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Série : MuchachoAuteur : Lepage Prix : 14,00€ Date de sortie : 08/11/2006 Nombre de pages : 88 pages en couleurs Catégorie : Aventure Type de reliure : Album cartonnĂ© Éditeur : Dupuis Collection : Aire Libre Publié le 07/12/2006 |
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Les découvertes du petit Gabriel seront nombreuses lors de ce périple dramatique et périlleux. Alors qu'il est blessé dans sa chair, fuir le petit village du Padre Ruben et poursuivi par les milices du cruel Vargas, permettra à cet aspirant prêtre et peintre-dessinateur de grand talent de repousser ses propres limites. Ce fervent catholique s'ouvrira tant le coeur que l'esprit au grand dam de ses parents. Découvertes de ses propres envies, de ses craintes et des critiques émises à l'encontre de sa famille. Découverte également des valeurs ancrées viscéralement par la force et la brutalité dans ce pays, au sein des populations malmenées par une autorité militaire despotique. La signification de révolution n'est pas la même pour chacun des membres de cette épopée, l'un et l'autre ayant nombre de secrets à taire. Mais tous ont un objectif commun : libérer le Nicaragua du joug tyrannique du président Somoza.
Seconde partie d'un diptyque de toute beauté mettant en scène les tribulations de Gabriel de la Serna, de sa fuite éperdue à travers la jungle en compagnie des guerilleros sandinistes à la représentation picturale de celle-ci, bien des années plus tard, dans le petit village du Padre Ruben.
Emmanuel Lepage termine cette oeuvre comme il l'a débutée, par la mise en image somptueuse d'une aventure révolutionnaire bouleversante. Si la trame du scénario - fuite, remise en question et rétablissement de l'ordre initial - est somme toute classique, les aventures intérieures et les réflexions personnelles des protagonistes offrent peu de repos au lecteur déjà mis à mal dans son confort par une chasse-poursuite à tenir hors d'haleine le plus courageux d'entre-nous. Les héros sont pourchassés inlassablement, traqués par les militaires de Vargas. Un par un les plus faibles sombrent. La fratrie de révolutionnaires en fuite s'amenuise, à l'instar de leur avance sur leurs poursuivants. Les haltes sont de plus en plus écourtées de peur se faire rejoindre. Et pourtant, c'est de repos dont ils auraient le plus besoin... A cette fuite éperdue correspond la recherche intérieure de Gabriel de la Serna. Ce dernier découvrira un monde hostile, son monde intérieur. Ses découvertes rimeront avec des créations graphiques intenses et sublimes. Chaque inspiration sera mise sur papier, chaque ressenti sera vécu par Gabriel comme une révolution personnelle. Nous l'aurons donc compris, la lecture de cette captivante épopée s'effectue d'un trait; pas question de temps mort! Il va sans dire que le découpage original des cases accélère encore cette impression de vitesse. Bien heureusement, la lecture s'en trouve également facilitée par la bonne insertion des phylactères. Encore une fois, le travail a été pensé pour immerger totalement le lecteur. Chaque phrase trouve sa place, pas question de morale qui tire en longueur. Tout apport, graphique ou scénaristique, s'insert harmonieusement et contribue à magnifier l'oeuvre dans son ensemble.
L'aspect graphique de l'album est tout aussi réussi. L'auteur maîtrise à la perfection les jeux de lumière et la colorisation des cases particulièrement réussie. Que ce soit à la lueur d'un feu, en soirée, la nuit ou même en pleine journée, la retranscription de la luminosité est parfaite. Cette remarque est également valable pour le trait dessiné des héros. Pas question de parler de disproportion ou de changement inopportun de volume dans la perspective des personnages. Leurs mimiques faciales et leurs postures sont également des plus réussies. Tout est parfait. L'immersion dans la jungle, son ambiance et ses dangers se ressentent d'un coup! De la chute de Gabriel à son envol en hélicoptère, le lecteur arriverait presque à ressentir la lourdeur du climat. Les balles sifflent à nos oreilles et les cascades des héros, bien souvent involontaires faut-il l'avouer, font frissonner le lecteur. Mais s'il est un point particulier du dessin qui marque l'oeuvre et saute aux yeux par sa qualité, c'est certainement la mise en image de la douleur. Douleur physique pour certains, douleurs plus personnelles et intimes pour d'autres. Chacun porte en lui sa croix, et chacun en souffre. Emmanuel Lepage trace admirablement les contours de ces douleurs dans son oeuvre. Mais comme pour aller de l'avant, comme pour balayer tous ces soucis profonds d'un revers de la main, l'auteur nous offre un épilogue emprunt de gaieté et de bonnes résolutions - lisez bien résolution et non révolution. Il est temps de construire, l'heure est enfin venue de vivre.
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©BD-Best v3.5 / 2024 |  |
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