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Série : Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B Auteur : Jacques Tardi EAN/ISBN : 9782203048980 Prix : 25 € Date de sortie : 21/11/2012 Nombre de pages : 192 Catégorie : Historique Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Casterman Publié le 21/11/2012 |
Jacques Tardi concrétise un projet mûri de très longue date : transposer en bande dessinée les carnets de son propre père, rédigés des années durant sur des cahiers d’écolier, où celui-ci a tenu par le menu la chronique de sa jeunesse, en grande partie centrée sur ses années de guerre et de captivité en Allemagne.
Pour la première fois, Jacques Tardi nous offre un album centré sur la seconde guerre mondiale. La comparaison avec ses ouvrages consacrés à la « grandfe guerre » (C'était la guerre des tranchées, Putain de guerre...) semble dès lors évidente, pourtant la démarche qu'il effectue avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B est très différente. Les souvenirs de la seconde guerre mondiale ont, toute sa vie, hanté René Tardi, le père de Jacques. Ce dernier lui avait demandé de les consigner par écrit, ce qu'il a fait, de manière très précise, dans trois petits cahiers. Cet imposant album en est la transcription la plus fidèle possible sous forme de BD. Une première partie tragiquement surréaliste, avec ce char et son équipage isolés face à l'armée allemande, et puis les années de captivité comme prisonnier de guerre en Poméranie, au nord de la Pologne actuelle. Jacques Tardi se met lui-même en scène dans cet album, adolescent, apparaissant régulièrement aux côtés de son père, cet « homme en colère » avec qui il (r)établit un dialogue parfois tendu, mais cette option scénaristique a aussi pour avantage de relancer l'action, d'attirer l'attention du lecteur sur telle ou telle situation rencontrée au cours de ces longues années de captivité dans ce camp sinistre. Elle permet également, rarement, d'introduire de (très) légères touches d'un humour amer face à ce qui semble sans issue. Graphiquement, Jacques Tardi a choisi de travailler par planches de trois cases, offrant, un peu paradoxalement, davantage d'espace à ce lieu clos. Par rapport à René, c'est la famille Tardi qui fait oeuvre de mémoire. Dominique Grange épouse de Jacques et dont le père, lui aussi prisonnier, aurait pu croiser René Tardi -rencontre imaginaire décrite dans l'album- signe une partie du dossier introduisant la BD, Rachel Tardi signe les couleurs de l'album (traité très majoritairement en nuances de gris) et son frère Oscar s'est chargé des recherches iconographiques et de documentation. Une démarche qui peut surprendre mais qui s'avère surtout émouvante quand on parcourt l'adaptation en récit dessiné de ce témoignage direct, sans fioriture et parfois très dur... Jacques Tardi n'a jamais bâti de monument coulé dans le bronze des canons, mais bien dans l'humanité de son regard et des personnages qu'il met en scène. Moi René Tardi... illustre à nouveau, et de quelle manière, ce talent et cet humanisme. Il donne surtout aussi l'envie d'aller plus loin puisque cet imposant album constitue seulement le premier volet d'une « histoire de famille » qui devrait se poursuivre avec l'affectation militaire de René en...Allemagne après la guerre, puis la chronique d'une famille française dans les années 50' et 60'. « Il y a eu, dans cette famille, un assez grand nombre de types surprenants ! » précise l'auteur. On peut donc imaginer que les chapitres à venir seront plus souriants en les attendant déjà avec curiosité et impatience.
©BD-Best v3.5 / 2024 |