« - Belle journée pour des funérailles. Réjouis-toi, Alix, tu vas pouvoir obéir à Auguste une dernière fois en allant rejoindre Agrippa dans son tombeau !
- Alors, qu’est-ce que tu attends pour nous achever, préfet ?
- Moi ?! Je serais incapable de tuer un sénateur, tu me connais.
- Non, c’est vrai, tu te contentes de les torturer.
- Ha ! Ha ! Chacun ses plaisirs. Et celui de Livie est que tu sois enterré vivant ici avec ton fils. Vous ne servez plus à rien. Vous n’en savez pas plus que nous sur la Cybèle d’Orichalque finalement. »
Alix est en bien fâcheuse posture. Alors que Titus croît assister à l’enterrement de son père, celui-ci est enfermé par le préfet Barbarus avec Khephren dans le tombeau d’Agrippa. Les deux malheureux sont voués à y mourir lentement.
Livie, l’épouse de l’empereur Auguste, est déterminée à venger la déesse cybèle. Elle sait qui possède la statue d’Orichalque, celle qui promet la puissance et l’éternité. L’heure de la revanche a sonné.
© Mangin, Démarez, Chagnaud - Casterman
La puissance et l’éternité est affreusement d’actualité dans les années meurtries qui sont les nôtres actuellement, où la radicalisation entraîne jusqu’à des actes irréversibles. L’histoire soulève la question de l’endoctrinement et montre les dangers de vivre pour un dieu jusqu’au point de tout sacrifier et de toucher aux affres de la folie. La puissance et l’éternité est aussi une histoire de famille où complots, trahisons, amours et secrets sont les sommets d’un quadrilatère machiavélique.
Valérie Mangin réussit à se sortir avec brio de la situation apparemment inextricable dans laquelle elle avait laissé ses héros à la fin de La montagne des morts, le tome précédent. C’est feuilletonnesque, c’est la marque des grands. Elle n’épargne rien à ses personnages, poussant le concept jusqu’à faire penser aux spectateurs, lapsus révélateur tellement on reçoit l’histoire en pleine face, jusqu’à donc faire penser aux lecteurs que tout, même l’impensable, pourrait arriver.
Thierry Démarez est détaché de tout complexe par rapport à l’œuvre du maître Martin, qu’il respecte et à laquelle il donne une dimension supplémentaire. Des vues panoramiques sur Rome aux costumes des centurions, de l’intérieur des temples aux toges des nobles citoyens, le voyage de 2000 ans auquel nous sommes invités est un émerveillement.
Les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud, classiques et efficaces, explosent dans une scène finale, un grand spectacle impressionnant.
L’encyclopédie en ligne Alix Senator est une mine d’or. Elle replace entre autres personnages réels et fictifs dans leur contexte historique. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on est une série antique qu’on ne peut pas être transmedia : http://www.alixsenator.com/encyclopedie.html
© Mangin, Démarez, Chagnaud - Casterman
En sept albums, Alix Senator s’est imposée comme la meilleure série historique du moment. Empreinte de juste ce qu’il faut d’impression de fantastique, si bien qu’on reste dans le réel en flirtant aux frontières des croyances, elle met les hommes et les dieux en adoration, en confrontation et en fureur.
Laurent Lafourcade
Série : Alix Senator
Tome : 7 – La puissance et l’éternité
Genre : Aventure historique
Scénario : Mangin
Dessins : Démarez
Couleurs : Chagnaud
D’après : Jacques Martin
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 48
Prix : 13,95 €
ISBN : 9782203136892
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