Rencontre avec Joël Alessandra pour Errance en mer Rouge
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Rencontre avec Joël Alessandra pour Errance en mer Rouge

La corne d’Afrique… l’aventure… les pirates !

Pour essayer de se distraire du souvenir lancinant de son épouse récemment décédée, Tom, un enseignant en arts plastiques dans la quarantaine, accepte un nouveau poste à Djibouti. Là, face au détroit de Bab-El-Mandeb - « la Porte des larmes » - qui a tant fasciné des générations d’artistes de toutes origines, Tom soudain submergé par des ambiances et des sensations nouvelles cesse peu à peu de se cramponner à son chagrin et se laisse happer par cet environnement inédit. Ses interventions bénévoles pour enseigner des rudiments de dessin aux orphelinats locaux et surtout sa rencontre avec Fred, un baroudeur excessif et illuminé installé de longue date à Djibouti, vont achever de le guérir de sa neurasthénie. Rapprochés par leur passion pour les grands écrivains de l’ailleurs comme Henry de Monfreid, le sulfureux vétéran de l’aventure en mer Rouge, ces deux hommes que tout semble opposer sympathisent. Et Tom se laisse convaincre d’accompagner Fred, trafiquant à ses heures, dans l’une de ses sorties pas vraiment légales en mer...

Rencontre avec l'auteur pour un survol de sa carrière, sa vie et son dernier album.

 

Joel, Comment es tu devenu dessinateur de Bande-Dessinée?

D'autant que je me souvienne, et je ne dois pas être le seul auteur dans ce cas, j'ai toujours dessiné !
Je me rappelle avoir fait ma première BD pour un copain à l'école primaire, on devait avoir 6 ans. Lui était très malade et pour que son séjour à l'hôpital lui paraisse moins long, je lui avais écrit et dessiné une histoire.
Naturellement, je crois que déjà, inconsciemment, je voulais faire cela comme métier. J'ai plus tard passé le concours d'entrée à l’École Boulle, une école d'arts appliqués à Paris, où je suis resté 6 ans. Ce sont mes plus belles années, l'enseignement artistique était vraiment de premier ordre : histoire de l'Art (avec des dossiers à faire sur les périodes étudiées, un peu dans l'esprit de carnets de voyage), modelage, expression plastique, atelier - j'étais dans une section d'Architecture d'Intérieur - métier que je n'ai d'ailleurs jamais pratiqué ! J'ai commencé la BD après pas mal de péripéties, en Italie. Je travaillais à Rome, dans les années 1993, directeur Artistique pour la RAI, je concevais des génériques TV et je faisais de l'habillage. Lors d'une soirée j'ai rencontré Mariella, la sœur d’Andréa Pazienza, un auteur italien extrêmement connu en Italie, malheureusement décédé. Il partageait les pages de revues comme Frigidaire avec Liberatore entre autres.

En discutant avec Mariella, je lui avoue ma passion pour la BD et ma timidité à présenter mon travail à un éditeur. Ni une, ni deux, Mariella va me "piquer" des planches qu'elle ira montrer aux Éditions del Griffo, éditeur de Pratt, Manara, Giardino et bien d'autres grands noms de la BD ! Un mois après j'étais dans tous les kiosques italiens avec une mini histoire sur l'Afrique, série que j'ai maintenue près de trois ans sur le magazine ! J'étais vraiment heureux. Pour des raisons personnelles et d'argent, je suis ensuite rentré en France et j'ai travaillé dans la communication. J'ai repris la BD treize ans plus tard avec "Fikrie" à La Boite à Bulles.

 

 

 

 


 

As tu d'autres passions que le dessin? On ressent à travers tes albums qu'il y a quelques chose d'autres en dessous.

En effet, j'ai plusieurs passions. Le dessin bien sûr, il ne se passe pas une journée sans dessin, sans illustration, sans BD, mais aussi et surtout sur mes petits carnets que j'ai toujours dans ma poche pour croquer un détail qui va me plaire, une idée qui passe…le dessin est toute ma vie, vraiment. Mais la chance que j'ai aussi, est de pouvoir concilier ma passion du dessin avec une autre qui est celle des voyages ! Le dessin est un incroyable passeport qui vous ouvre des dizaines de portes vers des pays et des gens avec qui il serait difficile de communiquer. Avec mon carnet de dessin, je parle le Swahili, l'Afar, le Somali, le pékinois, l'espagnol… J'ai quitté Paris il y a quelques années avec mon épouse et mes trois enfants, nous habitons dans le Gard, près d'Uzès où il fait décidément bon vivre ! 

 

Quel a été ton type de documentation pour cet album ?

En sortant de l'école, je suis parti vivre en Afrique de l'Est. A cette époque, en France les garçons devaient faire leur service militaire et j'ai eu la chance énorme d'être recruté par le Ministère de la Coopération qui cherchait des gens d'image, de communication, de dessin, pour travailler en Centres Culturels français. On me proposait la Guinée, la côte d'Ivoire, Djibouti. J'ai tout de suite choisi ce dernier, pays frontalier à l’Éthiopie, théâtre de mes lectures Rimbaldiennes, où Kessel, Monfreid et bien d'autres ont écrit des aventures fabuleuses. Pour moi pas d'armes ni uniforme, mais expos, rencontres avec des artistes, carnets en brousse, etc. J'y ai fait la connaissance d'un ami, Nicolas, qui est resté là-bas et a épousé une Somali. Il a plusieurs activités dont une incroyable digne de Henry de Monfreid, qui est la sécurité. Son boulot consiste à escorter et protéger des bateaux, porte-containers, Supply, tankers, en y plaçant des hommes armés, entraînés à faire feux sur d'éventuelles attaques de Pirates. C'est de son histoire que je me suis inspiré pour "Errance en mer Rouge" ! Beaucoup de documentation en effet pour travailler sur ce livre, mais de la documentation personnelle ! Je retourne à Djibouti très régulièrement (en Éthiopie aussi !), j'y ai là-bas en plus de Nicolas de nombreux amis, Afars, Somali et français.

 

 

 



Tu as donc une prédilection pour les pays chauds.

Oui, effectivement ! On parlait de Djibouti, c'est l'un des pays les plus chauds du monde, où je vais souvent pour des interventions dans des écoles en brousse, par exemple, mais je me rends également très souvent en Éthiopie (un peu moins chaud, Addis-Abeba culmine à presque 2800 mètres d'altitude).
Je voyage beaucoup, pour mon métier essentiellement. J'ai travaillé sur deux carnets de voyage au Tchad, dont un dans le désert de l'Ennedi, je vais souvent là-bas aussi.  En Afrique je me balade pas mal effectivement. Je reviens d'Algérie, mais j'étais il y a plusieurs mois au Maroc, j'étais en Afrique du sud pour un projet… Mais mes voyages me portent aussi ailleurs : en Indonésie, en Chine, au Mexique, au Brésil, souvent en Angleterre (ma femme est britannique ;-), au Sri-Lanka (où j'ai habité quelque temps)…

 

Quels sont tes autres projets?

Je prépare un carnet de voyage collectif sur l'Indonésie où j'ai donc séjourné 4 semaines pour des ateliers, workshops, interventions, il sera disponible en mars je crois aux éditions La Boite à Bulles.
Je termine une histoire en BD assez personnelle sur ma famille et l'Algérie, 30 pages sur le N° de juin de la Revue XXI si tout se passe bien, Inch Allah !
Et puis un livre sur Eiffel qui devrait voir le jour à la rentrée ainsi que d'autres projets en cours, oui, mais c'est un peu tôt pour en parler ;-)

 

Y-a-t-il une exposition sur ton dernier album prévue dans un avenir proche?

Deux expos sur "Errance en mer Rouge", la première à la Galerie Bruxelles-Paris à Bruxelles, pour une quinzaine de jours, vernissage le 27 mars, venez nombreux !! J'y expose des tas de dessins et aquarelles de l'album.
Et puis une autre au Centre Culturel Arthur Rimbaud de Djibouti fin avril début mai normalement, c'est moins facile de venir boire un coup !

 

 

 

 

Errance en mer Rouge, 120 pages au prix de 22.50 € édité dans la collection Univers d'Auteurs chez Casterman. Sortie le 15 mars 2014

ISBN : 2203075856

 

Interview © BD Best-J.J. Procureur 2014

Images © Alessandra-Casterman 2014

Photo © J.J. Procureur 2014



Publié le 18/02/2014.


Source : Bd-best

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