« - C’est la première fois que je vois autant de frères !
- Et de sœurs, Emile !
- On m’a dit qu’il y aurait plus de cinquante-six loges composées de femmes, d’hommes, de bourgeois, d’ouvriers, d’artisans, de commerçants ! C’est ça, la force de la commune !
- Lorsqu’elle se manifeste de cette façon, cela me plaît. J’en ai assez de tous ces morts.
- Tu as bien raison, ma nièce chérie. Les idées de la commune méritent d’être défendues. Mais il faut que les souffrances du peuple de Paris prennent fin.
- C’est bien pour cela que nous marchons vers les barricades aujourd’hui, grande-cousine. Espérons, espérons, espérons !... »
29 Avril 1871, Jean-Gaston Baudecourt reste seul à la rédaction du journal Fraternités pendant que les compagnons de Paris défilent dans les rues. C’est la Commune. Le patriarche ne veut pas sortir sans le tablier de son grand-père Gaston. Il les rejoindra…ou pas. Le franc-maçon est assassiné. Son cadavre sera retrouvé accompagné d’un tract versaillais.
Emile, son fils, prend le journal en main pendant que la « Semaine Sanglante » emplit de rouge les rues de la capitale.
L’ordre guillotiné, premier tome de la trilogie, promettait un nouveau Triangle Secret.
L’ordre manipulé, deuxième épisode, asseyait les personnages dans une continuité et une cohérence certaines.
L’ordre ensanglanté clôt la série pour laquelle on aurait aimé une plus grande envergure.
La Franc-Maçonnerie reste une valeur sûre. Par son histoire et ses mystères, la confrérie a des secrets sur lesquels il est attractif d’enquêter. Y mêlant la grande histoire de France, les auteurs justifient les actions de leurs personnages.
Le héros de Fraternités n’est pas un membre de la famille Baudecourt, ni la Franc-Maçonnerie elle-même. Le héros de Fraternités, c’est un journal. Et c’est la vie de ce journal et de ses responsables qui est racontée sur près de quatre-vingts ans.
Ce troisième tome laisse l’impression que les auteurs ont eu l’injonction de l’éditeur de clore la série. On eût aimé qu’ils aient eu plus de temps pour développer leur saga sur au moins cinq albums.
Jean-Christophe Camus est un scénariste prometteur. On sent qu’il en a sous le capot. Il sait créer un univers, des personnages forts et des scènes d’action percutantes. Il peut encore progresser dans les dialogues, ainsi que pour s’extraire de situations complexes qui trouvent parfois une solution un peu rapide.
Bernardo Muñoz a succédé à Ramon Rosanas avec fluidité, sans que le lecteur lambda n’en soit interloqué.
Enfin, si le procédé est discutable (à savoir confier la couverture a un dessinateur différent), les couvertures de Ronan Toulhoat sont une réussite : maquette superbe, personnages sur fonds noirs devant le sigle du compas et de l’équerre de la Franc-Maçonnerie au ton d’une des couleurs du drapeau français pour chacun des tomes.
Fraternités avait tout pour être une réussite. Ça ne sera qu’un demi-succès. Et pourtant, on avait envie d’y croire. Fraternités est une bonne série, mais on a l’impression d’avoir raté des épisodes. Est-ce dû à un échec au niveau des ventes ? Le changement de dessinateur, pourtant effectué dans un continuum fluide entre les deux premiers tomes, a-t-il handicapé le concept ? Ou bien le grand laps de temps entre chacun des tomes a-t-il perdu le public en route ? 22 mois entre les deux premiers, 2 ans et demi entre les deux suivants.
Fraternités reste une trilogie agréable à lire sur un sujet énigmatique et fédérateur.
Laurent Lafourcade
Série : Fraternités
Tome : 3 – L’ordre ensanglanté
Collection : Histoire & histoires
Genre : Drame historique
Scénario : Camus
Dessins : Muñoz
Couverture : Toulhoat
Couleurs : Fogolin
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782756079424
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