1912 au cœur des Orfèvres. Une enquête de l’Ecluse et la Bloseille 1 – Le vendangeur de Paname
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 	1912 au cœur des Orfèvres. Une enquête de l’Ecluse et la Bloseille 1 – Le vendangeur de Paname

 

« - Monsieur euh… l’Ecluse ?
-          T’es une bleusaille, toi…
-          Inspecteur Pierre Caillaux, fils de Joseph Caillaux !
-          Je vois… Une bleusaille avec de l’oseille. Assieds-toi, la Bloseille. Ton paternel, c’est peut-être un millésime du vignoble Poulaga, mais toi t’es une nouvelle cuvée.
-          Je suis votre nouveau partenaire, monsieur ! »
 
Quand un fils de ministre, fraîchement diplômé, rencontre un inspecteur placardisé dans le Paris du début XXème, on pourrait s’attendre à un duo explosif. Pas du tout, une complicité complémentaire va s’installer entre les deux aimants aux polarités opposées. Les deux éléments mis sur la touche du quai des orfèvres vont mettre leurs nez, et ils ne sont pas petits, dans l’enquête du « vendangeur de Paname », tueur en série qui a sur le dos tous les condés de la capitale. Les crimes sont particulièrement horribles. Chacun est relié au précédent par un objet appartenant à la victime précédente.

 

 

 

© François, Bagères, Périmony - Delcourt

 

 

 

 
Le scénario de Frédéric Bagères s’inscrit dans la plus pure tradition du feuilleton populaire. Le duo de policiers qu’il introduit dans ce premier tome fonctionne sur le même principe que Pierre Richard/Gérard Depardieu dans les films de Veber, Astérix/Obélix ou encore Bérurier/San Antonio : deux tempéraments antagonistes qui s’entendent pour installer une connivence dans laquelle le lecteur, ou le spectateur, est invité.

 

 

 

 

© François, Bagères, Périmony - Delcourt

 

 

 
David François dépeint le Paris d’un siècle où les calèches roulent sur le pavé, où le métro s’appelait encore le métropolitain et où les putes des maisons closes côtoyaient flics et voyous. Avec un encrage effet crayons et des couleurs d’une dominante jaune-beige lorgnant vers le sépia, réalisées par François avec la complicité de David Périmony, le voyage dans le temps fonctionne à merveille.
Les décors, comme celui de la brasserie le Bouillon Chartier, encore ouverte aujourd’hui, nous invitent dans un Paname chargé d’Histoire.
Le dessinateur ose des originalités phylactériques avec bulles intégrées aux dessus des tonneaux.
Enfin, le découpage classique contribue à un ensemble plaçant l’histoire dans son époque. Et puis, un album sans planche à fond perdu, qu’est-ce que c’est reposant parfois !

 

            L’album souffre d’un léger défaut : une typographie au trait parfois trop fin, avec certaines lettres trop légères, pas assez appuyées. Dommage, c’est un paradoxe pour un album dont un des principaux atouts consiste en des dialogues au cordeau, ciselés, retranscrivant les palabres des rues populaires et des caves miteuses.

           

            Au-delà du polar, cette histoire est un des plus beaux hommages depuis la chanson de Léo Ferré à un Paris oublié. Un couplet de sa chanson pourrait lui servir de carte de visite :

 

Paname,
Quand tu t'ennuies tu fais les quais,

Tu fais la Seine et les noyés,

Ça fait prend' l'air et ça distrait,

Paname,
C'est fou c' que tu peux fair' causer,

Mais les gens n'sav'nt pas qui tu es,

lls viv'nt chez toi mais t' voient jamais.

 

 

            Vignerons, venez faire vos vendanges à Paname, mais méfiez-vous du rouge du vin, il pourrait avoir un goût de sang.

 

 

Laurent Lafourcade

 

Série : Une enquête de L’Ecluse et La Bloseille

Titre : 1 – Le vendangeur de Paname

Genre : Polar humoristique

Scénario : Bagères

Dessins : François

Couleurs : François & Périmony

Éditeur : Delcourt

Nombre de pages : 64

Prix : 15,50 €

ISBN : 9782756079431



Publié le 13/03/2018.


Source : Bd-best

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