« - Quelle raison vous amène ici, tante Hélène ?! La famille n’a jamais été votre tasse de thé.
- J’ai besoin de vous, ma nièce. Du moins, de votre agence… Comme vous le savez, Flora, notre famille tire sa fortune du vin. J’occupe donc la demeure historique des Latour sur les quais de la capitale Gasconne. Je vis seule avec quelques domestiques.
- Vous parlez de Bordeaux ?
- Assurément mon brave. Mon logis a toujours été le siège de phénomènes inexpliqués. Mais cela ne me gênait pas. Je dirais même que cela m’arrangeait. »
Si la tante de Flora Vernet se résout à monter à Paris pour s’adresser à l’agence Aspic, c’est qu’elle a vraiment besoin de l’aide de sa nièce. Ancienne adepte des séances de spiritisme, la vieille dame voit son logis perturbé par des manifestations d’ectoplasmes agressives et dangereuses, tant et si bien que ses domestiques quittent leurs fonctions les uns à la suite des autres. Direction Bordeaux pour Hugo et Flora. Entre une momie facétieuse et la vengeance d’un malfrat, ils vont avoir fort à faire pour dénicher la clef du mystère.
Pour le septième épisode de l’ « Agence Aspic », Thierry Gloris livre sa meilleure fournée. On savait que le scénariste était un dialoguiste méticuleux et un historien précis, il s’avère en plus devenir un très bon feuilletoniste. Avec cette série, il tient le filon pour développer un univers riche et l’imposer comme un classique de demain. Outre une histoire solide, aussi bien charpentée que la Tour Eiffel dont il est question en ouverture, il truffe son récit de clins d’œil.
La tante emportée sur son fauteuil par un tourbillon au milieu de son salon fait inévitablement penser à Tryphon Tournesol en couverture des « 7 boules de cristal ». Le négoce triangulaire dont Gloris nous rappelle le principe est un hommage aux Passagers du vent. Mais comment traiter de ce sujet sans penser à ce chef-d’œuvre du 9ème art sorti au mi-temps des années 80, à l’adolescence du scénariste d’Aspic. Quant à elle, la momie logeant dans l’appartement girondin plairait beaucoup à Adèle Blanc-Sec.
Plus finement, le nom du bandit masqué poursuivi au début de l’histoire, Albert Dupuit, n’est pas sans rappeler celui de Charles Dupuis, fondateur des éditions du même nom, dont les responsables actuels sont incapables de mettre en valeur la série Bushido, de Gorobei et Gloris, qui a pourtant été primée à Angoulême. Est-ce là un petit pied de nez ?
Enfin, pour les initiés, on appréciera le clin d’œil à Robert Charon, fondateur des estivales de la BD de Vendays-Montalivet, dont le nom est donné à l’un des protagonistes.
Emmanuel Despujols a la lourde tâche de représenter Bordeaux à la fin du XIXème siècle. Du port de la Lune à la Place de la Comédie, de la gare Saint-Jean au Pont de Pierre, les amateurs de reconstitutions d’époque qui connaissent les lieux, et même les autres d’ailleurs, seront séduits par son travail. Aux couleurs, Cyril Saint-Blancat donne du relief, avec un travail particulièrement soigné sur les éclairages des visages.
Comme dans tout bon feuilleton, alors que l’on pense le récit bouclé, un rebondissement de dernière minute capture le lecteur. Vite la suite !
Laurent Lafourcade
Série : Aspic, détectives de l’étrange
Tome : 7 - Le mystère de la momie blette
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Gloris
Dessins : Despujol
Couleurs : Saint-Blancat
Éditeur : Soleil
Collection : Quadrants
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782302072541
©BD-Best v3.5 / 2024 |