"-Hé, toi devant la porte ! Ne reste pas planté là comme une asperge… Approche ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi, mon garçon ?
-Bonjour Monsieur, je m'appelle Teddy Rinner ! Je viens d'intégrer le pôle espoir…
-Teddy ! Justement, je t'attendais. Heureux de te rencontrer !"
Août 2024, Teddy Riner foule les tatamis des jeux olympiques de Paris. Vingt ans plus tôt, en septembre 2004, il quittait la capitale pour entrer au pôle espoir de Rouen avec l'ambition de devenir champion du monde de judo. Loin de sa famille, il intègre son premier appartement pour se rapprocher un peu plus de son rêve. Mais avant cela, il va devoir s'imposer dans son nouveau club. Moussa et Lena, respectivement 10 et 9 ans, observent ce qu'ils pensent être du kung-fu par la fenêtre. Teddy va leur apprendre que c'est un tout autre art martial : le judo, qui se concentre sur les techniques de projection et de contrôle sur l'adversaire. C'est le japonais Jigorô Kanô qui a développé cette "voie de la souplesse" à partir d'anciennes techniques de combat. Le judo est un sport de valeurs morales. La discipline et le respect y sont prépondérants.
© Topher, Tiers - Pika
Dom-Sensei, professeur, accueille Teddy dans le dojo. Ses nouveaux camarades le saluent. Parmi eux, Damien se propose pour être son binôme d'entraînement, mais ses intentions ne sont pas bienveillantes. Il ne compte pas laisser un parisien arrogant lui voler la vedette. Il l'envoie au tapis en une prise. Loin de se laisser impressionner, Teddy se relève et reprend le combat. Son adversaire ne verra rien venir. A son tour de se retrouver allongé sur le tatami. A présent, les jeunes du club savent à qui ils ont à faire. Ça y est. Teddy vit sa passion. Il lui tarde déjà de participer à sa première compétition.
© Topher, Tiers - Pika
Hajime ! C'est le signal que le combat commence. Les mains le long du corps, les adversaires se saluent et l'affrontement débute. Tout comme débute l'ascension de la légende Teddy Riner que l'on découvre adolescent dans ce manga. Série prévue en trois tomes, on va suivre la formation et le parcours du judoka tout au long de sa carrière. Pour bien parler d'arts martiaux, il fallait des passionnés de ces sports. C'est le cas de Tiers, scénariste biberonné aux films de Bruce Lee et de Jackie Chan, et de Topher, alias Christophe Cointault, auteur de Wind Fighters, qui pratique le MMA, dont il a d'ailleurs un projet de série. De nombreux bonus enrichissent ce premier tome : interviews des auteurs et de Teddy Riner himself, genèse du projet, croquis,… On est invité au cœur de la création.
© Topher, Tiers - Pika
Que l'on soit judoka ou simple spectateur, que l'on aime ce sport ou que l'on s'en désintéresse, on ne peut qu'être ému par le parcours de ce champion d'exception qu'est Teddy Riner, que l'on suit ici avec fascination.
Laurent Lafourcade
Série : Hajime ! Teddy Riner, l'ascension d'une légende
Tome : 1
Genre : Sport
Scénario : Tiers, d'après l'histoire de Teddy Riner
Dessins : Topher
Éditeur : Pika
ISBN : 9782811689100
Nombre de pages : 204
Prix : 7,70 €
Attention, midi va sonner ! 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 !!! Debout Léon ! Gabi enlève son foulard et le fait tourner au-dessus de ses oreilles. Il chante la chanson à tue-tête !
"-Debout, debout, debout Léon…"
Les fêtes de Bayonne ! Ah, quelle institution ! Comme ses parents, comme des centaines de milliers d'autres personnes, le petit Gabi les attend avec impatience d'une année sur l'autre. Enfin, enfin, il est là le temps de la parenthèse enchantée. Comme le Père Noël en décembre, comme les cloches à Pâques, elles font leur retour annuel. Les festivités ont débuté. Aujourd'hui, c'est jeudi. C'est la journée des enfants aux fêtes de Bayonne. Tout de rouge et de blanc vêtu (enfin, uniquement de rouge, parce que, de blanc, il a son pelage, Gabi est un lapin, on ne l'a pas dit !), le gamin est fin prêt.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Bayonne, c'est la ville du chocolat. Quel régal que de s'en mettre plein les moustaches ! La musique des bandas enjaille les rues et résonne dans le cœur de Gabi. Le voilà tout excité pour courir, poursuivi par les taureaux -à roulettes- de l'encierro. Il n'a peur de rien, ce Gabi ! Ensuite, pas de répit, il faut se faufiler entre les géants afin d'aller sur la place de la Mairie pour réveiller le Roi Léon. Entre pique-nique, choka-tira, fête foraine et fandango, la journée du petit festayre n'est pas près de se terminer.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Les fêtes de Bayonne ont débuté en 1932. Elles ont bientôt cent ans. Réputées dans le monde entier, elles se déroulent au milieu de l'été dans cette magnifique ville du Pays Basque et accueillent chaque année plus d'un million de visiteurs. Cette année, avec Gabi, ça en fait un de plus. Conviviales et bon enfant, c'est un rendez-vous il faut le dire très arrosé en soirée, mais très familial en journée. C'est ce côté intergénérationnel que met en évidence un petit album comme celui-ci. Scénarisé par Stéphanie Guimont et dessiné par Davmvp, à l'instar de la série Roi Léon signée Duverdier, Gabi pourrait être le porte-parole de la culture basque au-delà des sept provinces.
© Guimont, Davmvp – Atlantica
Danse, Gabi ! Joue, Gabi ! Chante, Gabi ! Amuse-toi et remplis nos cœurs de bonheur comme l'est le tien ! Agur diauna eta laster arte ! Au revoir et à bientôt !
Laurent Lafourcade
One shot : Gabi aux fêtes de Bayonne
Genre : Festivités
Scénario : Stéphanie Guimont
Dessins & couleurs : Davmvp
Éditeur : Atlantica
ISBN : 9782758805779
Nombre de pages : 32
Prix : 16 €
"-Bah Mireille, tu fais quoi, ici ? C’est pas ton jour de congé ?
-Si, si, mais vu que c’est la fin du monde ce soir, je voulais pas prendre de retard sur les fiches de paye.
-J’adore cette initiative, Mireille.
-Nan, et en plus mon mari s’est donné la mort ce matin dans la cuisine. J’vous dis pas l’odeur."
L’heure est grave. Torse nu et épaule tatouée, le Président de la République annonce en direct à la télévision que l’apocalypse est prévue pour le lendemain à 19h. C’est pour ça qu’il a réalisé ses rêves. Devant son téléviseur, le manager d’une entreprise commence à envisager d’avancer la réunion prévue à 18h. Sa femme lui conseille de la faire à 17h. Le lendemain matin, dans les familles, la dernière journée de vie s’organise. Comment choisir sa cravate, au lieu de faire l’amour toute la journée ? Comment préserver la laïcité à l’école alors que la maman de Nadia porte un voile ? Comment va faire José pour s’immoler par le feu avant l’instant fatidique ? Comment vont s’organiser les employés de Bricosympa pour faire un chiffre d’affaires exceptionnel ? Et la maîtresse d’école ? Elle va juste péter un câble, mais ça va. Pour la Dernière réunion avant l’apocalypse, chacun met tous les atouts de son côté.
© Karibou, Chavant - Delcourt
Envoyez l’armée ! C’est ce que décide le président de la République dans un tout autre contexte. Face aux agriculteurs qui déversent leurs stocks de lait, face aux gilets jaunes qui bloquent les ronds-points, face aux routiers qui brûlent des pneus et des profs qui font grève, le Président envoie l’armée. Il a tellement l’habitude de prendre les grands moyens que lorsqu’on lui dit que le président russe le demande au téléphone, ben, il envoie aussi l’armée. Il s’agirait d’être un peu plus concentré. Heureusement que l’Etat-Major de la Grande Muette assure par derrière, que ce soit pour abattre un gorille géant qui terrorise une ville ou changer un robinet qui fuit. Quelle que soit la situation, il faut une tactique infaillible.
© Erre, Greff - Delcourt
La collection Pataquès s’enrichit de deux nouvelles pépites à mourir de rire. Karibou et Thierry Chavant imaginent comme le titre l’indique ce que pourrait être la dernière journée d’une humanité vouée à sa perte. Fabrice Erre, lui, imagine comment l’armée peut être la solution à tous les problèmes, locaux ou internationaux. C’est un Président loufoque ressemblant étonnamment à Emmanuel Macron qui réunit les deux livres. Fataliste dans le premier, Maladroit dans le deuxième, le chef de l’Etat est croqué dans des situations hors du commun poilantes.
© Karibou, Chavant - Delcourt
© Erre, Greff - Delcourt
Vu les sujets choisis, on aurait pu en pleurer. Les auteurs en ont pris le parti d’en rire. Tiens, et si c’était avec celui-ci qu’on nous faisait un nouveau gouvernement ?
Laurent Lafourcade
One shot : Envoyez l’armée !
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Fabrice Erre
Couleurs : Sandrine Greff
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 9782413048282
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
One shot : Dernière réunion avant l’apocalypse
Genre : Humour
Scénario : Karibou
Dessins & Couleurs : Chavant
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
ISBN : 9782413079149
Nombre de pages : 64
Prix : 13,50 €
"-C'est dingue, cette ville !
-Ah, tu le sens, toi aussi ?
-Tu parles à maman, mon nouveau mec a peur de se transformer en loup-garou…
-Euh, quoi ?!
-…Et au chalet où on passe la nuit, on tombe sur une gamine bizarre avec un œil tatoué dans le dos !! Je gère plus, là !!"
Saint-Elme, charmante petite bourgade de montagne, est le théâtre d'un jeu mortel entre politicards véreux, mafieux sanguinaires et la population locale. Tout avait commencé par la disparition d'un fils de bonne famille et l'arrivée sur les lieux d'enquêteurs chargés de retrouver sa trace. Les magouilles autour de l'usine d'eau minérale et les trafiquants de drogue allaient rapidement rendre tout beaucoup plus compliqué que prévu. A présent, c'est l'heure des règlements de compte. Les fantômes et les crapauds s'en mêlent. Tous les acteurs sont en scène. Le spectacle final, l'apocalypse, peut commencer. Quelqu'un réussira-t-il à sortir indemne de ce nid de guêpes ?
© Lehman, Peeters - Delcourt
Après cinq tomes, comme prévu, la saga Saint-Elme se clôt en apothéose. Le titre de l'épisode n'est pas anodin. Les Thermopyles sont un passage en Grèce où se sont déroulées de nombreuses batailles, de l'Antiquité entre Grecs et Perses jusqu'en 1941 avec un affrontement gréco-britannique contre l'armée nazie. Les Thermopyles se traduisent également par "portes chaudes" car il y avait des sources au pied de la falaise. Héraclès s'y serait baigné pour se laver du poison de l'hydre de Lerne. Batailles et puissance de combat sont donc les symboles de ce lieu. Il était donc logique, vu ce qu'il s'y passe, que Saint-Elme lui emprunte son patronyme.
© Lehman, Peeters - Delcourt
Serge Lehman et Frederik Peeters ont tenu toutes leurs promesses. Entre fantastique et psychédélisme, ils répondent aux questions laissées en suspens et clôturent les destins de leurs personnages, sans empathie et avec violence pour certains, avec compassion pour d'autres. Tous ceux qui le méritaient ne connaîtront cependant pas un happy-end. Un tel massacre n'a pas lieu sans que certains n'y laissent quelques plumes ou leur âme. Ne lisez pas cet album si vous n'avez pas lu les précédents. Cela n'aurait aucun sens, à part celui de profiter du dessin et surtout de la colorisation exceptionnelle des planches. Saint-Elme peut et doit se lire à présent comme un grand récit avoisinant les quatre-cent planches.
© Lehman, Peeters - Delcourt
Faisant le grand écart entre Les tontons flingueurs et Las Vegas Parano, Saint-Elme est une pentalogie remarquable des années 2020 qui laissera son empreinte.
Laurent Lafourcade
Série : Saint-Elme
Tome : 5 – Les thermopyles
Genre : Thriller
Scénario : Serge Lehman
Dessins & Couleurs : Frederik Peeters
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
ISBN : 9782413080350
"-C'est fou que mamie ne nous ait jamais parlé de Jean et Mathilde, non ?
-Déjà, quand j'étais petite, elle n'en parlait pas. Le sujet était sans doute trop douloureux.
-De très nombreux survivants et rescapés des camps se sont trop longtemps tus… soit par crainte de n'être pas crus, soit car ils préféraient oublier cette terrible période."
Simon est en classe de 3ème. Le professeur d’Histoire leur a demandé d’effectuer des recherches sur la Main noire, un groupe de résistants alsaciens de 14 à 16 ans fondé en octobre 1940 par Marcel Weinum, des ados, comme les élèves du collège, dressés contre l’ennemi allemand sans le moindre soutien des adultes. Ils ont multiplié les actes de résistance, de la coupure de fils téléphoniques à un attentat contre la voiture d’un officier boche. En 1941, Weinum sera arrêté par la Gestapo et condamné à mort. Les élèves vont bientôt aller visiter le camp du Struthof, seul camp de concentration nazi en France. Pour les accompagner, le professeur leur demande d’en parler autour d’eux. Les parents de Simon ne sont pas dispos, mais sa mamie Rose est volontaire. Ça fait longtemps qu’elle n’y est pas allée. C’est l’occasion d’ouvrir la boîte à souvenirs de sa mère Mathilde, décédée en 2009, dont le frère jumeau Jean est mort en 1943. Tous les deux étaient des héros.
© Lizano, Hassan- Nathan
Avec les témoignages de sa grand-mère, d’après les souvenirs de sa propre mère, Simon va découvrir les horreurs de la guerre. La visite sur les lieux, au camp du Struthof va être l’occasion de mettre des images sur les mots, avec toute la douleur que cela suscite. Solange, la guide, va accompagner la classe de Simon. Ce que les élèves vont découvrir sera bien au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer. Des hommes y ont perdu leur liberté, leur identité, leur dignité. Environ 3000 déportés y sont morts de torture, de maladie, de faim, de froid ou d’épuisement, mais si on inclut les camps annexes, entre 17 et 22 000 victimes ont perdu la vie. Dès l’entrée du camp, une statue en bronze à taille humaine représente le corps décharné d’un déporté décédé, montrant sa souffrance après sa mort. Le ton est donné. La journée va être empreinte d’émotion.
© Lizano, Hassan- Nathan
A la manière de David Evrard et Jean-David Morvan avec Irena et Simone, Yaël Hassan et Marc Lizano choisissent d’aborder la thématique avec un graphisme enfantin. Contre toute attente, la méthode est d’une efficacité redoutable. Les drames en sont d’autant plus poignants. La détresse des déportés fait face à la barbarie des nazis dans des scènes terribles. On aurait préféré que tout cela ne fut que fiction. Mais non, tout cela a bel et bien eu lieu. Il est nécessaire et urgent de s’en rappeler. Pour preuve, Mathilde étant décédée, c’est sa fille Rose qui sert d’intermédiaire, car les derniers survivants de l’époque disparaissent. Les livres vont peu à peu devenir les garants du souvenir afin qu’une telle ignominie ne se reproduise plus. La visite au Struthof, camp méconnu, contribue à ce devoir de mémoire. De cela, c’est Simon lui-même qui va en témoigner, avec une lettre qu’il rédige pour son arrière-grand-mère Mathilde.
© Lizano, Hassan- Nathan
Coédité avec l’Office National des combattants et des victimes de guerre, l’album est enrichi avec un cahier documentaire sur l’histoire du camp, avec une partie lexique. Il se termine par les biographies de détenus cités dans la BD. Yaël Hassan et Marc Lizano nous emmènent sur les lieux avec émotion, pudeur et colère. A mettre dans les CDI de tous les collèges et lycées, entre autres.
Laurent Lafourcade
One shot : La visite au Struthof, camp méconnu
Genre : Histoire
Scénario : Yaël Hassan
Dessins & Couleurs : Marc Lizano
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095030100
Nombre de pages : 92
Prix : 15,95 €
"-Je… Je souhaiterais avoir des informations sur le prochain spectacle…
-Je ne te savais pas si consciencieux… Sur le principe, c’est comme la dernière fois. Sauf que cette fois-ci, je serai le jury. Le thème, c’est moi ! Qui d’autre que moi pourrait juger la pièce ? Voilà ! D’autres questions ?"
Japon, XIVème siècle, 1375. Oniyasha avait failli oublier la manche suivante du tournoi de danse entre la compagnie Shinza et la compagnie Kanze sur le thème de Yoshimitsu. Il reste peu de temps. La compétition aura lieu le 17 août. Ashikaga Yoshimitsu, troisième shogun du règne Muromachi, annonce qu’il sera le jury. Le thème, c’est lui ! Ce n’est pas forcément plus avantageux que la dernière fois. Alors, pour se donner de la force, Oniyasha pense à Toku, le vieillard décédé, accusé à tort d’un crime. Hors de question de l’oublier. L’artiste voudrait jouer le soir, mais voilà qu’il est désigné pour passer en premier. Comment va-t-il faire ? Entre la journée et le soir, on ne voit pas du tout de la même façon. Répétitions, temps, masque, compétences, tout lui manque, mais il doit livrer son interprétation maintenant.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
Dans ce quatrième épisode de The world is dancing, Oniyasha va être poussé dans ses derniers retranchements. Réussira-t-il à proposer un jeu de scène à la hauteur ? Ou bien son adversaire Zôjirô le supplantera-t-il dans la prestation ? Le mangaka Kazuto Mihara livre, lui, une représentation théâtrale dessinée époustouflante. A partir du moment où s’ouvre le rideau, page 43, on est dans les tribunes, on assiste au spectacle aux côtés du Shogun. Oniyasha joue une dame mendiante assise sur le bord d’une statue de Bouddha. S’engage un dialogue philosophique entre elle et un moine. Mihara réussit à placer le lecteur dans une bulle. On n’entend plus rien autour de soi. C’est une immersion qui a quelque chose de magique. C’est assez transcendant. Le final rebattant les cartes entre Oniyasha et Zôjirô laisse augurer d’un cinquième volume tout aussi incroyable.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
En postface, l’historien Katsuyuki Shimizu raconte l’origine du Dengaku, dans la réalité médiévale japonaise. Il rappelle que les enfants, au Nouvel An, ne jouaient pas aux jeux vidéo, et pour cause, mais s’amusaient avec des jeux en bois, raquettes et échasses, avec des toupies, des cerfs-volants et des cartes. Ils symbolisaient les vœux de la nouvelle année, comme des rituels pour redonner de la force à la terre et au soleil. Le dengaku était un rituel pour apaiser les divinités. Des acrobates faisaient des tours sur de longues perches. Au Japon, le terme désigne aussi des brochettes grillées.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
L’acteur de nô Kôhei Kawaguchi revient pour conclure sur le voyage vers Zeami, acteur du début du XVème siècle, qui raconta dans un ouvrage la première moitié de sa vie consacrée à son art.
Plus qu’une histoire du nô, "The world is dancing" est une démonstration artistique mettant en abime un art, le théâtre, dans un autre, le manga.
Laurent Lafourcade
Série : The world is dancing
Tome : 4
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega – Dupuis
ISBN : 9782379504556
Nombre de pages : 174
Prix : 11 €
"-… On vient de quitter Boston, on survole…
-Je sais…
-… Le cockpit ne répond pas aux appels internes.
-D’accord, mais à quelle place es-tu assise ? Quel est ton numéro de siège ?
-Que se passe-t-il ?
-Je ne sais pas… On dirait une hôtesse de l’air…
-En ce moment, je suis sur mon strapontin. Mon identifiant est AI 3R.
-D’accord. Peux-tu confirmer que tu es hôtesse de l’air ?... Elle ne m’entend pas, elle me demande de parler plus fort !"
C’est la panique à bord du vol AA11 Boston-Los Angeles. Une hôtesse de l’air tente de prévenir la tour de contrôle que l’avion est en train d’être détourné. Le cockpit ne répond pas et un homme a été poignardé en classe affaires. Dans quelques instants, l’appareil va s’écraser sur l’une des tours jumelles du World Trade Center à New-York. Vingt-six jours plus tard, les troupes américaines envahissent l’Afghanistan avec pour objectif de démanteler la cellule terroriste d’Al-Qaïda dirigée par Oussama Ben Laden, qui a revendiqué les attentats de septembre. Le cheikh terroriste est protégé par les talibans.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
De nos jours, le scénariste Marco Sonseri, se mettant en abime dans cet album, entreprend de comprendre et faire comprendre la situation en Afghanistan et comment on en est arrivé là. Laissant les mythes de côté, il recherche une vérité objective. C’est pour cela qu’il cherche à rencontrer des acteurs des événements, comme Hussain Razai, réfugié afghan ayant fui Kaboul après l’arrivée des talibans dans la capitale en août 2021. Il appartient à la communauté des Hazaras. On va donc avoir le point de vue du scénariste, occidental se projetant dans des situations sensibles, et celui d’Hussain, un natif plongé au cœur des événements et né dans le mauvais camp, celui de la minorité Hazara. Entre passé et présent, orient et occident, croyances et idéologies, émotions et convictions, on va enfin pouvoir tout comprendre de l’Afghanistan.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
Le peuple afghan est divisé en plusieurs ethnies. Les talibans, également appelés pachtounes, détestent la musique. Jouer ou chanter est un sacrilège. Les hazaras aiment l’art. Ils ont une manière de vivre plus proche de ce que l’on peut connaître en Europe de l’Ouest. Les talibans ont pris pour la première fois le pouvoir de force en 1996 aux mains des Moudjahidines. Le peuple a rapidement déchanté. C’est le cas de le dire. Marco Sonseri apprend tout cela grâce à Amin, membre de l’association « Per i diritti umani ». Avec un courage extraordinaire, face aux kalachnikovs, les femmes commencent à manifester leur mécontentement. Hussain, lui, raconte comment il a pu mener à bien ses études et comment il est devenu responsable gouvernemental anti-corruption dans un Afghanistan bénéficiant encore de la présence américaine, freinant ainsi les ardeurs des talibans. Il explique comment il a rencontré Najiba et attendu l’accord de son père pour lui demander sa main. Aujourd’hui, c’est pour elle qui témoigne.
© Sonseri, Doretto – Félés éditions
Pour toi...Najiba est une histoire instructive et poignante éclaircissant une situation jamais explicitée par les journalistes. Plus qu’une œuvre de mémoire, les auteurs signent une œuvre d’actualité car l’Histoire, ce n’est jamais terminé.
Laurent Lafourcade
One shot : Pour toi… Najiba
Genre : Témoignage
Scénario : Marco Sonseri
Dessins & Couleurs : Gian Luca Doretto
Éditeur : Félés éditions
ISBN : 9782491483197
Nombre de pages : 104
Prix : 21 €
"-Et sinon, Monsieur Léon, j'avais une question à vous poser… Je sais que ce n'est pas pour tout de suite, mais… qu'est-ce que vous faites pour les vacances ?
-Les… Les vacances ?
-Oui, je m'étais dit que peut-être… Cet été… Si vous pensez que c'est… Enfin, si vous avez… Jeme disais que peut-être, on pourrait les passer ensemble ?"
Monsieur Léon est un quadragénaire, petit employé de bureau, boulot et timide. Alors, quand Mademoiselle Sophie dont il est secrètement amoureux lui propose qu'ils passent les vacances ensemble, il en est tout tourneboulé. Sophie est sa colocataire depuis qu'ils ont abattu la cloison entre leurs deux appartements dans laquelle elle avait fait un trou. Depuis, leurs solitudes les ont, en tout bien tout honneur, réunis. Alors, cette opportunité de passer quelques jours ensemble loin du tumulte de la ville et de l'engrenage métro-boulot-dodo est peut-être l'occasion de passer au stade supérieur. Monsieur Léon va tout mettre en œuvre pour offrir à sa dulcinée des vacances de rêve. Mais n'y aurait-il pas un caillou dans l'engrenage, un rival qui traîne ?
© Solé, Le Gouëfflec – Fluide glacial
Monsieur Léon ne fait pas les choses à moitié. Son premier objectif est de trouver une destination idéale. Auvergne ? Bretagne ? La deuxième priorité est de lui faire comprendre qu'il voudrait bien aller plus loin. Un porte-clef Trèfle à quatre feuilles ou un nounours gigantesque gagné au stand de tir de la fête foraine feront-ils l'affaire ? Mais, qui est ce type qui tourne autour de Mademoiselle Sophie ? Léon doit réagir très vite s'il ne veut pas se faire doubler. Va alors commencer une succession de malentendus, de quiproquos et de fausses pistes engendrés par la paranoïa du bureaucrate émotif.
© Solé, Le Gouëfflec – Fluide glacial
Monsieur Léon est un mélange du Monsieur Hulot de Jacques Tati pour son côté débonnaire et son long pardessus, de Gaston Lagaffe, pour son côté fleur bleue et ses amours avec Mademoiselle Jeanne, et de Jean-Claude Dusse pour son côté looser. Arnaud Le Gouëfflec et Julien Solé signent un album drôle, c'est sûr, mais surtout d'une sensibilité certaine. Léon regorge d'empathie. On a tous quelque chose de lui. On l'accompagne dans sa quête d'amour avec le même suspens qu'on suivrait un détective résoudre une enquête. Les vacances de Monsieur Léon mettent des papillons dans le cœur, et ça, peu d'albums peuvent se targuer de réussir à le faire. La mise en couleurs particulière fait partie prenante de la narration. L'univers grisâtre est illuminé par petits touches pop qui jouent un rôle narratif bien pensé.
© Solé, Le Gouëfflec – Fluide glacial
On a longtemps jadis raillé Fluide pour un humour gras, masculin et sexué. Avec des séries comme Monsieur Léon, l'éditeur prouve qu'on est bien dans une époque 3.0 qui démontre que humour et poésie font aussi excellent ménage. Magique.
Série : Monsieur Léon
Tome : 2 – Les vacances de Monsieur Léon
Genre : Humour émotion
Scénario : Arnaud Le Gouëfflec
Dessins & Couleurs : Julien Solé
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206465
Nombre de pages : 64
Prix : 14,90 €
"-Et maintenant, dis-moi ce que faisait un brahmane comme toi à fureter dans la chambre de la courtisane Vasantsena ?
-Rassurez-vous, Capitaine… Je n'ai pris que quelques documents pour mes recherches.
-Montre-moi ça !...
-Capitaine, un travail de cette importance oblige à la plus grande discrétion…
-Ce n'était pas une requête !...
-Dans ce cas, un frêle prêtre itinérant n'oserait s'attirer les foudres du Capitaine de l'armée royale…
-Par les dieux ! Quelle sorte de recherche est-ce là ?
-De celles dont le monde se souviendra pour l'éternité !"
Forêt de Dvaita, IIème siècle après Jésus-Christ, une troupe de l'armée royale est prise dans une embuscade des guerriers de la Reine Ecarlate. Ils sont tous exterminés. Seul survit leur prisonnier, un vieux brahmane, qui est fait prisonnier. Il prétendait avoir écrit un document dont le monde se souviendra pour l'éternité, mais ça, ses ravisseurs ne le savent pas encore. Ils viennent de capturer Vatsyayana, le créateur du Kamasutra. Le vieillard rejoint les prisonniers parmi lesquels se trouvent Basvaraj, un solide et jeune gaillard dont toute la famille a été massacrée, et Chakradas, un vieux sage qui va lui apprendre dans quel guêpier il vient de tomber. Bhairavi, la Reine Ecarlate, est une femme à l'appétit sexuel insatiable. Elle tue les jeunes hommes qui ne la satisfont pas… et aucun homme n'avait jamais réussi à la satisfaire. Basvaraj y parviendra-t-il ? Vatsyayana pourrait peut-être bien lui en donner la clef.
© Menon, Zuccheri – Daniel Maghen
Le Kamasutra est un recueil indien spécialisé dans les arts amoureux et les pratiques sexuelles écrit entre les VIème et VIIème siècles. Connu pour ses fameuses soixante-quatre positions, qui ne représentent en fait qu'une partie de l'ouvrage, il ne sera illustré que beaucoup plus tard, au XVIème siècle. Plus généralement, le livre est une mine d'informations sur les modes de vie dans l'Inde moyenâgeuse. Vatsyayana, dont il est question dans cet album, en est véritablement l'auteur présumé. C'est grâce à ses conseils avisés que Basvaraj va mettre en pratique qu'il pourra tirer son épingle du jeu…si on peut appeler ça une épingle. Ce que l'on ne sait pas encore, c'est qu'il a un but personnel.
© Menon, Zuccheri – Daniel Maghen
Laura Zuccheri est une dessinatrice italienne. Avec toute une sensibilité féminine, elle met en scène cette histoire d'amour et cette histoire de guerre, car les deux sont intimement liées. Avec un érotisme certain mais sans jamais tomber dans la pornographie, elle suit les pas d'une Ana Mirallès, la dessinatrice de Djinn. Sudeep Menon est un scénariste indien. C'est la première fois qu'il publie en Europe. Il écrit une histoire réaliste et violente, bien plus profonde qu'il n'y paraît. Le sous-titre de l'album "De chair et de sang" n'est pas anodin. Les deux vont s'imbriquer crescendo tout au long du récit. L'histoire est aussi un voyage culturel au cœur de l'Inde de l'époque, avec ses forêts et ses temples caractéristiques.
© Menon, Zuccheri – Daniel Maghen
Histoire d'amour et histoire d'à mort, Kamasutra De chair et de sang est une fresque romanesque, un voyage dans le temps et dans les sentiments. Dans un sens comme dans l'autre, il ne faut pas s'arrêter au titre parce que l'album vaut bien plus que ça.
Laurent Lafourcade
One shot : Kamasutra De chair et de sang
Genre : Conte
Scénario : Sudeep Menon
Dessins & Couleurs : Laura Zuccheri
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741868
Nombre de pages : 112
Prix : 23 €
"Lors de la très grande exposition à l'École des Beaux-Arts de Paris en 2003, nous avons accueilli jusqu'à 3.500 visiteurs certains dimanches. Et un jour, dans la salle dite du "grenier", une pauvre dame pousse un cri et tombe par terre. Les gardiens s'affolent mais le mari les rassure : "Je suis docteur et je sais ce qu'elle a : c'est le col du fémur qui a lâché. Appelez les pompiers et restez près d'elle. Comme je ne suis d'aucune utilité pendant les 7 minutes qu'ils vont mettre à arriver, je vais en profiter pour parcourir la fin de l'expo."
(Le Chat s'expose)
Octobre, l'automne arrive (d'accord l'été a été disons "automnal" à certains moments ou au contraire "caniculaire" à d'autres cette année), les jours raccourcissent, se font plus froids, un brin de spleen frôlera bientôt nos humeurs.
Une lecture pourrait bien être le remède adéquat ... une lecture du Chat par exemple, du "papa" du Chat pour être exact.
© Geluck - Casterman 2024
Philippe Geluck nous sort un gros carnet de confidences, de confessions, d'anecdotes brèves, uniques, personnelles, privées ici publiques là ... !
150 tirées de sa vie ... reliées par un fil rouge : toutes sont authentiques !
Issues de sa jeunesse, de ses années de comédien, d'animateur TV, de dessinateur, de chroniqueur, ce touche-à-tout du rire et de l'humour parfois grinçant, dérangeant mais ne dépassant jamais les limites qu'il s'est lui-même fixées.
"Quand mon père est mort, nous avons fait publier un avis de décès dans le journal. Il nous avait demandé de préciser qu'il avait fait don de son corps à la science auprès de la faculté de médecine de l'ULB (Université Libre de Bruxelles) et de mentionner de sa part : "Comme ça au moins, j'aurai été à l'université !"
(Mon père, ce héros)
© Geluck - Casterman 2024
En revenant sur ses années de chroniqueur chez Drucker, il aurait été dommage de ne pas ressortir quelques-unes des questions posées à tel ou tel invité de l'émission.
Comme à Serge Lama :
"Vous avez dit un jour : "Je suis d'un genre bâtard : Brel pour la force de conviction, Aznavour pour la sensualité, Brassens pour l'amour des mots, Bécaud pour la gaieté, Piaf pour le style réaliste ..." Et qui, pour la modestie ?"
Ou encore, Christian Clavier :
"Depuis votre éblouissante réussite au cinéma, beaucoup de journalistes vous parlent d'argent et vous n'aimez pas trop. Et je vous comprends. Donc, moi je ne vais pas vous emmerder avec ça. Juste une chose : avec l'argent gagné dans "Les Visiteurs", vous avez bien fait de vous faire soigner les dents après le tournage."
Les politiques n'étaient pas épargnés dans ces échanges. Nicolas Sarkozy (alors simple ministre) l'a vécu :
"Lorsque vous étiez adolescent, vous étiez, je crois, plutôt chahuteur et turbulent, donc limite voyou. Et quand on voit que vous êtes devenu ministre de l'Intérieur, on se dit que ça représente un formidable espoir pour les jeunes délinquants."
© Geluck - Casterman 2024
Entre ces 150 "aveux" et questions à ses invités, une centaine de dessins remis dans leur contexte d'époque. Plus que de la nostalgie ou une galerie de "vieux" souvenirs, l'occasion de se les rappeler, de se remémorer également leur raison d'être à leur époque ! Certains feront encore et toujours sourire, d'autres moins ... mais n'est-ce pas aussi une des fonctions des dessinateurs de presse ? Mettre la société face à elle-même en utilisant la drôlerie, la cruauté réfléchie et assumée ... comme l'est malheureusement trop souvent notre monde !
Un peu comme les "fous" des rois d'antan ...
© Geluck - Casterman 2024
Cependant toutes ces "révélations" anodines ne concernent pas uniquement Philippe Geluck. Ce dernier nous relate aussi des détails drôles ou touchants sur ses parents et grands-parents, ses connaissances, ...
"Mon grand-père Boya était invité à une réception de mariage où il ne connaissait pas grand monde. Dans un des salons, pour entamer la conversation, il dit à la personne qui regardait un tableau :
- Sacrée tronche, la bonne femme !
- C'est ma femme.
- Euh ... je me suis sans doute mal exprimé. ce que je voulais dire, c'est qu'un peintre pareil mériterait la prison !
- C'est moi qui l'ai peint."
(Pas mieux)
© Geluck - Casterman 2024
Bref, excellent appétit de bonne humeur. A lire et savourer sans modération ...
"A une réception de l'ambassade d'Union Soviétique, mon père a vu une dame vider un saladier de caviar dans son sac à main."
(Bref mais historique)
Thierry Ligot
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Titre : Tout est vrai
Auteur : Philippe Geluck
Éditeur : Casterman
Genre : humour, confidence, mémoire
Parution : 16 octobre 2024
Page : 144
Format : 17 x 22,5 cm
ISBN : 978 2 203 28084 7
Prix : 22 €
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