Dans l’antre de la pénitence, au coeur du cauchemar Winchester
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Dans l’antre de la pénitence, au coeur du cauchemar Winchester

J’espère que vous n’avez pas peur du sang, parce que vous allez être servi. À moins que ce soit votre imagination ? De toute manière, sanglant ou pas, vous n’avez pas le choix de vous engouffrer dans l’oeuvre aussi magnétique que répugnante que nous offrent Peter J. Tomasi et Ian Bertram avec Dans l’antre de la pénitence. Parce que quand on veut faire avancer les choses, il faut savoir aller au turbin, se salir les mains (et celles du lecteur), être jusqu’au-boutiste pour dénoncer l’absurdité du monde qui nous empoisonne. Vous n’aimez pas la violence ? Ça tombe bien, le collègue qui m’a fait découvrir cet album non plus, ça ne l’a pas empêché d’être ébahi. Bienvenue dans ce que d’aucuns appellent la maison la plus hantée du monde.

 

 

 

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Résumé de l’éditeur : 1905, San José en Californie. Suite à la perte de son mari et de sa fille, Sarah Winchester se lance dans la construction compulsive de la « Winchester House » : une demeure aussi étrange que démesurée. Un chantier perpétuellement troublé par les lubies de sa commanditaire, qui réveille ses domestiques en pleine nuit, ou ordonne à ses ouvriers de construire des portes et des escaliers ne menant nulle part. On la prétend folle, hantée par les esprits de ses proches disparus. Mais le jour où un étranger fait son apparition sur le pas de sa porte, les démons de Sarah pourraient bien devenir réels…

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Dans l’antre de la pénitence (House of penance, en original chez Dark Horse Comics), c’est la vision très forte de Peter J. Tomasi et Ian Bertram sur la Maison Winchester (avant le film des frères Spierig avec Helen Mirren et Jason Clarke qui a l’air moins fin), fameuse maison érigée comme expression du deuil de Sarah Winchester après les morts successives de son fils et de son mari, William, unique héritier de l’empire Winchester dont les armes du même nom font encore couler le sang. Profondément marquée par ce drame, la veuve richissime va alors entrer dans une quête de pardon et de résilience face aux morts (aux fantômes ?) ayant fait office de chair à canons.

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Elle aurait pu être seule dans cette aventure, c’était sans compter un voyant de Boston qui l’avertit que, au-delà de la mort, les chers défunts de Sarah étaient traqués par les fantômes de toutes les victimes des horribles carabines de cette famille au funeste nom. Pour expier, le médium ne voyait qu’une issue : il fallait à la survivante créer une maison capable de la loger elle, son équipe de chantier et toutes ces âmes errantes. C’est en Californie qu’elle trouvera l’écrin de cette maison dont le chantier ne serait jamais fini, les douze travaux d’Hercule en un seul.

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Dans ce carcan déraisonné, les ouvriers ne sont rien d’autres que des âmes damnées et condamnées à la tâche presque 24h/24, mais vivante malgré tout. Tous ont sans doute quelque chose à se reprocher que pour rester dans cet enfer sur Terre. Sans doute ont-ils tué, haï leur prochain, fait parler la haine et la violence plus que la bonté et la grandeur d’âme. Ce n’est pas pour rien que la maîtresse de ces lieux exige de ceux qui la suivent qu’ils respectent trois lois : ni violence, ni mensonge, ni retard. Ne doivent résonner dans cette demeure gigantesque et sans queue ni tête que les coups de marteaux en réponses aux coups de feu.

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Et tant pis si ces coups de marteaux ne mènent à rien, s’il y a des pièces sans portes, des portes sans pièces, des escaliers sans destination… et qu’il y a un paquet de sang dans les tuyauteries, plus que de raison, par boyaux et viscères. De quoi nourrir le cancer monstrueux de cette maison maléfique. Les lianes d’une pieuvre, prête à étouffer les vivants, à les assécher, à les faire sombrer.

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Glénat

 

Puis, un étranger est arrivé, durement blessé. Un salopard prêt à se ranger mais pas trop. Dans ses pas, le duo nous permet d’accéder au cauchemar, d’entrer dans ce palace dont on ne sait s’il abrite plus de vivants que de morts. Et c’est absolument dingue ce que le duo (qui a appelé en renfort, Dave Stewart, excusez du peu, pour les couleurs) arrive à faire passer, déboussolant le lecteur pour le noyer dans un bain de sang.

 

 

 

 

© Tomasi/Bertram/Stewart chez Dark Horse Comics

 

Dans les visages tirés, les yeux au beurre noir, les plaies béantes de cette maison condamnée à être inachevée, dans le ciel irréconciliable, dans ce tohu-bohu de tous les diables et dans mille autres détails; Peter J. Tomasi et Ian Bertram réussissent une oeuvre de fous furieux, accaparées par la violence la plus crue, la plus insoutenable et, pourtant, la plus salvatrice.
Un joli carnet de croquis conclut l’album © Bertram chez Glénat

Dans l’antre de la pénitence, c’est la libération en pointillé, un plaidoyer pour enterrer les armes à jamais, au plus profond de la terre et de nos existences.

 

Alexis Seny

 

Titre : Dans l’antre de la pénitence

Récit complet

Scénario  : Peter J. Tomasi

Dessin : Ian Bertram

Couleurs : Dave Stewart

Traduction : Philippe Touboul

Genre: Drame, Psychologique, Histoire, Huis-clos, Horreur

Éditeur: Glénat

Éditeur VO : Dark Horse Comics

Nbre de pages: 192

Prix: 19,95€



Publié le 15/02/2018.


Source : Bd-best

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