Où commencer la critique de cet ouvrage sinon par la conclusion qui s'impose naturellement à la lecture de ce premier tome : une grande bouffée d'air frais où plutôt "d'écume fraiche".
Une splendeur, je me suis vraiment régalé du début à la fin et je me suis surpris à le relire tant par le scénario très original que par les dessins et la colorisation appropriée.
Un petit chef d'œuvre en somme. Les dessins très expressifs présentent des personnages un peu à la Botero (le sculpteur), d'autres personnages à la sensualité toute particulière empreints de cruauté bestiale, comme de sensibilité filiale très hiérarchisée.
Un enfant effacé et écrasé par son père très égocentrique, enfant qui n'a jamais pu s'exprimer face à son géniteur omnipotent et une mère effacée par des années de domination digne d'un potentat de république bananière.
Cette mère qui demande à son fils le droit d'être reconnue et défendue par sa descendance face à cet homme dont l'obsession pseudo- scientifique l'a poussé à franchir les limites entre folie douce et acharnement sans limites à poursuivre son "Graal" au détriment de tout sentiments d'humanités familiale.
Entre guerre et mythologie
Les perspectives des scènes et l'imbrication de celles-ci l'une dans l'autre contribuent à faire de ce récit une aventure exaltante .
Les tons employés pour la colorisation (parfaitement maitrisés) me font penser un peu à ce magistral "codex Angélique" de Gloris et Bourgoin mais en plus fouillé et en très détaillé.
Certaines scènes dure comme le viol et la torture sont à la limite d'un bondage très sensuel sans tomber dans l'érotisme salace mais avec beaucoup de sensibilité et de pudeur dans la représentation de celles-ci.
D'autres scènes sont assez œdipiennes dans le rapport très délicat entre fils et mère.
Wanderer nous promène aisément entre guerre Russo-Japonaise , mythologie, vestales de sociétés secrètes ou disparues,culte des ancêtres ainsi qu'une sorte d'Atlantide caché peuplé d'êtres aux facettes originales.
Ce travail est digne des plus grands scénaristes, et porter la triple casquette de scénariste, dessinateur et coloriste à un tel niveau ne fut certainement pas drôle tous les jours, mais la récompense est au bout du tunnel.
Je compare ses dessins à une perle qui sort de sa coquille de nacre, rien à redire, sauf peut-être que nous aimerions ne pas devoir trop patienter pour lire la suite.
Je termine en souhaitant que le deuxième tome soit aussi bien réalisé que le premier, ce qui ne devrait pas faire l'ombre d'un doute pour ma part.
Erick Dewit
De chair et d'Ecume " A la poursuite de la flûte de mer", tome 1, Dargaud.
Nina et Nils repartent d'une soirée "Chicos" ou ils ne connaissaient personne à part Chloé sa meilleure amie. Au détour d'un virage, c'est l'accident. Grièvement blessé, Nils reçoit les mains de Nina sur son visage et semble doucement reprendre vie jusqu'à la venue du conducteur de l'autre véhicule, lui n'étant que légèrement touché. A l'hôpital, la jeune fille apprend avec effarement le décès de son compagnon. Anéantie, Nina s'enferme dans la déprime. Chloé tente de sortir Nina de sa torpeur en l'invitant à sortir boire quelques verres ensemble pour se distraire. Complètement éméchées, les deux amies rentrent à l'appartement de Nina et trouvent une enveloppe contenant des photos des deux grands-mères de Nina : Marcelline et Marguerite. Se sentant en mal de confidences, Nina confie à son amie le secret qui la taraude depuis son enfance. Elle possède un don de guérison par application des mains et la récitation d'une formule appropriée . Voyant son père pour discuter de la vente de la maison familiale dans le but de subvenir aux frais engendrés par l'entretien médical de sa maman qui a perdu la tête, Nina tente d'en savoir un peu plus sur le passé concernant le décès de Marguerite et la soudaine maladie mentale de sa maman. Rien n'y fera, le père ne lui confiera aucune info qui puisse l'aider. Depuis un moment, la jeune fille se sentant observée, se confie à Chloé et celle-ci l'entraine dans une poursuite insensée vers une maison dans la loingtaine campagne. Pénétrant dans la demeure ou se tient une soirée, les deux amies se séparent et Nina observe par hasard une cérémonie aux relents ésotériques. Passant dans une autre pièce, elle est accueillie par Amaury "son suiveur", qui lui promet de lui donner toutes les explications qu'elle est en droit d'attendre, encore étonnée de découvrir les photos de ses deux grands-mères encadrée sur un des murs de la pièce. Amaury lui apprend qu'elle est une "sorcière" aux dons particulièrement puissants, dont elle n'a encore aucune conscience face à l'étendue de ceux-ci, et qu'elle est destinée à régenter toute leur communauté. Stupéfaite par ces révélations Nina tente de retrouver Chloé , mais en vain. N'ayant aucun contact avec son amie depuis un bon moment, Nina se rend au commissariat pour faire part de ses craintes pour son amie disparue. Le planton de service n'ayant pas vraiment l'intention de faire quelque chose, un inspecteur se présente à elle et lui promet son aide ayant entendu parler de cette maison des Landes ou se tiendraient des séances assez spéciales.
Se rendant sur place avec le flic, Nina voit en flash le lieu de détention de son amie qui semble avoir été enlevée. Tous deux tombent dans un piège tendu par Marguerite et Elise , piège mortel dont Nina devient la première victime. Elise raconte à Nina qu'elle avait délibérément saboté les freins de la voiture de Nils afin de provoquer un accident mortel poussant Nina à utiliser son don de guérison pratiquement jusqu'à la mort pour sauver Nils. Elise lui explique que pour sauver quelqu'un, il faut transférer de son énergie vitale et ce au risque de sa propre vie. Celui qui donne de sa vie perd une partie de la sienne. Elise et Marguerite expliquent que suite à l'opposition de la maman de Nina concernant la passation de pouvoir de sorcière au décès de l'une d'elles vers Nina, la grand-mère restante décida de former une jeune fille en vue de lui passer le témoin de la régence de la communauté: Elise, et ce en lieu et place de Nina dont c'était la destinée.
En ce jour, Elise et Marguerite proposent un deal à Nina : elle a la possibilité de faire revenir à la vie Chloé en lui insufflant son énergie vitale afin de la sauver du coma dans lequel on l'a plongée. Cela lui permetrait de se racheter vis à vis de la mort de Nils. Seulement, rendre la vie à son amie lui enlèvera tout souffle de vie, tant l'énergie à transmettre sera importante.
De par ce stratagème, Nina se suicide elle-même, et laisse place nette à Elise ,le poulain de Marguerite.
Le transfert a bien lieu, mais avant de périr, Nina demande de l'eau pour ses mains, se rappelant une parole de sa grand-mère Marcelline concernant l'eau. Celà la sauvera.
Mises en échec , Elise et Marcelline périssent d'une manière que les flics auront du mal à s'expliquer. Seul l'inspecteur ayant vécu la partie diabolique que se sont livrées les protagonistes pourrait l'expliquer un peu.
Nina semble devoir se résoudre à accepter sa nouvelle condition de sorcière à part entière au seing d'une communauté dont elle aura en charge la nouvelle régence.
Un très bon duo
Comment décrire cette BD ?
Un seul mot me vient : MAGNIFIQUE !
Je suis tombé sous le charme . Il faut voire les expressions des visages, les regards d'une profondeur abyssale. Les yeux m'ont impressionné ainsi que les attitudes proposées dans les cases. Pas besoin de légende pour comprendre ce qu'ils veulent dire. Les larmes qui coulent semblent tellement réelles qu'on aurait vraiment envie de prendre l'héroïne dans ses bras.
Les grands-mères sont vraies avec leurs visages burinés des années qui les ont rongées. Un tout grand bravo pour le style de dessin très original qui mêle un peu le style rétro et le moderne en touches justement dosées. J'insisterai aussi sur la grande maitrise des couleurs , elles aussi réalisées par Stéphanie Hans. Un vrai coup de chapeau pour cette jeune artiste qui si elle poursuit dans cette voie, verra son étoile briller parmi les grands noms de la BD. C'est un vrai coup de cœur pour moi, une fraicheur dans le paysage BD actuel, ou tout semble pouvoir être classé dans des catégories bien définies. Je pense que ces dessins rendent plus que certaines photos sur le plan émotionnel. BRAVO
Stéphanie Hans (dessinatrice )
Pour le scénario, Bénédicte Gourdon a mis sur papier tout ce qu'il fallait pour que sa dessinatrice puisse rendre humaines les cases figées d'un dessin. Très bon scénario, qui tiens bien la route, rivalisant sans problèmes avec des scénaristes connus tant le fil rouge de la trame est détaillé à souhait, ne laissant pas au lecteur le choix de mal interpréter l'histoire par manque de détails. Ici, au départ, j'ai pensé qu'il y avait trop de textes dans trop de bulles, cela m'avait un peu gêné de prime abord. Ensuite, j'ai compris que la foule de détails n'aurait pas pu être déclinée sur un seul tome, et que tout compte fait celà rendait l'histoire parfaitement limpide. On ne se pose pas de questions à la fin de la BD, tant on est servit en détails.
En conclusion: je dit que l'association des deux jeunes femmes a de l'avenir. Elles sont faites pour faire un bout de chemin ensemble, enfin j'espère pour le lecteur que je suis pouvoir retrouver ce style rapidement. Belle alliance. Défi relevé.
Erick Dewit
L'article de Marc Bauloye :
Héritière d’un don surnaturel qui lui donne le pouvoir de la guérison, Nina mène la vie normale d’une jeune femme moderne. Endeuillée par la disparition de son fiancé mort dans un accident, et qu’elle n’est pas parvenue à sauver, elle hésite à accepter l’héritage de ce don magique. Jusqu’au jour où elle se découvre la proie d’un complot et réalise que l’accident dans lequel a péri son fiancé n’était pas le fruit du hasard. Elle comprend qu’elle a de puissants ennemis que son pouvoir semble particulièrement intéresser, manifestement prêts à tout pour lui nuire… Nina sait qu’elle est une sorcière qui guérit les blessures avec ses mains. Elle s’en veut de n’avoir pu sauver son fiancé. Elle découvre une confrérie de sorciers qui la veulent comme leader. Comment va-t-elle s’en sortir ? La scénariste Bénédicte Gourdon nous a concocté un petit bijou captivant. Elle effectue ici une mise en place des personnages et de l’intrigue machiavélique à souhait. Les dialogues sont ciselés. Fasciné, le lecteur plonge dans une aventure qui pourrait être réelle. De tous temps, les guérisseurs et leurs pouvoirs sont ancrés dans la réalité. Le personnage de Nina devient vite attachant. Et, le dénouement est surprenant ! La dessinatrice Stéphanie Hans nous offre, à l’aquarelle, des cases pleines d’émotions aux couleurs splendides qu’elle réalise aussi. Une véritable réussite graphique…
Suspense, magie et machinations sont au cœur de ce thriller fantastique contemporain qu’il ne faut rater à aucun prix et dont on attend la suite avec impatience !
Héritages Hans Gourdon Dupuis
Dans ce tome 4, Claire alias Clara se fait piéger par Zani le mafieux albanais. Ses amis, ses collègues de la Cellule Poison (pour rappel: cellule expérimentale de démantèlement de réseaux de prostitution d'Europe centrale), sa mère Catherine, tout le monde la croit morte. Après un an de recherches infructueuses, il faut bien se rendre à l'évidence...
Mais Zoran reçoit un jour une lettre, dont il reconnaît l'écriture… "Dans les serres de l'aigle" raconte l'histoire d'une incroyable vengeance. Celui qui l'a imaginée est un dingue (euh, je parle d'un des personnages pas de l'auteur). Une vengeance qui sera aussi, pour Claire, source d'une joie immense. Et c'est en cela qu'elle est perverse et, point de vue scénaristique, particulièrement originale.
Je brûle de vous dire en quoi elle consiste mais, non, ce serait encore plus pervers! Ce que je peux vous dire en revanche c'est que rarement on a vu une BD qui concilie aussi magistralement scènes d'action et intelligence du propos. D'habitude (je caricature un peu mais pas tant que ça non plus) c'est soit l'un soit l'autre.
Voici un récit à la fois captivant et ingénieux, bien construit mais pas nécessairement linéaire, avec au départ une idée forte et complètement inattendue. Les personnages sont crédibles et attachants. Des sujets tels que la vendetta, la misère, la prostitution, l'amour, la maternité, la vengeance bien sûr, le pardon et la réconciliation sont abordés sans tabous dans un contexte géopolitique actuel et parfaitement maîtrisé.
Mais le maître du jeu restera, pour Claire, le hasard dont on verra dans le prochain tome s'il lui sera favorable… ou pas. Par contre, rien, dans la réalisation de cet album n'y est laissé, à ce hasard. Le dessin, réaliste et très expressif, est enrichi par une mise en couleur aussi audacieuse que judicieuse. Ce petit chef d'œuvre est intelligent jusqu'au bout: non seulement on peut lire cet album indépendamment des précédents grâce à un résumé efficace mais quand on le referme, on ne pense plus qu'à une chose: se précipiter dans sa librairie préférée pour se les procurer !
Cellule Poison Tome 4
par Laurent Astier
Editions Dargaud
Corine Jamar
En plein processus de décolonisation du Congo, la Belgique est secouée par de violents courants pro et anti-coloniaux. Eric Vermeer, jeune journaliste engagé pour la décolonisation, ne se fait pas que des amis dans la classe politique belge. Rose, sa femme, est infirmière. Elle s'occupe de nombreux colons rapatriés en Belgique. Ayant elle-même passé son enfance au Congo, elle comprend la détresse de certains d'entre eux. Un jour, le chargé d'affaire de Van Lancker, riche exploitant de mines de diamants qui s'est occupé d'elle enfant, lui remet un masque et une lettre, à n'ouvrir qu'à la mort de Van Lancker. Dépositaire, sans le savoir, d'un secret convoité par des aventuriers sans scrupules, elle va devoir échapper aux pièges que ceux-ci vont lui tendre, pour exécuter les dernières volontés de son vieil ami.
Une histoire d'héritage, d'extorsion et de course au trésor sur fond de tensions politiques, en pleine décolonisation belge.
Une cote de 10/10.
Thilde Barboni signe un scénario absolument impeccable en rapport avec les premiers mois d’indépendance du Congo. On ressent chez elle une importante recherche de documentation concernant les divers éléments de la vie courante utilisés à l’époque. A travers l’histoire de Rose et d’Eric, elle nous replonge dans les semaines qui suivirent cette date du 30 juin 1960, notamment avec la sécession de la province du Katanga (la plus riche et industrialisée du pays) vue de Belgique.
Elle nous entraîne avec Rose dans un jeu de piste très agréable à suivre et ponctué de rencontres inattendues. (Hortense et son compagnon)
Personnellement, je trouve le dessin de Séraphine réalisé pour ce livre superbe avec des traits fins et justes qui me séduisent. Un livre que j’ai dévoré d’une traite et que je ne peux que vous conseiller. Je voudrais ne pas oublier le travail effectué par Alice Moons aux couleurs qui sont très agréables et reflètent très bien l’ambiance du début de ces années sixties.
Dernier conseil, ne pas omettre de prendre connaissance des deux pages explicatives signées T.B et situées à la fin du livre concernant les préoccupations de Eric Vermeer, notre jeune journaliste, compagnon de Rose.
NB : Le Katanga est la province la plus méridionale du Congo, dont la capitale est Lubumbashi (anciennement Élisabethville). Une superficie de 518 000 km², l'est (Manono) et le sud (Lubumbashi, Kolwezi) de la province renferment de très riches gisements de cobalt, cuivre, fer, radium, uranium, et diamant.
À la suite de l'indépendance de la République démocratique du Congo en juin 1960, le Katanga fit sécession du Congo, alors gouverné par Patrice Lumumba en juillet et déclara son indépendance sous l'impulsion de Moïse Tshombe et des milieux d'affaires pro-occidentaux.
Lumumba fut destitué en septembre 1960 lors d'un coup d'État orchestré par Joseph Mobutu. Tshombe fait alors appel à des mercenaires, dont Bob Denard; de fin 1960 à janvier 1963, ils seront les "affreux".
Les forces militaires sous l'égide des Nations unies menèrent une campagne de deux ans pour réintégrer le Katanga au Congo, conclue par un plan de conciliation national en janvier 1963.
A la même époque, le Sud-Kasaï prit son indépendance dans des conditions similaires à celles du Katanga.Les conflits ethniques et les tensions politiques entre les dirigeants du gouvernement central et les dirigeant locaux tournaient autour des régions diamantifères du Kasaï (Société internationale forestière et minière du Congo). Le 14 juin 1960, quelques jours avant la proclamation formelle de l'indépendance de la colonie, l'indépendance de l'état fédéral du Sud fut proclamée. Le 8 août 1960, l'autonomie de l'état minier fut proclamée, avec pour capitale Bakwanga (de nos jours Mbuji-Mayi). Albert Kalonji fut nommé président et Joseph Ngalula chef de gouvernement. Une assemblée de notables investit le père de Kalonji du titre impérial de Mulopwe le 12 avril 1961. Le nouvel Empereur abdiqua immédiatement en faveur de son fils, qui dirigea l'état sous le nom de Mulopwe (Empereur/Roi) Albert I Kalonji. Après une campagne militaire sanglante de quatre mois durant laquelle des milliers de civils furent massacrés, le Gouvernement central reprit le contrôle de la région et arrêta Kalonji le 30 décembre 1961, entérinant la fin de la sécession du Sud-Kasaï.
Alain H
AVERTISSEMENT : CETTE BANDE DESSINEE EST UN DOCUMENT DIDACTIQUE SUR LA MONTEE DU NAZISME EN ALLEMAGNE ET EN AUCUN CAS UN HOMAGE A CELUI CI.
Sont-ce les industriels qui ont facilité l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler au début des années 30 ? Le petit caporal n’aurait pas pu jouer les dictateurs s’il n’avait bénéficié d’un soutien tel celui d’Ulrich von Kleist qui croyait pouvoir s’en débarrasser une fois la menace rouge écartée… Jeune aristocrate désargenté, ex pilote, ce dernier épouse Julia, fille noble d’un riche industriel, à qui il donne deux enfants Baldur et Siegfried. Très vite il s’occupe de la destinée de l’entreprise familiale dont il négocie la reconversion vers l’aéronautique et trompe allégrement son épouse qui finit par sortir avec un ouvrier de son usine.
Berlin, 1933. Hitler poursuit son ascension fulgurante. Après l’incendie du Reichstadt, rien ne semble l’arrêter… Pendant ce temps-là, chez les von Kleist, la situation est intenable. Ulrich a découvert l’infidélité de sa femme avec l’un de ses propres ouvriers ! Humilié, il le dénonce à la Waffen SS, qui l’envoie dans un camp de concentration… Julia va prendre des risques inouïs pour tenter de le sauver.
Au gré de la montée du nazisme, ambitions et sentiments se mêlent, pour trois familles dont on suit les destinées aux trajectoires très différentes.
Le 11 novembre 1918, à l’heure de l’arrêt des combats, les Allemands – alors que leur pays n’a pas été vaincu militairement, ni envahi – refusent d’admettre qu’ils ont perdu la guerre. Beaucoup estiment avoir été trahis par les politiciens : « Les criminels de novembre » signataires de l’armistice et du Diktat de Versailles.
Apparu au début de la République de Weimar (premier régime politique démocratique allemand de 1919 à 1933), le NSDAP resta le seul parti autorisé dans l'Allemagne nazie de juillet 1933 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale en mai 1945. Le parti fut alors déclaré illégal et ses représentants arrêtés et jugés au procès de Nuremberg.
Le second tome débute à la fin des élections de novembre 1932.
Les socialistes et les communistes allemands n’arrivant pas à former une alliance laissent la voie libre au NSDAP ayant obtenus 33,1% des suffrages.
30 janvier 1933, Adolf Hitler devient Chancelier et s’empresse de faire dissoudre le parlement (Reichstag) par le président Hindenburg, président du Reich.
27 février 1933, incendie du Reichstag et mise en accusations des communistes.
La police procède aux premières arrestations dans les milieux gauchistes.
28 février 1933, mise en place du décret présidentiel pour la protection du peuple et de l’Etat, abrogeant les droits fondamentaux et mettant en place la dictature nazie et le début du troisième Reich.
05 mars 1933, élections parlementaires au Reichstag plaçant le NSDAP en tête des suffrages. (Résultats : NSDAP 43,9%, SPD 18,3%, KPD 12,3%, Zentrum 11,2%, DNVP 8%.)
20 mars 1933, Ouverture du premier camp de concentration.
23 mars 1933, Hitler obtient les pleins pouvoirs pour une période de 4 ans grâce au soutien du Zentrum (parti catholique) A signaler que les 94 députés SPD présents furent les seuls à voter contre, malgré la présence de SS et SA en armes.
01 avril 1933, début des violences anti-juives (boycott des magasins juifs, élimination des juifs de la fonction publique) Fin 1933, 35000 juifs auront quitté l’Allemagne.
26 avril 1933, fondation de la Gestapo par Hermann Göring.
10 mai 1933, autodafé de Berlin : 20 000 livres jugés « décadents, corrupteurs et étrangers à l’esprit allemand » sont brûlés.
14 juillet 1933, le NSAPD devient officiellement parti unique
26 juillet 1933, la stérilisation est imposée aux personnes atteintes d’infirmités physiques et mentales dans le but de régénérer la race germanique.
14 octobre 1933, l’Allemagne se retire de la conférence de Genève sur le désarmement, quatre jours plus tard, elle se retire de la Société des Nations. (SDN)
01 décembre 1933, naissance de l’État-Parti : loi sur « la garantie de l’unité du parti et de l’État ».
6.000.000 de chômeurs en Allemagne à l’arrivée d’Hitler. 3.500.000 à la fin de l’année 1933.
Pendant cette période, Ulrich von Kleist engage un détective privé afin de suivre les déplacements de son épouse. Celui-ci découvre alors que sa femme entretien une liaison avec l’un de ses ouvriers. Furieux, il le dénonce comme militant communiste à la Waffen SS qui l’envoie dans un camp de concentration. Désespérée, l’épouse de l’ouvrier contacte madame von Kleist espérant obtenir son aide afin de faire libérer son mari. En réalité, Julia von Kleist est la maîtresse de son mari…
Jean-Blaise Dijan (scénariste) décrit avec méthode, précision et rigueur la montée du nazisme parmi la population allemande, les violences quotidiennes subies par les opposants communistes ainsi que la haine et les discriminations vis-à-vis des juifs.
Le dessin signé Bruno Marivain illustre parfaitement bien les diverses situations décrites sans jamais sombrer dans le gratuit. En effet, Bruno Marivain nous emmène dans cette période trouble de l’histoire du XX siècle au travers de la vie familiale von Kleist mais surtout vue avec les yeux de Julia von Kleist.
Le genre de livre que l’on aimerait avoir l'opportunité de lire plus souvent et qui devrait être inscrit aux programmes pédagogiques des écoles afin d’expliquer aux adolescents les risques et dangers d’une dictature.
A signaler un dossier, signé par Isabelle Bournier directeur des affaires culturelles au mémorial de Caen, annexé à chacun des deux tomes parus apportant une documentation courte mais très précise sur la période décrite dans les deux livres.
Dans l’attente de la parution du troisième tome de la série (1934 prévus en avril 2011) clôturant le premier cycle de cette histoire qui je l’espère sera suivie d’un second cycle.
Pour les passionnés d'histoire, je vous recommande une petite visite sur le site du mémorial de Caen--> www.memorial-caen.fr
Collection : Trilogies
Genre: Historique
Scénario : Jean-Blaise DJIAN
Dessins : Bruno MARIVAIN
Couleur : Marine TUMELAIRE
Album cartonné
56 pages couleur
Prix:13.90 €
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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