Information générale concernant le monde de la BD
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Avant-dernier acte de la série de l'année.    Visages - Ceux que nous sommes 3 – Vers la fontaine ardente

 

"-Qui est ma mère ? Est-elle toujours en vie ? Si oui, où est-elle ?!

-Ta mère s'était engagée comme infirmière sur le front. On s'est rencontrés, par accident, derrière les lignes. C'était une très belle femme, volontaire et courageuse… une artiste aussi.

-Et une allemande !

-Je l'aimais, la guerre, c'est compliqué, Georg…"

 

 

 

 

 


                Vitry-le-François, juin 1940. A l'intérieur d'une église à demi-détruite, Georg et Sheila, "l'enfant de la honte" et la snipeuse irlandaise qui l'a formé, tombent nez à nez avec Louis Kerbraz. Le soldat français fait face à deux personnes en uniformes allemands. Le père a retrouvé son fils, ou plutôt le fils a retrouvé son père. La ressemblance est frappante. Louis ne savait même pas que Lieselotte, l'infirmière allemande qu'il a aimée, était enceinte. A présent, Georg veut retrouver sa mère. La seule piste qu'il a est celle d'un certain Docteur Mühle, le médecin-chef sous les ordres duquel elle a travaillé lors de la guerre de 14 et qu'elle avait sollicité pour son accouchement. Ça ne va pas être simple. Lieselotte a quitté Berlin. Croyant son fils et Louis morts, elle a tourné la page. Journaliste, elle enquête sur ces camps qui s'ouvrent un peu partout, en Allemagne, en Pologne, et qui accueillent des prisonniers.

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

Troisième épisode de la saga familiale Visages, Vers la fontaine ardente poursuit l'histoire de Louis, Lieselotte et Georg. Les scénaristes Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-O'Griafa mènent cet épisode pivot en évitant tous les pièges manichéens dans lesquels ils auraient pu tomber. L'école réduit trop souvent ce conflit mondial à une guerre entre les méchants allemands contre les bons français, aidés par les gentils américains. Les auteurs donnent un coup de pied dans ce précepte et justifient par là-même le titre de la série: Visages – Ceux que nous sommes. Dans cet avant-dernier acte, on va découvrir qui sont Louis d'un côté et Lieselotte de l'autre. Georg se cherche encore; il faut en garder pour le final. Les engagements journalistiques de Lieselotte démontrent son objectivité. Une scène cruciale entre Louis et un Oberstleutnant témoigne d'un instant déterminant pour la suite. On fait parfois des gestes, guidé par son instinct, ou tout simplement par son moi-profond. "Oublions la guerre un instant… et trinquons aux idéaux qui font de nous les hommes que nous sommes."

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

Le dessinateur Aurélien Morinière poursuit son travail exceptionnel, se remettant sans cesse en question, osant encore des découpages incroyablement efficaces et rarement vus. Pour ceux qui ont l'album sous les yeux, voir les planches 21-22 avec l'enquête de Lieselotte au village de Chetmno, ou les planches 26-27 avec la roulette russe. Il serait enfin temps que des auteurs comme lui soient primés.

Réalisé par les scénaristes de la série, un cahier documentaire complète l'album. Parmi de nombreux sujets, on en apprend plus sur les changements de nationalité imposés aux alsaciens et aux mosellans, sur la bataille de Stalingrad et la fontaine aux enfants, sur le "Belfast Blitz", le régime de Vichy et la répression nazie dans les camps, sur la résistance allemande et le groupe de la Rose blanche.

 

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

 

Vers la fontaine ardente est un titre oxymore. L'eau de la source serait-elle prête à brûler ? le titre est en fait issu de "Si je mourais là-bas", un poème d'Apollinaire, mort à la guerre de 14. La fontaine ardente est le sang. Il le dit à Lou, son unique amour et sa grande folie :

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie

— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —

Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Il va de soi que l'amour entre Lieselotte et Louis, lorsqu'ils se sont rencontrés, était de la même intensité que celui entre Apollinaire et sa promise. Le quatrième et ultime tome, prévu dès le mois prochain, rallumera-t-il la flamme des amants désunis ?

Une série d'entretiens avec les auteurs est disponible sur la chaîne YouTube Boulevard BD. Histoire de guerres, histoire des arts, mais avant tout histoire de personnes, avec un type de narration inédit, osé et efficace, Visages – Ceux que nous sommes est LA série événement de cette année.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 3 – Vers la fontaine ardente

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344032893

Nombre de pages : 56

Prix : 15,50 €

 

 



Publié le 24/09/2023.


Source : Boulevard BD


Le retour du club des 6.  La clique 3 - La clique prend la pose

 

"-Pfff, je te raconte même pas ce matin, à la maison, c’était « Youhou, c’est la rentrée ! », « Trop bien, les vacances sont finies ! », le tout accompagné de cris de joie et de petits sauts de cabri !!!

-Ah oui ? Ton frère Jojo est à ce point content de revenir ?

-Ah non là, je te parle pas de Jojo, mais de mes parents."

 

 

 

 

 


                Après être passée à l’attaque et avoir cassé la baraque, les enfants de la clique prennent la pose pour la rentrée scolaire. Max, Tim, La Zouille, Nénette, Jojo et Téa sont fins prêts, cartables au dos, pour attaquer l’école. Sept chapitres scandent l’année. On retrouve à la rentrée un Max éploré, tout triste de devoir y aller. C’est pas comme les parents de Téa et Jojo, ravis de se débarrasser du petit dernier. Vient rapidement la période d’Halloween où l’estomac de La Zouille est comblé, entre les bonbons et, pourquoi pas, les pizzas. Sinon, c’est un sort ! Tim devrait faire attention de ne pas faire trop de bêtises à l’approche de Noël. On peut feuilleter dans ce chapitre le catalogue impermarché des jouets qui claquent de la clique. Poupée parlante Téa ou poupée Jojo qui fait pipi ? Puzzle 3D de Gruik le cochon ou cahiers de coloriage déjà remplis pour être sûr de ne pas dépasser ? Il y a du choix pour tout le monde.

 

© Sti, Eparvier - Glénat

 

                Qui aura la fève pour l’Epiphanie ? Encore une période faste pour La Zouille qui va vite plier ses cinq fruits et légumes par jour pour plusieurs jours afin d’avoir de la place dans l’estomac pour la… non… les galettes des Rois.  Elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin parce que vient vite le temps de la Chandeleur. Quand c’est Téa qui fait sauter les crêpes, on n’est pas garantis qu’elles reviennent dans la poêle. Pâques, c’est bien, et pas seulement grâce aux chocolats. On arrive au changement d’heure, ce qui rapproche des grandes vacances. Oui, d’accord, Max, on recule les montres, mais il n’empêche que ça commence à sentir la fin. Et la fin de l’année, c’est activités ! Karaté, karaoké, et surtout, voici venue la kermesse de l’école avec ses stands et son traditionnel spectacle !

 

© Sti, Eparvier - Glénat

 

                La clique remplit à fond son cahier des charges : proposer une BD pour les petits, premiers lecteurs, avec simplicité et intelligence. Hervé Eparvier leur parle de leurs préoccupations, les immerge dans leur propre vie, celle des enfants. A cet âge là, c’est bien ça qui les préoccupe. Les gags sont simples et font mouche. Dans une pure ligne claire gros nez, Sti leur fait prendre la pose tout au long d’une année scolaire. Pour une fois, le gagman se fait porter par le scénario de quelqu’un d’autre. Bien évidemment, on n’est pas dans le même genre d’humour que les séries qu’il scénarise (Les profs, Les runners,…), mais il faut se mettre à la place du public ciblé et ça fonctionne à merveille.

 

© Sti, Eparvier - Glénat

 

                Pour une première BD à offrir, La clique est idéale. Changez de Mortelle Adèle ! Elle n’a pas besoin de vous. On attend déjà impatiemment le retour de La Clique pour un nouveau tour de fanfare.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : La clique

Tome : 3 - La clique prend la pose

Genre : Humour

Scénario : Hervé Eparvier

Dessins & couleurs : Sti

Éditeur : Glénat

Collection : La collec’

ISBN : 9782344056370

Nombre de pages : 80

Prix : 9,90 €

 


 



Publié le 24/09/2023.


Source : Boulevard BD


Une quĂŞte initiatique interstellaire.   Kyle Travel 1 - La fleur du souvenir

 

 

"-Kyle… C-C’est quoi cette lumière ? Frérot… Réponds-moi ! KYYYLE !"

 

 

 

 

 

 

 


               Une lueur aveuglante déchirant le ciel, un rai de lumière, puis un cri dans la nuit. C’est celui de Selen, la petite sœur de Kyle, qui vient d’assister impuissante, depuis la fenêtre de sa chambre, à la disparition de son frère. Kyle, un ado qui n’a pas vraiment d’amis, a été « enlevé » par des extra-terrestres. Il se retrouve avec plusieurs autres jeunes venus de différentes planètes. Ils ont pour mission de neutraliser le dévoreur, un être abominable et effrayant, surpuissant, qui a pompé l’énergie vitale de planètes entières. Une école de formation a donc été créée pour l’anéantir. De cette institution, sortira vainqueur d’un tournoi celui qui aura la lourde tâche d’administrer une planète afin de la fortifier et de la préparer au mieux à la venue du démon. Yxol-Vog, planète à la luxuriante végétation sauvage, sera le lieu désigné. Les perdants du tournoi ne seront pas oubliés et formeront la grande armée qi défendra l’univers. Kyle en sera-t-il le commandant ?

 

© Russo, Zonno, Pinelli - Dupuis

 

                C’est à une quête initiatique que nous invitent les auteurs de Kyle Travel au travers du destin de leur personnage, adolescent de l’âge de leurs lecteurs, qui n’a pour « simple mission » que de sauver des planètes. Le scénario de Marco Russo est avant tout une histoire de famille. Les liens entre Kyle et Selen sont centraux. Kyle a le sens de la justice. Il est fidèle et loyal. Il a quelque chose de Valérian, confirmé par le décor spatial. La série traite également de sujets d’actualité comme le harcèlement et la solitude de l’adolescent qui doit se transformer en adulte et trouver sa place dans la société.

 

© Russo, Zonno, Pinelli - Dupuis

 

                Grands amateurs de comics et de mangas, fans d’animés, Marco Russo et Alessio Zonno réunissent leurs influences pour créer une aventure aux confluents de leurs sources et de la bande dessinée européenne. Ces auteurs italiens, biberonnés aux fumettis de chez Bonelli comme Dylan Dog, Tex ou Diabolik, ainsi qu’aux productions nationales Disney, peut-être les meilleures du monde, ont vécu l’arrivée du manga dans la Botte. Ils font partie de cette nouvelle génération pluri-culturelle. La gageure était de faire rentrer un scénario au punch et au dynamisme du manga dans un format européen. C’est plutôt réussi. On y arrivera complètement le jour où la capacité de production se rapprochera de ce qui se fait au Japon. Au niveau graphique, Zonno s’adresse aussi aux enfants. Son trait fonctionne à merveille dans les gros plans et les scènes d’action, mais reste épais dans l’ensemble de l’album. Il n’y a pas la finesse et les détails qui étaient nécessaires pour être publié dans les années 80. C’est une question de génération, mais il est peut-être temps pour les éditeurs de se rendre compte que ce n’est pas parce que le lectorat visé est jeune que l’on ne doit pas leur proposer des graphismes de haute valeur, à l’égal d’un Mézières pour rester dans l’ambiance.

 

© Russo, Zonno, Pinelli - Dupuis

 

                Kyle Travel est une série de bonne facture qui a un potentiel à développer. Annoncée comme une trilogie, de la même façon que le héros, Kyle, doit se découvrir pour réussir sa mission, cette aventure peut permettre à ses auteurs de faire leurs preuves.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Kyle Travel

Tome : 1 - La fleur du souvenir

Genre : Aventure animalière

Scénario : Marco Russo

Dessins : Alessio Zonno

Couleurs : Pinelli

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034762361

Nombre de pages : 56

Prix : 12,95 €

 

 



Publié le 24/09/2023.


Source : Boulevard BD


Tout ce qu’il faut savoir pour devenir un champion.   L’encyclopédie du tennis

 

"-Papa ! Un jour, je serai n°1 mondial de tennis.

-Trèèès bien, Marcel.

-Moi quand je serai grand, je serai le numéro 1255 mondial.

-Et moi le 535.

-Ben moi je s’rai numéro 1 !"

 

 

 

 

 


Marcel Costé rêve depuis tout petit d’être numéro 1 mondial de tennis, dès sa plus tendre enfance. Le numéro en lui-même le fascinait. Il a suivi un entraînement intensif avec un maître de tennis Sensei au Japon. Il a grandi là-bas, est devenu adulte, et est devenu professionnel, jusqu’au jour, où, sur un cours en gazon, après une balle de match gagnée, il est devenu n°1. 6-7; 6-1; 6-7; 6-4; K.-O. dans la tête de l’adversaire. Marcel est allongé sur le dos, le visage dans ses mains. Il n’arrive pas à y croire; il a gagné ! « C’est donc ça le bonheur ! »

 

© Panaccione – Fluide glacial

 

A travers l’histoire de Marcel Costé, Grégory Panaccione raconte celle du tennis. Les origines et les techniques du sport alternent avec des moments de la vie du sportif. On apprend que le sport a été inventé par les hommes préhistoriques, comme le ping-pong et le foot. Les premiers courts viendront plus tard sur des terrains de montagne en pente. C’était au départ une pratique de défense, puis de combat, avant d’évoluer vers un jeu grâce aux pommes qui ont remplacé les cailloux. Les cow-boys en ont fait une pratique insolite avec des duels à cheval. Ce n’est que des années plus tard que Marcel Costé pratiquera le tennis-car. C’est la même chose mais en voiture.

 

© Panaccione – Fluide glacial

 

On verra comment Marcel est arrivé à bout d’adversaires grâce à son cri, le Ki, provenant d’une contraction du ventre alliée à une réverbération contre le sternum. Marcel nous apprendra comment optimiser les temps de pause grâce à l’alcool, une cigarette et pourquoi pas un p’tit café. Il explicitera son sport sur la mythique scène de l’Olympia et donnera en vidéo tous les conseils d’un champion. Service, coup droit, revers, amorti et volée n’auront plus de secret pour personne. Marcel revient également sur la difficile période du confinement, qui ne l’a pourtant pas empêché de taper dans la balle. On assiste à un exceptionnel match en appartement. Les lecteurs les plus assidus se rappelleront que Marcel Costé a déjà été le héros d’un album sur le tennis. Il s’agissait de Match, par le même auteur, paru chez Delcourt en 2014.

 

© Panaccione – Fluide glacial

Grégory Panaccione est un vrai passionné de tennis. Il y a du Goossens dans le fond et dans la forme de cet album. Parodie, hommage, et au final véritable ode à ce sport de raquette, cette encyclopédie est une petite pépite d’humour absurde.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : L’encyclopédie du tennis

Genre : Humour

Scénario, Dessins & Couleurs : Grégory Panaccione

Éditeur : Fluide glacial

ISBN : 9791038206212

Nombre de pages : 56

 



Publié le 24/09/2023.


Source : Boulevard BD


La guitare et le crayon.   Brassens et Tintin Deux mondes parallèles

 

"Hergé et Brassens réconcilient les élites avec la culture populaire, on ne compte plus le nombre d’écrits et travaux universitaires qui leur sont dédiés. Tous deux touchent le grand public mais sont aussi les alliés des lettrés. " Renaud Nattiez

 

 

 

 

 

 

 


Comment peut-on imaginer un jour faire un parallèle entre l’œuvre d’un auteur-compositeur et celle d’un dessinateur-scénariste ? Pour Renaud Nattiez, passionné d’Hergé et de Brassens, ça semblait évident. Il le prouve dans un ouvrage fascinant qui réunit les puristes de l’un et les exégètes de l’autre, sans qu’un intérêt commun pour l’un et pour l’autre ne soit nécessaire. Au contraire, les tintinophiles écouteront Brassens d’une oreille curieuse pendant que les brassensophiles liront Tintin d’un œil pétillant. En quatre chapitres, Renaud Nattiez met en évidence les points communs et différences entre les deux œuvres.

 

© Les impressions nouvelles

 

Le livre s’intitule Brassens et Tintin Deux mondes parallèles, et non pas Brassens et Hergé Deux mondes parallèles. Le choix n’est pas innocent. Hergé n’a pas écrit et dessiné que Tintin, mais c’est seulement de cette série dont il va être question. Les aventures de Tintin comme les chansons de Brassens racontent des histoires en créant des mondes. Pour l’un, elles sont habillées de musique. Pour l’autre, elles bénéficient d’une ligne directrice qui précède les premiers crayonnés. A la manière de Balzac, ils ont créé leurs comédies humaines, avec de tendres caricatures, que ce soit un curé chez l’un ou une cantatrice chez l’autre. Un gorille les réunit, sans souci du qu’en-dira-t-on pour l’un, sur une île noire pour l’autre.

 

© Les impressions nouvelles

 

Brassens et Hergé approchent la réalité de manière nuancée dans des visions où « rien n’est important mais où tout est dramatique ».  Du guano sur les chapeaux des Dupondt dans Le temple du soleil ou un coup de pied au derrière d’un cul-terreux dans La mauvaise réputation, les auteurs font rire. Ce rire peut devenir acide au travers de certaines de leurs représentations, comme quand Brassens demande de la place dans le caveau familial dans Supplique pour être enterré à la plage de Sète ou quand la cleptomanie d’Aristide Filoselle le rend incorrigible. Les choix de vie rapprochent les deux œuvres dans des visions de la société comparables quant aux thèmes de la liberté, de la méfiance des institutions ou du refus de l’engagement. Tintin est un électron libre, tout comme Brassens dans ses chansons. Tous deux sont détachés des soucis matériels. Par ailleurs, Hergé et Brassens sont emplis de doutes. Ils refusent les mystifications et gardent leur libre-arbitre. Un clivage se fait lorsqu’il s’agit des femmes et de l’amour. Brassens fait fi de la morale et chante parfois cru. Chez Tintin, les femmes sont rares et l’amour inexistant, si ce n’est un béguin de Tournesol pour le Rossignol Milanais dans Les bijoux de la Castafiore.

 

© Les impressions nouvelles

 

Le dernier chapitre s’attarde sur la religion. Si Brassens s’avoue athée, on l’entend souvent aborder le sujet divin. Comme Hergé, il doute. Il est en tous cas anticlérical alors que le début de la carrière d’Hergé a été fortement influencée par l’Abbé Wallez. Dieu reste pourtant absent des aventures de Tintin. Brassens et Hergé ont des valeurs humanistes chrétiennes. Brassens est un épicurien, tout comme Haddock qui pourrait être un personnage de ses chansons. Dans son livre, Renaud Nattiez démontre tout simplement que les personnages des deux Georges sont des philosophes de vie.

Quand on a fini d’écouter Brassens, on peut recommencer à écouter Brassens. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Brassens et Tintin Deux mondes parallèles

Genre : Ouvrage d’étude

Auteur : Renaud Nattiez

Éditeur : Les impressions nouvelles

ISBN : 9782874497476

Nombre de pages : 192

Prix : 17 €

 

 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


Souvenirs de jeunesse.   L’été de mes 17 ans

 

"-Ça fait un bail dis donc !

-Bof. Pas tant que ça.

-Bah ! 20 ans quand même !

-19 ans.

-Oui, boh…

-19.

-Oui, mais…

-Dix-neuf.

-Y a pas à pinailler, t’es vieille, t’es vieille, c’est tout.

-Regardons de plus prêt dans ma mémoire… (Faites pas attention au désordre) C’est marrant les souvenirs… On voit bien que certaines périodes prennent beaucoup plus de place que d’autres !"

 

 

 

 

 


                Parmi tous les souvenirs d’enfance de Lucile Gomez, ce sont clairement les étés les plus volumineux. Normal, parce que l’été, c’était les grandes vacances, le temps qu’on ne compte pas, les découvertes, le mouvement, la liberté, avec un goût d’éternité. En 1998, Lucile Gomez a dix-sept ans. Elle vient de décrocher son bac. C’est son dernier réel été de loisirs. L’année prochaine, elle aura dix-huit ans et devra faire des petits boulots si elle veut se mettre un peu d’argent de côté. Sorties, premier carnet de croquis, photo marrante avec une planche à repasser, … Lucile raconte tout et délivre aux lecteurs un message d’émancipation et de confiance en soi.

 

© Bouzard - Bayard Graphic

 

                Treize autres auteurs racontent l’été de leurs dix-sept ans. Commandés par le magazine Phosphore, ces récits sont réunis dans cet album collectif qui sent bon les odeurs estivales et fait entendre le chant des cigales… ou pas pour certains, comme Bouzard qui a passé son été dans un abattoir. Il y a plus glamour, ça a été long, on ne s’est pas trop s’il s’est marré, mais nous oui en le lisant. Lisa Mandel découvre ses premiers émois sexuels, tout comme Pochep, à une époque où tout était moins facile que maintenant. Jul nous amène en vacances en Grèce et Trondheim en Norvège. Ceux qui ne le savaient pas encore apprennent comment il a trouvé son pseudonyme. Alix Garin écrit une petite poésie graphique sur le vide qui s’ouvre à soi après la fin du lycée.

 

© Bouzard - Bayard Graphic

 

                Kim Consigny doit quitter provisoirement son petit ami pour partir en vacances en Ecosse avec son père, sa mère, son frère et sa sœur. Oh, oh ! Sera-ce le bonheur ? Guillaume Long démontre que l’on peut se reprendre ses mensonges en pleine poire. Il raconte sa première expérience et invite sa mère à ne pas lire son histoire. Invitée par une amie en Espagne, Leslie Plée raconte les déconvenues du meilleur et du pire été de sa vie. Fabrice Erre donne la recette d’un été réussi : le look, la guitare et the place to be. Appliquez tout ses conseils si comme lui vous passez l’été à Argelès ou aux alentours. Claire Fauvel attend de savoir dans quelle école elle sera prise pendant que l’artiste sensible, sombre et romantique qu’est Rudy Spiessert s’angoisse des tests des « trois jours » qui duraient une journée pour connaître son aptitude au service militaire. Elisa Marraudino quant à elle donne rendez-vous à « l’appart à la mer » de Ginosa Marina, quartier général de la famille.

 

© Bouzard - Bayard Graphic

 

                Une nouvelle nouvelle vague d’auteurs et d’autrices côtoie une maintenant ancienne nouvelle vague, comme un passage de relais. La parité hommes/femmes est parfaitement respectée. C’est un bien bel album collectif, cohérent, drôle et émouvant, proposé dans la toute jeune collection Bayard Graphic’ pour accompagner les après-midis sur la plage et les soirées étoilées.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : L’été de mes 17 ans

Genre : Souvenirs

Scénario, Dessins & Couleurs : Bouzard, Kim Consigny, Fabrice Erre, Claire Fauvel, Alix Garin, Lcile Gomez, Jul, Guillaume Long, Lisa Mandel, Elisa Marraudino, Leslie Plée, Pochep, Rudy Spiessert, Lewis Trondheim

Éditeur : Bayard Graphic

ISBN : 9782413046684

Nombre de pages : 120

Prix : 22 €


 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


Courir plus vite.   Asadora ! 7

 

"-Mais enfin ?! Quelle cohue ! Pourquoi faut-il que le point de retour du marathon se situe juste à côté de l’aérodrome ?! Tous les spectateurs quittent les lieux en même temps… Ah… Pardon…

-Décidemment, ce marathon nous pourrit la vie !

-On risque de mettre des heures à atteindre l’aérodrome !! Et « la chose » risque de sortir de l’eau pour venir sur terre !!"

 

 

 

 

 


Asa Asada et Monsieur Kasuga tente de fendre la foule pour se rendre à l’aérodrome. Il faut dire qu’en ce jour de marathon des jeux olympiques de Tokyo, en 1964, le public est nombreux. Et l’aérodrome est juste à côté. Pourtant, le temps presse. Le monstre marin, « la chose », vient de faire une apparition dans la baie de la ville. Un navire des forces d’autodéfense marines a été attaqué. Minoru Jissôji, ancien officier supérieur agissant dans l’ombre pour le gouvernement, a recruté Asa et lui a donné l’ordre de décoller pour s’occuper du monstre. Le bon déroulement des jeux olympiques va-t-il être préservé ?

 

© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2023

 

Alors qu’Asa et Monsieur Kasuga vont  affronter « la chose », Shota a fait sa course en parallèle au marathon. Le jeune marchand de journaux se rend à présent au bord de la mer avec le sac que lui a confié Mickey, le dealer, qui le lui a donné pour éviter de se faire choper lors d’un contrôle de police. Ce que contient ce sac, c’est de la dope. Shota l’ignore. Mickey lui a dit que c’était un simple stimulant pour courir plus vite. Shota va en avaler un peu trop. Il va délirer et se prendre pour un super-héros prêt à combattre l’espèce de Godzilla des mers qu’il aperçoit.

 

© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2023

 

Ça y est, il n’y a pas qu’Asa qui a décollé, il y a la série entière. Asadora ! a bel et bien fini son introduction. On est au cœur de l’action. Naoki Urasawa a bel et bien écrit une nouvelle série d’exception. Il rend hommage à Godzilla, figure mythique de la mythologie moderne japonaise, avec cette « chose » que rien ne semble pouvoir arrêter. Le super-héros sous acide en lequel s’imagine Shota est lui un clin d’œil plus qu’appuyé aux Bioman, X-Or et surtout à l’un de leurs précurseurs : Spectreman, série télévisée japonaise diffusée en 1971 au Japon et dix ans plus tard en France. La ressemblance entre ce dernier et l’avatar de Shota est frappante. Urasawa ne néglige pas non plus l’humour. La scène entre Mickey et son patron laisse supposer au lecteur ayant l’esprit mal tourné des choses inexactes. On se fait prendre au piège. L’auteur appuie également le contexte historique avec la menace de l’engagement américain au Vietnam qui plane. Graphiquement, l’auteur reste au sommet. On ne parle pas de monstre ou d’avion, mais de choses encore plus anodines qui prennent des ampleurs incroyables comme cette petite case dans laquelle Shota à les pieds dans l’eau et où l’écume retourne à la mer.

 

© 2019 Naoki URASAWA All rights reserved
© KANA 2023

 

« Chacun de nous a ses propres rêves… On a tous envie de faire un tas de choses dans la vie... » dit Asa. Ce qu’on a tous envie de faire c’est de lire encore de nombreux tomes d’Asadora !

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Asadora !

Tome : 7

Genre : Aventure Shonen

Scénario & Dessins : Naoki Urasawa

Éditeur : Kana

Collection : Big Kana

ISBN : 978250511….

Nombre de pages : 184

Prix : 7,45 €

 

 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


Un lion, une soupe et des menhirs.   Idéfix et les irréductibles 4 - Les irréductibles font leur cirque

 

"-Aide-moi à monter, Turbine ! Eh oh ? Qui est là ?

-Roar ?!

-Wouf !

-Qu’est-ce que tu as vu ?

-Une grosse bête avec des dents partout..."

 

 

 

 

 


                En plein cœur de Lutèce, alors que la vie s’est arrêtée à midi pour le déjeuner, Idéfix, Turbine, la chienne la plus rapide de la capitale, Padgachix, le costaud plus gourmand que gourmet, et Baratine, la chatte futée, s’aventurent près d’une carriole dans laquelle se trouve une cage dissimulée. Un « Roar » en sort. C’est Soldesurlétapis, un lion. Il leur supplie de l’aider à s’échapper. Il est vieux, aspire à revoir ses chères pyramides d’Egypte, mais est destiné aux jeux du cirque. Alerté par son molosse Décotalargus, le conducteur de la charrette revient et capture les chiens avant que ces derniers n’aient pu faire quoi que ce soit pour le fauve. Direction les arènes pour tout le monde ! Qui s’en sortira ?

 

© Etien, Fenech, Rudy, Coulon, Lecocq, Bacconnier – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

 

                Ceci est la première des trois histoires qui composent le quatrième volume des aventures d’Idéfix et les irréductibles. Dans la deuxième, un couple de gaulois est réquisitionner afin de confectionner un festin pour le chef romain Labienus. Le problème, c’est qu’ils sont charcutiers, pas cuisiniers, et n’y connaissent rien à la cuisine romaine. Ils ont intérêt à vite apprendre, sinon, ils sont bons pour les lions, à moins qu’Idéfix et ses compagnons ne leurs donnent un coup de patte. Dans le troisième récit, le menhir qui se trouve en face du lieu de villégiature des chiens a disparu. Et pour cause, Anglaigus les a tous faits réquisitionné pour Labienus. Ils vont être transformés en belles colonnes, bien romaines, et les gaulois oublieront leurs traditions arriérées. Pas question pour Idéfix de laisser faire ça.

 

© Etien, Fenech, Rudy, Coulon, Lecocq, Bacconnier – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

 

                Quel plaisir de retrouver si régulièrement ce spin of d’Astérix. Les histoires bien écrites ne manquent pas d’humour et contiennent les ingrédients qui ont fait le succès de la série-mère. S’adressant à un public plus jeune, Idéfix et les irréductibles allie aventures, action et humour, avec un brin de fantastique, comme c’est le cas avec la potion magique de Panoramix. Ici, le druide est remplacé par Voldenuix, le hibou de l’autre druide Amnésix, installé dans la forêt pour échapper aux romains. Le volatile est spécialiste ès-potions mais est très maladroit. Ses préparations ne correspondent pas toujours, voire jamais, à ce qu’il faudrait. Les dessinateurs aguerris Philippe Fenech et David Etien invitent à leurs côtés un petit nouveau : Rudy. La fusion est parfaite. Comme ses camarades, il rentre dans les chaussons de l’univers Uderzo.

 

© Etien, Fenech, Rudy, Coulon, Lecocq, Bacconnier – Albert René
Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2023 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

 

                Idéfix et les irréductibles peut servir d’exemple à tous ceux qui veulent faire de la série BD jeunesse populaire, très populaire, et de qualité. Il paraîtrait que dans le prochain tome ils vont rencontrer Panoramix dans une grande histoire originale ! 

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Idéfix et les irréductibles

Tome : 4 - Les irréductibles font leur cirque

Genre : Aventures humoristiques

Scénario : Yves Coulon, Simon Lecocq & Cédric Bacconnier

Dessins : Philippe Fenech, Rudy & David Etien

D’après : René Goscinny & Albert Uderzo

Éditeur : Albert René

ISBN : 9782864976646

Nombre de pages : 72

Prix : 8,99 €

 

 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


Course et trafic.   Jacques Gipar 11 – Le grand prix d’Angoulême

 

"-Dites-donc, elle a morflé la bagnole !

-Oui, mais…

-Messieurs ! Je peux vous aider ?

-Jacques Gipar, journaliste ! C’est vous qui avez eu l’accident ? Ça a l’air d’aller mieux !

-Oui, j’ai eu de la chance…

-Comment est-ce arrivé ?

-Je sais pas… J’ai dû casser quelque chose… J’arrive de l’infirmerie, je n’ai pas pu examiner mon Alpine !

-Ho ! Vous avez vu la vitre latérale ? On dirait qu’elle a été traversée par une balle !"

 

 

 

 

 


                Alors qu’ils assistaient à la mythique course Le rallye des remparts à Angoulême, Jacques Gipar, journaliste pour France Enquêtes, et son acolyte Petit-Breton sont les témoins d’un grave accident d’une voiture de la course. Plus de peur que de mal pour le pilote qui s’en sort quasiment indemne. L’accident n’est pas fortuit. Il y a un impact de balle sur une vitre de l’automobile. Aurait-on tiré dessus pour lui faire perdre la course ? Impossible, la voiture naviguait autour de la dixième place. Le conducteur est un simple garagiste des abords d’Angoulême. Le lendemain, Gipar et Petit-Breton se rendent au Garage de la Plaine où tout n’est pas très catholique.

 

© Delvaux, Dubois – Paquet

 

                Tous les amoureux des années 50 vont être aux anges. Jacques Gipar est de retour. Ça sent bon les routes nationales et les bornes blanches aux sommets rouges. Aux stations essence, un pompiste vient vous servir et l’on paye en francs, en ce que l’on appellera plus tard des anciens francs. Les bars-tabac sont les endroits où l’on se retrouve. On commande un verre au zinc et l’on peut fumer à l’intérieur. Le boucher-charcutier fait sa tournée en camionnette et les grands panneaux publicitaires sont peints sur les murs. Les routes sont toutes à deux voies et le trafic n’est pas surencombré. Un parfum vintage assumé odore la série, dans son fond comme dans sa forme.

 

© Delvaux, Dubois – Paquet

 

                Jean-Luc Delvaux est un enfant de Maurice Tillieux. Dans une pure ligne claire, le dessinateur excelle dans la représentation, non pas des voitures, mais des bagnoles. Une Ford ou une traction, une citadine ou une auto de course, elles sont toutes fignolées, reluisantes ou bousillées. Comme à son habitude, Delvaux glisse quelques clins d’œil à des héros mythiques de l’âge d’or. On croisera ici Benoît Brisefer, Clifton ainsi qu’un truand de chez Gil Jourdan, référence ultime. Les tintinophiles reconnaîtront également la deux CV vert pâle des Dupondt, celle dans laquelle le conducteur freine brusquement ce qui fait que leurs melons déforment la capote. Au scénario, Thierry Dubois signe une enquête policière classique, comme on les aime. On a juste un léger regret : le rallye des remparts d’Angoulême n’est pas le principal décor et sert seulement de point de départ (et d’arrivée) à l’intrigue.

 

© Delvaux, Dubois – Paquet

 

La série Jacques Gipar fleure bon la nostalgie tout en démontrant que la BD classique a encore sa place.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Jacques Gipar

Tome : 11 – Le grand prix d’Angoulême

Genre : Polar

Dessins : Jean-Luc Delvaux

Scénario : Thierry Dubois

Couleurs : Nancy Delvaux (Callixte pour la couverture)

Éditeur : Paquet

Collection : Calandre

ISBN : 9782889322824 

Nombre de pages : 48

Prix : 14,50 €

 

 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


Stratégies militaires ou question de genre, y a-t-il un bon choix ?   Le Roi Louve 2 - L’envol de Trycia

 

"-Les voilà… Stop ! Reculez. Mettez les œufs à l’abri, à présent !

-Mais !?!...  Pourquoi ?! Qu’est-ce que… On ne leur donne plus les œufs ?

-Obéissez ! C’est un piège, ils nous tendent une embuscade. Mais vu que j’en suis informée, j’ai tout prévu..."

 

 

 

 

 


                Ayant découvert que les loups allaient tendre un piège aux humains lors de la prochaine livraison d’œufs, la générale Trycia a tout prévu pour éviter l’embuscade. La guerre entre les humains et les loups de Kourgane risque d’être sanglante. Mais là, il faut dire que Trycia a un coup d’avance qui risque d’être déterminant. De leur côté, Petigré et ses compagnons en fuite, sont pris dans une avalanche et se retrouvent piégés dans une grotte. Petigré, qui est à quelques heures de son dix-huitième anniversaire, instant où sa métamorphose en fille ou en garçon sera définitive, ne risque-t-il pas d’avoir cette transformation perturbée, hors de l’influence de la lune ?

 

© Delgado, Lapière, Alibert - Dupuis

 

                Le Roi-Louve est une série d’Heroïc-Fantasy sur la quête d’identité et le genre. Petigré, comme tous ses compatriotes, change de sexe à chaque lune, jusqu’à la fois décisive où il est possible de faire un choix : celui d’être définitivement une fille, ou définitivement un garçon. Petigré souhaite rester fille, mais il y a un hic. Son père est le Roi. Il lui faut un héritier mâle. Refusant de se soumettre au pouvoir masculin, c’est pour cela que Petigré s’est enfui avec Rum, l’humain qu’elle aime. Ça, c’est ce que l’on avait découvert dans le tome 1. La guerre entre les Loups et les humains est au cœur de ce deuxième épisode aux tournants décisifs à tous les niveaux. Le titre est en cela éloquent mais rien n’étant définitif, le tome 3 risque de réserver bien des surprises.

 

© Delgado, Lapière, Alibert - Dupuis

 

                Les scénaristes Denis Lapière et Emilie Alibert amènent leurs personnages à aller au fond d’eux-mêmes. Le trésor que cherchent Petigré, Rum et Tometeux n’est qu’un prétexte à se découvrir soi-même. Ils sont chacun en contradiction avec la société, leurs parents ou leur genre. Le sujet est on ne peut plus d’actualité dans notre monde soi-disant moderne où chacun d’entre nous doit se positionner, dire qui l’on est, choisir à quel groupe on appartient. La mode du « selfie » est en cela symptomatique de l’auto-centrement, comme si l’on doutait de ce que nous étions et comme si on avait besoin de se le prouver à soi-même. Personnage clef de cet épisode, la générale Trycia, humaine au sang de loup, s’affirme entre les loups qu’elle combat et sa maîtresse l’impératrice à qui elle impose sa stratégie militaire. Le dessinateur Adrian diversifie les découpages, classique, cases intégrées, fonds perdus, pour proposer des mises en page de plus en plus grandioses et immersives.

 

© Delgado, Lapière, Alibert - Dupuis

 

                Comme on l’a dit pour le tome 1, Le Roi Louve s’annonce comme une saga phare des années 2020, non pas parce qu’elle est dans l’air du temps, mais parce que le temps est dans son air.

 

Laurent Lafourcade

 


Série : Le Roi Louve

Tome : 2 - L’envol de Trycia

Genre : Aventure

Scénario : Denis Lapière & Emilie Alibert

Dessins & Couleurs : Adrian Fernandez Delgado

Éditeur : Dupuis

ISBN : 97910

Nombre de pages : 56

Prix : 14,50 €

 


 



Publié le 21/09/2023.


Source : Boulevard BD


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