Tintin chez les Soviets en couleurs : on a pu travailler sans aucun contrôle de style « ayatollah »
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Tintin chez les Soviets en couleurs : on a pu travailler sans aucun contrôle de style « ayatollah »

Tintin au pays des Soviets est le premier album de la série « Les Aventures de Tintin » créée par Hergé.  Alors qu’il travaillait pour le supplément jeunesse du journal belge « Le Vingtième Siècle », Hergé reçoit de l’abbé Norbert Wallez, son rédacteur en chef, une commande d’une bande dessinée dont le héros ferait un reportage en URSS. 

Considéré par Hergé comme une « erreur de jeunesse », l’histoire n’a jamais été redessinée par les Studios Hergé : c'est la seule de l'ensemble des Aventures de Tintin à être restée dans son format original, en noir et blanc.

 

 

 

 

 

© Casterman - Moulinsart

 

 

Prépubliée dans « Le Petit Vingtième » du 10 janvier 1929 au 8 mai 1930, elle paraît ensuite en album en septembre 1930. 

Tiré à dix mille exemplaire et vendu au prix de vingt franc, l’album devient vite introuvable en librairie. Il ne sera réédité par les éditions Casterman qu’en 1973 au sein des « Archives Hergé ». Le 11 janvier 2017, l’album connait une nouvelle jeunesse grâce à la colorisation effectuée par Michel Bareau et Nadège Rombeau.  Cette colorisation étant le seul élément neuf de l’album, je vous livre ci-dessous les explications de Michel Bareau concernant son travail.

 

« En 1930, Hergé n’avait aucune référence de gamme chromatique à part le costume bleu, des bottes rouges, les cheveux légèrement blond vénitien et sa couleur chair. Ce que l’on peut supposer, c’est que l’œuvre était en noir et blanc tout comme un film d’actualité des années vingt ou comme tous les films que l’on a vus sur la guerre de 14-18.

Apparemment les films de la guerre 14-18 ont été au vingt et unième siècle colorisé, je les ai vus et j’ai constaté qu’il avait une très belle mise en valeur de la signification de ces images qui prenaient toutes leur importances, on voyait des soldats qui sortaient des tranchées avec leurs uniformes et casques colorisés. Je me suis dit qu’étant donné que l’on n’avait pas les références d’Hergé au niveau de la couleur, on n’allait pas du tout se baser sur les couleurs qu’il a utilisées dans la série classique des Tintin à partir de Tintin au Congo.

 

 

 

© Casterman - Moulinsart

 

La prise de position, c’est que l’on fait une interprétation d’une œuvre du début du vingtième siècle que quelqu’un du vingt et unième siècle redécouvre et veut remettre dans l’ambiance de son époque. L’ambiance de l’époque, c’était un reportage de Tintin qui est encore très polymorphe au début de l’aventure et qui va se prendre une morphologie beaucoup plus « Tintinesque » dans les albums qui vont suivre. Je me suis dit qu’avec les moyens de coloriage que nous avons actuellement, c’est-à-dire avec un outil que l’on appelle l’ordinateur, nous pouvons grâce à cet outil qui permet d’utiliser seize millions de couleurs, de les intégrer dans l’œuvre du début du vingtième siècle. Il faut savoir qu’Hergé avait développé avec son photograveur une technique qui s’appelle le « grip coloriage » . Cela consistait à colorier le dessin imprimé en gris sur du papier à dessin et à le colorier au pinceau, à la gouache ou à l’écoline.  Il a développé son studio dans les années cinquante pour toute la série des aventures classiques.

Le photograveur faisait la sélection de ces coloriages en trois couleurs (jaune, bleu et rouge), le trait devenant l’unique élément noir de la sélection des couleurs, l’imprimeur travaillait en trichromie plus les traits. Nous avons décidé de travailler en quadrichromie plus les  traits afin d’utiliser tout le potentiel du noir dans les couleurs ce qui crée des tons plus nuancés qui peuvent se mettent en accord avec la tonalité générale de l’époque de l’entre- deux guerres.

Nous avons eu le feu vert de Fanny et de Nick pour faire des essais, ceux-ci étant concluants, on a pu travailler sans aucun contrôle de style « ayatollah »  concernant l’utilisation de tons et de couleur, ce qui a donné le résultat que vous avez entre les mains. Nous avons d’abord fait une étude d’impression sur le papier pour obtenir des tons plus pastel que les tons de la série classique qui est imprimée sur du papier blanc azuré qui lui augmente les contrastes. Pour moi, la colorisation apporte une meilleure visibilité de l’œuvre et facilite sa lecture.

Elle apporte aussi une certaine authenticité grâce à la documentation utilisée. Elle permet aussi de mettre en valeur les deux seuls éléments blancs qui ne changeront jamais dans l’œuvre originale : Milou et les phylactères. Les phylactères prennent leurs positions, parfois Tintin est devant le phylactère, parfois il est derrière mais il reste blanc. Quant à Milou, il explose dans son caractère facétieux  dans le fait qu’il peut aider Tintin, ensuite comme on le voit dans les dernières planches il est extrêmement coquet, se coiffe et se prépare pour son arrivée à la gare du nord. »

 

Decouvrez ci-dessous quelques images de la venue de Tintin à bruxelles ce 9 janvier 2017. (cliquez sur les images pour agrandir. Photos © A. Haubruge).

 

 

Sur cette photo de groupe : Fanny Vlamynck (veuve d'Hergé), Nick Rodwell (pdg des éditions Moulinsart), cCharlotte galimard (directrice des éditions Casterman),

 


 

Tintin posant à côté de sa statue au Train World à Schaerbeek.

 


 

Les coloristes Nadège Rombaux et Michel Bareau posent à côté de Tintin.

 


 

Wagon exposé en face du Train World à Schaerbeek

 

 

Fresque sur le train.

 


 

 

 

 



Publié le 10/01/2017.


Source : Bd-best

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