaye

Dessin : Marcel Marlier (tirés et adaptées des albums "Martine à la maison", "Martine au zoo", "Martine, les 4 saisons", "Martine en bateau", "Martine fait du camping" et "Martine prend l'avion".

Editeur : Casterman

Parution : 20/3/2024

Page : 32

Public : jeunesse, de 5 à 9 ans

Format : 20,1 x 25,2 x 0,8 cm

ISBN : 978-2-203-22451-3

Prix : 7,95 €

 

 

Livre-hommage :

Titre : Martine, L'éternelle jeunesse d'une icône

Auteur : Laurence Boudart

Illustration : Marcel Marlier

Editeur : Casterman

Parution : 20/3/2024

Page : 126

Genre : documentaire

Format : 21,6 x 28,8 cm

ISBN : 978-2-203-25214-1

Prix : 19,90 €



Publié le 02/03/2024.


Source : Bd-best


Spirou 4481 – 28 Février 2024

 

 

Kid a 30 ans 

 

 

 

 

 

 

 

            Joyeux anniversaire, Kid ! Le gamin n'a pas pris une ride en 30 ans. Il nous le montre dans la salle de gaming de Mirador décorée façon Japon. La borne d'arcade est dragonnesque. Les joysticks marchent à donf ! Et pourquoi ça ? Parce qu'on a droit à un reportage de Midam à Hong-Kong pour les 30 ans de Kid Paddle.

 

            Pendant ce temps, les abonnés retrouvent le sourire en collant un Kid, un gâteau qui vomit et un 30 façon blorks !

 

            Spirou, ami, partout, toujours.

 

 

 

 

© Midam - Dupuis

 

 

Histoires à suivre :

 

Créatures : Rendez-vous avec le Bogeyman

Djief / Betbeder

Frnck : Apocalypse

Cossu / Bocquet / Guillo

Sangdragon

Bédu / Cerise

Spirou & Fantasio : La mémoire du futur

Schwartz / Guerrive / Abitan / Doucet

Tokyo Mystery Café : La disparue d’Akiba

Atelier Sentô

 

 

Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :

 

Brad Rock

Jilème / David

Dans les coulisses d'écriture de Kid Paddle

Pujol

Des gens et inversement (La pause-cartoon)

Berth

Edito (L’)

Erre / Fabcaro / Greff

Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon)

Lécroart

Fish n chips

Tom

Gag du siècle ! (Le)

Sti

Gaston

Delaf / Benbk

Kid Paddle (x 3)

Midam / Dairin / Adam / Patelin / Sti / Angèle

Nelson

Bertschy

Petit Spirou (Le)

Janry / Cerise

Spoirou & Fantasperge (Marges)

Sti

Strip dont vous êtes la star (Le)

Libon / Salma

Tash & Trash (La pause-cartoon)

Dino

 

 

Rubriques :

 

3 infos 2 vraies 1 fausse

Bercovici / Bernstein / Le Gall

Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier !

Delaf

En direct du futur : Peine de cœurs (Cœurs de feraille)

Munuera

Midam à Hong-Kong pour les 30 ans de Kid Paddle

Midam

Jeux : Kid Paddle games

Joan

Quiz Paddle

 

Tuto dessiné : dessinez un Blork

Midam

 

 

Supplément abonnés :

 

Autocollants Kid Paddle

Midam

 

 

En kiosques et librairies le 28 février 2024

3,20 €

 

 

Laurent Lafourcade

 

 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


La zizanie 2.   Astérix 40 – L'iris blanc

 

"-On met des sesterces de dingue dans ce village gaulois qui résiste encore et toujours !

-Mmh… Autre chose pour m'éclairer.

-"Pour éclairer la forêt, la floraison d'un seul iris suffit…".

-Qu'est-ce que c'est que ce charabia, ô Vicévertus, médecin-chef de mes armées ?

-Ô grand César, il s'agit plutôt d'une méthode sur laquelle je travaille depuis des années et que j'ai nommé "l'iris blanc"."

 

 

 

 

 


                "Nous avons tous au fond de nous une fleur ne demandant qu'à s'épanouir dans la bienveillance." Voici le précepte porté par Vicévertus, médecin-chef des armées de Jules César. Le praticien qui prône la pensée positive et l'alimentation saine propose au conquérant de la Gaule de lui confier l'une de ses garnisons pour lui démontrer l'efficacité du remède. Quoi de mieux que l'une des quatre qui encerclent le village peuplé d'irréductibles gaulois ? Direction Babaorum en Armorique. Si les légionnaires qui y sont en faction parviennent à soumettre le village d'Astérix, alors la gloire de Vicévertus sera faite car sa méthode serait appliquée à l'ensemble des armées. Dans le cas contraire, il rendra des lions heureux. Débarqué au "village des fous", dixit Sipilinclus chef du camp de Babaorum, Vicévertus commence à prêcher la formulation positive. C'est la méthode de l'iris blanc, inspirée du philosophe grec Granbienvoufas.

© Conrad, Fabcaro – Hachette
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Hachette Livre / Goscinny-Uderzo

                Bien évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu. Premières cibles du nouvel arrivant : le poissonnier Ordrafalbétix et le forgeron Cétautomatix. Le premier est invité à pêcher lui-même ses poissons pour privilégier un circuit court au lieu de l'importer de Lutèce. Le second est vanté pour le son de son marteau sur l'enclume qui apaise et facilite la circulation des énergies. Le pseudo-thérapeute ne sèmerait-il pas une zizanie ? Non, ça, ça a déjà eu lieu. Toujours est-il que lorsque Vicévertus va proposer à une Bonemine en colère de canaliser ses pulsions pour les transformer en une force constructive cela va faire comprendre à la femme du chef que son mari la néglige comme une outre percée. La petite dame prend conscience qu'elle ne mène pas la vie dont elle rêvait et part rejoindre son frère à Lutèce. Vicévertus retourne les esprits. Réussira-t-il à retourner la situation globale du village pour qu'il tombe enfin aux mains des romains ?

© Conrad, Fabcaro – Hachette
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Hachette Livre / Goscinny-Uderzo

                Exit Jean-Yves Ferri parti préparer le tant attendu De Gaulle à Londres, bonjour Fabcaro. L'auteur reprend les rênes de la série de Goscinny et Uderzo. L'histoire n'est pas des plus originales, même si pour la première fois et contrairement à la tradition on est dans un récit en deux parties, l'une au village, l'autre en extérieur, en l'occurrence à Lutèce. Cet "Iris blanc" est une zizanie 2. Fabcaro fait plus éclat dans les dialogues, très fins, ce qui pardonne l'ensemble un poil verbeux. Les fans des éternelles années 80 apprécieront le répertoire tordu de l'artiste chanteur dans une scène d'anthologie de concert d'Assurancetourix. Au dessin, Didier Conrad n'a pas peur des scènes de foule. Il fait un petit clin d'œil à Lutèce aux irréductibles compagnons d'Idéfix. Mais, car il y a un léger "mais", son Astérix, le personnage, n'est pas toujours convaincant. Le dessinateur était plus irréprochable dans les albums précédents. Tout ça pour pinailler sur quelque chose car les astérixophiles de la fan-base n'y verront que du feu.

© Conrad, Fabcaro – Hachette
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Hachette Livre / Goscinny-Uderzo

                L'iris blanc sème son pollen dans le village d'Astérix. Nos gaulois en feront-ils une allergie ou réussiront-ils à garder leur flegme légendaire face au danger romain qui plane ? Qui lira saura.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Astérix

Tome : 40 – L'iris blanc 

Genre : Aventure humoristique

Scénario : Fabcaro

Dessins : Didier Conrad

Couleurs : Thierry Mébarki

D'après les personnages de : René Goscinny & Albert Uderzo

Éditeur : Hachette

ISBN : 9782014001334

Nombre de pages : 48

Prix :

 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


Un bijou de Tintin.   Tintin – Les bijoux de la Castafiore Version du Journal de Tintin

 

"-Tchang m'écrit de Londres : tout va bien, et il vous adresse son meilleur souvenir.

-Quel charmant garçon, ce Tchang !

-Oui… et une autre lettre signée – vous ne le devineriez jamais – Bianca Castafiore…

-Bianca Castafiore !... Ha ! Ha ! Ha ! Ce cher rossignol milanais !... (…) Et que nous annonce-t-elle, cette charmante créature ? (…)

-Ce qu'elle nous annonce ?... Son arrivée pour demain !..."

 

 

 

 

 


A Moulinsart, Tintin, Haddock et Milou se promènent dans la campagne environnante du château. Ils rencontrent une enfant qui pleure en plein forêt. C'est une petite tzigane. Elle les conduit au campement où se trouve sa famille. Les lieux sont insalubres. C'est un véritable dépotoir. Le capitaine Haddock leur promet une belle pâture près de son domicile, auprès d'une rivière. De retour au château, après une chute de Tournesol dans l'escalier à cause d'une marche cassée, un coup de fil à l'artisan Monsieur Boullu après une mauvaise direction à la boucherie Sanzot, c'est l'heure de l'apéritif pour le propriétaire des lieux. Tintin en profite pour ouvrir le courrier qu'il vient de récupérer. Il y a une lettre de Tchang, et une autre de Bianca Castafiore… annonçant sa venue pour le lendemain, à la grande joie de Haddock.

© Hergé/Tintinimaginatio 2023

Le décor est en place. Les acteurs sont en place. Il ne reste plus qu'à la star, à la diva, à entrer en scène. Nous sommes dans le huis-clos le plus célèbre du Neuvième Art, celui qui est à la comédie ce que Le mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux est au polar. Nous sommes en train de lire les mythiques bijoux de la Castafiore. Le rossignol milanais débarque avec sa fidèle dame de compagnie Irma et son pianiste attitré Igor Wagner. Le séjour va être perturbé par une disparition : celle de ses bijoux. Il faudra toute la lucidité d'un Tintin qui, comme une didascalie sur la couverture originelle, fait le pont entre ses compagnons d'aventure et les lecteurs. On dit souvent que l'aventure est au coin de la rue. Là, elle est carrément à domicile. Coup de génie et coup de maître, Hergé fait une démonstration de virtuosité.

© Hergé/Tintinimaginatio 2023

La préface non créditée est signée Philippe Fontaine. Elle détaille la genèse de la vingt-et-unième aventure de Tintin présentée ici dans la version de sa parution dans le journal de Tintin, avec le grain et les couleurs de l'époque, un sublime travail éditorial. Après Tintin au Tibet, Hergé, empêtré dans Tintin et le thermozéro sur un scénario de Greg (qui restera inachevé), tombe sur un Paris Match avec Sophia Loren en couverture, annonçant le vol de ses bijoux sur le tournage d'un film. Un autre fait divers attira son attention : un camp de tsiganes était installé non loin de chez lui près d'une décharge. La problématique de départ était alors toute trouvée : les gens du voyage allaient être injustement accusés du vol des bijoux de la Castafiore. Entre autres anecdotes, on apprend qu'Igor Wagner s'est d'abord appelé Casimir, puis Wladimir. On admire le plan du château réalisé par les collaborateurs du maître pour mieux réaliser l'intrigue, dévoilant quelques contradictions avec des mises en place dans des albums précédents. Sont également mises en évidence quelques cases redessinées entre cette version et la parution en album.

© Hergé/Tintinimaginatio 2023

Pour accompagner la relecture de cet album exceptionnel, on ne peut que vous conseiller de (re)lire le truculent roman Meurtre à Mouliserre, signé Renaud Nattiez, paru chez 1000 sabords. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. Ciel, mes bijoux !

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Tintin

Tome : Les bijoux de la Castafiore Version du Journal de Tintin

Genre : Aventure

Scénario & Dessins : Hergé

Dossier introductif : Philippe Fontaine

Éditeur : Moulinsart/Casterman

ISBN : 9782203254404

Nombre de pages : 80

Prix : 16,95 €


 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


L'esprit des lois.   Bobigny 1972 / Dans les couloirs du conseil constitutionnel

 

"-Laisse-moi entrer, Marie-Claire… Que je te voie. Savoir si je dois t'amener chez le Docteur. Chérie, que se passe-t-il ? Pourquoi tu pleures ? Ce n'est pas grave, voyons… Des coliques… Marie-Claire…. Marie-Claire. Tu dois me raconter ce qui s'est passé. Et tu dois me dire quand cela est arrivé."

 

 

 

 

 


1971. Marie-Claire a 15 ans. Elle n'a pas fait l'amour. Il l'a forcée. Il l'a forcée. Elle est enceinte. Il l'a forcée... Il l'a forcée… Marie-Claire ne veut pas de cet enfant. Sa mère l'accompagne dans sa démarche. Comme des milliers de femmes, elle va aller voir une faiseuse d'anges… pour avorter. Début 1972, sur dénonciation du violeur, Marie-Claire et Michèle, sa mère, sont arrêtées et interrogées par la police. "Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen aura procuré ou tenté de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti ou non, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans, et d'une amende de 1800 F à 100 000 F…" Les deux femmes sont libérées en attendant le procès. Quelques mois plus tôt, 343 femmes ont lancé un appel réclamant l'avortement libre. Parmi elles, la célèbre avocate Gisèle Halimi. Michèle Chevalier décide d'aller la rencontrer pour qu'elle défende sa fille, mais elle n'a pas d'argent pour la payer. Pour Halimi, il n'y a pas de problème d'argent. Il n'y aura pas de frais si la famille la laisse agir. L'affaire sera médiatisée afin de pousser l'état à changer la loi. La société patriarcale est-elle prête à faire évoluer sa mentalité ?

 

© Maurel, Bardiaux-Vaïente - Glénat

 

Les allées du tribunal de Bobigny laissent place à celles d'une institution. Dans les couloirs du Conseil Constitutionnel, deux autrices nous prennent par la main pour visiter les lieux et comprendre le rôle de l'instance de la rue de Montpensier. Avant 1958, le régime politique de la France était marqué par la toute-puissance de la loi. Si celle-ci était en contradiction avec la constitution, on modifiait cette dernière, ce qui fragilisait le régime. A l'avènement de la Vème République, tout va changer grâce à la création du Conseil Constitutionnel, premier organe qui va contrôler la constitutionnalité. Le premier président en est Léon Noël. Il est composé de neuf membres, renouvelables par tiers tous les trois ans, ainsi que des anciens présidents de la République qui en sont membres de droit. Peu y siègeront, en particulier pour préserver la neutralité de l'institution. Chaque citoyen peut saisir le Conseil Constitutionnel pour une question prioritaire de constitutionnalité. Le Conseil veille également au bon déroulement des élections.

 

© Gally, Bardiaux-Vaïente - Glénat

 

Marie Bardiaux-Vaïente scénarise deux récits de lois. Avec Bobigny 1972, c'est tout le parcours du combattant pour l'IVG qui est raconté à travers une histoire basée sur des faits réels, le procès de Marie-Claire Chevalier. La loi Veil est en ligne de mire, mais avant d'en arriver là, il aura fallu tout le talent et la puissance d'une Gisèle Halimi, avocate qui réussit à embarquer l'opinion publique. Carole Maurel met en scène cet événement avec une pudeur incroyable. Son graphisme réunit les genres et transpire d'émotion. Pour rester dans la militance, Carole Maurel, futur Grand Prix d'Angoulême ! Marie Bardiaux-Vaïente montre à toutes les femmes du XXIème siècle qui l'ignoraient qu'il aura fallu se battre il y a cinquante ans pour qu'elles connaissent enfin la justice de leur liberté. Quand un bouquin comme ça sort dès janvier, on peut dire aux autres qu'ils n'ont plus qu'à repousser leurs sorties en 2025 s'ils veulent être élus meilleur album de l'année.

 

© Maurel, Bardiaux-Vaïente - Glénat

 

Dans les couloirs du Conseil Constitutionnel se range dans la catégorie des BD reportages, même si le livre se lit avec la même aisance qu'une fiction. La scénariste se met en scène aux côtés de sa dessinatrice Gally. On les voit dès la couverture, Marie toute guillerette à l'idée de rentrer dans l'immeuble de la Rue de Montpensier, Véro, traînant des pieds, se demandant dans quoi elle s'est embarquée. C'est instructif. C'est parfois drôle, contre toute attente. Le graphisme tout public contrebalance avec la solennité des lieux, permettant de mieux s'y faufiler. On comprend enfin l'utilité et l'indispensabilité du Conseil. Comme un trait d'union entre les deux albums, l'ombre de Simone Veil veille sur les autrices. Elle a été membre du Conseil Constitutionnel de 1998 à 2007.

 

© Gally, Bardiaux-Vaïente - Glénat


Bobigny 1972 et Dans les couloirs du Conseil Constitutionnel racontent des pans de la politique de la Vème République. Chacun dans son style explique comment les mentalités ont évolué dans le sens de la fraternité (et de la sororité), de la liberté et surtout surtout de l'égalité. Au-delà de ça, en 2024, les femmes prennent enfin le pouvoir dans le milieu de la bande dessinée et c'est tant mieux.

 

Laurent Lafourcade

 

 


One shot : Bobigny 1972

Genre : Histoire

Scénario : Marie Bardiaux-Vaïente

Dessins & Couleurs : Carole Maurel

Éditeur : Glénat

ISBN : 978234405

Nombre de pages : 164

Prix : 22 €

 


 

One shot : Dans les couloirs du Conseil Constitutionnel

Genre : Reportage

Scénario : Marie Bardiaux-Vaïente

Dessins & Couleurs : Gally

Éditeur : Glénat

ISBN : 978234405

 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


Extraire la lumière et le soleil…   Isidore et Simone Juifs en résistance

 

"-Mes pauvres parents…

-Ils arrêtent aussi les français… Je ne pensais pas que cela serait possible… Ce n'est pas ma France ! Qu'ont-ils fait de notre pays ? S'ils sont allés chercher tes parents, ils viendront nous chercher un jour…

-Nous devons protéger nos filles. Il faut absolument leur trouver un abri sûr. J'ai discuté avec nos voisins les Goldschild. Ils connaissent des gens. Des catholiques fidèles à leur foi…

-Très bien. Mais il faut que nous soyons discrets et organisés. Je dois justement voir nos amis éclaireurs pour avoir de l'aide."

 

 

 

 

 


                Isidore et Simone sont juifs en France en 1943. On ne peut pas dire que ce soit la meilleure situation au meilleur moment. Quelques années plus tôt, en 1910, Hayim et Rachel ont débarqué en France, pour fuir l'antisémitisme naissant dans leur pays, et dans le but de s'intégrer. Ils s'installent à Marseille où Isidore naquit deux ans plus tard. Ils se réfugieront à Barcelone pendant la Grande Guerre, avant de poser leurs valises à Paris en 1919. C'est chez les éclaireurs qu'Isidore rencontrera Simone. Elle est ashkénaze, il est séfarade. Qu'importe l'opinion du père de Simone, ils se marient en 1935 et ont une fille l'année suivante. 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne suite à l'invasion de la Pologne. Isidore est démobilisé. Simone, enceinte, abandonne son métier de sténodactylo pour se réfugier avec leur fils chez son oncle à Chartres. Isidore, sergent, les retrouvera à Toulouse en avril 1940. Ce n'est que le début des années sombres. Comment traverseront-ils la guerre ? Pas en restant passifs, c'est certain.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

                Lorsqu'en janvier 2018, le journaliste Simon Louvet visite le camp de concentration d'Auschwitz en compagnie d'un groupe de lycéens rouennais, il découvre le lieu chargé d'émotion où sont morts dix membres de sa famille. Descendant direct de Simone et Isidore Adato, Simon se sent investi d'un devoir de mémoire lorsqu'il entend l'historien Olivier Lalieu expliquer qu'il fallait récolter un maximum de documents sur les déportés et leurs histoires avant que les derniers témoins de l'époque ne disparaissent. Louvet a trouvé en Remedium le dessinateur idéal pour raconter l'histoire de sa famille comme si elle était la sienne. Le dessinateur de Cas d'école et de Cas de force majeure avait démontré dans ses ouvrages précédents comment il avait la capacité de transposer des témoignages durs en bande dessiné. Ceux de Simone et Isidore, par la voie et la voix de Simon, s'y ajoutent dans cet album œuvre de mémoire.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

                En postface, Olivier Lalieu éclaire chacun des chapitres de l'histoire. On apprend que ce ne sont pas les allemands qui les premiers ont exclu les juifs de certaines professions. C'est bien l'Etat français. Peu de catholiques comme Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, ont dénoncé le sort réservé aux juifs. On apprend comment les familles de déportés ont découvert ce qu'il se passait. On y lit le rôle décisif de la première armée de libération venue d'Afrique. On comprend le rôle primordial du Mémorial de la Shoah. Photos et documents d'archives rendent la famille Adato encore plus proche de nous, comme s'ils étaient nos anges gardiens à nous tous pour qu'une telle histoire ne puisse plus jamais être écrite.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

"On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'Histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter
L'ombre s'est faite humaine aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres tremblants dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent."

                Jean Ferrat le chantait dans Nuit et brouillard. Il ne faut jamais oublier les victimes des guerres. Notre avenir se base sur les erreurs du passé à ne pas reproduire. Pour cela, il faut des témoignages. Simon Louvet et Remedium ont apporté leur pierre à l'édifice.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Isidore et Simone Juifs en résistance

Genre : Histoire

Scénario : Simon Louvet

Dessins : Remedium

Éditeur : Ouest France

ISBN : 9782737388910

Nombre de pages : 188

 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


Exploration urbaine dans l'espace-temps.   Urbex 3 – La fin des cauchemars

 

"-Tu crois qu'on va de nouveau rencontrer les jumelles ?

-Va savoir ce qui peut arriver ici.

-Attention !! Ce couteau est tombé du plafond ? Mais ?! Nous sommes au plafond !

-Tais-toi ! Regarde en bas !"

 

 

 

 

 


                En faisant de l'urbex, Alex et Julie se sont rendus compte qu'ils avaient la faculté de voir les morts. A la villa Pandora, maison pourtant démolie depuis 5 ans et oubliée de tous, les deux adolescents affrontent en pleine nuit peurs inconnues et souffrances. Du haut du plafond, comme si rien n'avait de sens dans tous les sens du terme, ils voient se rejouer des scènes du passé. Marie-Jeanne traîne le corps sans vie de sa sœur jumelle Isadora pour l'enterrer dans le jardin. Une affiche leur apprend que cet événement se déroule en 1900. La meurtrière décide qu'elle sera tantôt elle, tantôt sa sœur. Elle brouillera les pistes pour dissimuler le crime. Lors d'une autre exploration, Alex et Julie découvrent un homme qui apprend sans cesse la mort de son fils, bloqué sans pouvoir faire son deuil. La résolution d'une énigme ne pourrait-elle pas donner une solution à l'autre ?

© Clarke, Dugomier, Mikl – Le Lombard

                L'urbex, est-ce un loisir, un sport ou une science ? L'activité est-elle légale ou illicite ? Toujours est-il qu’elle est cadrée par ses véritables adeptes, avec des codes bien définis. L'urbexeur commence en général sa "carrière" en visitant par curiosités des maisons abandonnées, des manoirs, des petits châteaux ou des friches industrielles. Hormis celles de ses pas, il ne laisse aucune trace, et surtout pas des détritus. Il ramène éventuellement des photos qu'il trouve mais ne vole aucun objet. Il ne divulgue pas les adresses qu'il visite. S'il se fait surprendre par quelqu'un, jamais l'urbexeur ne tentera de fuir mais préfèrera entrer dans le dialogue pour expliquer sa démarche. Indéniablement, l'urbexeur rêve de fantastique, mais il faut s'appeler Alex et Julie pour le rencontrer.

© Clarke, Dugomier, Mikl – Le Lombard

                Vincent Dugomier et Clarke ont écrit une histoire bien ficelée qui donne envie de se lancer dans l'exploration urbaine. Comme à son habitude, Dugomier s'attache tout autant aux personnes qu'aux événements. Ses personnages ne sont pas des observateurs. Ils sont acteurs, pas seulement dans le sens "agir", mais dans le sens "impliqués". Le scénariste creuse ses personnages pour leur donner une densité inattendue. Alors qu'on pensait ne s'intéresser qu'à Isadora et Marie-Jeanne, Alex et Julie prennent le pas. Avec son trait rapide et jeté, Clarke donne juste le ton qu'il faut pour accentuer le mystère ou l'émotion. Il n'y a qu'à voir comment il traite les sentiments du père apprenant la mauvaise nouvelle et réagissant de façon évolutive pour s'en rendre compte.

© Clarke, Dugomier, Mikl – Le Lombard

                La trilogie Urbex se clôt en démontrant que les cicatrices du passé, en se refermant, peuvent apaiser le présent. Urbex n'est pas qu'une histoire d'exploration urbaine. C'est aussi une aventure de généalogie. Alex et Julie vont éclaircir des pages inconnues de leurs histoires familiales.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Urbex

Tome : 3 - La fin des cauchemars

Genre : Fantastique

Scénario : Vincent Dugomier

Dessins : Clarke

Couleurs : Mikl

Éditeur : Le Lombard

ISBN : 97828082010270

Nombre de pages : 56

Prix : 12,95 €


 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD


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