Information générale concernant le monde de la BD
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- Tu es presque à l'heure. Est-ce que cela veut dire que ton rendez-vous d'hier soir ne s'est pas très bien passé ?

- Non. C'était super. Jusqu'à ce qu'il y ait une couille dans le potage.

- Tu t'es soudain rendu compte que tu portais encore ta tenue BDSM ? C'est à cause du gode-ceinture, encore ?

- Non, bien pire que ça ! Il m'a envoyé un texto.

- Je ne suis pas sûre de voir le problème.

- En gros, je lui ai dit que cela ne me dérangeait pas de le revoir. Et je pensais qu'il me recontacterait que dans une semaine ... Mais pas une demi-heure après ?! Je pensais qu'il savait que c'était juste occasionnel.

 

 

C'est ainsi que Lizzy nous invite à la suivre dans la suite de la découverte de sa sexualité. Poussant plus loin, plus en avant dans les possibilités d'une relation moins "traditionnelle", aucune des options qui s'ouvrent à elle ne semble la repousser ou lui faire peur. Et ce ne sont pas ses partenaires qui diront le contraire, même si au premier abord, certains ne sont pas forcément ouverts ou partants !

Avec comme compagnes de recherche, guides, initiatrices, voire simples confidentes, ses colocataires Elva et Sam, ses sexpériences se poursuivent ... salaces et libertines.

 

"- Je suis vraiment contente que ta vie sexuelle soit géniale et excitante, et j'aime parler de ça, la plupart du temps.

- Moi aussi d'habitude mais pas devant tout le monde.

- Mais tout le monde n'apprécie pas ce genre de discussion. Et je trouve que parfois tu y vas un peu fort, Lizzy."

 

Plan à 3, plug anal masculin, BDSM, ...

Il faut dire que Lizzy, si elle est curieuse de toutes les facettes de "LA" chose, en craint néanmoins une : s'attacher à un coup d'un soir ... Pas question pour elle de se mettre la corde au cou ! Et là, il ne s'agit pas d'un jeu ou d'une lubie !

 

Plus "épicé" que le premier tome, Lizzy poursuit donc avec ardeur et sérieux sa sexploration personnelle et ... celle de ses partenaires d'un jour, d'une nuit ou réguliers !

Mais au final, Théo ne s'en plaindra pas ...

 

© Marie Sann - Tabou BD 2024

 

Une narration toujours aussi "cosy", douce et légère. A l'image du dessin, si "Disney" ! Cela se lit sans vice ni perversité. Hors de toute vulgarité ou obscénité, presque un conte érotico-didactique pour adulte ... !

 

"- Tu me vois donc tel que je suis, le vrai Théo, même si parfois je ressens de temps en temps le besoin d'agir comme un gars stéréotypé.

- C'est donc ça ! Tu m'as emmenée ici pour m'avouer que tu aimes secrètement les voitures ? Ou le sport ? Ou les voitures de sport ?

Tu ne peux pas vouloir uniquement du sexe, sinon nous serions déjà en train de nous envoyer en l'air ... Sache que je suis douée pour dévoiler les secrets. L'astuce est de continuer à deviner jusqu'à ce que les gens avouent afin d'éviter les questions gênantes."

 

Marie Sann joue avec délicatesse et humour des situations dans lesquelles elle place son héroïne. Entre un graphisme attrayant, des couleurs douces mais chatoyantes à la fois et un contenu qui se veut malgré tout "chaud", des dialogues directs ne masquant ni les mots, ni les termes, Marie Sann ne se prive pas, ici et là, de dispenser quelques conseils qui pourraient toujours être utiles à l'un(e) ou l'autre.

 

© Marie Sann - Tabou BD 2024

 

Une sexualité épanouie, assumée, dans un cadre assez bobo (intérieurs cosy, salon de thé branché, soirée fétichiste glamour, ...), de jolies mentalités, ... bref un esprit fort friendly ... Un "Sex and the City" un rien "disneytisé" agréable et gentillet, centré sur le plaisir féminin !

 

Si ce genre est présent sur le petit écran depuis les années '80, le voilà qui apparaît de plus en plus dans la BD actuelle. Une bouffée d'air frais bien agréable de la part de cette autrice berlinoise et de Tabou Éditions !

 

Mais vu certaines scènes et expériences imagées de Lizzy, ce diptyque est néanmoins à ne pas mettre entre toutes les mains.

 

Une façon bien frémissante de finir 2024 avec une série mettant au ban quelques préjugés dépassés sur la sexualité.

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Hors des sentiers battus

Tome : 2/2

Scénario, dessins : Marie Sann

En collaboration avec : Yann Krehl

Éditeur : Tabou BD

Genre : érotique

Public : adulte

Parution : 27/11/2024

Pages : 48

Format : 23,5 x 32,3 cm

ISBN : 978 2 35954 211 0

Prix : 17 €



Publié le 27/12/2024.


Source : Bd-best


Quittant les Enfers, Ulysse et ses compagnons rejoignent l'île de Circé pour ravitailler avant d'entamer la traversée qui devra les mener enfin à Ithaque.

Cette dernière, contre une ultime nuit d'amour, lui prédit les dangers qui le guettent encore.

En effet, son odyssée est loin d'être s'achevée.

Ils devront d'abord résister aux chants enchanteurs des sirènes, puis éviter 2 monstres implacables : Scylla et Charybde.

Après ces 2 épreuves éprouvantes, l'île de Thrinacie sera la suivante. Abritant les bœufs du Soleil, y toucher serait une grave faute que Zeus lui-même punirait sévèrement.

Mais voilà, à court de provisions, Polite commet l'irréparable, condamnant ainsi le reste de l'équipage à la fureur du dieu !

 

 

Seul survivant de cette dernière, Ulysse réussit à rejoindre malgré tout le royaume de Phéacie. Son roi, Alcinoos, accepte de l'aider à enfin regagner Ithaque !

Pourtant son retour est loin de ressembler à ce qu'il espérait.

 

© Cosimo Ferri - Graph Zeppelin 2024

 

Durant son absence, son épouse Pénélope a dû lutter pour repousser les avances de nombreux prétendants qui se sont carrément installés dans son palais en se comportant comme les maîtres des lieux.

 

"Sur ces mots, il décrocha sur Antinoos une flèche amère." Homère, Odyssée, Chant XXII (vers 8)

 

Évidemment la fin de ce récit est largement connue. Pas de surprise donc ! Sa vengeance sera à la hauteur des humiliations endurées par Pénélope !

 

"Ulysse les vit absolument tous dans le sang et la poussière ..." Homère, Odyssée, chant XXII (vers 384)

 

© Cosimo Ferri - Graph Zeppelin 2024

 

Même si parfois simplifiée et plus centrée sur des passages marquants, cette version conserve tout son intérêt par son interprétation plutôt fidèle aux écrits d'Homère. Les innombrables insertions d'extraits du texte d'origine (avec leur traduction en bas de page) augmentent son effet d'authenticité. Effet encore renforcé par un graphisme puissant, vantant la force et le caractère viril des exploits d'Ulysse.

Faisant la part belle à l'imagerie sculpturale de l'art grec antique, corps, visages, expressions et actions sont magnifiés à l'extrême.

 

© Cosimo Ferri - Graph Zeppelin 2024

 

Cosimo Ferri, par un découpage adapté, donne un rythme énergique à sa narration. Il réussit à y entraîner le lecteur dans la fougue des scènes, notamment celles de combats. La double-page, les cases s'encastrant les unes dans les autres afin de "dynamiter" la planche font ressortir une énergie incontestable.

 

Chant 12e, "De retour chez Circé" à l'ultime Chant 23e, "Pénélope reconnaît Ulysse", Cosimo Ferri met ainsi fin à sa propre épopée homérique.

 

"Chante-moi, Muse, l'homme aux mille tours qui erra si longtemps, après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troie." Homère, Odyssée, chant I (vers 1-2)

 

© Cosimo Ferri - Graph Zeppelin 2024

 

Et comme pour les tomes précédents, pour un public plus "averti", la version "adulte" de chez Tabou BD paraîtra très prochainement ...

 

"Il est temps pour toi d'aller en paix." Homère, Odyssée, chant I (vers 1-2)

 

Thierry Ligot

 

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Série : Ulysse

Tome : 3 - L'arc vengeur

Scénario - dessin - couleurs : Cosimo Ferri

Texte et adaptation : Thierry Plée

Éditeur : Graph Zeppelin

Genre : histoire, légende

Parution : 27/11/2024

Page : 48

Format : 23,5 x 32,3 cm

ISBN : 978 2 38038 010 1

Prix : 17 €



Publié le 26/12/2024.


Source : Bd-best


 

Avez-vous déjà décidé de votre menu de Noël ? Un réveillon mérite bien quelques mets succulents sortant de l'ordinaire. En effet, que serait une excellente compagnie sans de quoi la substanter en faisant exploser nos papilles ... sans parler de quelques grands crus qui accompagneraient idéalement les saveurs cuisinées avec amour ?

 

"- Un restaurant n'est pas un camion ! Un restaurant est un lien, un village, un pèlerinage ! On va au restaurant ... la gastronomie ne vient pas à toi !

- Et c'est quoi ta gastronomie ?

- Un art ! Une tradition !"

 

C'est ainsi que Paul présente à sa fille Daisy l'héritage qu'il s'apprête à lui offrir ! Elle va, avec son compagnon Karim, reprendre l'auberge paternelle ! Mais sont-ils sur la même "vision" de cet héritage ? Le père dans sa tradition de la grande cuisine française établie dans son auberge, la fille dans son envie de la rendre itinérante par le foodtruck de son compagnon !

Paul va ainsi, au travers 5 âges, retracer les grandes étapes de cette tradition culinaire.

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

Tradition qui trouve ses fondements à la Préhistoire. Depuis la nuit des temps, se nourrir est la préoccupation première de l'Homme. Mais très vite, la recherche du raffinement, des saveurs exquises, des produits nouveaux, ... vint agrémenter cette obligation naturelle. Ainsi naquit la "gastronomie" !

C'est ainsi qu'à travers les âges, les époques, les lieux, ce qui allait devenir un véritable art se développa pour atteindre la "Perfection" ... ou du moins s'en approcher. Avec ses Maîtres, ses Innovateurs, la gastronomie fit de la nécessité de manger un art de vie impliquant une multitude de domaines différents ... tels la littérature, le mobilier, les ustensiles, les bonnes manières, ...

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

Pour n'en citer que l'un ou l'autre exemple ...

 

1555, Nostradamus en plus d'être un célèbre astrologue, écrivit un ouvrage sur les confitures.

 

Duprat, ancien précepteur de François 1er, crée la table échancrée afin de permettre aux invités corpulents d'être mieux installés ... le ventre sous la table.

 

Ou encore, en littérature, la "gastrolâtrie" mettant en scène les géants Pantagruel et Gargantua de Rabelais. On peut être humaniste, libre penseur, écrivain et amateur de bonne chair !

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

Dès le Moyen-Âge, sous les pressions de l'Église, ses rituels, ses interdits, l'année est rythmée par des traditions culinaires.

Pensez au Carême qui amena le Carnaval, 40 jours avant Pâque. De l'italien "carnevale", autrement dit "adieu la viande".

Il en est de même dans l'islam avec le Ramadan ...

Ces 2 moments de jeune se clôturant par la tradition de l'Agneau Pascal pour les chrétiens et la fête de l'Aïd pour les musulmans.

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

Mais que seraient les meilleurs mets, cuisinés avec finesse et raffinement si l'art de la table n'avait pas suivi ? Avec Catherine de Médicis, celui-ci se fait luxueux grâce à la faïence d'Urbino, à la verrerie de Venise, aux couverts ciselés de Benvenuto Cellini, aux plats émaillés de Bernard Palissy, ...

 

Mets raffinés et dives boissons vont de pair ... Depuis les Égyptiens et les Romains, un repas se devait d'être correctement accompagné ! Vins et autres boissons ... connurent ainsi, au cours des siècles, leur propre développement et recherche de la perfection gustative.

Cela mena, en France au XIXe siècle, au classement en cru !

 

"Les courtiers de l'industrie viticole établissent en avril 1855 un classement des crus rouges selon leur réputation et leur prix depuis 2 siècles. Les vins sont classés de 1er au 5e cru.

Tous les rouges viennent du Médoc : Lafite, Latour, Margaux, sauf le haut-Biron qui est un Graves ...

Rien n'a changé depuis - excepté Mouton Rothschild qui en 1975 passe du 2e au 1er cru."

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

Ensuite viendront les guides culinaires, les livres de cuisine, ... dont le premier sera "Le Cuisinier François" de François Pierre de la Varenne. Nous passons de la cuisine médiévale à la grande cuisine moderne.

 

La grande cuisine se développe, s'imagine, s'invente dans des restaurants, des hôtels. En 1900, avec l'émergence de l'automobile, 2 frères, André et Edouard Michelin, fabricants de pneumatiques, décident d'offrir un "guide" à tous les chauffeurs. Ce dernier les renseignera notamment sur les bonnes adresses, les tables à visiter avec des notes, conseils, ... Ainsi naît le mythique "Guide Michelin" !

Devenant payant en 1921, il deviendra le "Graal" de tout amateur de bonne chair. Ses étoiles, apparues 5 ans plus tard, seront à la fois recherchées et craintes ... tout comme les mystérieux et redoutables "inspecteurs" du Guide !

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

C'est tout cela, et plus encore, que cette véritable anthologie de la gastronomie vous propose en 160 pages. Une BD unique qu'adoreront tous les amateurs de bonne cuisine qu'ils soient néophytes, futurs chefs voire des Bocuse qui s'ignorent !

 

"Pour être un grand chef, il faut de l'amour, du travail et de l'audace !"

 

Bernard Deyriès, pour l'écrire, y a repris la même recette que pour "L'Histoire de la musique en BD" : recherche approfondie, souci de l'exactitude doublé d'une volonté de présenter le tout de façon agréable et savoureuse.

Un scénario à multiples mains, comme la préparation d'un festin digne des dieux ! Michael Sadler, Daisy Sadler et Kilien Stengel ont réussi à condenser cette passionnante épopée en un récit vivant, passionnant et plein d'humour.

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

5 âges (du feu, de la fourche à celui de la fourchette, de la conserve, des guides et de l'IA) pour retracer cette odyssée épicurienne extraordinaire des plaisirs du palais ... loin d'être achevée !

Riche en faits historiques comme en anecdotes, cette bible de la bonne cuisine s'enrichit de réflexions actuelles sur la cuisine d'aujourd'hui et son "univers impitoyable" : ses fast food avec leur malbouffe, les émissions télés (conseils, recettes, jeux, concours, ...), nouvelles tendances (moléculaire et autre végan, ...), modes de production et de conservation, questions écologiques et éthiques, ...

Bref un tour complet de la table !

 

Si nous y ajoutons un graphisme agréable mis en couleur de façon succulente par Degreff, la sauce prend dès la première page ! Et nous voici transportés dans un voyage des sens par la part des anges ...

 

 

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024

 

S'il vous manque encore un ultime cadeau pour le chef-coq de votre cœur, votre papa, votre maman, votre ... qui que ce soit amoureux de la table, voici la BD idéal à ajouter demain soir sous le sapin et à offrir entre le plat et le dessert !

 

Thierry Ligot

 

PS : Merci à l'hôtel Van Der Valk de Waterloo pour le décors et l'ambiance de la photo de couverture prise dans leur superbe restaurant "La Sucrerie"

 

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Titre : Il était une fois la Gastronomie

Scénario : Michael Sadler, Daisy Sadler & Kilien Stengel

Dessin : Bernard Deyriès

Couleur : Degreff

Editeur : Delcourt

Genre : culinaire, guide, humour

Parution : 30/10/2024

Pages : 160

Format : 22,7 x 29,9 x 1,9 cm

ISBN : 978 2413 04393 5

Prix : 25,50 €



Publié le 23/12/2024.


Source : Bd-best


 

Les moins jeunes s'en rappelleront peut-être ...

En 1981, sortait sur grand écran une comédie franchouillarde guimauve ... "Le Roi des cons" !

Georges Le Roy (Francis Perrin), éternel romantique, collectionne les petits boulots comme les conquêtes féminines. Pourtant un jour, frappe à sa porte Sophie Labranche (Marie-Christine Descouard) qui réalise des sondages d'opinion à l'aveugle. Coup de foudre réciproque doublé par le don inné de Georges de prédire immédiatement le résultat des sondages qu'on lui propose. Un talent incroyable pour une agence de sondage !

 

 

Source inestimable d'informations en tous genres, que ce soit pour raison commerciale, sociale, politique, écologique, comportementale, ... les instituts de sondage s'immiscent dans tous les domaines de la vie quotidienne. Leurs résultats, s'ils sont fiables, fascinent parfois le public et donnent une image qui se veut fidèle du mode de pensée de la population.

En les comprenant, en les interprétant au besoin, les sondages surprennent parfois ... Ce qui ne les empêchent pas de se tromper souvent ... Les sondages politiques lors de grandes élections (américaines, françaises, ...) en ont encore été dernièrement les preuves. Tout sondage n'est qu'une hypothétique vision des opinions réelles du public.

 

© Synne / Remuzat - Fluide Glacial 2024

 

Évidemment, encore faudrait-il y croire à ces sondages ! Il faut avouer qu'on en réalise sur tout et sur rien ! Il y a à boire et à manger, diraient certains.

C'est en se basant sur d'authentiques résultats que Synne et Fred Remuzat se sont amusés à en illustrer 24 plus "sérieux" les uns que les autres !

De la peur des requins au regret d'avoir des enfants en passant par l'utilisation de sextoy par les seniors et la très "rassurante" confiance accordée aux politiques, des mises en situation hilarantes certes, mais également "légèrement" ironiques et satiriques.

 

© Synne / Remuzat - Fluide Glacial 2024

 

On s'amuse en ouvrant parfois de grands yeux ... car comme déjà précisé plus haut, tous ces sondages sont issus d'études réalisées par les plus grands instituts de sondage français !

Attendez-vous à des situations allant de l'absurde le plus total au statistiquement improbable ou incompréhensible.

Synne a su placer ces résultats dans des situations à dégourdir vos zygomatiques.

Débutées avec tout le sérieux du sondage en question, la chute n'en est que plus déroutante et déjantée.

 

© Synne / Remuzat - Fluide Glacial 2024

 

Le graphisme à la fois réaliste et caricaturale de Fred Remuzat colle parfaitement avec les intentions de Synne. A ce sujet, et par pure coïncidence et hasard j'en suis convaincu, dans le sondage "27 % des Français pratiquent le jeûne", l'un des 2 protagonistes ne serait-il pas le jumeau "bédéisque" d'un scénariste-romancier-journaliste spécialiste des familles royales belge ? Patrick, qu'en penses-tu ?

 

© Synne / Remuzat - Fluide Glacial 2024

 

Mais quoiqu'il en soit, ce sondage est formel, 100 % des personnes qui ont aimé ce 1er tome l'ont lu ! Et là, pas d'erreur d'interprétation possible !

Alors, si vous voulez obtenir 100 % de satisfaction sur une BD à offrir dans 2 jours, voici le titre à glisser sous le sapin ;-)

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Allez tous vous faire sonder !

Volume : 1

Scénario : Synne

Dessin : Fred Remuzat

Couleurs : Drac, Zora et Reiko Takaku

Éditeur : Fluide Glacial

Genre : humour, société

Public : tous

Parution : 13/11/2024

Pages : 56

Format : 22,5 x 29,3 cm

ISBN : 979 1 0382 0741 7

Prix : 13,90 €



Publié le 22/12/2024.


Source : Bd-best


 "Burma, croyez-vous au Père Noël ?"

Une interrogation bien de saison ...

Quasi un quart de siècle qu'il n'y avait plus touché, qu'il avait laissé à d'autres le fameux détective dans ses lubies, ses enquêtes, ses frasques sans plus s'en mêler !

Mais voilà, il faut bien à certains moments boucler les boucles !

Après l'avoir fait pour son héroïne, Adèle Blanc-Sec, Tardi décide d'en faire de même avec son Nestor Burma.

Il y a 24 ans, en 1982, il l'empruntait à son romancier "géniteur", Léo Malet, avec la bénédiction de ce dernier !

 

"Faites ce que vous voulez, je m'en fous, moi j'ai écrit le roman, la bande dessinée, c'est vous !"

 

Ainsi paraissait un spectaculaire "Brouillard au pont de Tolbiac".

Six albums plus tard ... voici la fin du parcours.

 

 

 

Une dernière enquête qui débute par une scène tragico-burmaienne dans le bureau même de Nestor, en lutte contre un début de grippe ! Une nouvelle cliente  lui annonce qu'elle vient de dessouder son mari dans la joie et la bonne humeur ! Elle l'a refroidi la veille au soir, au dessert ... deux balles dans le crâne !

Cette dernière, madame Manchol, est ... était l'épouse du célèbre propriétaire des médicaments du même nom et dont Burma se gave, histoire de faire un sort à sa grippe qui ne cesse de s'aggraver !

 

"- Vous croyez au père Noël, M. Burma ?

- Oui, madame !

- Vous avez raison, c'est la saison ! Le petit Jésus va bientôt sortir de son étable et tout ira mieux ... Vous croyez au père Noël ?

- Mais non !

- Vous avez tort !"

 

Après cet aveu ... elle se tire un pruneau dans la tête !

Burma se retrouve ainsi avec un cadavre dans son bureau et son sac à main ! Dedans, outre le fatras féminin habituel, une enveloppe avec une lettre ... et une grosse liasse de billets ! Et une intrigue alambiquée à démêler.

 

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Quelques indications ... le nom de l'associé de feu Manchol, Biscorne, une famille au passé trouble pendant l'Occupation, ...

Entre histoire d'argent, manipulation, vengeance, ... sur fonds de recherches pharmaceutiques et de charcuterie, des pistes à explorer, des faisceaux d'indices qui lentement se resserrent sur une vérité bien dérangeante !

Mais à chaque avancée, Père Noël traîne dans le coin ... Serait-il la clé de tous ces mystères ? A-t-il un lien avec les protagonistes ?

 

Un micmac tortueux qui poussera Nestor Burma à rechercher les clés du mystère dans tout le XXe arrondissement ... une dernière balade dans Paris, sur les hauteurs de Ménilmontant ! Une ballade parisienne aux notes langoureuses de charcuterie pharmaceutique !

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Ah oui, sans oublier qu'une enquête de Burma sans sa secrétaire Hélène, le journaliste Covet, le commissaire Faroux et l'inspecteur Grégoire (les 4 personnages que Malet avait "offert" à Tardi pour ses manquerait forcément de piment ! Cela va ainsi chauffer ...

Enfin, "chauffer", c'est vite dit car sincèrement l'action se décante plus par les errements de Burma dans le XXe que par des actions réelles.

Des réflexions, ici et là, des redites et encore des redites, entrecoupées de beaucoup de parlottes, de virées au bistrot, de ballons de rouge, ... et à nouveau des déambulations dans ce quartier si cher à Tardi !

Car pas de doute, il le connaît cet arrondissement ... On le voit, on le sent ... Les rues, les façades, les ambiances, ... tout y est reconnaissable. Cela sent le vécu, l'authentique, l'année 1957 !

 

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Mais au fait, pourquoi dans ce XXe ?

Léo Malet avait imaginé écrire un roman de son héros se déroulant dans chaque arrondissement parisien. Malheureusement 5 manquaient, dont celui-là ...

Quelques coïncidences et signes prophétiques plus tard (comme la vision de "Du rififi chez les hommes", la redécouverte dans un tiroir des 4-5 premières planches de ce récit dessinées il y a des années et oubliées depuis, ...), ... et voilà un scénario inédit, signé "Tardi" !

 

Au format "comic" tout simplement car les fameuses planches retrouvées l'était !

Rien de sorcier ni de compliqué ! Juste une envie de transposer son quartier dans la dernière enquête de son "Burma" !

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Tardi ne se prive d'ailleurs pas, au travers ses ambiances populaires, de rendre, d'une certaine façon, hommage au cinéma, au polar français des années '50.

Parler et humour noir en prime ... Tout y est !

Sans omettre ce personnage si "couleur local", rencontré par hasard dans un bistrot et avec qui Burma descendra quelques ballons de rouge et de blanc sec ! La "Biture" ... un sacré phénomène ce gars qui a bien des choses à raconter ...

 

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Un scénario inédit et personnel qui pourrait par conséquent prendre certains de ces fans à retrousse-poils, ... tout comme le dessin d'ailleurs. Ce dernier semble se centrer soit sur Burma lui-même; soit sur l'aspect architectural des décors.

 

Il est clair que Tardi, pour ce dernier opus, a soigné sa documentation.

 

Là est probablement l'un des réels intérêts de cet ultime aventure du détective à la pipe. Une visite guidée dans un arrondissement qu'il n'avait encore jamais exploré.

Graphiquement parlant, le trait apparaît plus "grossier", plus brut, moins affiné ... plus instinctif mais toujours aussi efficace.

Autre "surprise" de ce "der des der", une touche de couleur un peu tramée vient égayer cette excursion dans les rues de son quartier.

 

 

© Tardi - Casterman 2024

 

Alors évidemment une dernière question nous taraude l'esprit ... est-ce réellement le dernier Burma de Tardi ? Lui l'affirme mais il ajoute ...

"Oui, Il y a eu le dernier Adèle Blanc-Sec, voilà 2 ans, là il y a le dernier Burma. J'avais envisagé un moment d'adapter un autre Léo Malet, [...] mais je ne le ferai pas. Disons que ce n'est plus dans mes projets. Enfin, je sais qu'il ne faut jamais fermer totalement la porte ..."

 

Et Tardi en dit : Burma

 

L'avenir nous le dira ...

Bref, un bon Tardi, un surprenant dernier Nestor Burma ... et surtout le cadeau parfait à glisser sous le sapin pour les amateurs du genre !

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

NB : Pour les véritables amoureux de Burma et Tardi, 2 éditions spéciales existent avec des couvertures alternatives. Une pour Canal BD : coffret limité à 2.300 exemplaires, contenant outre la BD, un portfolio de 5 tirés à part.

Le second pour la FNAC se clôturant par un dossier de 8 pages exclusives sur l'Agence Fiat Lux.

 

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Série : Nestor Burma

Titre : Du Rififi à Ménilmontant !

Scénario et dessin : Jacques Tardi

Couleurs : Jean-Luc Ruault

Adapté de : Léo Malet

Éditeur : Casterman

Page : 192

Parution : 6/11/2024

Format : 19 x 26,8 cm

ISBN : 978 2 203 27644 4

Prix : 25 €



Publié le 21/12/2024.


Source : Bd-best


Quand Gaston lui-mĂȘme s'offre comme secrĂ©taire particulier !

Alors que 2024 s'apprête à tirer sa référence, 2025 s'annonce riche en événements de toutes sortes.

 

Rendez-vous privés ou professionnels, culturels ou familiaux, sportifs ou de loisirs, il s'agira de ne rien oublier, d'éviter les doublons et pire, les chevauchements !

Mais tout cela dans la bonne humeur ...

 

Quand le gaffeur innocent ou l'innocence de la gaffe se met à votre service comme secrétaire particulier ...

 

 

Entre gags et autres lagafferies de l'impayable Gaston, voici un agenda semainier à rendre votre programme hebdomadaire et tous vos rendez-vous plus légers.

Pratique et aéré, il se déploie aisément sur votre bureau, vous offrant une vue

Dans un joli écrin vert, il est facilement possible de le replier afin de l'emporter toujours avec soi ! Prendre ses rendez-vous, y ajouter des notes ou des informations diverses, ... tout cela en compagnie du meilleur assistant de bureau que vous pourriez rêver ! Gaston lui-même !

Le champion toutes catégories du courrier en retard et des rendez-vous manqués ou explosés !

 

 

© Hugo-Image / Dargaud Lombard 2025

 

Et quel plaisir que ce journalier ! Chaque jour, une case, une madeleine qui vous rappellera un gag ... qui se poursuivra sur 3-4 jours ... Mais ne trichez pas ! Il faudra à chaque fois attendre le lendemain pour redécouvrir la case suivante ...

Conçu de façon efficace, chaque feuillet renseigne de la date (logique), du saint ou de la sainte du jour, des heures de lever et coucher du soleil. S'y ajoute quelques lignes pour des notes personnelles.

 

Chaque matin, en arrachant l'éphéméride de la veille (à conserver éventuellement), une nouvelle invitation à commencer sa journée par une tranche de rire !

Une promesse de 365 jours sous le signe du gag et de la drôlerie assumée parfois, involontaire et maladroite souvent du plus grand gaffeur du 9e art !

 

 

© Hugo-Image / Dargaud Lombard 2025

 

Deux cadeaux idéaux pour tous les amoureux de Gaston, soucieux également d'avoir une vision claire, organisée de leur planning présent et futur !

Un grand classique désormais d'Hugo-Image !

 

© Hugo-Image / Dargaud Lombard 2025

 

Et si Gaston Lagaffe n'est pas votre tasse d'humour, Hugo Image vous propose des dizaines d'autres thèmes pour égayer 2025, comme : Mylène Farmer, Paris, voitures d'exception, voitures de légende, sentiers de randonnées, pensées positives, paysages de Bretagne, chevaux, chats et chatons, 24h du Mans, ...

Bref, pour tous les goûts et inspirations !

 

© Hugo-Image / Dargaud Lombard 2025

 

Mais quoiqu'il en soit, c'est avec énormément de plaisirs (et de satisfaction de vous savoir si nombreux à nous suivre) que toute l'équipe de BD Best et de Boulevard BD vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année ainsi que tous nos vœux de bonheur, santé, amour ... et découvertes BD pour 2025 !

 

 

Thierry LIGOT

 

 

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Titre : Gaston 2025

Éditeur : Hugo-Image

Site : https://www.hugopublishing.fr/

Collection : Beaux Livres et autres

 

Agenda-calendrier :

Parution : 18/9/2024

Format : 24,1 x 17,7 x 3,5 cm

Page : 162

ISBN : 978 2 7556 7633 4

Prix : 15,95 €

 

Éphéméride - Mon année en 365 jours :

Parution : 9/10/2024

Format : 11,7 x 15,6 x 4,6 cm

ISBN : 978 2 7556 7703 4

Prix : 12,90 €



Publié le 19/12/2024.


Source : Bd-best


Spirou 4523 – 18 DĂ©cembre 2024

 

 

Dangers sur l'île de minuit

 

 

 

 

 

 

 

Retour au calme après le fabuleux numéro de Noël. L'île de minuit, la nouvelle série d'un des scénaristes phénomènes du moment, Lylian, est à l'honneur. Un article présente les personnages sous forme de cartes. La double planche de jeux signée Tyst emmène sur l'île hostile. Pendant ce temps, Lucky Luke, Soda et Tanis poursuivent leurs aventures.

 

A part ça, à qui enverrez-vous vos vœux pour l'année 2025 avec une hilarante carte des Cavaliers de l'apocadispe ?

 

            Spirou, ami, partout, toujours.

 

 

 

© Libon – Dupuis

 

 

 

Histoires à suivre :

 

Ile de minuit (L’) : Le réveil de l’automate

Grebil / Lylian

Lucky Luke : Un cow-boy sous pression

Achdé / Jul / Mel Acryl’Ink

Soda : Révélations

Dan / Tome / Zidrou / Falzar / Cerise

Tanis : Les tombeaux d'Atlantis

Perger / Bajram / Mangin

 

 

Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :

 

Dad Flashbacks

Nob

Des gens et inversement (La pause-cartoon)

Berth

Edito (L’)

Erre / Fabcaro / Greff

Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon)

Lécroart

Fish n chips (La pause-cartoon)

Tom / Cerq

Game over

Midam / Adam / Benz / Angèle

Gary C.Nell, mon papy à l'Ouest

Gorobei / Ced

Kid Paddle

Midam / Dairin / Louis / Angèle

Léon & Lena

Clémence / Cerq. / Alizon

Pernille

Trichet / Dav / Esteban

Psychotine

Zimra / Pujol

Spoirou & Fantasperge (Marges)

Sti

Strip dont vous êtes la star (Le)

Libon / Salma

Tash & Trash (La pause-cartoon)

Dino

Titan Inc.

Boisteau / Martin

Vie Galaktik (La)

Lecrenier / Gallez

 

 

Rubriques :

 

3 infos 2 vraies 1 fausse

Bercovici / Bernstein / Thomas

Coin des lecteurs (Le) : Les BD de ma vie

Bourhis  

En direct du futur : Moins de suppléments

 

Jeux : Host'île

Tyst

L'île de minuit à la carte

 

Spirou et moi

Grebil

 

 

Supplément :

 

Carte de vœux : Les cavaliers de l'apocadispe

Libon

 

 

En kiosques et librairies le 18 Décembre 2024

3,20 €

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 



Publié le 18/12/2024.


Source : Boulevard BD


Jeu des 7 familles

 Noël, ses illuminations, ses crèches, ses santons, ses fééries ... et évidemment ses cadeaux sous ses sapins !

Pour tout âge, les plus petits et plus jeunes en premier lieu !

Aujourd'hui, il n'est pas toujours facile d'en trouver un à la fois ludique, intelligent et un rien didactique !

Si en plus, on peut y jouer en famille, à la maison comme en voyage ...

 

En parlant "famille", voici justement une idée qui ravira tout le monde !

 

 

 

 

Le Jeu des 7 familles "Les Grandes Figures de l'Histoire de France", illustré par Thomas Tessier et édité par Plein Vent !

 

Amusant et classique à la fois, on y retrouve en 7 catégories 49 grandes icônes de l'Histoire de France : chefs d'État, écrivains, soldats, scientifiques, explorateurs, héros modernes et personnages de fiction !

 

 

© Thomas Tessier - Plein Vent 2024

 

Représentés de façon colorée et joyeuse, chacun est renseigné avec ses dates de naissance et de mort. De Clovis à Charles de Gaulle, de Blaise Pascal à Claudie Haigneré, de Christine de pizan à Marcel Pagnol, de Jacques Cartier à Thomas Pesquet, ... le choix n'a pas dû être évident !

Et il y aurait largement de quoi faire une seconde édition ...

 

Petit regret peut-être ... que pour certaines des personnalités retenues, un petit mot d'explication n'accompagne pas l'image.

 

 

© Thomas Tessier - Plein Vent 2024

 

Côté graphisme, c'est donc Thomas Tessier qui met son talent au service de ces cartes. Reconnu dans son style, il s'est spécialisé dans une imagerie attrayante et joviale, clairement destinée à un public jeune, voire très jeune.

Ayant collaboré avec succès à de nombreuses publications, nous retrouvons sa signature dans des recueils de "Belles histoires" (de Saints, de Pâques, ...), des récits de chevaliers, des contes de Noël ou autres (Perrault, 1001 nuits, ...), des romans jeunesse, des almanachs, des livres à destination pédagogiques (contre le harcèlement, pour préparer la rentrée au collège, sur les pompiers, la langue des signes, ...

Ou pour Plein Vent, un autre jeu des 7 familles centré sur "Les Scouts" !

 

© Thomas Tessier - Plein Vent 2024

 

Mais quoi qu'il en soit, cette version des 7 familles est le "petit" plus, pas cher, classique par excellence qui dès 5 ans fera plaisir à tous les enfants ...

 

 

 

Thierry LIGOT

 

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Série : Jeu de 7 familles

Jeu : Les Grandes Figures de l'Histoire de France

Texte : Loïc Mérian

Illustrateur : Thomas Tessier

Éditeur : Plein Vent

Public : enfant

Pages / cartes : 49

Sortie : 13/11/2024

Format : 10,8 x 7,2 x 2,7 cm

ISBN : 978 2 38484 88086 7

Prix : 8,90 €



Publié le 15/12/2024.


Source : Bd-best


Quinze albums au pied du sapin (P2)

Les meilleurs albums de l’année 2024

 

Comment choisir 15 albums sur une année de lecture de plus de 400 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Choisir, c’est renoncer. Voici donc, sans classement, la sélection des albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin. Parmi eux, sera décerné début janvier le prix Boulevard BD d’or 2024.

Laurent Lafourcade

 



Autreville

Terriblements humains

« Nous interrompons notre programme pour un flash spécial. Je suis en ligne avec Jean-Marc Grivin, reporter pour l’agence Média-multipresse. Bonsoir Jean-Marc… Crrr… Bonsoir, Etienne… Crrr… Alors Jean-Marc, vous vous trouvez en ce moment dans un petit village du nnom d’Ernelse, c’est bien ça ?… Absolument, Etienne? « Ernelse  », qu’on aurait pu qualifier de « petit village tranquille ». Mais ce soir , ce n’est plus exactement le cas, ce soir où un paisible retraité a fait une macabre découverte en promenant son chien : un sac orange en plastique qui contenait un bras. Arrivés rapidement sur place, les gendarmes ont entamé des recherches dans les alentours et ont trouvé trois autres sacs orange abandonnés dans des endroits épars. »

Luc et Stéphane, exilés dans le Sud, partent rejoindre Rudy, leur ami d’enfance resté dans le Nord de la France, leur région de naissance. C’est pas la joie. Juste avant de partir, ils ont enterré Olina, la chienne de Luc, après une nuit de souffrances. Le séjour tombe à point nommé pour leur changer les idées… ou pas. Alors qu’ils approchent de leur destination, Autreville, ils apprennent à la radio qu’une découverte macabre a été faite non loin de là. Un corps démembré a été retrouvé dans des sacs plastiques. Bref, ils ne sont pas venus pour mener l’enquête. Arrivés chez Rudy, ils retrouvent Grazziella, sa femme, qui veut qu’on l’appelle Grâce. Tous les quatre étaient à l’école primaire ensemble, avec un cinquième larron, Etienne, qui a acheté une maison au bout de la rue. Il ne va pas tarder à débarquer.

La joie des retrouvailles, somme toute fort sobre, va rapidement laisser place pour Stéphane à un sentiment étrange. Alors qu’il se sentait tout excité de retrouver les lieux de son enfance, lors d’une promenade, Etienne, doté d’un pessimisme chronique, lui pointe du doigt une atmosphère sombre insidieusement installée dans la société. Docteur en nanophysique, ce dernier présente à son camarade une machine qu’il a conçu tout seul, installée dans sa maison, offrant une expérience immersive en survolant virtuellement les localités de la région. De retour tous ensemble, le repas des copains mêle émotion et confidences avant que la télévision ne leur rappelle qu’un meurtrier sévit dans le coin. Avant de se coucher, Stéphane fait une promenade digestive dans la forêt de son enfance. Des fragments de jeunesse ressurgissent intacts.

© De Thuin – Sarbacane

Connaît-on suffisamment bien les amis avec qui l’on était si intimes enfants ? Le temps et la vie faisant leurs effets, les chemins se séparent et lorsqu’ils se recroisent les liens ne sont pas toujours aussi forts. Quand un fait divers d’apparence totalement déconnecté va faire l’effet d’une boule de bowling dans un strike, les relations entre les membres du groupe vont s’en trouver chamboulées. David De Thuin signe un polar intimiste, au cœur des sentiments. La couverture synthétise parfaitement le propos. Stéphane avance dans la lumière, sortant de la forêt noire dans laquelle se trouvent ses camarades qui l’observent, comme s’il venait de réaliser qu’il fallait quitter l’enfance pour comprendre le sens de la vie sur laquelle elle se base.

Dans un graphisme Spirou-compatible, De Thuin construit une biographie riche et variée. Sous la caméra d’un Claude Chabrol, Autreville aurait fait un film d’ambiance aussi inquiétant que poignant. Sous les crayons de De Thuin, Autreville est un album encore plus fort que s’il avait été dessiné dans un style réaliste. Il ne faut pas passer à côté.


One shot : Autreville

Genre : Polar

Scénario, Dessins & Couleurs : David De Thuin

Éditeur : Sarbacane

ISBN : 9791040805014

Nombre de pages : 112

Prix : 22 €


Les yeux doux

Les nouveaux misérables

« -Vous critiquez les équipements de l’atelier universel, maintenant ?

-Mais non… Je dis juste que…

-Vous vnez de perdre votre emploi, matricule 25431 !

-C’est injuste… J’ai rien fait de mal… Demandez aux autres !

-Les autres seront d’accord avec moi, sinon ils perdront également leur emploi ! Votre licenciement prend effet à l’instant ! Vous ne faites plus partie de l’usine… Veuillez quitter les lieux… L’enceinte de l’atelier universel est interdite à toute personne étrangère au service ! »

Après avoir appuyé sur le bouton d’arrêt d’urgence d’une chaîne de production suite à un problème technique, Arsène est viré manu militari. Sous les yeux ébahis de ses collègues, il récupère ses habits et quitte les lieux. Il traverse la ville grisâtre et retrouve sa sœur Annabelle dans leur appartement commun. Elle n’a pas encore 21 ans et ne peut pas encore travailler. Lui vivait pour et par l’atelier depuis des années. Il n’est plus rien du tout. Il n’a plus de statut social, plus de matricule, plus de nom. Il a été effacé du système. Il ne croit pas si bien dire. En sortant de la douche, il se rend compte que son corps lui-même s’efface. Il est devenu invisible. Quelques jours plus tard, Annabelle est surprise par un service de sécurité en train de voler un fruit sur un étalage. De l’autre côté de la caméra, Anatole, l’un des meilleurs employés de la compagnie de surveillance Les yeux doux, alerte les vigiles. Quelle belle journée ! Encore une fois, il est un travailleur modèle. Mais un élément va le perturber au plus haut point : il ne peut pas se sortir le visage de la voleuse de la tête.

Comment la vie peut-elle basculer en un instant ? C’est le leitmotiv de ce conte moderne. Celle d’Arsène va prendre un tournant : comment vivre invisible ? Celle d’Annabelle va vriller : de voleuse coupable, elle passe à un statut d’innocente inattendue. Anatole, en effet, a prétexté s’être trompé en l’accusant. Il parvient à la faire libérer. Mais c’est sa vie qui va ensuite changer lorsqu’il va être confondu, preuves à l’appui. Il a menti au sujet d’Annabelle. Il est licencié sur le champ. Il devient lui aussi un paria. Il va découvrir un univers parallèle dans lequel une société d’exclus s’est organisée. Anatole Souclavier et Annabelle et Arsène Serrejoint ont rejoint le clan des indigents. Subir ou agir ? Le peuple des bas-fonds semble avoir décidé.

© Corbeyran, Colline, Saint-Blancat – Glénat

Les yeux doux doit son titre aux images de Pin-up disséminées dans les rues de la ville et qui observent, scrutent et surveillent les habitants. Corbeyran écrit une nouvelle version des Misérables, un Notre-Dame-de-Paris 2.0, car, en effet, Les yeux doux est une histoire qui doit beaucoup à Victor Hugo. C’est une fresque romanesque avec ses héros, ses oppresseurs, ses parias. C’est une grande histoire d’amour comme on en fait peu. C’est aussi une dystopie politique anticapitaliste. Ça peut paraître étonnant mais le scénario ferait une formidable comédie musicale. Michel Colline a réalisé un travail incroyable. Déjà, avec Charbon, chez Paquet, il signait un diptyque formidable. Pour Les yeux doux, il a assoupli et dynamisé son trait. Pour couronner le tout, ajoutons une maquette d’album parfaite et ça fait des Yeux doux un livre immanquable.

On parle souvent d’Aire Libre chez Dupuis, de Grand Angle chez Bamboo ou de Signé au Lombard, labels de qualité irréprochable. 1000 feuilles s’ancre définitivement comme leur pendant chez Glénat… grâce à des albums comme Les yeux doux.


One shot : Les yeux doux

Genre : Aventure

Scénario : Corbeyran

Dessins : Michel Colline

Couleurs : Cyril Saint-Blancat

Éditeur : Glénat

Collection : 1000 feuilles

Nombre de pages : 184

Prix : 24 €

ISBN : 9782344056189


La BD super géniale de Chacha

Une pépite inattendue

« -Quoi ! Une BD archi super dans ce livre ?!

-Ouais !

-Génial ! Où ça ?!

-T’as qu’à tourner la page.

-J’ai rien qu’à tourner la page ???

-Si je te le dis.

-Ok, je vais apprendre à lire et je reviens. Salut.

-Salut mec »

Chacha, c’est Charlotte. Elle a dix ans et se définit comme une petite fille normale. Elle n’a ni frère, ni sœur, ni perroquet. Elle a eu un poisson rouge, mais pas longtemps. Ses parents ne veulent pas qu’elle ait un animal de compagnie. A la place, ils lui ont acheté des feutres, un coffret maxi dingo. Mais Chacha continuait à s’ennuyer… jusqu’au jour où elle eut l’idée de faire une bande dessinée, sa bande dessinée. C’est justement celle-ci qui se trouve dans ce livre. Entre commentaires façon journal intime et l’incroyable histoire de Moquette et Clic, voici un bouquin hors du commun.

Moquette est une gamine de l’âge de Chacha. C’est une mégastar connue dans le monde entier parce qu’elle est filmée depuis la sortie du corps de sa mère le jour de l’accouchement. Elle s’appelle ainsi parce qu’elle est née sur la moquette du salon. Sa mère n’avait pas pu se rendre à l’hôpital parce qu’on lui avait volé la selle de son vélo. Suite au succès de la vidéo de la naissance, sa mère acheta toutes les caméras de la ville pour la filmer tous les jours. Le rendez-vous était donné sur les réseaux à 18h07 pétantes quotidiennement pour le TV Moquette Show. En grandissant, Moquette commençait à souffrir de cette notoriété qui l’entraînait dans une solitude sans ami. Elle veut tout arrêter. Pour sa mère, c’est hors de question. La fillette fugue.

© L.Sam, Abesdris – Auzou

En feuilletant La BD super géniale de Chacha, on est loin d’imaginer qu’on a entre les mains un OVNI scénaristique à côté duquel il est inconcevable de passer. A partir d’une idée somme toute simple, une fillette réalisant une BD, les autrices Virginy L.Sam etMarie-Anne Abesdris signent l’un des livres les plus débilement drôles de l’année. On n’avait peut-être pas lu quelque chose d’aussi déjanté depuis Nini Patalo par Lisa Mandel. Graphiquement, on est plus proche d’un José Parrondo. On est dans l’ambiance des histoires de Allez, raconte ! qu’il a dessiné pour deux albums et une série de dessins animés sur des histoires de Lewis Trondheim. Chacha, non, pardon, Moquette vit dans un univers avec un professeur foufou, une créature affreuse, un gardien d’hôtel et sa femme collectionneuse compulsive, un cheval qui pète et autres absurdités. C’est débilement drôle.

La BD super géniale de Chacha, contrairement à ce qu’annonce l’éditeur, n’est pas que pour les enfants de 8 à 12 ans. Elle a deux atouts incroyables : 1. Celui de faire passer un excellent moment de lecteur pour tous avec un livre dans lequel on suit non seulement l’héroïne d’une histoire mais aussi les ressentiments de sa créatrice, et 2. Celui de prouver aux gamins qu’ils peuvent oser se lancer dans une BD. Une idée de génie de ses deux autrices. Cet album est une pépite inattendue.


One shot : La BD super géniale de Chacha

Genre : Humour déjanté

Scénario : Virginy L.Sam

Dessins & Couleurs : Marie-Anne Abesdris

Éditeur : Auzou

ISBN : 9791039545068

Nombre de pages : 104

Prix : 11,95 €


Peter Pan de Kensington

A quoi bon quitter l’enfance ?

« -Vous avez entendu ?

-Oui… Qu’est-ce que c’est ?

-On dirait des pleurs, des gémissements…

-Un humain !

-Maintenant ? En pleine nuit ? Nous envahir la journée et nous obliger à nous faire passer pour des fleurs ne leur suffit donc pas ? Il faut en plus qu’ils nous importunent après la fermeture !

-Ils ne manquent vraiment pas de toupet ! »

                Toutes les villes habitées par les créatures humaines recèlent des endroits particuliers… Des endroits magiques où cohabitent ce qui est, ce qui n’est pas et ce qui pourrait être… A Londres, cet endroit correspond aux jardins de Kensington. Cet après-midi, une vieille dame, la vendeuse de ballons, y a laissé la vie, vraisemblablement victime d’une attaque cardiaque. Cette nuit, une petite fille y sanglote. Elle était venue avec son papa mais elle s’est perdue. De vilaines fées veulent lui réserver un mauvais sort. Elles vont rapidement se faire chasser par un jeune homme bien mystérieux. Cette fillette s’appelle Maimie Mannering et a six ans. Lui, c’est Peter Pan, l’authentique et inimitable Peter Pan. C’est un aventurier, c’est un pirate. Il est Peter des jardins de Kensington. Comme le dit son ami corbeau, il n’est ni ceci, ni cela, ni ici, ni là. C’est un entre-les-deux. Ni un oiseau, ni un enfant, même s’il vole comme un oiseau et se comporte comme un enfant.

                Alors que Maimie souhaiterait que Peter la ramène chez elle, celui-ci lui donne des ailes pour survoler la capitale anglaise. Il lui fait admirer le ciel et notamment les étoiles. Et qu’y a-t-il au-delà de la deuxième étoile, là-haut, à droite ? Neverland ! Le pays imaginaire, une île où les enfants ne grandissent pas et où il n’existe qu’une seule règle : s’amuser ! Peter propose à Maimie de l’y emmener, afin de devenir une enfant pour l’éternité. On trouve aussi là-bas des sirènes, des indiens, des cannibales et des milliers de fées, ainsi que des pirates aussi effrayants que risibles comme le redoutable Capitaine Crochet. L’enfant volant réussira-t-il à convaincre la fillette ?

© Munuera, Sedyas – Dargaud

                Après Bartleby le scribe, d’Herman Melville, et Un chant de Noël, de Charles Dickens, José-Luis Munuera adapte, non pas l’histoire de Peter telle qu’on la connaît par le prisme Disney, mais une autre histoire de James Matthew Barrie, publiée en 1902, qui en est en quelque sorte le préquel, dans le recueil The little white bird, Le petit oiseau blanc. Sous les pinceaux de Munuera, ce récit méconnu prend une dimension féérique au sens propre du terme. Au sommet de sa carrière, comme touché par la grâce, l’auteur espagnol enchaîne depuis quelques années les coups de maître.

                Une fois n’est pas coutume, saluons la sublime maquette de Philippe Ghielmetti pour cette collection en général et pour cet album en particulier. Sous une magnifique jaquette en quatre pans (et un seul Peter Pan), on trouve un livre vert, avec quelques herbes et fleurs en ombres blanches et où aucune inscription ne figure. Le contenant est aussi beau que le contenu.

                Histoire d’enfance, histoire de deuil, histoire du deuil de l’enfance, Peter Pan de Kensington ne laissera pas insensible, en particulier ceux qui ont oublié de grandir. Elle les confortera dans leur idée de garder leur âme d’enfant. Sublime.


One shot : Peter Pan de Kensington

Genre : Conte

Scénario & Dessins : José-Luis Munuera

D’après : James Matthew Barrie

Couleurs : Sedyas

Éditeur : Dargaud

Nombre de pages : 96

Prix : 21 €


Ducky Coco

Canard cow-boy et fière monture

« -On est faits pour s’entendre, Guiguite.

-Tu me dois minimum 200 $.

-Tu t’estimes à seulement 200 $ ?

-C’est le prix d’un canasson banal.

-Je reconnais que tu n’es pas banal. Merci. »

                Ducky Coco, un cow-boy canard, débarque au Gold Ranch. Il cherche à acheter un cheval. Le propriétaire lui propose une bête exceptionnelle… capable de tresser des bracelets brésiliens. Ce n’est pas vrai mais c’est un argument de vente. Le cheval, qui parle, refuse d’être traité comme une vulgaire marchandise. Il s’appelle Steevy mais préfère qu’on l’appelle Guiguite. C’est gratos qu’il va accepter de partir découvrir les grands espaces avec Ducky Coco sur son dos. Ensemble, en ville et dans la nature, ils vont parcourir le Far West.

                A l’hôtel, pas grave s’il ne reste qu’un lit. Ils vont dormir dans le même. Si Guiguite est fatigué, il monte dans une diligence, n’en déplaise aux dames indignées. Au saloon, il y a toujours moyen pour le cheval de siroter un whisky même s’il reste à l’extérieur. Quand il y rentre, c’est pour jouer au poker. Lorsque le duo risque de se faire braquer par un outlaw en pleine zone désertique, si l’un des deux est un cheval qui dort, il y a moins de risque que ça tourne mal. Dans ce monde sauvage, détecter les bandits, c’est bien, détecter les menteurs, c’est parfois moins évident mais on peut quand même y arriver. Sacrés chercheurs d’or qui tentent d’éloigner des visiteurs qui auraient des velléités pour orpailler avec eux.

© Ricard – 2024

                Ducky et Guiguite est l’un de ces duos improbables que l’on croise souvent au cinéma ou en bande dessinée. Leur monde naturellement déjanté est à mourir de rire. A l’instar de Lucky Luke et Jolly Jumper, Ducky et Guiguite sont d’une complicité exemplaire. Comme Lucky, Ducky est relativement lisse. Ce sont les gens qu’il croise qui sont azimutés. Rien ne le surprend. Il fait son job de cow-boy, justicier quand il le faut mais ce n’est pas non plus son but premier. Si Jolly Jumper se contente de commenter, Guiguite fait ce qu’il veut quand il veut, comme s’il était un humain. Roublard, pas très délicat, il est sans gêne mais sait se montrer serviable.

                Dans une pure ligne claire et des aplats de couleurs, Anouk Ricard réinvente le western. C’est débile au sens noble du terme. Philippe Katerine pourrait jouer le rôle de Ducky… s’il avait un bec. Ricard invoque Ionesco pour un album à ranger à côté de ceux d’Emilie Gleason. L’autrice ne peut pas nous laisser sans suite. Absurdement génial.


One shot : Ducky Coco

Genre : Western humoristique

Scénario, Dessins & Couleurs : Anouk Ricard

Éditeur : 2024

ISBN : 9782383870845

Nombre de pages : 72

Prix : 23 €


Débile une histoire de harcèlement scolaire

Les histoires les plus ignobles ne sont pas toujours des fictions

« -Assieds-toi, Iñaki. Tu as beaucoup de devoirs ? Tout se passe bien au collège ?

-Ben, je crois que oui…

-Gorka, ça suffit, maintenant ! Ou tu manges ton sandwich ou tu files au lit tout de suite, sans dessert, ni rien. Qu’est-ce que tu disais, mon grand ? Tout se passe bien au collège ?

-Oui, maman, tout va bien. »

                « Oui, maman, tout va bien. » Quand, page 11 de cette histoire, un adolescent répond à sa mère que tout va bien au collège, la phrase fait autant de bruit que le signal d’arrêt d’urgence d’un TGV lancé pleine puissance. Si le jeune homme ne laisse rien transparaître, on ne cache rien à une maman. Elle se doute bien que quelque chose ne tourne pas rond. Iñaki est beaucoup plus grand que ses camarades de classes. Alors, ils l’appellent Théodule, parce que Théodule, plus il est grand, plus il est nul. Les petits disent même que s’il est si grand, c’est parce qu’il a mangé son petit frère. Alors qu’il joue au basket dans la cour de récréation, des élèves viennent méchamment lui voler le ballon avant de le lui rendre en pleine face. Il n’a pas de réflexe, ce « débile » !

                Débile, une histoire de harcèlement scolaire, est construit comme ces films d’horreur dont la tension monte crescendo jusqu’à atteindre un paroxysme insoutenable. Horreur, oui, le harcèlement est bien une histoire d’horreur. Tout ça parce qu’il est plus de taille que la moyenne, Iñaki est la risée du collège. Si tout commence par des phrases des plus jeunes, soi-disant drôles, quand les plus grands vont s’attaquer au jeune homme, tout va prendre une autre dimension. L’un d’eux va jusqu’à lui faire manger ses excréments. Et quand la spirale du cauchemar tourne dans le mauvais sens, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Même la prof de maths, qui au départ prévient la maman qu’il y a quelques chamailleries mais que ce n’est « rien de grave », finit par se ranger du côté des moutons de Panurge. Ce n’est pas qu’elle se moque de lui, mais elle ne voit rien de ce qu’il se passe réellement. Elle lui reproche ses erreurs d’opérations et le réprimande pour ne pas avoir son éteint son téléphone, alors que c’était justement un harceleur qui profitait de l’instant pour l’accabler. Bref, cette accumulation de problèmes va pousser Iñaki à songer au suicide.

© Llor, Porto – Des ronds dans l’O

                Si Débile une histoire de harcèlement scolaire est une histoire si forte, c’est certainement, et dramatiquement, parce qu’elle est basée sur des faits réels. Elle est basée sur le témoignage d’Iñaki Zubizarreta, ancien basketteur espagnol victime de harcèlement scolaire, qui a trouvé sa résilience dans le sport. S’il peut le raconter aujourd’hui, c’est que, heureusement, ça s’est bien terminé pour lui, parce qu’à un moment donné, il y a eu une prise de conscience salvatrice. Depuis quelques années, le sportif donne des conférences et fait des interventions en classe pour dénoncer cette engeance. Fernanco Llor et Miguel Porto ont adapté son récit dans cette BD parue en Espagne en 2020 et que les éditions Des ronds dans l’O ont eu la bienfaitrice idée de traduire en français.

                En démontrant aux lecteurs qu’un harcelé est une victime et non pas un coupable comme les bourreaux voudraient le laisser paraître, en démontrant que la vengeance n’est pas la réponse face à la bêtise et à la méchanceté, Débile une histoire de harcèlement scolaire est de ces livres d’utilité publique à intégrer dans tous les CDI de collèges et lycées. Si j’étais Ministre, j’en achèterais un pour chaque établissement scolaire.


One shot : Débile une histoire de harcèlement scolaire

Genre : Témoignage émotion

Scénario : Fernando Llor

Dessins & Couleurs : Miguel Porto

Éditeur : Des ronds dans l’O

ISBN : 9782374181547

Nombre de pages : 148

Prix : 23,90 € 


Minuit passé

L’âme en les murs

« -Manoir Drosera, bonjour ?

-Mon amour ?

-Daphné !

-Je ne te dérange pas ?

-J’étais en plein travail, mais il me fallait absolument une pause.

-Comment vont les deux amours de ma vie ? »

                « Il y a ceux qui dorment. Il y a ceux qui rêvent. Il y a ceux qui trouvent la nuit aussi claire que le jour. Et d’autres pour qui le jour est aussi sombre que la nuit. Papa… Tu fais partie desquels ? » Minuit sonne. Les Tic Tac réveillent Guerlain qui s’est endormi sur le sofa, avec son fils Nisse dans les bras. Il se lève délicatement pour aller le déposer dans son lit. Alors que le petit garçon replonge dans les bras de Morphée avec juste la force d’avoir pu souhaiter une bonne nuit à son père, ce dernier s’apprête à vivre une nouvelle nuit d’insomnie. Guerlain vient de revenir dans le manoir de son enfance, celui que lui ont laissé en héritage de leurs parents ses trois grandes sœurs. Il y séjourne avec son fils de 7 ans. Daphné, l’épouse et mère, est en déplacement pour son travail d’artiste.

                Guerlain aménage les lieux et veille à l’éducation de Nisse. En ouvrant une armoire, trois corneilles s’échappent. Comment sont-elles arrivées là ? Elles ne quitteront pas la maison mais ne se laisseront pas attraper pour autant, déposant çà et là des pétales de fleurs. Comment ont-elles pu en récupérer puisque les fenêtres étaient closes ? Et quelle est cette ombre courant dans le jardin que Guerlain prend pour Nisse alors que celui-ci est dedans ? Le mystère va s’épaissir lorsque, au moment de la lecture du soir, d’étranges bruits vont se faire entendre. Un esprit ? Nisse va lui demander de frapper deux coups s’il veut que papa poursuive l’histoire, un seul coup pour non. TAP. TAP. Ça tombe bien, mais ça fait un petit peu peur.

© Geniller – Delcourt

                Après Les fleurs de grand-frère et Le jardin, Paris, sans oublier une incursion dans l’univers des Légendaires, Gaëlle Geniller signe un troisième one shot de toute beauté, dans le fond comme dans la forme. L’histoire se passe en Angleterre dans les années 20, tout comme Le jardin, Paris. Si l’histoire n’avait pas été un huis-clos, les personnages auraient pu se croiser puisque « La Rose de Paris » vient se produire à Londres. Plus qu’une histoire de spiritisme, Minuit passé est un récit sur la difficulté de quitter l’enfance. Peut-on retrouver dans les lieux du souvenir les états d’âme de jadis ? Dans l’histoire, Nisse est beaucoup plus adulte que son père. Il s’avère être un fin analyste. Il arrive que certains fantômes ne sachent même pas qu’ils sont morts. Il faut savoir si l’esprit est là par errance, par vengeance ou par confusion. Ça, c’est l’enfant qui l’explique à l’adulte. Mais que cherche à faire comprendre la maison ?

                Un mot sur la sublime maquette de l’album, avec un jaspage (impression sur tranche) qui donne l’impression que l’album sort tout droit de l’époque où se déroule l’intrigue. Un cahier graphique clôture le livre, avant qu’une scène post-générique, comme au cinéma, ne vienne rabattre les cartes de l’avenir des personnages.

                Si l’écrivain Yasmina Khadra n’avait pas utilisé le titre Ce que le jour doit à la nuit pour l’un de ses romans, Gaëlle Geniller aurait pu appeler son album ainsi. Minuit passé, c’est aussi ce que l’adulte doit à l’enfant qu’il était. Une merveilleuse leçon ni plus ni moins sur le sens que l’on donne à sa vie.


One shot : Minuit passé

Genre : Emotion

Scénario, Dessins & Couleurs : Gaëlle Geniller

Éditeur : Delcourt

Collection : Mirages

ISBN : 9782413078944

Nombre de pages : 208

Prix : 25,50 € 


 

 



Publié le 15/12/2024.


Source : Boulevard BD


Quinze albums au pied du sapin (P1)

Les meilleurs albums de l’année 2024 

 

Comment choisir 15 albums sur une année de lecture de plus de 400 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Choisir, c’est renoncer. Voici donc, sans classement, la sélection des albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin. Parmi eux, sera décerné début janvier le prix Boulevard BD d’or 2024.

 

Laurent Lafourcade

 



Bobigny 1972

L’esprit des lois

« -Laisse-moi entrer, Marie-Claire… Que je te voie. Savoir si je dois t’amener chez le Docteur. Chérie, que se passe-t-il ? Pourquoi tu pleures ? Ce n’est pas grave, voyons… Des coliques… Marie-Claire…. Marie-Claire. Tu dois me raconter ce qui s’est passé. Et tu dois me dire quand cela est arrivé. »

1971. Marie-Claire a 15 ans. Elle n’a pas fait l’amour. Il l’a forcée. Il l’a forcée. Elle est enceinte. Il l’a forcée… Il l’a forcée… Marie-Claire ne veut pas de cet enfant. Sa mère l’accompagne dans sa démarche. Comme des milliers de femmes, elle va aller voir une faiseuse d’anges… pour avorter. Début 1972, sur dénonciation du violeur, Marie-Claire et Michèle, sa mère, sont arrêtées et interrogées par la police. « Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen aura procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, sera puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans, et d’une amende de 1800 F à 100 000 F… » Les deux femmes sont libérées en attendant le procès. Quelques mois plus tôt, 343 femmes ont lancé un appel réclamant l’avortement libre. Parmi elles, la célèbre avocate Gisèle Halimi. Michèle Chevalier décide d’aller la rencontrer pour qu’elle défende sa fille, mais elle n’a pas d’argent pour la payer. Pour Halimi, il n’y a pas de problème d’argent. Il n’y aura pas de frais si la famille la laisse agir. L’affaire sera médiatisée afin de pousser l’état à changer la loi. La société patriarcale est-elle prête à faire évoluer sa mentalité ?

© Maurel, Bardiaux-Vaïente – Glénat

Avec Bobigny 1972, c’est tout le parcours du combattant pour l’IVG qui est raconté par Marie Bardiaux-Vaïente à travers une histoire basée sur des faits réels, le procès de Marie-Claire Chevalier. La loi Veil est en ligne de mire, mais avant d’en arriver là, il aura fallu tout le talent et la puissance d’une Gisèle Halimi, avocate qui réussit à embarquer l’opinion publique. Carole Maurel met en scène cet événement avec une pudeur incroyable. Son graphisme réunit les genres et transpire d’émotion. Pour rester dans la militance, Carole Maurel, futur Grand Prix d’Angoulême ! Marie Bardiaux-Vaïente montre à toutes les femmes du XXIème siècle qui l’ignoraient qu’il aura fallu se battre il y a cinquante ans pour qu’elles connaissent enfin la justice de leur liberté.

Bobigny 1972 raconte un pan de la politique de la Vème République, expliquant comment les mentalités ont évolué dans le sens de la fraternité (et de la sororité), de la liberté et surtout surtout de l’égalité. Au-delà de ça, en 2024, les femmes prennent enfin le pouvoir dans le milieu de la bande dessinée et c’est tant mieux.


One shot : Bobigny 1972

Genre : Histoire

Scénario : Marie Bardiaux-Vaïente

Dessins & Couleurs : Carole Maurel

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344045664

Nombre de pages : 164

Prix : 22 €


Lebensborn

La fontaine de sa vie

« -Himmler ! … Les camps de concentration… L’effroyable sélection qui envoyait les enfants juifs se faire gazer ! Et vous connaissez l’autre programme de sélection mis en place par les nazis ? »

Nîmes, octobre 1993, Isabelle est en cours d’Histoire au collège La révolution. La prof leur apprend que la sélection des enfants mise en place par les nazis ne passait pas que par le gazage des juifs. Pendant que ces barbares tuaient des enfants d’un côté, ils en faisaient naître de l’autre. Dépeuplement- repeuplement. Des aryens naissaient dans des maternités nazies scandinaves. Ces lieux étaient appelés des Lebensborn, de « leben » (vie) et « born » (fontaine ou source) en allemand ancien. Ces fontaines de vie cachaient des horreurs. Il y en avait en Allemagne, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en France, mais surtout en Norvège, entre 1942 et 1945. Le cours fait tilt dans la tête d’Isabelle. Sa mère, adoptée, est née en 1944 en Norvège. Viendrait-elle d’une de ces maternités ?

Katherine, la maman d’Isabelle, ne sait pas pourquoi sa mère n’a pas pu la garder. L’époque était compliquée. Elle était peut-être trop jeune ou trop pauvre. Toujours est-il qu’elle a trouvé une famille aimante en France et que mamie est celle qu’elle aime et qui l’a élevée. A son décès en 1998, Katherine, qui n’avait jamais cherché à en savoir plus, décide de mettre de la lumière sur son histoire. 1998, c’est aussi l’arrivée d’internet dans le foyer. Les recherches sont facilitées. Isabelle part faire des études de dessin pendant que sa mère avance dans l’enquête de ses origines. Elle découvre que son père biologique était un soldat allemand. Elle se trouve un frère et une sœur en Norvège. Isabelle apprend qu’elle a des cousins. Katherine est née sous le nom d’Annelise. Elle va aller rencontrer sa famille et découvrir la vie de sa mère Gerda. Isabelle en sera le témoin graphique, pas toujours avec l’accord de sa maman.

© Maroger – Bayard graphic’

Isabelle Maroger explore un pan méconnu de l’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, peut-être parce qu’il n’y a eu qu’un seul de ces Lebensborn en France. Entre 15 000 et 20 000 enfants seraient nés dans ces pouponnières. En Norvège, de jeunes soldats allemands étaient envoyés pour séduire des filles qui pourraient leur donner des enfants correspondant aux critères aryens. On accompagne Gerda à Hurdal Verk, le manoir qui abrita l’une des plus grandes maternités nazies de la région d’Oslo. Annelise-Katherine y naîtra. Comment échappera-t-elle à une arrivée en Allemagne, comme ce qui avait été prévu ? On le découvrira dans l’album, tout comme on en saura plus sur Paul, le soldat, grand-père d’Isabelle. Dans un graphisme tous publics et une mise en couleurs originale posant des personnages en couleurs ou pas selon les époques sur des décors en tons de gris, Isabelle Maroger transforme une histoire vraie de famille et de généalogie en polar parfois palpitant.

Il est des histoires où la réalité dépasse la fiction. Lebensborn est de ces récits témoignages, témoin d’une époque que l’Histoire du monde aurait préféré ne jamais écrire, mais qu’il est nécessaire de retranscrire pour ne pas l’oublier. Un des albums de l’année.


One shot : Lebensborn

Genre : Histoire

Scénario, Dessins & Couleurs : Isabelle Maroger

Éditeur : Bayard graphic’

ISBN : 9782227500822

Nombre de pages : 224

Prix : 22 €


Copenhague

Une sirène assassinée

« -Madame… Excusez-nous les danois, nous avons un problème. Mais je vais t’occuper. Je suis très francophile. Ici, c’est comme ma maison parce que j’habite là. Je peux t’aider.

-On a vraiment trouvé une sirène morte ? C’est possible, ça ?

-Oui. Nous ne comprenons pas la chose encore. Toute la ville est dans le grand désarroi. Les gens ont la peur ! Ils ont le chagrin. Ils ont l’émotion qui déborde. »

                Partie six jours au Danemark, à Copenhague, Nana Miller, parisienne, ne savait pas qu’elle allait y rester plus que prévu. Elle a quitté Paris sans prévenir son ado de fille. Elle lui a laissé cent balles, un post-it sur le frigo et un reste de lasagnes. Royal ! Arrivée sur place, dans le taxi qui la mène à l’hôtel, c’est la panique sur les boulevards. La radio annonce qu’un corps a été trouvé près d’Amalienborg. Ce n’est pas un homme. Ce n’est pas tout à fait une femme. C’est une sirène. Le personnel ayant déserté l’hôtel, Anna y est accueillie par Thyge Thygesen (prononcez Thüü Thüsen), un excentrique qui y habite en compagnie de « Nom d’un chien », son caniche rose. Le pays est verrouillé. Les aéroports sont fermés. Plus personne n’entre ni ne sort du Danemark. L’information est gardée secrète. Anna va devoir prendre son mal en patience. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »

                Anna ne va pas rester passive en attendant que la situation évolue. Thyge (prononcez Thüü) est animateur de radio. Il est présentateur de l’émission « Les vrais génies ont la parole », dans laquelle il prend au téléphone les seuls qui se posent les bonnes questions : les enfants. Ça ne va louper. Il y en a un qui l’appelle pour lui demander qui a tué la sirène, parce que les sirènes, elles ne meurent pas normalement. C’est comme dans les multivers Marvel : si une brèche s’ouvre sur un autre univers, tout est chamboulé. Il faut qu’un gardien de l’univers remette les choses en ordre. Thyge et Anna vont se transformer en détectives en herbe afin de démêler l’intrigue. Un gourou, un club de caniches, le célèbre parc d’attractions Tivoli en plein centre-ville, des terroristes, la capitale du Royaume du Danemark est le théâtre d’une affaire bien mystérieuse.

© Risbjerg, Pandolfo – Dargaud

                Après Sousbrouillard, le duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg est de retour avec une petite pépite, un pavé de suspens et d’émotion à côté duquel il est impossible de passer. Terkel Risbjerg enveloppe l’histoire dans un style proche de celui de Christophe Blain. On est tout de suite pris dans l’action, la problématique est posée dès les premières pages. Bien sûr, les liens entre Anna et Thyge vont évoluer au fil de l’histoire. L’ours fêlé qu’est le danois va se transformer en doux kidulte. La rigide française, dont on ne connaîtra jamais vraiment la raison du voyage, va être attendrie par le moustachu. Jusqu’à quel point ? On est dans une tragi-comédie où les scènes les plus cocasses (comme une réanimation de caniche après un séjour dans l’eau) côtoient des instants très sérieux (comme l’autopsie de la sirène). Anne-Caroline Pandolfo aborde le sujet des dérives sectaires et du terrorisme. On ne peut s’empêcher de penser aux attentats perpétrés à Copenhague en 2015. Ce livre n’en serait-il pas une version décalée ?

                Cette histoire a l’air futile et fantaisiste, mais elle est très profonde. Un de plus beaux messages qui soit est délivré dans l’une des dernières scènes de l’album lors d’une conversation entre Thyge et l’un de ses jeunes auditeurs. Copenhague est ces bijoux grâce auxquels, contre toute attente, on n’est pas tout à fait le même après l’avoir lu. Faire de sa vie un rêve, faire de son rêve une réalité.


One shot : Copenhague

Genre : Polar feel good

Scénario : Anne-Caroline Pandolfo

Dessins & Couleurs : Terkel Risbjerg

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9782505122159

Nombre de pages : 296

Prix : 29,99 € 


Le combat d’Henry Fleming

Dans l’âme du soldat

« -‘Man… Je me suis engagé.

-Que la volonté de Dieu soit faite, Henry. Mais ne crois pas que ce sera facile. Les sudistes ont l’expérience de plusieurs révolutions, au Texas, au Mexique, ils savent se battre. Face à de jeunes recrues yankees pleines de belles idées, il n’y aura pas de miracle. »

                La mère d’Henry Fleming va devoir se faire à l’idée. Son fils s’est engagé chez les Yankees. Passer son temps derrière le cul d’une mule à labourer les champs n’a jamais fait rêver personne. Les copains ont déjà quitté le village pour aller se battre. Toute la région est à feu et à sang. Il n’en fallait pas moins à Henry pour se décider à enfiler l’uniforme. Il part. Le jeune homme va vite déchanter. Au lieu de se réjouir et fêter ça avec les autres, il se demande s’il sera capable de rester dans le rang quand les premiers tirs vont s’abattre. Aura-t-il les tripes de ne pas fuir comme un lâche ? Quel genre de soldat est-il, au fond ? Quel genre d’homme ? Demain, il va assister à l’une des plus grandes batailles qu’il n’y ait jamais eu. Pendant que la cavalerie va faire diversion du côté de Richmond, les troupes d’infanterie dont fait partie Henry seront face aux Sudistes.

                Compagnie, en avant, marche ! Cette fois-ci, les soldats du 304ème régiment y vont pour de bon. Si certains sont plein d’entrain – « On va mettre une raclée aux rebelles » – « On va les prendre par surprise et les massacrer ! », d’autres sont plus inquiets – »J’espère que mon fusil tire droit. » – « Je voudrais que mon chien soit là ». Dès les premiers tirs, Henry se trouve coincé de chaque côté, prisonnier au milieu d’un troupeau de moutons qu’on envoie à l’abattoir. Ce n’est pas cette guerre-là qu’il a voulu.  Alors, se faire tuer dès le début ? Attendre son tour ? Son pote Wilson est persuadé que c’est sa première et dernière bataille. Il lui confie des lettres pour qu’il les remette à ses vieux. Dans cette putain de fumée, on ne voit pas sur quoi on tire. Comment Henry va-t-il vivre son combat, combat contre l’ennemi et contre lui-même ?

© Cuzor – Dupuis

                Steve Cuzor adapte The red badge of courage, un roman de Stephen Crane datant de 1894. Contrairement à la plupart des histoires de guerres avec ses héros et ses lâches, dans des lieux définis et un instant historique précis, celle-ci met en exergue l’événement, sans endroit ni date claire. Le lecteur est immergé dans la bataille, sa poussière et sa fumée, comme une caméra-témoin. Les affrontements assourdissants sont mis en scène sans onomatopée, comme si les bruits étaient dans les intercases. Cuzor joue avec les ombres et les contre-jours. Les couleurs de Meephe Versaevel chapitrent les séquences dans des tons uniformes. C’est d’ailleurs plus une mise en lumière qu’une colorisation. En adaptant, Cuzor a été contraint à faire des choix. Il a laissé de côté toute une dimension patriotique que l’on retrouve dans le film qu’en a tiré John Huston en 1951.

Cuzor a mis cinq ans à réaliser cet album. Il offre une immersion en plein cœur de la fournaise et invite à se poser la question de comment on aurait réagi à la place d’Henry Fleming. Lâche ou héros ? Blutch ou Chesterfield ? Avec Henry Fleming, les tuniques bleues ont le soldat que chacun de nous pourrait être.


One shot : Le combat d’Henry Fleming

Genre : Histoire

Scénario & Dessins: Steve Cuzor

Couleurs : Meephe Versaevel

D’après : Stephen Crane

Éditeur : Dupuis

Collection : Aire Libre

ISBN : 9791034752485

Nombre de pages : 152

Prix : 26 €


Le meunier hurlant

Mais qui crie le plus fort ?

« -Hé ! Y a un bonhomme ! Un grand ! Il a redressé le moulin ! Le moulin des rapides de la bouche !

-C’est de ça qu’on parlait ! Je lui ai prêté mes bœufs.

-Ho ho !

-Il a été vendu le mois dernier, le moulin. »

1951, en Laponie, ayant fichu les nazis dehors, les finlandais se réacclimatent à la vie. Le vieux moulin, qui n’a pas tourné depuis les années 30, a même été acheté, acheté par un fou. Il faut croire que la guerre ne les a pas tous tués. Il s’appelle Agnar Huttunen. Il est grand. Il vient du Sud de Kilkoiset. Il avait un moulin là-bas chez lui mais il paraît qu’il a brûlé avec sa femme dedans. Ce n’est pas ce que disent les registres de l’église qui l’affirment célibataire. Toujours est-il qu’ici, il l’a redressé alors qu’il était de guingois à cause des glaces qui le compriment. Il a remis en service la scie à bardeaux. De temps en temps, il monte sur le toit de son moulin et pousse des cris intempestifs. Un fou ? Un iconoclaste ? Un simple marginal ? Agnar Huttunen ne laisse personne indifférent et il y en a qu’il dérange. A l’instar du fleuve qui perturbe le moulin au gré de ses gels et dégels, la vie du meunier ne va pas être tranquille.

Le meunier hurlant est un roman de l’auteur lapon Arto Paasilinna, surtout connu pour Le lièvre de Vatanen. Ce meunier a quand même été vendu à 100 000 exemplaires. Il nous immerge dans un pays libéré en proie à la douce folie d’un homme en marge de la société. Il montre comment la différence dérange. Le meunier hurle, mais la foule hurle avec les loups. Dans cette cacophonie, qui criera le plus fort ? Heureusement, certains villageois comme Sanelma et le facteur ont du recul sur la situation et vont permettre à Agnar de continuer à vivre dans son environnement jusqu’à ce que la fatalité ne rattrape tout ce petit monde. Le final n’est pas franchement optimiste sur la société humaine et invite à se remettre en question en tant que groupe. Paasilinna écrit une ode à l’altérité et à la nature. Pour une fois, la Laponie n’est pas froide. Bien que ses habitants ne soient pas tous fréquentables, on a envie d’y vivre.

© Dumontheuil – Futuropolis

Le monde de Nicolas Dumontheuil est en parfaite adéquation avec celui de Paasilina. Celui que l’on a découvert avec L’enclave et surtout Qui a tué l’idiot ? (que Futuropolis réédite) trouve dans ce roman un scénario qu’il aurait pu écrire. Les histoires de Dumontheuil sont peuplées de fous, mais ceux-ci ne sont jamais des fous dangereux à enfermer dans une camisole. Les fous de Dumontheuil, et ce meunier, sont des gens qui ne marchent pas au rythme de la société. Ils sont peut-être même en avance sur leur temps. On verserait même une larme pour eux. Nicolas Dumontheuil traite son dessin en niveaux de gris-sépia, un gris légèrement teinté de marron, assez inédit, un vrai travail graphique qui donne tout son sens au média bande dessinée.

Avec ce meunier hurlant, Futuropolis frappe fort pour ses cinquante ans. Nicolas Dumontheuil livre l’un de ses meilleurs albums. On est tous le fou de quelqu’un. Dans la peau d’Agnar, on peut en être fier. Un album indispensable.


One shot : Le meunier hurlant

Genre : Chronique villageoise

Scénario, Dessins & Couleurs : Nicolas Dumontheuil

D’après : Arto Paasilinna

Éditeur : Futuropolis

ISBN : 9782754835244

Nombre de pages : 152

Prix : 24 €


Là où gisait le corps

Desperate Detective

« -Police ! Bouge pas, petit merdeux !

-Hé, mec… C’est pas ma faute… Ils me…

-Ferme ta gueule. Qui a commencé, je m’en tape… Le problème, c’est toi.

-Héé ! »

                Pelican Road, été 1984. Une rixe oppose trois jeunes gens. Karina reproche à Sid de l’avoir larguée. Tommy s’en mêle. Sid gifle Karina. Tommy s’interpose. Sid lui explose la face. « On se sent impuissant quand la violence se déchaîne. Sauvé par le gong. Palmer, le flic du coin, se pointe et met les choses en ordre en ordonnant à Sid de se casser sous peine de l’envoyer en taule pour trafic de crack ou de coke. Missis Wilson, la commère du quartier, a tout vu, tout comme Toni, la femme délaissée du Docteur Ted Melville, psychiatre de son état. Mais elle n’est pas si délaissée que ça parce qu’elle se réchauffe dans les bras de Palmer. Ajoutons à tout ce petit monde Lila Nguyen, une gamine déguisée en super-héroïne qui fourre son nez partout, Ranko, un vétéran sans abri, et Jack Foster, un détective privé qui pose des questions auxquelles tout le monde n’a pas forcément envie de répondre.

© Brubaker, Phillips, Phillips – Delcourt

                Les Desperate Housewives de Wisteria Lane n’ont rien à envier au microcosme de Pelican Road. Le scénariste Ed Brubaker offre un nouvel exercice de style incroyable. Commençons par le titre, énigmatique, « Là où gisait le corps ». On s’attend à un whodunit tout ce qu’il y a de plus classique. Et bien non. Le corps va mettre 102 pages à apparaître. Toute la première partie est comme un puzzle que l’on commence en assemblant tous les contours. Un plan des lieux est placé en introduction, ainsi que les portraits des neuf principaux protagonistes du récit. On se plaît à essayer de deviner lequel d’entre eux sera le fameux corps, à moins que ce ne soit quelqu’un d’autre qui n’y est pas représenté ? Les personnages s’adressent aux lecteurs comme si ces derniers les interrogeaient. Après avoir découvert le final, désarmant, dans la postface, Brubaker expose sa démarche scénaristique. Ce type est un génie. Au dessin et aux couleurs, le père et le fils Phillips imposent leur style. Si le graphisme est irréprochable, il reste classique mais est transcendé par une colorisation qui prend une importante part artistique à l’album, avec ses aplats et ses ombres qui déstructurent parfois les images.

                Les auteurs de Reckless nous avaient déjà épatés avec Night Fever. Avec Là où gisait le corps, le trio Brubaker-Phillips-Phillips s’installe définitivement dans la liste des auteurs majeurs de la bande dessinée internationale. On pourrait inventer pour eux le premier grand prix d’Angoulême décerné à un groupe d’artistes indissociables.


One shot : Là où gisait le corps

Genre : Thriller / Polar

Scénario : Ed Brubaker

Dessins : Sean Phillips

Couleurs : Jacob Phillips

Éditeur : Delcourt

Collection : Comics

ISBN : 9782413083054

Nombre de pages : 144

Prix : 17,95 € 


La cuisine des ogres – Trois-fois-morte

Bon appétit, bien sûr !

 « -Tu sais c’qu’on raconte sur c’te montagne, dans la région ?

-Ben non.

-Quand y a des nuages comme ça sur la dent du chat, c’est que les cuisiniers de l’enfer ont allumé leurs fourneaux… Même qu’des fois, on aperçoit des lueurs rouges briller dans la nuit, quand les diables font leur banquet infernal ! »

Dans une cité moyenâgeuse, un groupe d’orphelins tente de glaner ce qu’il trouve pour arriver à se sustenter. Pas facile d’arriver tous les jours à manger à sa faim. Quelques légumes oubliés feront une soupe qui permettra de se remplir un peu l’estomac. Mais d’autres qu’eux cherchent à se remplir la panse, et avec des enfants. Un croquemitaine ne cesse d’en capturer, pour les amener aux ogres. Le jour, ou plutôt la nuit, où les compagnons de Trois-fois-morte vont se faire attraper, la gamine va ameuter le quartier pour alerter la population. Le chevalier de Sainte-Ombre la fait grimper sur la croupe de son cheval au galop pour rattraper le ravisseur et ses otages pris dans le sac. Ils ne vont réussir qu’à sa faire attraper eux-aussi. Direction La cuisine des ogres, pour se faire croquer. Mais ça, c’est sans compter sur la détermination de Trois-fois-morte.

Comme son nom l’indique, déjà morte trois fois, que pourrait bien craindre notre orpheline ? Dès leur arrivée chez les ogres, ils sont vendus. Certains sont tout de suite mis au court-bouillon, d’autres sont engraissés quelques mois et les derniers sont destinés au hachoir, avec les quartiers d’aurochs marinés au vin de cassis. C’est justement le cas de notre héroïne qui va réussir à échapper au carnage. Va commencer alors pour elle une grande aventure dans les bas-fonds de l’antre des ogres. Entre fantômes, kraken et chèvres, Trois-fois-mortes va devoir user d’alliances, de stratégies et de négociations pour éviter à ses compagnons de devenir les ingrédients d’une recette gastronomique.

© Vehlmann, Andreae – Rue de Sèvres

Fabien Vehlmann retrouve sa veine de conteur de Jolies ténèbres. Il se rapproche des poncifs originels chers à Charles Perrault et aux frères Grimm, qui sous-couvert d’histoires édulcorées au fil des réécritures et adaptations, traitaient de thèmes dramatiques aussi graves que l’abandon, l’inceste, la culpabilité ou l’emprise. La cuisine des ogres ne déroge pas à la règle. Le final hors du commun repousse les limites du concept en rebattant les cartes entre les personnages pour une éventuelle suite qui pourrait amener vers un nouveau point de vue.

Au dessin, Jean-Baptiste Andreae poursuit sa carrière sans faute. Il soigne chacun de ses albums, chacune de ses planches, chacune de ses cases avec un respect du lecteur qui fait de lui l’un des meilleurs dessinateurs de sa génération. Depuis Mangecoeur au début des années 90, il développe des univers fantastiques mêlant humains et animaux et créatures fantastiques, privilégiant toujours la qualité par rapport à la quantité. Ici, des scènes remarquables sur le lac montrent quelques cases exceptionnelles tant par leurs cadrages que par leurs exécutions, comme cette image en plongée où le kraken glisse sous l’embarcation des personnages, ou cette autre vue de côté sous l’eau lorsqu’un éléphant pousse la saucière sur laquelle a pris place Trois-fois-morte.

A mettre dans les mains de tous ceux qui aiment frissonner, La cuisine des ogres est l’un des événements tout autant scénaristique que graphique de l’année. Immanquable.


Série : La cuisine des ogres

Tome : Trois-fois-morte

Genre : Conte cruel

Scénario : Fabien Vehlmann

Dessins & Couleurs : Jean-Baptiste Andreae

Éditeur : Rue de Sèvres

ISBN : 9782810202683

Nombre de pages : 80

Prix : 20 €


Les fantômes de Syracuse

Le passage

« -Je ne vous ai pas vu tout de suite, avec cette pluie. Je m’appelle Matteo.

-Enchanté.

-Je vais à Syracuse.

-Belle ville.

-Je vous dépose quelque part ?

-Oui, c’est fort probable. »

Circulant sur une route pluvieuse de campagne dans sa voiture rouge, Matteo embarque un mystérieux auto-stoppeur. Matteo est mycologue. Il étudie les champignons et se rend à Syracuse pour une conférence. C’est sa ville natale. Il n’y est jamais retourné depuis son adolescence. Le passager lui propose d’emprunter un raccourci pour gagner du temps, puis demande à se faire déposer en plein désert. Ce maudit autostoppeur, maudit dans tous les sens du terme, a dérobé le portefeuille de son conducteur. Ce n’est pas l’argent qui l’intéresse, mais son âme. Désormais, elle lui appartient. Pour Matteo, la suite de la route sera psychédélique. Après un virage raté et une chute dans l’eau, un silure le ramène à la surface. Il regagne la route et cherche un véhicule pour l’emmener jusqu’à destination. Arrivé sur place, il trouve une ville à demi en ruines, son cousin Tancrède, une scientifique hors du temps, à moins que ce ne soit lui qui le soit, ainsi que l’autostoppeur qu’il avait pris, et qui lui avoue être un modeste passeur… de vie à trépas.

Le voyage concret de Matteo Galleone va se transformer en expédition hors des frontières du temps. L’aventure du professeur de mycologie ressemble à ce genre de rêves que nous faisons tous. On croise des connaissances, famille, collègues ou amis dans des lieux improbables. On passe d’un lieu à l’autre comme s’ils étaient contigus. On flotte dans des situations déjà vécues ou presque. Mais Matteo n’est pas dans un rêve. Il est dans un autre état, que l’on comprend plus qu’on ne le découvre, au fil de l’album, et que la dernière scène ne fait que confirmer, mais toujours à demi-mots, sans l’énoncer.

© Duffour, Kha – Tanibis

Quatre ans après Les passe-tableaux, album paru aux éditions de la Cafetière, quel plaisir de retrouver Jean-Pierre Duffour, accompagné ici du scénariste Alexandre Kha. Ce dessinateur, parmi les fondateurs de l’Association, ayant publié essentiellement chez Rackham, a sorti seulement treize albums en quarante-quatre ans, dans un graphisme qui n’appartient qu’à lui. A ranger avec des auteurs comme Fabrizio Borrini, José Parrondo ou Tofépi, il a un côté Jean-Michel Folon, influence démontrée dès la couverture. Chaque case, chaque planche est un enchantement. Duffour est inclassable et rare. Son œuvre déclenche une impression d’adulte qui se cherche dans une enfance qui a peur de grandir, à la frontière du rêve et de la réalité, entre Ionesco et Boris Vian. Alexandre Kha lui a taillé une histoire sur mesure. On ne voit pas qui d’autre aurait pu la dessiner.

Les fantômes de Syracuse est une balade sur le sens de la vie. Dans une pure ligne claire, Jean-Pierre Duffour est l’un des piliers d’une intemporelle nouvelle vague.


One shot : Les fantômes de Syracuse

Genre : Emotion

Scénario : Alexandre Kha

Dessins & Couleurs : Jean-Pierre Duffour

Éditeur : Tanibis

ISBN : 9782848410791

Nombre de pages : 1116

Prix : 20 €




Publié le 15/12/2024.


Source : Boulevard BD


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