Des amis, des amours, une lettre. A la lettre près
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Des amis, des amours, une lettre.  A la lettre près

   « - C’est très étrange de te revoir, surtout ici ! ça remonte à combien de temps, déjà ?

-          Ça doit bien faire une dizaine d’années, j’imagine.

-          La dernière fois, c’était pas très glorieux, si je me souviens bien.

-          Tu te souviens assez bien.

-          Sinon, tu bosses toujours pour cette boîte, là, je sais plus…

-          Ecoute, pour la dernière fois j’ai vraiment été le roi des cons, j’aurais jamais dû partir comme ça…

-          Laisse tomber, ça n’a plus aucune importance. »

 

Oh, que si, pour Patrick, ça en a beaucoup. Ce n’est peut-être pas l’avis de Lorena, mais il y tient.

Il y a vingt-trois ans, Patrick a écrit à l’adulte qu’il serait plus tard. Tête en l’air, il chercha à qui confier cette lettre car il craignait de la perdre. Il trouva sa factrice en la personne de Lorena, sa petite amie de l’époque. Mais après tout ce temps et des chemins qui se sont séparés, ils ont des choses à se dire. Patrick est-il devenu celui qu’il aurait voulu ou celui en qui il redoutait de se muer ?

 

 

 

 

© Pomès – Glénat

 

 

 

 

 

Le scénario d’A la lettre est conçu à l’envers. Chaque chapitre, dont l’en-tête est un extrait de la lettre de Patrick, raconte un pan de sa vie. Au fil des séquences, on comprend comment l’homme en est arrivé là.

 

Cyrille Pomès signe un scénario intelligent, émouvant, audacieux dans sa narration non linéaire. Les bonds en arrière dans la vie de Patrick font l’effet d’un film que l’on regarde en commençant par la fin. C’est avec cet artifice qu’elle trouve tout son sel. Une fois l’album terminé, il est intéressant de le laisser reposer et de le relire en commençant les chapitres par le dernier pour en découvrir une deuxième version. Comme si dans l’une, on suivait le Patrick de 40 ans, et dans l’autre celui de 17 ans.

 

 

 

© Pomès – Glénat

 

 

 

 

 

Le trait fusain de Pomès, avec des couleurs dans des tons gris-verts, laisse penser que Patrick n’a pas installé sa vie et ne le fera jamais. Comme s’il ne voulait pas s’enfermer définitivement dans une relation, ou mieux, comme s’il pensait pouvoir un jour gommer des choses qu’il voudrait changer.

 

Cette histoire publiée une première fois en 2005 chez Albin Michel a valu à son auteur une place dans la sélection officielle du festival d’Angoulême. Aujourd’hui rééditée chez Glénat dans la collection 1000 feuilles, une deuxième chance s’offre à elle. Pourtant ce nouveau départ souffre d’un double handicap. D’une part, la collection 1000 feuilles, qui aurait pu être le pendant d’Aire Libre chez Dupuis ou de Signé au Lombard n’est pas du tout clairement identifié. D’autre part, la couverture de l’album est ratée. Pour ces deux raisons, il est regrettable que l’éditeur n’est pas fait correctement son travail. Le choix d’une couverture est un travail d’équipe et doit inciter le lecteur à ouvrir l’album. Le visage en gros plan est un dessin réussi. Là n’est pas la question. Mais il ne provoque pas de questionnement, pas de curiosité à entrer dans la lecture. Il est frustrant et énervant que des histoires ratent leur public à cause de décisions mal-à-propos. Bref, heureusement qu’il reste des chroniques pour rattraper le coup.

 

A la lettre près est le roman d’un homme faisant le point au cœur de sa vie, un constat du temps qui passe et qui joue avec les sentiments.

 

 

Laurent Lafourcade

 

One shot : A la lettre près

Collection : 1000 feuilles

Genre : Chronique de vie

Scénario & Dessins : Pomès

Éditeur : Glénat

Nombre de pages : 80

Prix : 15,50 €

ISBN : 9782344026861



Publié le 27/03/2018.


Source : Bd-best

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