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Auteur : François Rivière & Floc'h Prix : 29 € Date de sortie : 08/11/2006 Nombre de pages : 180 Catégorie : Aventure Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Dargaud Publié le 05/12/2006 |
Réédition de la Trilogie Anglaise, elle-même compilation de trois one-shots reliés par les personnages centraux plutôt que série à proprement parler.
Dans ces inusables albums, d’un classicisme absolu, Floc’h et Rivière ont offert à la Ligne claire ce qu’Yves Chaland a réalisé pour l’Ecole de Marcinelle : un hommage grandiose, qui est également une re-création.
Dans le premier opus, Les Rendez-vous de Sevenoaks, les auteurs prennent leurs marques. Nous sommes en 1973 et Floc’h, encore étudiant, a à peine vingt ans ; son dessin est encore incertain, fourmillant d’erreurs. Cependant, l’album fonctionne déjà parfaitement grâce au scénario angoissant de Rivière, sorte de récit fantastico-morbide à la lisière d’Edgard Poe et de Borges : boucle temporelle, transposition de personnalité entre un écrivain et son personnage, meurtres au sadisme inventif, perversement ludique.
« Le dossier Harding » (1979) et « A la recherche de Sir Malcolm » (1983) sont, par contre d’incroyables hommages à l’Angleterre. Non pas la véritable Angleterre, mais l’image classieuse que s’en ferait un Français qui ne la connaîtrait qu’à travers la lecture d’Agatha Christie : un cliché sublimé.
La magie du tandem Floc’h-Rivière résidait sans doute dans le fait que le trait pur et classieux du dessinateur, situé à l’exact point de convergence entre Hergé et Jacobs, semblait appeler tous les qualificatifs généralement attribués au parfait gentleman : élégant, d’une sobriété très recherchée, laconique, moral. British, quoi ! Avec en sus ce je-ne-sais-quoi d’asexué et androgyne attaché à l’imagerie victorienne (« …pense à l’Angleterre »), quelque peu mise à mal par James Bond. On retrouve d’ailleurs cette androgynie asexuée dans la franche amitié qui lie les deux protagonistes, le gentleman et la Miss. Bref, en regardant une case de Floc’h, on sentait l'épaisseur du tweed. Exactement ce qu’il fallait pour répondre aux scénarios de Rivière, qui s’inscrivaient dans la plus pure tradition Agatha-Christique (ça se dit ?).
Par la suite, Floc’h s’en est allé vers la peinture. Rivière, toujours aussi fasciné par Albion, a continué dans la veine anglaise avec les séries Victor Sackville et Agatha Christie (tiens donc).
Malheureusement ce n'est pas pour rien que "Floc'h et Rivière" formaient, dans l'esprit des lecteurs, une entité à part entière, comme par exemple "Caro et Jeunet". Un Rivière sans son Floc’h, c’est comme un Blake sans son Mortimer, comme un Uderzo sans son Goscinny, comme un Queen sans son Mercury…
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