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Liste des critiques concernant La malédiction d'Edgard
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Destin prĂ©sidentiel Série : La malĂ©diction d'Edgard

Auteur : Chardez & Dugain

Prix : 9,80€

Date de sortie : 09/02/2007

Nombre de pages : 46

Catégorie : Drame

Type de reliure : Album cartonné

Éditeur : Casterman

Collection : Ligne Rouge

Publié le 15/02/2007


Après avoir amassé une fortune colossale quoique douteuse, Joe Kennedy s'est mis en tête de conquérir la Présidence des Etats-Unis par l'entremise d'une de ses fils. Il devra compter avec les magouilles de J. Edgard Hoover, l'inoxydable Directeur du FBI, l'homme qui tient l'Amérique par les couilles grâce à ses enregistrements illégaux des galipettes de tout le Who's who...

Le cinéma se nourrit d’adaptations de romans et de BD. La BD peut-elle pour autant se nourrir d’adaptations de romans ?

C’est le pari qu’ont pris les éditions Casterman avec une série d’albums dans la collection Ligne Rouge : La malédiction d’Edgard, scénarisé par Marc Dugain d’après son roman homonyme ; la nouvelle série Malone scénarisée par Michel Rio d’après son roman Faux pas ; et la nouvelle série « Les aventures de Boro, reporter photographe », d’après son roman « La dame de Berlin ».

L’idée de faire un pont de la littérature vers la BD ne date pas d’hier. Et on comprend que, vu les chiffres de ventes de la BD, les écrivains soient tentés de recycler leurs succès en planches, histoire de faire d’une pierre deux coups.

Théoriquement, ça pourrait marcher ; et pourtant ça marche rarement, voire pas. Plus personne ne se souvient des adaptations BD de San-Antonio par Patrice Dard, le fils de Frédéric, dans les années 70. Peu après avoir gagné le Goncourt pour son roman Un aller simpe, Didier Van Cauwelaert s’est lancé dans le scénario BD original avec la série Vanity Benz dans les années 90. Malgré la qualité d’un texte enlevé, drôle, intelligent et (un peu) documenté, on ne peut pas parler d’un succès. Pire : l’adaptation de trois best-sellers de Paul-Lou Sulitzer (Le roi vert, Hannah, Bourke), lancée à grand renfort de marketing, a été un flop retentissant. Théoriquement de nouveau, tous les éléments étaient au rendez-vous pour le succès : histoires passionnantes, et graphismes aussi élégants qu’efficaces de, respectivement, Mezzomo, Franz et Marvano. Hannah, particulièrement, était une superbe réussite – arrêtée après le troisième volume, en plein cycle.

Soit dit en passant, ça ne fonctionne pas non plus dans l’autre sens, de la BD vers le roman. Jean-Claude Denis, dont l’approche scénaristique est très proche du romanesque, s’est amusé à réaliser son excellent « Quelques jours à l’Amélie » (Aire Libre) à la fois sous forme de BD et de roman. Il y a fort à parier que le roman a eu beaucoup moins de succès que la BD.

Qu’est-ce qui cloche ? Peut-être que le public bédéphile n’est majoritairement pas amateur de romans, tout simplement. Et que ceux qui cumulent les deux approches ne voient pas l’intérêt de lire une BD après avoir lu le livre. Peut-être que ceux qui font les grosses recettes de la BD (comme du cinéma, d’ailleurs), ce sont les adolescents, et que les lecteurs de romans sont plutôt adultes. Peut-être…

En tous cas, nous souhaitons à Casterman de renverser la tendance : si l’adaptation de La Dame de Berlin est un peu faiblarde, celle de Michel Rio possède tous les ingrédients du succès, et celle de La malédiction d’Edgard de Marc Dugain, qui  nous occupe ici, ne manque pas d’intérêt.

Le best-seller de Marc Dugain reprenait la saga Kennedy, mais en cassant l’icône du golden-boy martyr pour se baser, au plus près de la réalité, sur les rapports des Kennedy, père et fils, avec l’indétrônable et machiavélique directeur du FBI, Edgard Hoover. Cette approche, Dugain avait eu la grande intelligence de la pratiquer sous forme de roman : « C’est quand quelqu’un prétend à la vérité absolue qu’on entre dans le champ de la fiction », dit-il dans la préface de l’album. « En recourant d’office à la fiction, on a quelques chances d’approcher cette vérité ».

Le scénario de la BD est brillantissime : la documentation parfaitement assimilée est transformée en une série de dialogues elliptiques mais fulgurants d’intelligence, de cynisme et d’ironie. Tout ce qu'il faut pour connaître l'envers du décor et du mythe.

Et pourtant le succès, de nouveau, risque de ne pas être au rendez-vous. Parce que la BD est TROP intelligente : elle demande une connaissance assez profonde du contexte historique, qu’on risque de ne pas trouver chez le public BD majoritaire.

Autre problème, le dessin de Chardez manque un peu de glamour. Un peu trop d’erreurs de cadrages (des bulles devant les visages), un peu trop de raideur, et un peu trop de difficulté à différencier les personnages.

Quoiqu’il en soit, je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne manquerai pas le volume suivant de la série : un texte de cette qualité mérite le déplacement.



Extrait 1 La malédiction d'Edgard (tome 1)  - Destin présidentiel


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Geoffroy



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