"-Vous faites quoi, là ?
-Ah… Euh, eh bien… J'avais, comme vous, la tête dans les étoiles !...
-Hmm… Vous avez lu mon livre ?
-"Je veux savoir si je peux réussir à toucher le centre de ma propre tristesse."
-Surprenant !...
-Oui. Mais ça ne veut pas dire que j'ai tout compris.
-Vous… Vous faites quoi dans la vie… Je veux dire, comme travail ?"
Camille est serveuse dans un bar. Le boulot ne lui plaît pas plus que ça. Alors, une fois qu'elle a quitté les lieux et les clients alcoolisés, elle rentre chez elle et lit. En ce moment, elle lit La tête dans les étoiles de l'écrivain Roland Mars. Elle sait où il habite et passe pas mal de son temps libre sur un banc en face du gigantesque mur d'enceinte de la maison du philosophe qui, dans son dernier ouvrage, revient sur son parcours de vie et sur l'idée de supranationalité et d'internationalité de l'esprit. Ce questionnement intéresse fortement Camille qui n'a pas connu son père, décédé dans un accident. Un beau jour, ou plutôt un beau soir, Camille et Roland vont se rencontrer. L'écrivain lui propose de l'employer pour du ménage et autres travaux dans son immense maison durant un mois, mais il y a un certain seuil à ne pas dépasser. Camille n'a pas le droit d'aller partout. Si tout se passe bien, Mars devrait l'aider à trouver les réponses à ses questions métaphysiques.
© Casalanguida, Makyo, Ferraccioni, d'Angelo - Delcourt
Celle qu'il n'attendait pas fait partie de ces one shot au titre énigmatique et à l'ambiance mystérieuse qui ne doivent pas passer inaperçus. Cette histoire signée Makyo entre dans cette catégorie de thriller psychologique dans lesquels on avance comme un funambule sur son fil, penchant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, en prenant garde de ne pas tomber. On ne sait jamais si le fantastique qui montre le bout de son nez est une réalité ou une vue de l'esprit. Makyo nous invite dans une micro-balade au bout du monde. Si cet album était paru à la même époque, c’est-à-dire il y a une quarantaine d'années, il aurait été le premier tome d'une série.
© Casalanguida, Makyo, Ferraccioni, d'Angelo - Delcourt
Pour rester dans le thème de la balade, le dessinateur Luca Casalanguida est de la filiation d'Eric Herenguel qui avait lui-même repris la balade, et du Rossi du Cycle des deux horizons, comme par hasard scénarisé aussi par Makyo. Le dessinateur italien avance dans cet esprit semi-fantastique, ajoutant au mystère ambiant des regards qui interrogateurs, qui tristes, qui violents, permettant de comprendre l'atavisme psychologique des personnages.
© Casalanguida, Makyo, Ferraccioni, d'Angelo - Delcourt
Celle qui n'attendait pas amène aux tréfonds de l'esprit dans une histoire ode à l'écriture, prouvant que les mots que l'on pose ne le sont pas sans raison. On a tous un héritage spirituel et un devoir de mémoire. Le tout est de savoir comment le faire ressortir. Makyo y arrive parfaitement.
Laurent Lafourcade
One shot : Celle qu'il n'attendait pas
Genre : Emotion et mystère
Scénario : Makyo
Dessins : Luca Casalanguida
Couleurs : Marco Ferraccioni & Ilaria d'Angelo
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 72
Prix : 16,95 €
Spirou et Fantasio découvrent la voiture du futur
L’année héros fait cette semaine la part belle à Spirou himself avec un petit ovni, un court récit signé Trondheim et Blancou, dans une ligne claire extra-pure et un graphisme intéressant mais déroutant, pour une histoire de voiture fallait le faire. Trondheim encore une fois étonne et provoque. Ça a le mérite d’agiter le bocal.
Pendant ce temps, les abonnés vont afficher un superbe poster de Gretchen en plein sabbat grand derby, signé évidemment Arthur de Pins.
Spirou, ami, partout, toujours.
© De Pins – Dupuis
Histoires à suivre :
A-Lan : Inside the darknet |
Labourot / BeKa |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Ziad |
Lai / Bocquet / Alquier |
Récits complets :
Spirou & Fantasio : La voiture du futur |
Blancou / Trondheim |
Perdus, planète inconnue |
Bidault / Betbeder |
Elliot au collège |
Grosjean / Riccobono |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Brad Rock, the gold digger |
Jilème / David |
Capitaine Anchois |
Floris |
Coach (Le) |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Crash Tex |
Dab’s / Gom |
Dad |
Nob |
Denise & Charles, chasseurs de créatures |
Waltch / Gorobei / Ced |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Harry |
Benus |
Katz |
Dairin / Del |
Kid Paddle |
Midam / Dairin / Angèle |
Marges |
Neidhardt |
Minions (Les) |
Collin / Lapuss' |
Nelson |
Bertschy |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Evrard |
En direct du futur : Les bleus à Lausanne |
Porchet |
Tout ce qu’il savoir sur…pour briller en société : Le chewing-gum |
De Moté / Lecrenier |
Interview |
Blancou |
Jeux : A toute vitesse ! |
Antho |
Leçon de BD (La) |
Marko |
Supplément abonnés :
Poster : Zombillénium |
De Pins |
En kiosques et librairies le 15 mars 2023
2,70 €
Laurent Lafourcade
1871, Afrique centrale, aux abords du fleuve Congo, un célèbre scientifique français, le professeur Delescluze disparaît. Onze mois plus tard, à Paris, un croquis représentant un singe avec le casque colonial du professeur sur la tête pose question. Si la source est fiable, l’interprétation est floue. Le scientifique et son équipe se seraient-ils transformés en … chimpanzés ? Le mystère est entier mais ne peut le rester. Il y va de l’honneur de la France, mais surtout de l’avenir de ses ambitions coloniales dans cette dernière partie de l’Afrique inexplorée.
Le Ministre de la Marine décide donc d’y envoyer une mission de sauvetage. Financée par un banquier qui espère bien en tirer des bénéfices considérables après colonisation, il s’agit de trouver la perle rare pour mener cette expédition.
Mais quand on dit « perle rare », le Ministre n’envisage pas forcément « l’homme de la situation » ! Un officier de marine gentiment naïf, sans ambition, aux états de service sans relief ni lumière, célibataire et sans attache, ayant quelques connaissances en botanique et zoologie, bref l’homme que personne ne regrettera en cas de disparition … Un pion jetable, sans intérêt, dont les chances de survie ne dépassent pas 14 % ! Le parfait candidat désigné : le capitaine Corentin Tréguier !
Pour cette mission, il aura sous ses ordres une compagnie d’une dizaine de soldats et un second, l’inquiétant capitaine Gabard. Ce dernier, avec ses idées bien arrêtées sur l’Afrique et ses populations, a ses propres ordres …
© Suarez – Hamo – Nathan
Si cela ne suffisait pas, d’autres ennemis et obstacles vont se dresser sur la route de notre gentil explorateur. Et pour commencer, certains pays intéressés par l’Afrique centrale … dont la Belgique de Léopold II qui a des visées non cachées sur le Congo !
C’est ainsi que la jolie journaliste-espionne Camille de Willers est chargée d’intégrer l’expédition … pour la saboter. Tâche facile tellement Corentin est naïf !
C’est de cette manière que démarre cette extraordinaire odyssée à travers l’Afrique profonde, ses mystères et énigmes. Qui s’y révélera ? Qui pourra y grandir ou garder ses secrets ?
Une extraordinaire aventure qui au départ n’était qu’un podcast !
© Suarez – Hamo – Nathan
A l’écriture, Emmanuel Suarez, passionné de théâtre, de sciences, d’art, de culture française, … et de rivages lointains, passer un jour ou l’autre à l’écriture semblait logique. Le pas est franchi en 2017, pour France Culture, il crée la première fiction radio de France. Dix épisodes qui récolteront plus d’un million d’écoutes ! Un réel succès récompensé par le prix Fonds Podcasts Originaux SACD/France Culture en 2021.
Une telle réussite pouvait donner des idées créatrices originales en l’adaptant à d’autres supports. Dès lors, par un travail de découpage scénarisé, pourquoi ne pas transformer cette narration fluide, agréable en 8 chapitres parfaitement séquencée pour une bande dessinée ?
Un incroyable récit dont le titre seul est déjà synonyme d’épopée, de grands espaces, d’inconnu mais également d’humanité. Un « Tintin au Congo » ? Non absolument pas !
Emmanuel Suarez nous y campe une certaine hypocrisie cachée des ambitions coloniales, une société africaine nettement plus évoluée, appliquant des principes de plus grandes valeurs que Corentin Tréguier découvre avec étonnement, mais admiration.
Une expédition qui permettra à cet officier de marine incolore, inodore et insipide de vivre une double aventure dont le costume semble bien trop grand pour lui, à la fois expérience africaine unique et cheminement initiatique épanouissant.
© Suarez – Hamo – Nathan
Pourtant un anti-héros comme Corentin Tréguier ne peut prendre du volume que si les personnages l’entourant représentent soit tout son contraire, soit son indispensable élément déclencheur ! Et c’est le cas avec Camille, (aventurière calculatrice et manipulatrice), Gabard (faux, violent, raciste et brutal), le Ministre de la Marine et son comparse Gaston de Fondeuvre (cyniques, ambitieux et mercantiles), … d’un côté. Et leurs miroirs inversés : Christian (le bantou européanisé philosophe éclairé), Solange Tréguier (mère insensible en apparence et désespérée de son fils trop faible à ses yeux), Quériadec (le soldat fidèle et humaniste), …
Si la part fictionnelle est évidente, cela n’empêche pas Emmanuel Suarez d’aborder des thèmes parfois sensibles : celui du colonialisme évidemment, mais également de l’esclavage et de la traite des noirs, des théories de Darwin ou encore de la recherche du bonheur.
Aspect non négligeable, afin d’éviter les clichés trop stéréotypés, trop figés, une touche d’humour s’égrène ici et là … C’est notamment au travers les attitudes, réflexions, réactions de Corentin, sa naïveté … ou simplement son innocence que ce scénario est rendu plus léger.
La fin, assez idéalisée, voire utopique, imaginée par Emmanuel Suarez y ajoute une touche plus romanesque.
© Suarez – Hamo – Nathan
L’une des facettes la plus intéressante dans cet album est clairement la démarche créatrice allant à l’opposé de ce que nous aurions pu imaginer. Comment transposer un podcast en une bande dessinée sans la noyer notamment dans un excès de textes ? Pour se faire, tout en respectant l’âme de la narration, encore fallait-il trouver un crayon capable d’en saisir, par son trait, toute son humanité. Ce fut le travail de Hamo.
Pierre-Yves Berhin de son nom de baptême ! Illustrateur, dessinateur et coloriste, de par sa passion pour la musique était le choix parfait pour faire ressortir toute la sensibilité, les émotions du scénario. Une ligne claire semi-réaliste, avec un brin d’ADN de Frank Le Gall ou de son Théodore Poussin ici ! Nous avions déjà apprécié son style dans ses séries telles « Lord Jeffrey », trop tôt arrêtée, « Special Branch » ou « Noirhomme » ! Pour ne citer que ces trois-là !
© Suarez – Hamo – Nathan
Et sa tâche ne fut pas gagnée d’avance. Un podcast de 10 épisodes à transposer en un story board pour 8 chapitres ! Un sacré défi de découpage ! Grâce à une structure classique de la planche, des cases plutôt petites, une préférence du plan serré sur les personnages aux vues d’ensemble et panoramiques, la transposition est fidèle et rend idéalement l’ambiance du média d’origine.
Hamo renforce cette dernière par l’utilisation d’une palette plutôt sobre et pâlotte de couleur. Rien de criant qui pourrait trahir l’impression de huis clos et de forêt sombre se refermant sur les personnages.
© Suarez – Hamo – Nathan
Si un bémol devait néanmoins s’exprimer ? Peut-être la dizaine de soldats annoncés par Corentin dans une lettre à sa mère avant son départ … et leur nombre représenté dans les planches suivantes, notamment lors de leur arrivée chez le roi Mpanzu ! Bref un nombre variant bizarrement entre la dizaine de départ et la trentaine plus loin.
Mais quoi qu’il en soit, une superbe adaptation enrichie d’un dossier instructif sur les coulisses de cette dernière.
Lien vers les 10 épisodes du podcast :
https://www.radio.fr/p/fclincroyableexpedition
Thierry Ligot
Titre : L’incroyable expédition de Corentin Tréguier au Congo
Éditeur : Nathan
Scénario : Emmanuel Suarez
Dessin : Hamo
Couleurs : Hamo
Nombre de pages : 128
Prix : 22,00 €
ISBN : 9782092494653
"-La Tour Eiffel, édifiée entre 1887 et 1889, n'a pas d'utilité particulière. Il a même été envisagé de la démonter au bout de vingt ans. C'est pourtant 7300 tonnes de fer sur 300 mètres de haut !
-Si elle ne sert à rien, pourquoi la construire ?
-Pour l'exploit technique !
-C'est étrange comme raison…
-Au XIXème siècle, les gens réalisent des progrès extraordinaires et veulent sans arrêt dépasser les limites."
Si aujourd'hui la tour Eiffel, en plus d'être le symbole de la France, abrite des antennes relais de télécommunication, elle fut construite à la fin du XIXème siècle pour le simple exploit technique de son édification pour l'exposition universelle de 1889 à Paris. En pleine révolution industrielle, le fer, l'acier et la fonte remplacent le bois et la pierre pour construire des bâtiments. Les pays développés s'engagent dans cette course au progrès, rivalisant d'ingéniosité les uns les autres.
© Erre, Savoïa - Dupuis
Pour leur trentième petit album au fil de l’Histoire, Ariane et Nino nous font monter dans la tour Eiffel, depuis le projet de sa construction jusqu’à nos jours. On assiste ainsi aux réflexions de Gustave Eiffel et de ses concurrents, le concours qui fut organisé. On apprend comment les questions techniques sont réglées et la façon dont les pièces ont été assemblées, comme un gigantesque jeu de Meccano avec des pièces en fer façonnées et trouées dans les ateliers de Levallois-Perret. On participe aux premiers coups de pioche, à la stabilisation des fondations, puis à la fête de fin de chantier le 31 mars 1889. A l’époque plus haut bâtiment du monde, on découvre enfin les bâtiments qui la supplanteront.
© Erre, Savoïa - Dupuis
Un cahier documentaire complète l’album en exposant les portraits des principaux acteurs de l’Histoire de la tour : Gustave Eiffel, bien sûr, mais également Emile Nouguier, Stephen Sauvestre ou encore Maurice Koechlin. Un texte développe la prouesse technique qu’a été et qu’est encore cette dame de fer et revient sur la carrière de son architecte.
© Erre, Savoïa - Dupuis
Fabrice Erre et Sylvain Savoïa tiennent avec cette adorable et instructive petite collection la recette pour tout apprendre avec plaisir, un peu comme du C’est pas sorcier en bande dessinée centré sur l’Histoire. Ariane et Nino ont encore tant et tant à nous faire découvrir qu’on n’est pas près de les laisser partir sans nous… au fil de l’Histoire.
Laurent Lafourcade
Série : Le fil de l'Histoire raconté par Ariane & Nino
Tome : 30 -La tour Eiffel - Une géante de fer
Genre : Histoire
Scénario : Fabrice Erre
Dessins : Sylvain Savoïa
Préparation des couleurs : Luc Perdriset
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782390340140
Nombre de pages : 48
Prix : 6,90 €
"-Dépêche-toi ! Sinon on va finir trempés !
-Mais attends, maman, y a un petit garçon, là ! On peut l'adopter ?
-Pas question. Tu n'as pas besoin d'un animal de compagnie."
Un soir de pluie battante, c'est en rentrant chez lui avec sa maman que Chocochat repère un pauvre petit humain abandonné dans la rue dans un carton près des poubelles. Contre l'avis de sa mère, le chaton fait rentrer le petit garçon à la maison. Il parle ! C'est un humain savant, c'est hyper-rare, il faut le garder. Pourvu qu'il aime la gélatine de souris. Chocochat va même l'amener à l'école avec lui. Ça attise la curiosité de ses petits camarades. Au fait, il n'a pas de prénom, ce petit garçon ? Il faudrait peut-être lui en trouver un… ou pas.
© Arlène, Öckto Lambert - BD Kids
Fort du succès de Migali, la gamine mi-humaine mi-araignée, Alexandre Arlène et Fabien Öckto Lambert lancent une deuxième série tout aussi déjantée : Chocochat et moi. Prenant le contrepied d'un nombre incalculable de séries mettant en scène un gamin et son animal de compagnie, ils attribuent un humain de compagnie à un petit animal. Ainsi, le garçon va se retrouver à tout faire comme les chats. Les toilettes de l'école sont un alignement de litières. Les céréales sont des croquettes. Et pour se laver, il faut se lécher, ou se faire lécher.
© Arlène, Öckto Lambert - BD Kids
Alexandre Arlène s'est fait connaître avec Bloody Harry, parodie d'Harry Potter parue chez Jungle. Dans un album garanti sans poil de chat, il scénarise une série justement poilante. Ce n'est pas la première incursion dans l'univers du poil du dessinateur Fabien Öckto Lambert. Chez Flammarion, il a réalisé l'univers graphique des Enquêtes au poil, entre autres. Rodés ensemble sur Migali, les auteurs nous servent une poêlée de gags pile poil ciblée pour les petits tout autant que pour les grands.
© Arlène, Öckto Lambert - BD Kids
On ne dira jamais assez le bien que l'on pense des albums de BD Kids, collection dans laquelle on retrouve quelques-unes des meilleures BD d'humour tous publics de ces dernières années comme Tralaland, Glouton, La cantoche, Chihuahua, ou autres Chocochat & moi.
Laurent Lafourcade
Série : Chocochat & moi
Tome : 1 – Hé ! J'ai trouvé un humain !
Genre : Humour
Scénario : Alexandre Arlène
Dessins & Couleurs : Fabien Öckto Lambert
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9782408033071
Nombre de pages : 56
Prix : 9,40 €
"-C'est parti !!! Le gouvernement ferme tous les magasins, bars, restos et nous intime de rester chez nous jusqu'à nouvel ordre…"
15 mars 2020. En Corse, Yann apprend comme toute la population française qu'il va falloir rester quelques temps chez soi. Sa compagne travaillant à l'hôpital, ils sont potentiellement porteurs du fameux coronavirus. Ils vont devoir redoubler de vigilance. Ils ont un fils, Nino, qui a 4-5 ans. Les journées vont être rythmés par les courses sous autorisation de sorties, les jeux en famille et les apéros, sans oublier le rendez-vous de 20 h sur les balcons pour acclamer les personnels soignants. Il faut dire que Yann habite dans un appartement à Ajaccio, alors il a un balcon. Les jours passants, il va falloir se mettre au sport, soit avec Jennifer pour une live session ventre plat, soit avec Bilo, le chat… Non, pas Bilo… Lui, il est expert en confinement. Depuis 14 ans, il n'est sorti qu'une seule fois.
© Yann Le Borgne
Le confinement a permis à Yann de se lancer dans la BD. Ce journal de confinement résulte du défi qu'il s'est donné de réaliser une page par jour. Si l'aventure commence à la maison, avec des scènes comme nous les avons tous vécues les uns et les autres, le délire commence au jour 27 avec la rencontre avec un dauphin, comme l'un de ceux que la famille aurait dû rencontrer lors de leurs vacances annulées à la Martinique. Yann part alors dans un trip psychédélique dans lequel outre des dauphins qui parlent, lui et les siens vont croiser le fleuron de la marine, des zombies, des drones, ainsi que, entre autres, le célèbre Professeur Raoult.
© Yann Le Borgne
Totalement foutraque, très rigolo, dans un graphisme jeté et dynamique comme si Reiser avait rencontré Libon, Yann Le Borgne a réussi son défi. Il aurait pu tirer en longueur mais dès qu'il sent que les anecdotes confino-confinées sont toutes épuisées, il a la malice de changer son fusil d'épaule pour une aventure imaginaire. Débile à souhait dans le sens noble du terme, Le Borgne fait le fou et on le suit sans problème. On y croirait presque. Flipper peut aller se rhabiller. Dorénavant, le king des dauphins, c'est Billy !
© Yann Le Borgne
Depuis, Yann Le Borgne a sorti une suite appelée Reconfinade, mais on aura l'occasion d'en reparler. En attendant ce journal rappellera avec le sourire une période hors norme qui n'a pas fini de laisser des traces. L'album étant malheureusement épuisé, il est disponible en libre lecture sur la page Instagram de Yann Le Borgne. Quant à Reconfinade, vous pouvez vous le procurer en envoyant directement un mail à Yann à l'adresse yannor@free.fr.
Laurent Lafourcade
One shot : Journal de confinement
Genre : Humour
Scénario, Dessin & Couleurs : Yann Le Borgne
Éditeur : Auto-édition
ISBN : 9791069953161
Nombre de pages : 72
Prix : 20 €
"-Ça ne va pas être simple… A tous les coups, on va s’enfoncer dans la boue.
-Papy, regarde tous les oiseaux ! Ils ont dû trouver quelque chose à manger.
-Ils ont plus de chance que nous. "
A Hoboken, près d’Anvers, Nello Daas et son grand-père Johan reviennent de la ville avec leur carriole à mains. Comme tous les jours ou presque, ils ont vendu du lait sur les marchés. Mais quel est donc cet attroupement de corbeaux dans les hautes herbes ? Ils tentent d’achever un chien à l’agonie, abandonné par son propriétaire. L’animal est aussitôt adopté et baptisé Patrasche. Le trio vit dans le plus grand dénuement et la pauvreté. Leur voisin meunier est intraitable avec eux, ce qui n’est pas le cas de sa fille, Aloïse, très amie avec Nello. Les nantis n’ont rien à faire avec les gueux. Et c’est encore pire avec les riches citadins, comme les propriétaires des docks qui cherchent à agrandir leurs chantiers. Le jeune Nello a la fibre artistique. Sa passion est le dessin. Son rêve est d’entrer dans la cathédrale pour admirer les œuvres de Rubens, mais l’entrée est payante. Aura-t-il un jour l’opportunité de l’admirer ?
© Griffo, Legendre, di Rosso - Kennes
Quand l’on parle de contes de la fin du XIXème siècle, on pense inévitablement à Charles Dickens. Il aurait pu être l’auteur de cette histoire émouvante, dure et réaliste. Mais ce conte n’est pas signé par lui et ne se situe pas en Angleterre même si son autrice est britannique. L’histoire se passe en Flandres et c’est Marie-Louise de la Ramée, alias Ouida, qui signe ce drame en 1872 dans le roman A dog of Flanders. On y retrouve pourtant cette ambiance à la Oliver Twist, la pauvreté de la campagne ou de la rue opposée à la richesse des patrons dans leurs appartements luxueux. Il y a un peu également du Hector Malot dans cette aventure, sans (trop de) famille. Au-delà de ça, l’histoire est une ode à l’art, l’art qui permet de survivre même quand on est sans le sou, l’art qui ouvre sur la beauté du monde, ou ne serait-ce pas le monde qui ouvre sur la beauté de l’art ?
© Griffo, Legendre, di Rosso - Kennes
Le roman initial est adapté ici par Marc Legendre qui choisit comme incipit de mettre en scène Marie-Louise de la Ramée qui raconte l’histoire, se distinguant d’emblée de Dickens qui extrayait le charme, voire le comique, de la misère humaine. Elle nous prévient : l’histoire est dure, parfois insupportable. Le trait semi-réaliste de Griffo, natif d’Anvers, que l’on n’avait pas vu si appliqué depuis longtemps, va adoucir cette noirceur. Les couleurs de Shirow di Rosso vont soit rester dans le sombre, soit l’illuminer pour nous amener vers un final transcendant et émouvant.
© Griffo, Legendre, di Rosso - Kennes
On ne peut rester insensible à l’histoire de Nello et Patrasche. Et lorsque l’on a recouvré ses esprits après l’avoir refermée, on n’a qu’une envie : aller visiter la cathédrale d’Anvers et y admirer les œuvres de Pierre-Paul Rubens.
Laurent Lafourcade
One shot : Nello et Patrasche
Genre : Conte
Scénario : Marc Legendre
D'après : Marie-Louise de la Ramée
Dessin : Griffo
Couleurs : Shirow di Rosso
Éditeur : Kennes
ISBN : 9782380757675
Nombre de pages : 104
Prix : 22,95 €
"-Vous êtes du côté de qui, Kujô ?
-J'obéis au client. Je ne suis du côté de personne. Je ne choisis pas mes clients en fonction de leur statut ou de leur moralité. Cependant, si je peux m'occuper de la loi pour eux, je ne gère pas leur vie à leur place, en revanche."
Taiza Kujô est un avocat réputé de la place de la ville. Sa spécialité : défendre les cas complexes, les repris de justice, voire même des membres de la pègre. Deux affaires sont traitées dans ce tome introductif. Dans la première, ne durant qu'un seul chapitre, un jeune homme se présente au cabinet de l'avocat. Il est responsable d'un accident dans lequel un homme a trouvé la mort et son fils est dans le coma, une jambe en moins. Kujô accepte de le défendre. Il sépare la loi et la morale. Il a le devoir de défendre le client, même si le crime n'est pas pardonnable.
© 2021 Shohei Manabe / Kana
La seconde affaire prend tout le reste du manga. Dans L'honneur des faibles, Kujô va défendre un pauvre gamin qui deale de l'herbe pour survivre. Interpelé par un groupe de policiers, il est en bien mauvaise posture lorsque Kujô, assistant à la scène, se présente comme son avocat. Kujô le sauve d'un séjour au mitard et prend le garçon sous son aile. Ayant déjà goûté à la prison, ce dernier est sous la coupe de Kanemoto, un malfrat qui l'oblige à rendre des comptes dans un trafic de cannabis et de cocaïne.
© 2021 Shohei Manabe / Kana
On connaissait Shôhei Manabe pour sa série au long cours Ushijima, l'usurier de l'ombre, qui vient de se clore après 46 volumes. Ce manga très sombre nous faisait pénétrer dans l'univers sombre des yakuzas, où tout se paye bien plus cher qu'on ne le croit. Pessimiste, fataliste, souvent malaisant, il faut avoir le cœur bien accroché pour lire l'histoire d'Ushijima, ce type sans aucune morale à qui il vaut mieux ne pas emprunter de l'argent, même s'il en propose.
© 2021 Shohei Manabe / Kana
Dans son trait rude et réaliste le mangaka Shôhei Manabe est de retour avec un manga toujours sombre et réaliste, mais beaucoup plus supportable que le précédent. On quitte les yakuzas pour de "simples" gangsters ou malfrats. Taiza Kujô est une sorte de Jacques Vergès qui n'hésite pas à prendre en charge des situations semblant impossibles à défendre. Trouvera-t-il toujours les arguments pour sauver ses clients de situation inextricable ? On se laisse prendre au jeu dans un scénario malin. Dans un tel style et dans le genre société japonaise qui tente d'échapper à un avenir noir, on n'avait rien lu de mieux depuis Ikigami.
© 2021 Shohei Manabe / Kana
"Pourriez-vous défendre l'accusé… ? Criminel ou victime, la loi est aveugle…" Kujô a pour principes de ne pas en avoir. Comme l'avocat accroche ses clients qu'il ne laisse pas tomber, Manabe accroche les lecteurs avec les arguments implacables et inattendus de son héros.
Laurent Lafourcade
Série : Kujô l'implacable
Tome : 1
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505120414
Nombre de pages : 208
Prix : 7,55 €
82 après J-C, amphithéâtre de Vespasien et Titus, Rome, un jeune gladiateur de 20 ans s’apprête à entrer dans l’arène. C’est son premier combat comme thrace ! Il se semble pas au meilleur de sa forme et pourtant, il n’a pas le choix !
« Usque ad finem … et ultra »
Mais qui est-il et comment est-il arrivé là ?
Pour cela, il faut remonter en 74, à Pompéi. Il s’appelle Cleio, esclave gaulois et au service d’un aristocrate romain, Primus Pollia, de la famille Pollia. Il a « fui » volontairement le cloaque de Rome, 7 ans auparavant, avec sa fille Adriana ! Elle a son âge. Ils sont élevés ensemble comme frère et sœur. Même si de classes différentes, cela crée des liens qui se renforcent jour après jour …
A ses 18 ans, son Dominus promet de l’affranchir afin de lui permettre de s’engager dans la légion. Adriana devra, elle, trouver un mari de son rang !
© Trifogli – Celestini – Graph Zeppelin
En attendant, Quintus, le frère de Primus, vient lui rendre visite afin de l’inciter à revenir à Rome. A cette occasion, un malheureux incident l’oppose à Cleio ! Ne pouvant le punir, sa rancune sera tenace …
Mais l’éruption du Vésuve en octobre 79 bouleverse l’avenir tout tracé de chacun …
Seuls survivants, les 2 enfants errent pendant 1 an, vivant de maraudes et roueries aux alentours de Rome, prenant soin l’un de l’autre. Pourtant cela ne peut durer et Adriana décide de rejoindre son oncle et désormais tuteur.
© Trifogli – Celestini – Graph Zeppelin
Le destin des 2 jeunes va alors violemment s’écarter de leurs espoirs !
Elle va devenir une vraie noble Romaine afin d’épouser un patricien, vieux mais riche.
Lui va subir toute la violence de son état d’esclave … pour finir par « disparaître » de la vie d’Adriana …
© Trifogli – Celestini – Graph Zeppelin
Cependant, les Parques ont décidé que de jouer avec eux en leur faisant recroiser leur route au Colissée …
© Trifogli – Celestini – Graph Zeppelin
Petit patchwork mêlant « Gladiator », « Pompéi » de Paul W. S. Anderson et quelques autres péplums célèbres, Trifogli réussit un scénario original, même si de premier abord plutôt classique. Et pour une fois, il ne se dédouble pas en Trif pour une version plus « hot » de cette nouvelle série, probablement et logiquement dû à l’âge de ses héros en début de récit !
Les protagonistes nous plongent dans un Rome antique, dans son univers de gladiateurs et de nobles patriciens. Les premiers avides de leur liberté perdue, les seconds de leurs droits et pouvoirs, du rang qu’ils doivent tenir vis-à-vis des premiers !
© Trifogli – Celestini – Graph Zeppelin
Les dialogues sont plus que crédibles et l’insertion de nombreux termes latins augmente l’intérêt historique de l’ensemble. La mise en scène, le découpage des planches, les angles de vue, le rythme de l’action, tout y est pour planter le lecteur dans un spectacle épique de grande qualité ! Un graphisme plus que réaliste, des couleurs chaudes et violentes à la fois, un souci du détail notamment dans les décors et paysages offrent à la narration cet aspect « historique » indispensable. Le tout finissant sur une scène finale prometteuse d’un deuxième tome « rageur » !
Un péplum du 9e Art de toute beauté, à l’image de sa couverture !
Thierry Ligot
Titre : O juvenes lupi (O Jeunes Loups)
Série : Thrace
Tome : 1/3
Genre : Historique
Éditeur : Graph Zeppelin
Scénario : Francesco Trifogli
Dessin : Francesco Trifogli
Couleurs : Andrea Celestini
Nombre de pages : 48
Prix : 17,00 €
EAN : 9782380380019
"Mercredi 8 mars 2023, "Nuit blanche" d'Olivier Neuray s'abattait sur la Galerie Champaka pour une exposition avec 10 planches de chaque tome de la série ... un renouveau de la Ligne Claire, propre à Olivier, réaliste, raffinée et élégante. Une exposition à découvrir jusqu'au 24 mars 2023."
27 Rue Ernest Allard
1000 Bruxelles
02 514 91 52
Images : Axelle Coenen & Thierry Ligot
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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