Blade Runner mâtiné de Cinquième élément, une esthétique sobre et sombre. Exodus Manhattan 1
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Blade Runner mâtiné de Cinquième élément, une esthétique sobre et sombre. Exodus Manhattan 1

    «  - Ils commencent vraiment à me faire chier ces cinglés de la New Cruzade.

 
-    Ben va falloir t’y habituer ou te trouver un aller simple pour Mars.

 
-    T’es sérieux là ?

 
-    Regarde autour de toi, Hana ! Ils sont de plus en plus chez eux ici. Ils s’installent sur un territoire à l’abandon et ils prospèrent sur la colère du peuple. Et tu fais croire ce que tu veux à un peuple en colère.

 
-    Mais de quoi tu parles ?

 
-    Je te parle de 17 milliards d’humains et d’à peine 500 millions d’élus pour le petit paradis artificiel de Venka Corp. L’espoir est sur Mars mais l’espoir a un prix qui nous exclut à peu près tous. »

 

 

Leto a-t-il raison ? La Terre se transforme-t-elle en décharge toute juste bonne à héberger la lie de l’humanité ? Le monde est surpeuplé et les élus sont centrés sur leur monde de privilégiés.
Les inspecteurs Leto Wolf et Hana Yamashirogumi sont appelés sur une scène de crime. Mais ils vont rapidement être dessaisis de l’affaire, officiellement confiée au consortium Venka. Pourquoi donc un meurtrier « ordinaire » intéresserait-il une des personnes les plus puissantes du monde ? Madame Biko a tous les pouvoirs, mais face à deux flics déterminés, c’est à qui lâchera le premier. New York est une jungle noire. Pour prédateurs et traqués, tout est une question de survie. Ce crime a un témoin qu’il est urgent de retrouver…

 

 

 

 

 

© Nykko, Bannister - Glénat

 

 

 

 

    Exodus Manhattan a tout de Blade Runner mâtiné de Cinquième élément. Nykko en est fan et ça se voit. Son récit est aussi une variation des grands romans noirs. Les flics sont au cœur de la triste réalité des bas-fonds de la ville. Dans ce siècle futuriste, leurs méthodes ont évolué. Un cadavre de chat trouvé près d’un macchabée ? L’analyse de son œil permettra de découvrir ses dernières visions.
    La sur-technologie a envahi la ville et l’espace. Quand Hana vient se doucher dans l’appartement de Leto, elle s’étonne qu’il ait une douche à eau. Une prison internationale est implantée sur la lune.
Comme des automobiles, les humains sont immatriculés, sinon, c’est que l’on n’a pas d’identité, telle l’apparente témoin du meurtre que recherche notre duo et leurs concurrents.
Les personnages ont des rôles bien définis. Si le lecteur peut plus facilement s’assimiler à Hana, Leto est chargé d’une partie de mystère qui pose question sur son passé, et dont on est placé en observateur avide d’en savoir plus. Le scénariste est assez malin pour distiller de minuscules questionnements. Cela habille le squelette du récit, construisant ainsi une histoire solide et plus profonde qu’il ne pourrait sembler à la première lecture.

 

 

 

© Nykko, Bannister - Glénat

 

 

 

    Bannister signe son album de la maturité. Sa progression est époustouflante. Le dessinateur jeunesse des Enfants d’ailleurs, série Dupuis dont un deuxième cycle était prévu mais qui finalement ne devrait pas voir le jour, est devenu un auteur ado-adulte efficace et punchy, avec des méthodes de travail dont ses successeurs s’inspireront certainement.

Dans le cahier complémentaire présentant un making of, le dessinateur explique en détails sa technique d’après photos prises lors de repérages à New York. Il travaille en niveaux de gris. Il transforme le cliché en le repeignant. Souvent, sa photo de base détermine non seulement le cadrage, mais aussi la mise en scène et la narration. Il ajoute ensuite des contrastes aux différents niveaux du décor. Ce qui est étonnant, c’est que la couleur ne vient qu’au dernier moment. Ses images sont viables en noir et blanc. Si l’album fonctionne, ça pourrait donner l’idée de publier une telle version bonus.
    Bannister explique également comment il a créé la voiture de Leto à partir d’un design de Dodge Charter, et l’on découvre les différentes étapes de la confection de la couverture.
    L’album est donc d’une esthétique certaine, sobre et sombre, peut-être parfois trop.

 

 

 

 

 

© Nykko, Bannister - Glénat

 

 

    Exodus Manhattan est prévu pour être un diptyque. Espérons que la fin sera plus claire que le dit Blade Runner dont il transcrit l’ambiance.
    « La grosse pomme n’est plus qu’un trognon infesté de larves. » poétise Leto. Mais il reste des papillons dont le but n’est pas de s’enfuir, mais de faire résoudre les crimes.


Laurent Lafourcade


Série : Exodus Manhattan


Tome : 1


Genre : Aventure futuriste


Scénario : Nykko


Dessins & Couleurs : Bannister


Éditeur : Glénat


Nombre de pages : 64


Prix : 14,95 €


ISBN : 9782723496339

 



Publié le 24/05/2018.


Source : Bd-best

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