"-Tu peux t'asseoir, Angelo. Alors vous devez analyser quels textes ? Je reste ici avec toi. Je te laisse faire et quand tu as commencé à écrire on peut en discuter d'accord ?
-D'accord.
-Ça va, Angelo ? Pas trop d'idées ? T'inquiète, tu vas finir par y arriver. J'attends un peu plus et après on lit ensemble ce que tu as écrit."
Gloria est assistante sociale dans un centre d'accueil. Jeune femme pleine d'espoir dans son métier, elle nettoie les cœurs et soulage les âmes. Enfin, quand elle le peut. Confrontée à des situations extrêmement complexes à gérer, surtout quand elles touchent le milieu familial, Gloria va devoir faire la part des choses entre sa vie privée et ses jeunes en souffrance qui l'absorbent.
© Pano - Rue de l'échiquier
Trois vies adolescentes sont au cœur de cet album si émouvant et malheureusement si réel, car chacune des situations est inspirée de faits réels.
Angelo est un garçon solitaire. Sa mère est sous Prozac parce que son fils est malade. Elle lui donne du Leponex, un neuroleptique antipsychotique utilisé dans le traitement de la schizophrénie. Gloria reçoit le lycéen mutique pour l'aider à s'ouvrir, mais les troubles d'Angelo vont prendre le dessus. Valentina semble avoir une vie équilibrée mais son sommeil est perturbé. Pourquoi ? Elle fait face au pire des cauchemars que peut vivre un enfant : l'inceste. C'est aussi le cas de Greta. Face à ces divers cas, Gloria va devoir trouver les mots pour soigner les maux, mais ça ne va pas toujours être possible, ça ne va pas toujours suffire.
© Pano - Rue de l'échiquier
Entre ses "affaires", Gloria tente de construire sa vie. Sa mère est une institutrice bientôt à la retraite. Son père travaille à la chaîne. Elle a un petit frère, encore scolarisé. Elle fait de la boxe pour évacuer tous les problèmes et toute la violence à laquelle elle doit faire face. Et puis, il y a ses amies, ses amours, la vie d'une jeune adulte, qui sert de paratonnerre et doit gérer la souffrance des jeunes qu'elle absorbe pour tenter de les aider.
Almudena Pano est une autrice espagnole. Elle a fait l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Gloria existe. C'est l'amie d'enfance d'Elisa, une amie et collègue d'Almudena qui l'a longuement interviewé. Les deux femmes ont commencé à développer l'histoire ensemble avant que les démons que rencontrent Gloria ne touchent personnellement Almudena Pano dans une histoire familiale. L'autrice a alors pris le récit de Gloria à cœur et Elisa l'a laissée s'en emparer. Almudena montre dans cet album comment des enfants tentent de se construire par rapport à des valeurs sociales d'adultes déjà pervertis. Dans une ligne claire à l'encrage épais et aux aplats massifs, façon vitraux, la dessinatrice propose une mise en BD originale qui sied parfaitement au thème. Ça peut paraître enfantin. C'est artistique et en adéquation totale avec le propos.
© Pano - Rue de l'échiquier
Almudena Pano n'édulcore pas les événements. Au-delà de dénoncer l'inceste, Gloria dénonce le silence, ce silence qui détruit, qui consume à petit feu, qui fait tant de bruit à l'intérieur. Si le livre n'aide qu'une seule langue à se délier, son but sera atteint. Mais il se pourrait bien qu'il soit une invitation à la thérapie pour plus d'une personne.
Laurent Lafourcade
One shot : Gloria
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Almudena Pano
Éditeur : Rue de l'échiquier
Nombre de pages : 168
Prix : 23 €
Vous trouverez ci-dessous l'horaire des auteurs CASTERMAN présents lors de la Foire du livre de Bruxelles
Sans-emploi et face au remboursement de son prêt étudiant, Kate, une jeune fille quitte sa famille et la Nouvelle-Écosse afin d’aller travailler à l’autre bout du Canada (nord de l’Alberta) dans une région où l’on extrait le pétrole des sables bitumineux.
À son arrivée, elle est quasiment la seule représentante féminine dans un environnement exclusivement peuplé d’hommes. Elle fait connaissance d’un monde où le sexisme et les différentes formes de harcèlements venant de ses collègues masculins alimentent son quotidien. Face à cette violence régnant dans son univers professionnel, elle s’interroge sur cet état des choses semblant découler du miroitement de notre propre société.
© Beaton - Casterman
Dans ce roman autobiographique de plus de 400 pages, Kate Beaton nous dévoile l’historique de ses trois années passées dans un univers exclusivement masculin. Tout y passe, des injures aux comportements inappropriés sans oublier les deux viols qu’elle a subi lors de cette période de sa vie. Elle y fait également mention des dommages causés à l’environnement avec l’extraction du pétrole tout en décrivant les conséquences sanitaires sur les populations locales.
© Beaton - Casterman
En résumé, un récit autobiographique brossant son début de parcours professionnel dans lequel elle s’exprime cash, sans langue de bois, mais également un plaidoyer concernant les dégâts causés par l’exploitation des sables bitumineux. À placer dans le Top 3 des romans graphiques de ce premier semestre 2023.
© Beaton - Casterman
Haubruge Alain
Titre : Environnement toxique
Genre : Intimiste - Roman graphique
Éditeur : Casterman
Scenario : Kate Beaton
Dessin : Kate Beaton
Nombre de pages : 440
Prix : 29,95 €
ISBN : 9782203242234
« Le Comte de Monte-Cristo » d’Alexandre Dumas ! Encore une adaptation allez-vous vous dire !
Plus de 23 adaptations au cinéma, 11 à la télévision mais également en jeu vidéo, comédies musicales, en musique et même à l’opéra !
Et dans le 9e Art ?
L’une des premières en bande dessinée date de janvier 1950 … album paru préalablement en épisode dans le journal « L’Intrépide » de février à juin 1949. Les auteurs de l’époque étaient George Fronval qui avait la difficile mission de découper ce fabuleux roman en 48 planches et Raymond Cazanave qui devait mettre son crayon au service de ce premier story-board ! Cette adaptation s’inspirait en fait plus de l’adaptation cinématographique de Claude Dolbert que du roman initial d’Alexandre Dumas !
Depuis, c’est à toutes les sauces que ce mythe se lit … avec des versions parfois fort surprenantes, réactualisées et modernes ! De Mickey au manga, il est clair d’Alexandre Dumas en a inspiré des auteurs !
Dès lors, il aurait été dommage de ne pas le voir apparaître dans la collection « Ex-Libris » de Delcourt ! mais c’est désormais chose faite avec ce volume 1.
© Dumas – Mallet - Loth - Delcourt
Pour le scénario, comme le veut l’éditeur, le respect le plus total avec l’œuvre d’origine. Nous sommes ainsi loin des libertés parfois prises dans certaines versions précédentes.
Donc point de surprise : il s’agit de l’histoire d’un homme, Edmond Dantès, à qui la vie semble tout promettre.
« Je crois que je suis trop heureux en ce moment pour être gai … il me semble que l’homme n’est pas fait pour tant de bonheur ! »
© Dumas – Mallet - Loth - Delcourt
Et il va vite s’en rendre compte ! Emprisonné injustement car trahi par 3 amis et servant les ambitions d’un jeune substitut du procureur du Roi, sa chute en enfer ne fait que commencer. Et pendant que ces derniers grimpent les échelons de la société, de la réussite et de la gloire, lui pourrira pendant 14 ans dans le sinistre château d’If.
Il perd tout : son avenir de capitaine à bord du Pharaon, sa belle fiancée Mercédès et même son père qui mourra de désespoir.
Sa rage et sa volonté de vengeance seront aidés par un autre prisonnier … l’abbé Faria et son fabuleux secret.
© Dumas – Mallet - Loth - Delcourt
Ce premier volume s’arrête au moment à Dantès s’apprête à monter à Paris …
Mais inutile d’en dire plus …
Patrick Mallet réussit néanmoins à nous offrir un scénario rythmé, un regard fidèle mais énergique que Bruno Loth traduit parfaitement dans son découpage et son trait. Un ton pastel avec un trait sec, dur, à l’image du récit …
© Dumas – Mallet - Loth - Delcourt
Pour être honnête, reconnaissons que Patrick Mallet n’en est pas à sa première adaptation littéraire. Il nous avait notamment déjà adapté les œuvres suivantes : « Les Plombs de Venise » tirés des Mémoires de Casanova, « Vathek » de William Beckford et « Smarra », d’après Charles Nodier.
Par conséquent, c’est avec le même talent qu’il nous rend cet Edmond Dantès si humain … malgré un uniquement désir de vengeance !
Comme dit plus haut, le découpage du roman n’est pas trahi par le crayon de Bruno Loth et les couleurs de son fils Corentin. Toute l’intensité du récit et surtout l’âme torturée d’Edmond Dantès ressortent dans ces visages émaciés de prisonnier, puis glacial et mortifère de Comte de Monte-Cristo.
© Dumas – Mallet - Loth - Delcourt
En conclusion, un tome impressionnant de réalisme, digne de l’écriture d’Alexandre Dumas et dont nous attendrons avec impatience la suite et fin dans un second volume magistral. Car comme le disait l’abbé Faria, il avait désormais « infiltré dans le cœur de Dantès un sentiment qui n’y était point … la vengeance ! ».
Thierry Ligot
Titre : Le Comte de Monte-Cristo
Tome : 1
Collection : Ex-Libris
Éditeur : Delcourt
Genre : Aventure
Scénario : Patrick Mallet
Dessin : Bruno Loth
Couleurs : Corentin Loth
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782413049814
"-J'ai forgé cet anneau du temps pour toi. Tu connais son pouvoir, tu sais ce qu'il peut accomplir.
-Revoir Aaricia…
-Et bien plus encore…Tu pourrais de nouveau lui parler, la toucher, et même vivre à ses côtés si tu le souhaites…
-Non ! Tu es venu me torturer, maudit serpent !
-Ce serait peine perdue. Rien ne pourrait te faire davantage souffrir que la mort de ta bien-aimée. Mais tu peux la retrouver."
Thorgal Aegirsson vient d'accompagner Aaricia pour son dernier voyage. Il a soixante-dix ans. Son épouse a rendu son dernier soupir. Un frèle esquif l'emmène vers le large. Depuis la berge, Thorgal tire une flèche enflammée pour l'embraser. Alors qu'il pleure sur le sable, apparaît Nidhogg, le serpent. Le démon propose au viking d'essayer un anneau magique, l'anneau d'Ouroboros. Il lui permettrait par un voyage dans le temps de retrouver son amour. Et voici Thorgal propulsé à l'époque de l'enfance d'Aaricia… et de la sienne. Le Thorgal de 70 ans va ainsi cohabiter avec celui d'une dizaine d'années afin de tirer leur chérie commune d'un bien mauvais pas.
© Recht, Georges – Le Lombard
A l'instar de XIII avec ses XIII Mystery et la prochaine jeunesse du Major Jones, Thorgal multiplie les séries dérivées. Après Louve et Kriss de Valnor qui se sont terminées et la fin très prochaine de La jeunesse de Thorgal, Thorgal Saga est la nouvelle série dérivée autour du monde du viking des étoiles. A l'instar de la série des Spirou vus par divers auteurs, cette collection va proposer des one shot écrits et dessinés par un artiste ou un duo qui raconteront un haut fait du viking à un moment précis de son histoire. Robin Recht est le premier à se frotter à l'exercice. L'auteur est parti du postulat : "Dans chaque vieux, il y a un enfant qui se demande ce qui s'est passé." C'est ainsi que lui est venu de mettre face à face un Thorgal vieillissant à son lui-même jeune. Il va également retrouver Gandalf-le-fou, le père d'Aaricia, en proie à un courroux qui n'arrange pas son caractère. Recht se sert d'éléments récurrents de la série-mère. On a pu voir le serpent Nidhogg dans "L'enfant des étoiles" et "La gardienne des clefs". Un anneau d'Ouroboros apparaît dans "Le maître des montagnes". Quant aux redoutables Baalds, ces barbares apparaissent dans "La magicienne trahie". Par ailleurs, Recht créé un personnage fort en la personne de Skraeling-la-noire, guerrière loyale et déterminée qui sera une alliée de choix. Un peu de féminisme dans Thorgal, ça fait du bien. Ça change d'Aaricia qui aura eu une vie plus proche de celle de la femme au foyer que de l'aventurière.
© Recht, Georges – Le Lombard
Robin Recht joue avec le temps dans une aventure incroyable. Il se permet de bousculer des personnages emblématiques d'une façon telle que l'on n'aurait pas cru que ce soit possible. Il mélange les cartes comme un magicien le fait au nez et à la barbe de ceux qui le regardent en essayant de comprendre comment il va retomber sur ses pieds. Le final est grandiose, à couper le souffle. La conclusion est philosophique. Elle amène une réflexion sur le sens de la vie. La barre est bien haute pour ceux qui succéderont à Robin Recht pour un prochain Thorgal Saga. Fred Duval et Corentin Rouge sont déjà au travail. On leur souhaite bonne chance mais on leur fait confiance.
© Recht, Georges – Le Lombard
Quarante-six ans après son apparition dans le journal Tintin, l'univers de Thorgal a encore de nouveaux horizons à nous faire découvrir. C'est la magie d'une création forte qui fait partie du cercle très fermé des plus grands classiques de la bande dessinée franco-belge.
Laurent Lafourcade
Série : Thorgal Saga
Tome : 1 – Adieu Aaricia
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario & Dessins ; Robin Recht
Couleurs : Gaëtan Georges
D'après : Rosinski & Van Hamme
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782803679065
Nombre de pages : 112
Prix : 21,50 €
Spécial printemps Numéro double 100 pages !
Après le spécial été et le spécial Noël, voici le spécial printemps. Notre journal favori prend des couleurs, le soleil perce et les fleurs poussent. Une douce chaleur de mi-saison vient nous envelopper… grâce à Spirou. Pas moins de sept récits complets composent ce numéro, sont un signé Jean-Claude Servais, assez rare dans Spirou pour le souligner. Parmi les petites curiosités, David Etien et les BeKa nous offrent un gag avec Spirou, Fantasio, Spip et Champignac. Lisez-le de fond en comble et jusqu’au bout, le scoop signé Cossu vaut le coup.
A numéro exceptionnel, double couverture exceptionnelle, non…, sublime. Elle est signée Dav, tout simplement l’un des meilleurs dessinateurs animaliers du moment. Regardez-là, dépliez-là. Enjoy.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Dav – Dupuis
Histoires à suivre :
A-Lan : Inside the darknet |
Labourot / BeKa |
Cœurs de ferraille (Les) : L’inspiration |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Ziad |
Lai / Bocquet / Alquier |
Récits complets :
Capitaine Anchois |
Floris |
Clairière s’amuse ! (La) |
Priou / Cerq / Gom |
Eveil (L’) |
Dav |
Grande éclosion (La) |
Gally / Cazot |
Petits métiers méconnus (Les) |
Efa / Zabus |
Printemps sur Myriade (Le) |
Burniat |
Renard rusé |
Servais / Raives |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Cédric |
Laudec / Leonardo |
Coach (Le) |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Crash Tex |
Dab’s / Gom |
Dad |
Nob |
Denise & Charles, chasseurs de créatures |
Waltch / Gorobei / Ced |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) + Edito (L’) la suite |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Kahl & Pörth |
Hofmann / Ced / Sauvêtre |
Nelson |
Bertschy |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Petit Spirou (Le) |
Janry / Cerise |
Psychotine |
Zimra / Pujol |
Spirou et Fantasio : Nature vivante |
Etien / BeKa |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans ma bibliothèque |
Morvan |
En direct du futur : Lucky Luke explosif |
Cossu |
Interview |
BeKa / Munuera |
Jeux : Une journée de déjà-vu ! |
Antoine / Morin |
Leçon de BD (La) |
Collin |
Spirou et moi |
Evrard |
Tout ce qu’il savoir sur…pour briller en société : Le cerf-volant |
De Moté / Lecrenier |
En kiosques et librairies le 22 mars 2023
3,90 €
Laurent Lafourcade
Mercredi 15 mars 2023, 1ère capsule de "Derrière la palette ..." tournée dans les locaux de la RTBF, avec comme invités Pilar Pujadas et Luc Peiffer. Un premier album qui ressemble déjà à une perle : "Un Amour suspendu" aux éditions Kennes. Une ode à l'amour idyllique, à une vie rêvée car uniquement imaginée lors d'une longue promenade en huis clos de 24 h au bord de l'océan pour 2 jeunes qui ne se connaissent pas !
Interview : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Le plaisir de la bande dessinée se retrouve en général aussi bien dans le dessin que dans les dialogues. Ces derniers apportent au premier contexte, sens et contenu à la narration. Moteur du récit, il donne aux lecteurs les clés pour avancer dans l’intrigue et en comprendre les rouages.
De manière générale, en plus d’exprimer les pensées des personnages, le texte fournit aux lecteurs les éléments utiles à la compréhension des situations et scènes.
Mais qu’en serait-il si, dans une bande dessinée, le scénariste omettait d’en inclure ? Une narration silencieuse, muette où seul le dessin serait présent sur la page ?
Les situations n’en seraient-elles pas « simplifiées » ? Tout devrait passer par le dessin, les attitudes, les regards, les non-dits … ressentis et sentiments, volontés et désirs, ordres et consentements !
C’est toute l’histoire de ces 4 petits récits de Jerrert, auxquels Elena Ominetti donne vie par son crayon et sa palette de couleurs.
© Jerrert – Ominetti – Tabou
4 fantasmes pour les uns, 4 fantaisies pour les autres mis en vie en 4 saynètes où les protagonistes, sans la moindre parole, subissent ou obtiennent la concrétisation d’un désir secret.
Car au départ, juste une situation anodine, un quiproquo ou une erreur de bagage. Rien de bien « cocasse » … mais qui rapidement pourrait « échapper » à tout contrôle ! La femme qui rentre chez elle durant un cambriolage et surprend le cambrioleur affublé de sa lingerie fine, le petit copain indifférent sortant sa copine dans un cabaret où la chanteuse s’échauffe au regard de son pianiste ou de la copine justement, ce voyageur prenant par erreur la valise d’une belle rousse à l’aéroport ou cette jeune punk, dans une bibliothèque universitaire, se faisant réprimander pour ses rires en regardant une vidéo porno …
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Quand le quotidien dérape pour de l’insolite avant de finir au mieux orgie, mais tout cela dans un silence absolu !
Jerrert nous concocte 4 petits scénarios jouissifs et pervers à souhait. Nous ne savons rien des personnages, mais est-ce là le plus importants ? Non, car finalement, cela pourrait être chacun d’entre nous ou nos voisins justement ! Donc chuuuuut !
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Par conséquent, tout passe par le dessin et sa magie. Entre trait élégant, teintes douces et pastelles, ambiances intimistes, Elena Omintti nous entraîne dans son érotisme délicat. La magie opère d’autant plus que chaque petit récit est mis en valeur par un jeu de couleur subtil où seule une nuance donne tout le relief : le rouge pour la femme surprenant son cambrioleur, le violet pour le cabaret, l’orange-roux pour la voyageuse égarant sa valise et le rouge rosé pour la punk !
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Et vous, quelle couleur préférez-vous ? Quelle ambiance vous attire ?
A ne pas glisser entre toutes les mains évidemment …
Thierry Ligot
Titre : Sans un mot
Genre : Adulte
Éditeur : Tabou
Scénario : Jerrert
Dessin & couleurs : Elena Ominetti
Nombre de pages : 46
Prix : 17,00 €
ISBN : 9782359541847
1 h du matin, rue des Lilas, un petit coup de blues dans son couple. Elle ne sait plus où ils vont. Y vont-ils ensemble ? Leur avenir lui semble tellement brumeux … un peu comme la brume du matin sur la marée descendante.
1 h du matin, bar Los Amigos, un petit coup de blues sur ses amours ou plutôt son incapacité à tomber amoureux. Drame de sa vie à peine d’adulte ! Sa froideur est tellement loin de l’histoire intense auquel il aspire, comme la marée montante.
Chacun, sans se connaître, se perd dans ses pensées, errant sans but … mais jusqu’au bord de l’océan. Vaste étendue rêveuse, inspirante, respirante … où des inconnus peuvent se croiser sans se voir, sans se parler … Ou au contraire oser s’aborder simplement !
Le début d’une belle histoire, pleine de promesses ?
- Ça vous dérange si on fait un bout de chemin ensemble ?
- Hmm
- Dites-le-moi sincèrement, je peux laisser quelques mètres d’écart entre nous !
- Mais non, ça ne me dérange pas !
…
- (…) je me suis mis à imaginer que vous étiez ma copine … mon amoureuse, quoi.
…
- Bon, Admettons que je sois votre copine, votre amoureuse comme vous dites. Avez-vous déjà une idée de ce que nous allons vivre ensemble ?
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Ainsi débute cette longue promenade au bord de mer, s’arrêtant ici dans un bar de plage, là dans une crique cachée, longeant un port, traversant une kermesse du village, … A deux, même perdus dans la foule, 24 heures pour esquisser leur vie à deux !
Et après ? Entre imaginaire et réalité ???
Car quand la vie ne vous offre pas ce que vous espérez du plus profond de votre âme, n’est-il pas plus simple de le rêver ? Et lorsque nous sommes deux sur la même planète, dans le même délire naturel, improvisé, tout y est beau, même les affres et difficultés de la vie !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
A la fois sensible, drôle, universel … un album qui rassemble sur l’essentiel, le moteur de toute vie : l’amour et sa recherche !
Au départ, une idée, une image de Luc. Il ne sait pas exactement qu’en faire mais elle lui colle à la peau. Et c’est à son amie de plus de 30 ans, Pilar, qu’il va la confier pour en faire un scénario … une ode à l’impossible, à un amour suspendu !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Une narration qui coule de source avec ses espoirs, ses moments de joie, de plaisir, de réussite, de crainte et de doute également. Les embûches ne seront pas épargnées à ces deux amoureux rêveurs. Ils ne se connaissaient pas … Une longue balade au bord de mer, une journée pour une vie ! Voilà ce que nous offre ce duo surprenant, goûtant pour la première fois à la magie de la création commune d’une histoire intemporelle.
Le graphisme et sa palette de couleurs sont à l’unisson du récit : doux, sensibles, paisibles ici et plus sombres dans les orages de la vie. Une ligne claire réaliste dans une structure classique où les planches muettes sont aussi, si pas plus, parlantes que les dialogues soignés. Des regards, des attitudes, des gros plans ici et là qui transforment ce récit en un conte de fée moderne … On a envie d’y croire, on envie ces deux inconnus qui ignorent jusqu’à leur prénom.
© Pujadas – Peiffer – Kennes
En les suivant, nous pourrions craindre des longueurs, une baisse de rythme … Nullement car le détail singulier, l’inconscient de leur parcours se trouve également dans le décor, les personnes qui les croisent sans les voir, et réciproquement !
On sent le temps qui s’écoule au gré des pages sans en sentir la lassitude et c’est presque avec regret que nous arrivons à la fin de la journée …
Nul doute que nous devinons aisément la complicité et l’amitié profonde qui lient scénariste et dessinateur … Ce dernier n’hésitant pas à représenter leur famille respective dans les figurants, voire Emma, dont Luc avoue qu’il s’est inspiré de sa propre fille !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Un premier album qui ressemble déjà à un petit chef-d’œuvre d’humanité pudique en appelant un autre … Mais le sujet ici est clos. Une suite est impossible et gâcherait le plaisir.
Dès lors, ce sera avec dans un nouvel « univers », pas si éloigné cependant du milieu marin, que Pilar et Luc nous entraînerons dans leur prochain opus.
Car aucune raison, après ce sublime « Un amour suspendu », de s’arrêter …
Thierry Ligot
Titre : Un Amour suspendu
Genre : BD adulte
Éditeur : Kennes
Scénario : Pilar Pujadas
Dessin : Luc Peiffer
Nombre de pages : 72
Prix : 19,95 €
ISBN : 9782380758894
Mercredi 8 mars, à la Galerie Champaka, Olivier Neuray revenait sur ses premiers amours avec les superbes planches de "Nuit Blanche", série réalisée avec Yann. Et à cette occasion, il nous accordait une interview exclusive pour "Derrière la palette ...", histoire de mieux le connaître en faisant un petit flashback sur sa carrière de dessinateur, lui qui désormais se consacre à la peinture et à la gravure.
Remerciements à la Galerie Champaka
Interview : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
![]() |
©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
![]() |