Le plaisir de la bande dessinée se retrouve en général aussi bien dans le dessin que dans les dialogues. Ces derniers apportent au premier contexte, sens et contenu à la narration. Moteur du récit, il donne aux lecteurs les clés pour avancer dans l’intrigue et en comprendre les rouages.
De manière générale, en plus d’exprimer les pensées des personnages, le texte fournit aux lecteurs les éléments utiles à la compréhension des situations et scènes.
Mais qu’en serait-il si, dans une bande dessinée, le scénariste omettait d’en inclure ? Une narration silencieuse, muette où seul le dessin serait présent sur la page ?
Les situations n’en seraient-elles pas « simplifiées » ? Tout devrait passer par le dessin, les attitudes, les regards, les non-dits … ressentis et sentiments, volontés et désirs, ordres et consentements !
C’est toute l’histoire de ces 4 petits récits de Jerrert, auxquels Elena Ominetti donne vie par son crayon et sa palette de couleurs.
© Jerrert – Ominetti – Tabou
4 fantasmes pour les uns, 4 fantaisies pour les autres mis en vie en 4 saynètes où les protagonistes, sans la moindre parole, subissent ou obtiennent la concrétisation d’un désir secret.
Car au départ, juste une situation anodine, un quiproquo ou une erreur de bagage. Rien de bien « cocasse » … mais qui rapidement pourrait « échapper » à tout contrôle ! La femme qui rentre chez elle durant un cambriolage et surprend le cambrioleur affublé de sa lingerie fine, le petit copain indifférent sortant sa copine dans un cabaret où la chanteuse s’échauffe au regard de son pianiste ou de la copine justement, ce voyageur prenant par erreur la valise d’une belle rousse à l’aéroport ou cette jeune punk, dans une bibliothèque universitaire, se faisant réprimander pour ses rires en regardant une vidéo porno …
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Quand le quotidien dérape pour de l’insolite avant de finir au mieux orgie, mais tout cela dans un silence absolu !
Jerrert nous concocte 4 petits scénarios jouissifs et pervers à souhait. Nous ne savons rien des personnages, mais est-ce là le plus importants ? Non, car finalement, cela pourrait être chacun d’entre nous ou nos voisins justement ! Donc chuuuuut !
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Par conséquent, tout passe par le dessin et sa magie. Entre trait élégant, teintes douces et pastelles, ambiances intimistes, Elena Omintti nous entraîne dans son érotisme délicat. La magie opère d’autant plus que chaque petit récit est mis en valeur par un jeu de couleur subtil où seule une nuance donne tout le relief : le rouge pour la femme surprenant son cambrioleur, le violet pour le cabaret, l’orange-roux pour la voyageuse égarant sa valise et le rouge rosé pour la punk !
© Jerrert – Ominetti – Tabou
Et vous, quelle couleur préférez-vous ? Quelle ambiance vous attire ?
A ne pas glisser entre toutes les mains évidemment …
Thierry Ligot
Titre : Sans un mot
Genre : Adulte
Éditeur : Tabou
Scénario : Jerrert
Dessin & couleurs : Elena Ominetti
Nombre de pages : 46
Prix : 17,00 €
ISBN : 9782359541847
1 h du matin, rue des Lilas, un petit coup de blues dans son couple. Elle ne sait plus où ils vont. Y vont-ils ensemble ? Leur avenir lui semble tellement brumeux … un peu comme la brume du matin sur la marée descendante.
1 h du matin, bar Los Amigos, un petit coup de blues sur ses amours ou plutôt son incapacité à tomber amoureux. Drame de sa vie à peine d’adulte ! Sa froideur est tellement loin de l’histoire intense auquel il aspire, comme la marée montante.
Chacun, sans se connaître, se perd dans ses pensées, errant sans but … mais jusqu’au bord de l’océan. Vaste étendue rêveuse, inspirante, respirante … où des inconnus peuvent se croiser sans se voir, sans se parler … Ou au contraire oser s’aborder simplement !
Le début d’une belle histoire, pleine de promesses ?
- Ça vous dérange si on fait un bout de chemin ensemble ?
- Hmm
- Dites-le-moi sincèrement, je peux laisser quelques mètres d’écart entre nous !
- Mais non, ça ne me dérange pas !
…
- (…) je me suis mis à imaginer que vous étiez ma copine … mon amoureuse, quoi.
…
- Bon, Admettons que je sois votre copine, votre amoureuse comme vous dites. Avez-vous déjà une idée de ce que nous allons vivre ensemble ?
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Ainsi débute cette longue promenade au bord de mer, s’arrêtant ici dans un bar de plage, là dans une crique cachée, longeant un port, traversant une kermesse du village, … A deux, même perdus dans la foule, 24 heures pour esquisser leur vie à deux !
Et après ? Entre imaginaire et réalité ???
Car quand la vie ne vous offre pas ce que vous espérez du plus profond de votre âme, n’est-il pas plus simple de le rêver ? Et lorsque nous sommes deux sur la même planète, dans le même délire naturel, improvisé, tout y est beau, même les affres et difficultés de la vie !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
A la fois sensible, drôle, universel … un album qui rassemble sur l’essentiel, le moteur de toute vie : l’amour et sa recherche !
Au départ, une idée, une image de Luc. Il ne sait pas exactement qu’en faire mais elle lui colle à la peau. Et c’est à son amie de plus de 30 ans, Pilar, qu’il va la confier pour en faire un scénario … une ode à l’impossible, à un amour suspendu !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Une narration qui coule de source avec ses espoirs, ses moments de joie, de plaisir, de réussite, de crainte et de doute également. Les embûches ne seront pas épargnées à ces deux amoureux rêveurs. Ils ne se connaissaient pas … Une longue balade au bord de mer, une journée pour une vie ! Voilà ce que nous offre ce duo surprenant, goûtant pour la première fois à la magie de la création commune d’une histoire intemporelle.
Le graphisme et sa palette de couleurs sont à l’unisson du récit : doux, sensibles, paisibles ici et plus sombres dans les orages de la vie. Une ligne claire réaliste dans une structure classique où les planches muettes sont aussi, si pas plus, parlantes que les dialogues soignés. Des regards, des attitudes, des gros plans ici et là qui transforment ce récit en un conte de fée moderne … On a envie d’y croire, on envie ces deux inconnus qui ignorent jusqu’à leur prénom.
© Pujadas – Peiffer – Kennes
En les suivant, nous pourrions craindre des longueurs, une baisse de rythme … Nullement car le détail singulier, l’inconscient de leur parcours se trouve également dans le décor, les personnes qui les croisent sans les voir, et réciproquement !
On sent le temps qui s’écoule au gré des pages sans en sentir la lassitude et c’est presque avec regret que nous arrivons à la fin de la journée …
Nul doute que nous devinons aisément la complicité et l’amitié profonde qui lient scénariste et dessinateur … Ce dernier n’hésitant pas à représenter leur famille respective dans les figurants, voire Emma, dont Luc avoue qu’il s’est inspiré de sa propre fille !
© Pujadas – Peiffer – Kennes
Un premier album qui ressemble déjà à un petit chef-d’œuvre d’humanité pudique en appelant un autre … Mais le sujet ici est clos. Une suite est impossible et gâcherait le plaisir.
Dès lors, ce sera avec dans un nouvel « univers », pas si éloigné cependant du milieu marin, que Pilar et Luc nous entraînerons dans leur prochain opus.
Car aucune raison, après ce sublime « Un amour suspendu », de s’arrêter …
Thierry Ligot
Titre : Un Amour suspendu
Genre : BD adulte
Éditeur : Kennes
Scénario : Pilar Pujadas
Dessin : Luc Peiffer
Nombre de pages : 72
Prix : 19,95 €
ISBN : 9782380758894
Mercredi 8 mars, à la Galerie Champaka, Olivier Neuray revenait sur ses premiers amours avec les superbes planches de "Nuit Blanche", série réalisée avec Yann. Et à cette occasion, il nous accordait une interview exclusive pour "Derrière la palette ...", histoire de mieux le connaître en faisant un petit flashback sur sa carrière de dessinateur, lui qui désormais se consacre à la peinture et à la gravure.
Remerciements à la Galerie Champaka
Interview : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Jeudi 16 mars 2023 ! Vernissage de l'expo "Le Chat au Châtelain" chez Huberty & Breyne, place du Châtelain à Bruxelles, avec de nombreux invités. Un réel succès de foule, d'amis, d'amateurs d'art et fans du Chat. A visiter jusqu'au 13 mai 2023 ... et dans le Parc Royal de Bruxelles pour les statues en bronze, jusqu'au 30 juin 2023 ! Chat chest chuper !"
Jeudi 9 mars 2023, Philippe Geluck présente son expo "Le Chat au Châtelain". L'occasion de lui poser quelques petites questions inédites et différentes. Une nouvelle capsule de "Derrière la palette ... " avec la papa du Chat ... pour BD Best évidemment ! A la galerie Huberty & Breyne de Bruxelles
Remerciements à CASTERMAN et à la GALERIE HUBERTY & BREYNE Bruxelles
TItre : Le Chat déambule
Éditeur : Casterman
Dessin : Philippe Geluck
Nombre de pages : 168
Prix : 25,00 €
ISBN : 9782203238855
© Geluck - Casterman
Interview : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen & Thierry Ligot
Mise en ligne : Alain Haubruge
"-On ne voit plus Charlie, ces derniers temps. Il a peut-être arrêté le lycée.
-Quoi ? T'es pas au courant ?
-De quoi ?
-Un membre de l'Ala s'est fait choper près d'ici. Et Charlie était sur les lieux !
-Sérieux ? Alors c'est vrai ce qu'on dit : il est de mèche avec ces foutus terroristes !"
Charlie, l'humanzee, être hybride né d’un humain et d’une femelle chimpanzé dans un institut de recherche biologique, est dans un bien mauvais pas. Soupçonné d'être en lien avec l'Ala, une organisation qui prône le véganisme de façon violente, il est en garde à vue. Un avis de recherche a été lancé à l'encontre de deux hommes soupçonnés dans être les chefs. L'un d'eux est un ancien officier de l'armée américaine. Alors que sa famille, avec l'aide de Lucy, fait tout pour que Charlie retrouve le plus vite possible le chemin du lycée, les terroristes végans n'hésitent pas à faire couler du sang humain sous prétexte de sauver les animaux, voulant faire de Charlie leur leader. Mais l'humanzee est-il prêt à tout sacrifier pour cela ?
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022
Alors qu'à la lecture du premier volume l'on pouvait s'attendre à une énième resucée de La planète des singes, c'est dans une toute autre direction que nous embarque le mangaka Shun Umezama. L'auteur y mêle extrémisme, complotisme et politique, sur fond d'évolution de l'espèce humaine. Les membres de l'Ala n'ont aucune limite. Se pose alors une question fondamentale : pour se faire entendre, faut-il aller plus loin que ce que l'on dénonce ? Est-ce en tuant des humains que l'on peut convaincre le monde de sauver la cause animale ? La loi du Talion, œil pour œil, dent pour dent, fait-elle comprendre les choses ? Au beau milieu de cette problématique, Charlie est un spectateur que l'on place dans un rôle d'acteur sans qu'il l'ait demandé. L'organisation secrète prônant le véganisme et luttant contre les expérimentations animales va-t-elle réussir à "retourner" Charlie ? L'humanzee pourra-t-il garder son libre arbitre ? Cette organisation n'aurait-elle pas un autre but que la cause qu'elle défend en apparence ?
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022
Dans la même optique mais dans une mise en forme différente que Walking Dead, Darwin's incident est une critique de la société capitaliste moderne. Arrêtons-nous un instant sur la couverture du tome 3 qui est une revisite de Nighthawks, célèbre tableau d'Edward Hopper. L'artiste se serait inspiré d'une nouvelle d'Hemingway, The killers, qui raconte l'histoire de deux tueurs à gages qui attendent leur victime, ainsi que du tableau Café de nuit de Van Gogh pour son ambiance nocturne dans un lieu déserté où le temps s'est arrêté. Rien de lieux ne pouvait symboliser le décalage qu'il existe entre Charlie et le monde qui l'entoure, qui ne va pas à la même vitesse que lui. On remarque que par ailleurs, Charlie tient dans les mains un exemplaire de Frankenstein de Mary Shelley, créature créée, comme lui, perdue, comme lui, mais qui a envie de prendre malgré tout son destin en main, comme lui.
© Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2022
Darwin's incident confirme son impressionnant potentiel. Charlie est en pleine recherche de réponses aux questions posées dans son tableau par Paul Gauguin : "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?", et nous entraîne avec lui dans sa quête. Or de question qu'on le laisse seul.
Laurent Lafourcade
Série : Darwin’s incident
Tomes : 2 & 3
Genre : Anticipation
Scénario & Dessins : Shun Umezawa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505114932/9782505119197
Nombre de pages : 192
Prix : 7,45 €
"-Hé hé !
-Je crois que le cours est pas près de commencer les gars.
-Hi hi.
-Hé patate !
-Bouboule !
-Grosse vache !
-T'aurais pas des punaises ? Pour mettre sur sa chaise…
-Qu'elle éclate !"
Romain, 11 ans, bientôt 12, ne supporte plus que ses camarades de classe se moquent de la maîtresse. Mademoiselle Sophie a toujours été grosse, mais depuis les vacances, en quinze jours, elle a énormément pris. Elle s'essouffle en montant les escaliers et doit subir les lazzis et quolibets des élèves qui se cachent à peine pour se moquer d'elle. Elle est si gentille. Jamais elle ne crie sur quelqu'un qui ne comprend pas. Elle aime tous les élèves. Elle a toujours pris la défense des opprimés. Aujourd'hui, elle a besoin de Romain. Le garçon voudrait bien, tel un super héros, rabattre le caquet des méchants, mais la dure réalité le rappelle à l'ordre. Romain se confie à sa grande sœur. Pourquoi Mademoiselle Sophie s'enferme à clef le midi dans sa classe ? Romain va n'avoir désormais qu'un seul but : découvrir les nuances derrière les apparences. Il veut comprendre qui elle est vraiment et savoir ce qui lui arrive.
© Hippolyte, Zabus - Delcourt
La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui devient adolescent et d'une dame obèse, mal dans sa peau, mal dans son âme, parce que son corps est devenu un fardeau. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui met un pied, puis l'autre, dans un monde d'adulte et qui essaye de comprendre comment ça se passe chez eux. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est une histoire d'amour, ou plutôt d'amours, avec un "s" : l'amour que l'on croît impossible parce qu'on ne se voit pas comme les autres nous voient, l'amour que l'on voit passer devant soi sans qu'il ne s'arrête et qui se met en place entre deux personnes, mais pas pour soi, l'amour d'un élève pour sa maîtresse envers qui il est si reconnaissant qu'il est hors de question pour lui qu'il la laisse se détruire.
© Hippolyte, Zabus - Delcourt
Vincent Zabus est le Ionesco de la bande dessinée. Passionné de théâtre, le scénariste livre une histoire qui n'aurait peut-être pas existé sous cette forme si Rhinocéros n'était pas passé par là. Zabus ne pousse pas l'absurde aussi loin que le maître du genre mais joue comme lui avec ce parallèle entre l'espèce humaine et le monde animal. Romain préfèrerait rester petit à jamais, ce serait rassurant, rassurant et terriblement ennuyeux. C'est impossible. Le lionceau doit laisser sa crinière pousser pour devenir un lion. Rhinocéros était une satire sur la montée des totalitarismes et les dangers du conformisme avec la perte de la pensée individuelle. Les élèves de la classe de Mademoiselle Sophie ressemblent à cette meute qui avance d'un même pas et s'entraîne dans une méchanceté dangereuse car globale.
Après Les ombres et Incroyable !, Hippolyte retrouve son complice Zabus pour un conte merveilleux, qui arrache des larmes, ouvre les cœurs et réchauffe les âmes. Hippolyte ne met que les traits nécessaires à l'émotion dans un graphisme à la Sempé qui aurait rencontré Quentin Blake.
© Hippolyte, Zabus - Delcourt
La Fontaine a écrit les plus belles fables. Il en manquait une, celle d'un lion et d'un hippopotame. Zabus et Hippolyte l'ont rédigé et dessiné, avec la même force et la même grâce que leur prédécesseur. Indispensable.
Laurent Lafourcade
One shot : Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l'hippopotame
Genre : Emotion
Scénario : Vincent Zabus
Dessins & Couleurs : Hippolyte
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 168
Prix : 23 €
"-Ce mec a désintégré tout ce métal en un seul geste… La force de malade, j'hallucine !!!
-Heliooo !!! Il doit être en miettes !! Bouhouhou…
-Attention !!
-Ecartez-vous !!
-Les débris tombent sur le chantier !!!"
Helio affronte le Major Brickmarck en plein milieu d'un chantier. Les deux ennemis n'ont pas la même conception de l'humanité. Alors que le Major réduit en esclavage d'honnêtes gens pour servir ses intérêts, détruit la nature pour faire du profit et écrase tout ce qui le dérange par la force, Helio et ses compagnons combattent ce bourreau pour la liberté de ses victimes. Pour l'instant, le combat semble bien inégal. Il faut dire que Helio soufre d'une maladie du cœur qui limite grandement ses efforts. Mais sa volonté de protéger les plus faibles va décupler ses compétences. Sera-ce suffisamment pour vaincre l'ennemi ?
© Cointault - Glénat
Wind Fighters se clôt avec ce quatrième volume. Christophe Cointault prouve que le manga à la française, quand il est fait avec une telle qualité, n'a plus rien à envier aux productions japonaises. Le mangaka écrit une histoire de développement personnel qui démontre que l'esprit peut décupler la force physique. Helio va puiser toute son énergie au fond de lui pour devenir un Wind Fighter remarquable.
© Cointault - Glénat
La série met également le focus sur la force des relations frère-sœur. A l'origine, le manga aurait dû être centré sur Hope. Ce n'est qu'au cours du développement qu'Helio est apparu, jusqu'à prendre le premier rôle. Si Helio peut être belliqueux, Hope est plus tempérée. L'un et l'autre se complètent. On ne peut s'empêcher de penser à Luke et Leia dans Star Wars, à Ron et Ginny Weasley dans Harry Potter, ainsi que dans un tout autre genre à Bart et Lisa Simpson. Pour rester dans le manga, le plus grand exemple de complicité dans le genre est celui d'Edward et Alphonse Elric dans le monumental Full Metal Alchemist, même s'il s'agit de deux frères. Et comment ne pas citer Eren et Mikasa, frères et sœurs adoptifs, dans L'attaque des titans. Hope et Helio entrent dans cette glorieuse famille de frères-sœurs dans le manga.
© Cointault - Glénat
Alors que Wind Fighters se clôt déjà, Christophe Cointault préférant les séries n'étant pas interminables, l'auteur, sous le pseudonyme de Topher, planche déjà sur son prochain projet, qui sera un poil plus adulte et se situera dans le monde du MMA. En attendant de pénétrer dans l'octogone, ce sont bien Helio et les Wind Fighters qui sont au combat.
Série : Wind Fighters
Titre : 4 – Elle et lui
Genre : Manga Shonen Heroïc Fantasy
Scénario & Dessins : Christophe Cointault
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344046012
Nombre de pages : 192
Prix : 6,90 €
« - Vos dessins sont toujours aussi précis… Mais les gens n’ont plus le goût de la découverte, des grands espaces… Ils ont juste besoin d’une bonne connxion internet, pas d’un mauvais bateau.
- Ce bateau est à sa mère. Je ne peux pas le vendre.
- Cela fait 6 ans qu’il moisit au port, que les frais de garde ne sont pas réglés… Les injonctions de la mairie sont imminentes. Le rafiot sera saisi, envoyé aux épaves et vous ne gagnerez rien. Le prix que je vous propose me paraît plus approprié... »
Le terrain de jeu de Vava, Dico et Trésor, dit Trez’, c’est Brigantin, un vieux bateau à voile en bois attaché à la jetée. Autant dire que lorsqu’un collectionneur propose au père de Trésor de le lui racheter, ce n’est pas tellement du goût de Trésor, d’autant plus qu’il appartenait à sa mère qui a disparu. S’opposant à la décision de son père qui a besoin d’argent, le gamin, aidé par ses amis à qui il a fait miroiter la quête d’une Pierre de vœu grâce à une fausse carte, lève les voiles. C’est le départ vers le grand large. Gerbouille lance Maxi Quenottes pour larguer les amarres. Pas sûr que le collectionneur et son étrange homme de main restent sans réagir.
© De la Provôté, Saurel - Dupuis
Trésor est un gamin de neuf ans qui vit avec son père. Sa mère a disparu. On ne sait pas comment. Le duo enfant/parent seul est devenu un classique dans la bande dessinée jeunesse moderne. Nola de La boîte à musique, ou dans un autre registre Kid Paddle, comme Trésor, vivent avec leur papa. Trésor ne va pas à la seule quête de l’aventure pour protéger le seul bien qui le relie à sa mère. Son aventure est aussi une introspection sur sa jeune vie. Il va avoir à faire avec des vilains vraiment très vilains, en particulier Mollusque, majordome cybernétique.
© De la Provôté, Saurel - Dupuis
Jean-Baptiste Saurel et Pauline de la Provôté réalisent une ode à l’enfance et à l’aventure. Jules Verne, les orphelins Baudelaire et Les goonies frappent à la porte de Trésor. On retrouve une bande d’enfant qui partagent des secrets et inventent des univers. Les auteurs viennent de la télévision et de l’animation et ça se sent autant dans le rythme que dans le graphisme. Le monde de Trésor serait déjà quasi-prêt pour s’animer. Saurel est réalisateur et scénariste pour tous types de médias. De la Provôté est issue de l’école des Gobelins. Graphiquement, son trait se rapproche de celui de Bannister qui était il y a quelques années aux commandes de la série Les enfants d’ailleurs, également chez Dupuis.
© De la Provôté, Saurel - Dupuis
Rien ne se démode plus vite que la mode. Trésor et ses amis ne le sont pas et c’est tant mieux. La vague rouge est bien partie pour déferler sur la bande dessinée jeunesse intemporelle.
Laurent Lafourcade
Série : Trésor
Tome : 1 - La vague rouge
Genre : Aventure
Scénario : Jean-Baptiste Saurel
Dessins & Couleurs : Pauline de la Provôté
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034763016
Nombre de pages : 80
Prix : 12,95 €
"-En général, l'être humain se pose inconsciemment une limite psychologique qui se situe avant la limite physiologique, car si celle-ci est dépassée, cela peut mener à la mort. C'est une occasion en or de repousser nos limites psychologiques ! Un voyage est l'occasion de dépasser celui ou celle que nous étions hier et de ranaître à nous-mêmes, grandis et renforcés !
-Bien dit, Béa ! On peut toujours renoncer si c'est trop difficile ! Mais avant ça, il faut essayer ! En route pour la limite Nord du Japon !!"
Kilomètre zéro. 246 kilomètres avant l'objectif Wakkanai. Akira, Kenichiro, Béa et Shizuka sont en panne d'essence. Leur camping-car ne peut plus avancer, plus de jus. Qu'à cela ne tienne, ils vont continuer à pied, ou plutôt à la course. C'est parti pour un Spartathlon, poursuivi par des zombies. Ils vont trouver refuge dans un hôtel bien particulier dont le majordome robot à tête de bouc s'appelle Jigo Dagno, ça ne s'invente pas. Ce resort hôtel est en fait le lieu d'expériences génétiques. Réussiront-ils à s'en sortir pour qu'Akira réalise l'un des souhaits qui lui tient le plus à cœur : découvrir un fossile de dinosaure ?
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2023
Chacune des étapes du voyage d'Akira et de ses amis est une expérience de vie originale, une étape de vie philosophique centrée sur eux ou sur les personnages qu'ils rencontrent. Le Spartathlon traite du dépassement de soi, tandis que le séjour dans l'hôtel de la mort, dans lequel on pourrait imaginer nos héros dans un film d'horreur, s'avère être une histoire d'amour au-delà de la mort émouvante. Après avoir bu un bon saké, ils vont être les acteurs d'une relecture totalement inédite de Jurassic Park. Enfin pour terminer avec une respiration, les lecteurs sont tous invités dans un étonnant chapitre sur l'ennui.
© 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
© KANA 2023
Haro Aso s'inscrit définitivement comme un scénariste pouvait se plonger dans tous les genres. Il réussit l'exploit de le faire ici dans une seule et même série. Sur ces deux tomes, on a des chapitres émouvants, effrayants, humoristiques ou tendres. C'est assez incroyable. Dans le dernier chapitre du tome 8, Aso montre que sa culture dépasse et de loin les frontières du Japon. Jules Renard, Alexandre Pouchkine, William Shakespeare, Samuel Butler, Martin Heidegger ou encore Blaise Pascal sont convoqués pour une immense leçon de philosophie de vie.
Haro Aso et Kotaro Takata n'ont pas l'intention de s'endormir sur leurs lauriers. La bubket list d'Akira est encore longue et c'est tant mieux.
Laurent Lafourcade
Série : 100 bucket list of the dead
Tomes : 7 & 8
Genre : Zombies
Scénario : Haro Aso
Dessins : Kotaro Takata
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505115137 / 9782505117049
Nombre de pages : 160
Prix : 7,55 €
"-Commandant Charlier…
-Monsieur Hunter… Monsieur Joff… Merci d'être venus. Je voulais tellement ce poste à paris et je regrette déjà… Une sale affaire… La marquise de Roussignac a fini dans la Seine avec sa calèche et elle s'est noyée !!...
-A première vue un accident normal…
-Pas vraiment… Il y a ici le cocher à qui la calèche tombée dans l'eau a été volée… Plus aucune trace du conducteur voleur !..."
Paris 1750, comme tous les mardis soirs, la marquise de Roussignac était allée jouer aux cartes. Elle est bien remontée dans sa calèche comme d'habitude pour rentrer chez elle après le jeu. Elle n'arrivera jamais à son domicile. Et pour cause, ce n'est pas son chauffeur habituel qui la conduit. La voiture a été dérobée par un sinistre et mystérieux individu qui propulse la calèche dans la Seine où la dame se noie. La police est déjà en train d'analyser la scène de crime lorsque débarquent Hunter et Joff. Hunter est un scientifique mystique. Il va rapidement se rendre à l'évidence : des ectoplasmes sont bel et bien partie prenante dans cette affaire.
© Rosati – Idées Plus
Giacomo Rosati est un auteur italien qui publie ici son premier ouvrage en France. Dans un semi-réalisme efficace, légèrement évanescent, comme les fantômes, il signe avec Spectre ce qui pourrait bien être le premier tome d'une série policière, steampunk et fantastique dans la pure tradition franco-belge qu'on pourra alors appeler franco-italo-belge. Ses influences, il les puise bien de son côté des Alpes. Même si Uderzo, Morris, Hergé et Tabary font partie de ses maîtres, graphiquement, il est plus proche de la famille de ses confrères comme Magnus ou Semerano, même s'il a son style bien à lui.
© Rosati – Idées Plus
Côté scénario, Rosati mène bien sa barque, ou plutôt sa calèche, avec des personnages secondaires bien campés. Joff est l'acolyte idéal. Clodette apporte le charme nécessaire dans un rôle ni de figuration, ni de potiche. Les dialogues bien écrits jouent parfois avec les anachronismes, clins d'oeils légers et amusants. A part ça, l'auteur a évidemment vu Ghostbusters et le revisite façon Süskind, auteur du Parfum. Visuellement, l'encrage est parfois un peu trop épais, mais la seule chose gênante de l'album est les textes qui sont dactylographiés et non pas écris à la main. Ça mettrait plus de vie.
© Rosati – Idées Plus
Détective Hunter a tout pour devenir une série et permettre à Idées Plus de monter encore d'un cran dans le monde de l'édition. Quelques illustrations du cahier graphique en fin d'album donnent envie de retrouver rapidement l'ambiance et l'univers créés par Giacomo Rosati.
Laurent Lafourcade
One shot : Détective Hunter - Spectre
Genre : Thriller fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Giacomo Rosati
Éditeur : Idées plus
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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