Série : Les rêves de Milton Auteur : Maël & Féjard & Ricard Prix : 14,00€ Date de sortie : 01/10/2006 Nombre de pages : 72 pages en couleurs Catégorie : Polar Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Dupuis Collection : Aire Libre Publié le 02/11/2006

Le récit de deux frères, celui qui rêve de haïr et celui qui hait de ne plus rêver.

La déveine poursuit la famille Cry. Plus que la déveine, c'est la mouise, poisseuse, gluante, qui ne laisse pas d'échappatoires...

Chassés de leurs terres, en route vers l'Ouest et ses mirages, ils espèrent trouver quelque chose au bout du chemin, ou ne serait-ce que le bout du chemin lui-même. Mais au fil des étapes du convoi, les meurtres s'accumulent... Deux flics du FBI débarquent et rembobinent petit à petit le fil de la violence. Qui est le tueur ? Qui a massacré Baker, et le canadien, et la richarde... ? Est-ce Milton, le costaud, le simple, qui a entre ses mains grandes comme des battoirs le pouvoir de rendre le mal qu'on a fait à sa famille ? Est-ce Billy, torturé par la rage qui l'habite depuis que, tout môme, on lui a broyé la main ?

Second et dernier album d'un diptyque parfaitement mené de bout en bout. Scénario orignal et graphismes impeccables!

Le scénario de cet opus met en exergue les difficiles relations humaines au sein d'une famille dépourvue de tout ; plus de toit, plus de tente, plus de voiture. Rien. Hormis le chemin, qu'il leur faut suivre à tout prix, rempli d'embûches et malheurs divers. Et parfois une gamelle maigrement remplie...

Les graphismes collent parfaitement aux (manques de) conditions de vie des héros. Froids et dépourvus de fioritures, les dessins de Maël ont très subtilement mis en image les mésaventures de William - alias Billy - et Milton. Bruts, ils nous font ressentir au plus profond la détresse de chacun. Purs aussi, car chaque expression, chaque comportement révèle une source intarissable de sentiments forts et inextinguibles. Chaque case devient un hymne à la violence, parfois réfrénée, parfois implicitement révélée... Le trait au service de l'art, ou plus simplement, l'art du trait !

Si l'amour enveloppe la personne de Milton, celle de Billy est noircie par une haine démesurée envers l'être humain (cf. son histoire au tome 1). Il faut dire que les énergumènes croisés par le malheureux infirme ont la fâcheuse habitude de le rabaisser. "Trop mince, pas assez costaud et infirme par dessus tout!" Même la fille du pasteur, petit îlot salvateur au sein du déluge de misères quotidiennes, n'est source de sympathie à son égard. Il n'en faut pas plus pour que les tourments du jeune Billy deviennent ceux du convoi tout entier.

Chaque rêve de Milton est le cauchemar de Billy. Chaque brimade subie par le faible Billy devient le cauchemar du costaud frérot Milton. L'un aime chenilles et doryphores, l'autre revanche et coups bas. L'un commande et tyrannise l'autre. Le second y croit dur comme fer.

Leur relation est inextricable, leur amour les rend haineux l'un envers l'autre. Il s'aiment parce qu'ils n'ont qu'eux. Ils se sont aimés par leurs faiblesses, par leurs moyens. Rose, malheureuse soeurette, assiste impuissante à leur destruction fatale. L'un aurait voulu être l'autre. Le second y croyait dur comme fer...

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