A l'occasion de la sortie de son carnet de voyage "Partir, sur les chemins de Compostelle", Lili Sohn nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions de "Derrière la palette" pour BD Best.
Propos recueillis par : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Mise en ligne : Haubruge Alain
© Lili Sohn - France 3
© Lili Sohn - Casterman
© Lili Sohn - Casterman
Titre : Partir ... Sur les chemins de Compostelle
Éditeur : Casterman
Genre : Carnets de voyage
Scénario & dessin : Lili Sohn
Nombre de pages : 336
Prix : 22.00 €
ISBN : 9782203221918
« - Ah là là… C’est moche, ça.
- Toujours la même chose ?
- Ouais. Comme s’il allait changer. Il viole la jeune femme et lui prend son annulaire. La méthode est la même. Ces deux là sont des dommages collatéraux. Leur présence le gênait. »
Des parents assassinés, une sœur violée avant d’être tuée, un enfant prostré dans un placard. Cet enfant, c’est Yû. Dans l’entrebâillement de sa cache, il ne voit pas le visage du bourreau mais aperçoit un tatouage qu’il a sur l’épaule. On comprend dès lors la haine qui anime Yû. Depuis ce jour, il n’a plus qu’un but dans la vie : venger sa famille. On le retrouve quelques années plus tard, déguisé en étudiante à la recherche du coupable. Entretemps, devenu un combattant hors pair, il travaille pour le laoban qui l’envoie sur des missions où les membres des bandes rivales peuvent compter leurs jours.
© Akira Kasugai 2019
© Kana 2022
La vengeance est un plat qui se mange froid. Yû a pris le temps de se former afin de devenir lui-même un tueur professionnel. A la fois désireux d’accomplir les missions qu’on lui confie et de mettre la main sur l’assassin des siens, gare à qui croisera sa route. Et lorsqu’il s’agit de prédateurs sexuels en puissance, ça ne peut qu’exacerber sa haine, allant jusqu’à les provoquer pour mieux les prendre dans sa toile. N’est-ce pas, professeur Kurokawa ?
© Akira Kasugai 2019
© Kana 2022
La mini-série prévue en quatre volumes d’Akira Kasugai ne laisse aucun temps mort. Enfin, morts, oui. Mais temps, non. Le mangaka n’abuse pas de scènes de violences mais lorsqu’elles y sont, il y va à fond. Des bras tombent et des gorges sont tranchées. Yû a vu tellement d’horreurs qu’il reste insensible lorsqu’il s’agit de se débarrasser d’un ennemi. Côté graphique, les décors légers laissent place aux visages et aux jeux de dupes qui se dégagent des yeux, même au travers de lunettes noires. Le format plus grand que les mangas classiques (mais plus petit qu’un comics et a fortiori d’un album franco-belge) permet l’étourdissement dans des scènes envolées comme lorsque Yû fait face à Nanjô sur le toit d’un immeuble.
© Akira Kasugai 2019
© Kana 2022
La vengeance de Yû Kisaragi n’est pas encore assouvie. Si les apparences peuvent être trompeuses, le sang qui coule n’est pas un leurre.
Laurent Lafourcade
Série : De nous, il ne restera que des cendres
Tome : 2
Genre : Thriller
Scénario & Dessins : Akira Kasugai
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
Nombre de pages : 196
Prix : 12,70 €
ISBN : 9782505113553
« - Non !! Pas maintenant !! Mony, faut que tu tiennes encore quelques… Puta madre !
- Rgnnn… Tuco !!... Aide-moi ! Haarrrggg…
- Euh… Oui… T’aider… Euh… Vas-y ! Pousse !
- Rgnnn… Si mal !!!
- La douleur… Euh… C’est normal… C’est que tout va bien…
- Pffff… C’est… bon, Tuco, sors d’ici… Je vais me dé… brouiller toute seule... »
Tout est allé si vite. L’UCC Dolores s’est posé en catastrophe. L’appareil est dans un sale état. Tuco tente tant bien que mal de contacter des secours par radio, mais elle est grillée. Pendant ce temps, Mony est en train d’accoucher. Une fille ! C’est une fille ! Une naissance dans un vaisseau de guerre, ça porte la poisse. Tuco la met à l’abri dans le corps d’un robot-couveuse où elle sera en sécurité. En sécurité, en sécurité,… Oui… Enfin, jusqu’à ce que Sven et ses pilleurs les attaquent et repartent avec le robot, et donc le bébé, comme butin. Mony n’a pas dit son dernier mot. Elle n’a pas l’intention de laisser son bébé dans des mains ennemies.
© Tarquin, Tarquin - Glénat
S’il est des auteurs osant faire subir à leur héroïne plus que ce que l’on pensait possible, ce sont bien les Tarquin. Après le cycle du Cristal Rouge, ils embarquent Mony dans un one shot, une course à la vie dont elle ne ressortira pas indemne. On sait qu’il ne faut s’attacher à personne. Kash en a déjà fait les frais contre toute attente. Sa testostérone va être remplacée par celle de Shaël, héritier des Cosmocats, qui prend un rôle prépondérant et semble s’apprêter à passer au premier plan dans le futur.
© Tarquin, Tarquin - Glénat
Si au dessin, Tarquin fait des merveilles, égalant quasiment la qualité d’un Régis Loisel, les dialogues restent volontairement premier degré. Trop intuitivement associé à Arleston, il n’y a pas ici le bas-goût du scénariste de Lanfeust. Au final, n’est-ce pas mieux ? Tarquin prend son indépendance et il n’y a pas de comparaison possible avec le monde de Troy. Lyse Tarquin apporte une touche féminine et féministe, sans en faire trop. Mony assume sa condition de femme, sa condition de mère et ses auteurs l’obligent à assumer des choix qui vont orienter sa vie. Jamais Mony va ne laisser quelqu’un décider de son destin à sa place. Elle l’assume et le revendique. C’est une héroïne post #MeToo.
© Tarquin, Tarquin - Glénat
Excellente série de SF, après avoir présenté son univers, UCC Dolores est à présent installée pour devenir une saga culte des années 2020.
Laurent Lafourcade
Série : UCC Dolores
Tome : 4 - La dernière balle
Genre : Space-Opera
Scénario, Dessins & Couleurs : Didier Tarquin & Lyse Tarquin
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 48
Prix : 13,90 €
ISBN : 9782344050361
« - Bonjour Madame, je suis Emma. Donald m’a dit de venir vous voir pour le… pour le travail.
- Nous avions dit seize heures… Il est seize heures trente. Bien… C’est réglé, n’est-ce pas ? Maintenant, enlevez ce casque du comptoir et passez par derrière. Mon nom est Jane… Enfilez ça et relever vos cheveux ! Je vais vous expliquer. »
Jane, la quarantaine bien sonnée, tient une baraque à gaufres dans une station balnéaire, à Kingsdown, en Angleterre. Emma, dix-huit ans, vient faire son apprentissage chez elle. Ses parents tiennent un pub. Ce sont de bons amis de Jane. En conflit incessant avec ses parents, Emma a besoin d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Entre les deux femmes, des liens inattendus vont se tisser. Elles qui n’auraient jamais dû se rencontrer, elles qui ont des personnalités si différentes, se trouvent chacune à un tournant de leurs vies et celle de l’une va faire écho à celle de l’autre.
© Constant, Constant - Futuropolis
Michel et Béa Constant traitent du difficile sujet des filles-mères dans une Angleterre thatcherienne qui a laissé des traces encore indélébiles aujourd’hui. La dame de fer, qui avait déjà donné son nom-titre au premier volume de la trilogie britannique de Constant dont Lady Jane est le tome 2, a fait voter une loi censée protéger l’enfance maltraitée, mais dont les dérives ont amené de nombreuses petites anglaises à franchir le Channel pour venir avorter en France. Quand on voit les ravages actuels des lois anti-IVG qui renvoient les Etats-Unis quelques décennies en arrière, tout cela fait froid dans le dos. Victime du Thatcherisme, Jane se sent investie d’une mission particulière. Alors, pas question pour elle que Emma souffre de la façon dont elle a souffert, ni elle, ni une autre.
© Constant, Constant - Futuropolis
Michel Constant est un puriste de la ligne claire. Le dessinateur de Mauro Caldi et de Bitume s’affirme dans des one shots au ton politique. A ranger aux côtés de Mon traître et Retour à Killybegs, que Pierre Alary a adapté d’après Sorj Chalandon, La dame de fer et Lady Jane sont très explicites quant à l’ambiance outre-Manche de la seconde moitié du XXème siècle. Les couleurs de Béa Constant permettent aux flash-backs de s’insérer dans un jaune fin d’après-midi après la pluie typique à une Angleterre de mi-saison.
© Constant, Constant - Futuropolis
Les histoire à la Ken Loach ne sont pas réservées qu’au cinéma. Les Constant le prouvent dans un album de bande dessinée aussi réaliste qu’émouvant. Remarquable.
Laurent Lafourcade
One shot : Lady Jane
Genre : Emotion
Scénario : Michel & Béa Constant
Dessins : Michel Constant
Couleurs : Béa Constant
Éditeur : Futuropolis
Nombre de pages : 72
Prix : 15 €
ISBN : 9782754829663
« - Madame ?
- Mademoiselle…
- Pardon, mademoiselle… Vous venez pour ?
- J’ai rendez-vous avec Mlle Emilienne Morin.
- Très bien, l’huissier va vous accompagner. »
Mais qui est cette jeune femme qui arrive, portail du Coq, au Palais de l’Elysée ? Elle s’appelle Solveig et va être la nouvelle gouvernante d’Emilienne, onze ans, fille du Président de la République. Ça va la changer de Mademoiselle Presne. Solveig est jeune, dynamique et va s’avérer être très complice avec la petite locataire de l’Elysée. Les deux nouvelles amies partent en vacances avec le Président au fort de Brégançon où une mauvaise surprise les attend sur place : l’ancien président et sa fille sont déjà là. Qu’à cela ne tienne : ce n’est pas une pimbêche qui va gâcher les vacances d’Emilienne. Brian Be Five est en concert à un jet d’hélicoptère. Ce serait ballot de s’en priver.
© Deloye, Cuvellier, Galopoin - Auzou
Après une immersion à l’Elysée dans le premier volume, une jeune fille de 11 ans nous amène en vacances avec son père. Sachant que ce n’est pas n’importe qui, ces vacances ne vont pas être n’importe quoi. Vincent Cuvellier fait fi du bilan carbone et fait prendre l’hélicoptère à ses héroïnes comme d’autres prendraient le vélo. Ajoutons à ça un ex-locataire qui gaspille à qui mieux-mieux l’argent du contribuable et la gestion de la République en prend pour son grade. Quand on pense que le Général de Gaulle payait ses factures, les temps et les mentalités ont bien changé. Ce n’est pas notre Jupiter de président qui dira le contraire. Même si on n’est pas là pour faire de la politique, les auteurs éveillent déjà les consciences de leurs lecteurs au sujet.
© Deloye, Cuvellier, Galopoin - Auzou
Olivier Deloye quitte les fastes du palais pour les bords de méditerranée. Son trait s’en trouve aéré, respire et prend de l’ampleur. On est dans une ligne claire pour jeune public mais jamais le dessinateur ne néglige ses décors, que ce soit pour un voyage dans les airs ou pour une scène de foule. On peut appeler ça de la simplicité efficace, mais tout cela cache un travail finement mené.
© Deloye, Cuvellier, Galopoin - Auzou
Après l’année présidentielle que l’on vient de passer, La fille du président est l’album idéal pour s’aérer l’esprit en l’accompagnant quelques jours en bord de mer.
Laurent Lafourcade
Série : La fille du président
Tome : 2 - Les vacances du pouvoir
Genre : Aventure
Scénario : Vincent Cuvellier
Dessins : Olivier Deloye
Couleurs : Marie-Odile Galopin
Éditeur : Auzou
Nombre de pages : 56
Prix : 11,95 €
ISBN : 9782733888889
« - Qui c’est celui-là qui baie aux corneilles ?
- Tu le reconnais pas ? C’est Antoine, notre homme à tout faire.
- Ah ouais…
- Et pourquoi pas lui ?
- D’où il sort ?
- De nulle part. Personne ne le connaît. Il ne connaît personne. Et vous avez besoin d’un quatrième homme pour faire le guet. Au cas où.
- Il faut réfléchir.
- Réfléchissons. »
Pile le jour de ses dix-huit ans, Antoine, dit Toinou, quitte sa campagne pour la capitale. Nous sommes en 1950 et le jeune homme a tout plaqué pour venir travailler à Paris. Alric, le cousin bougnat, l’attend. Toinou va travailler comme charbonnier. Dès demain, il va livrer en boulettes La lune bleue, l’un des cabarets les plus connus de Pigalle. Il y est accueilli par Poing-Barre, homme à tout faire de l’établissement : aboyeur, videur, veilleur, et même nettoyeur. Le patron, c’est le Beau Beb. Antoine va régulièrement se retrouver à livrer, entre autres des bouteilles d’alcool, à la Lune Bleue. Ce ne sont pas que des filles qu’il va croiser là-bas. Antoine y rencontre le grand banditisme, les truands pour qui la vie de leur ennemi n’est rien à côté d’une valise de billets.
© Arroyo, Christin - Dupuis
Dans une narration très polar américain avec des cartouches à la première personne du singulier, Pierre Christin fait de Toinou un narrateur homodiégétique. Le lecteur partage son point de vue tout au long de l’album. Christin rend hommage a une époque révolue et à un genre que l’on aurait pu croire éculé. Les bandits parisiens s’opposent aux bandits corses. Les tontons flinguent, mais ceux-ci ne font pas rire. Ils sont bien trop réalistes. Christin invite Georges Simenon et James Ellroy dans son Paris libéré mais gangréné par la pègre.
© Arroyo, Christin - Dupuis
Jean-Michel Arroyo délaisse les avions de Buck Danny pour un voyage parisien dans les années 50. L’album est tout en niveaux de gris, comme pour mieux nous immerger dans l’époque. On a l’impression que, comme c’était le cas autrefois à la télévision, le monde était en noir et blanc. De Montmartre au Boulevard de Clichy, du Sacré Cœur au Moulin Rouge, Arroyo recréé les rues, les places, les ambiances. Une danseuse aux seins nus se maquille en loge devant un miroir bordé d’ampoules. Des hommes en costumes préparent un mauvais coup autour d’une table devant leurs whiskies. Et puis une effeuilleuse, et puis un combat de catch. Pigalle, 1950, on ne le lit pas, on y est. Le cinéma Gaumont Palace, le Museum d’histoire naturelle, le cirque Médrano, les usines Citroën Quai de Javel, le café de Flore, le parc des Buttes-Chaumont, l’île Saint-Louis, les usines à gaz de la Plaine-Saint-Denis et le Pont-Royal se retrouvent sublimés dans un portfolio final qui parfait l’album.
© Arroyo, Christin - Dupuis
Suivez Antoine dans les rues de Pigalle. Vous y croiserez des girls et des brigands dans une histoire signée par deux grands auteurs de bande dessinée.
Laurent Lafourcade
One shot : Pigalle, 1950
Genre : Polar
Scénario : Pierre Christin
Dessins & niveaux de gris : Jean-Michel Arroyo
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Nombre de pages : 152
Prix : 25,95 €
ISBN : 9791034737697
« - Je trouvais ma recette du piment au tabasco flambé un peu fade.
- Quoi ? C’était déjà une horreur !
- Alors je l’ai farci.
- Avec quoi ?
- De la poudre à canon. »
Quand Nelson améliore son piment au tabasco avec de la poudre à canon, ça risque de flamber dans l’assiette, au grand dam de Floyd. Vous cherchez à pimenter votre vie ? Adoptez un diablotin ! Orange de préférence. Votre vie ne sera plus jamais la même qu’avant. Nelson est un petit peu envahissant. Ce ne sont pas Spoutnik, le petit chien extraordinaire, ni Floyd, le labrador loyal, qui pourront lui faire de l’ombre. Avec Nelson, c’est burger assuré, canapé taché confirmé et incendie au bureau revendiqué. Pendant ce temps, Hubert subit et fait subir à ses collègues les pulls moches de Noël, Julie ramène un mec à la maison (faudra qu’il aime les marriachis) et les puces de Floyd se moquent bien des traitements antiparasitaires.
© Bertschy – Dupuis
Nelson est insupportable. Mais, analysons un tant soit peu la situation : si on le remplaçait par un angelot, un ange gardien nommé Wilson, le monde serait bien trop ennuyeux. Même si Floyd aurait préféré le troquer contre quelqu’un qui prenne soin de lui, on se serait vite lassé d’une vie pavée de bonnes intentions. D’ailleurs, ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Alors, laissons Nelson essayer de faire du pop-corn avec un grille-pain et lire l’avenir dans une boule à neige. C’est bien plus rigolo.
© Bertschy – Dupuis
Vingt-quatre albums et Bertschy est de plus en plus drôle avec Nelson. Il est bien aidé en cela par Floyd et Hubert en particulier. L’auteur suisse invite toute une panoplie de guests stars, parmi lesquels Hello Kitty, Les trois petits cochons, des Schtroumpfs, et même Julien Lepers, animateur mythique et depuis quelques années remplacé de Questions pour un champion, le plus ancien quizz télévisé de la télévision française.
© Bertschy – Dupuis
En parallèle à la série classique à la franco-belge comme cet album, Dupuis a lancé une collection de Nelson au format poche, avec revisités et d’autres inédits. Et si, en vous couchant, vous sentez des miettes sur votre oreiller, c’est tout simplement parce que Nelson a grignoté des chips au paprika dans votre lit.
Laurent Lafourcade
Série : Nelson
Tome : 24 - Poil à gratter au paprika
Genre : Humour diabolique
Scénario, Dessins & Couleurs : Bertschy
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9791034738281
« - Ne dit-on pas qu’en Mongolie le temps est aussi changeant que les humeurs d’une femme ? Vous êtes perdu ?
- Vous avez dit… Ai-je bien entendu ?
- Je dis que ceux qui se perdent ici sont des errants en quête du vrai chemin. »
Peter Jennings s’est réveillé dans une tente en pleine campagne. Serait-il au Tibet ? Il n’en est pas certain. Il ne se souvient pas comment il est arrivé là. Son errance le mène dans un monastère, plus exactement Ger Khiid, le monastère de la yourte. C’est en tout cas ce que lui dit le jeune bonze qui l’accueille. Depuis la tour de guet, Peter pourra voir au loin. La brume se dissipe et la mémoire lui revient. Il était dans un train en Inde, roulant vers Delhi. Serait-il à présent en Mongolie ? Il va devoir aller à Oulan-Bator pour résoudre le mystère de sa venue.
© Jacq - Editions du Tiroir
Après Les péripéties homologuées de Paul et Tom, Jacq revient dans un style et un genre fort différent. L’humour laisse place à la sensibilité. Et s’il est quelqu’un qui devrait apprécier cet album, c’est bien Cosey. Mais ce n’est pas un européen que l’auteur amène en Asie, c’est un américain. Le suisse Jonathan laisse place à Peter de Boston, dans le Massachusetts. Tous deux sont en quête spirituelle et font des rencontres qui les amènent à se questionner sur le sens de la vie. Pour autant, l’histoire de Jacq n’a rien à voir avec une aventure de Jonathan. Et si Jacq y parvient si bien, c’est peut-être parce qu’il a le recul du non-professionnel de la bande dessinée. Il est architecte et est venu au Neuvième Art, sa passion première, par l’intermédiaire des réseaux sociaux. On suit son héros dans son pèlerinage dans lequel il se demande où il est et où il va.
© Jacq - Editions du Tiroir
Jacq adopte une ligne claire dans tout ce qu’elle a de plus pur. Digne héritier d’Edgar-Pierre Jacobs, et plus encore de ses successeurs Teun Berserik et Peter Van Dongen, Jacq invite au voyage. Dans les rêves de Peter, Jacq peut se permettre quelques déviations plus psychédéliques. Avec l’énigmatique catalane Miss Odelia, l’auteur ajoute une touche féminine permettant interactions et développant le mystère. Les chemins d’A-moralyah n’ont pas encore été tracés pour tous.
© Jacq - Editions du Tiroir
Ger Monastry se présente comme un one shot mais la quête de Peter et Odelia n’est pas terminée. Ger Monastry n’est pas une histoire. Ger Monastry n’est pas une aventure. Ger Monastry est une geste spirituelle.
Laurent Lafourcade
One shot : Ger Monastry
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Jacq
Éditeur : Editions du Tiroir
Collection : Roman
Nombre de pages : 96
Prix : 18 €
ISBN : 9782931027493
« - Cher Nicolas, vous avez avancé à une vitesse stupéfiante, mais nous aussi ! Nos services ont mis moins de six mois pour instruire votre dossier !
- En comptant le temps de conception et les vingt et un mois de l’exécution, nous voilà à trente-six mois, Monsieur le préfet. Trois ans ! Bien sûr, il reste encore des bricoles… Tout sera prêt pour l’inauguration officielle dans trois mois. J’en fais le serment... »
2 août 1840, Nicolas Koechlin présente au préfet un tronçon de chemin de fer entre Benfeld et Sélestat. Dans trois mois seulement, ce sera l’inauguration officielle. Tout devrait être prêt. Les actionnaires qui se sont désengagés ont vite été remplacés par un public croyant en l’avenir du train. Le jeune Doomi rêve de devenir chauffeur de locomotive. En attendant, il pellète du ballast sous le regard formateur de Jacky, chef mécano. Quant à son petit frère Fink, Theodore Koechlin lui confie son chevalet et ses couleurs avant de partir se retirer dans le Sud de la France.
© Piatzszek, Bossard - Bamboo
La trilogie de la construction de la plus grande ligne de chemin de fer internationale de l’époque, entre Strasbourg et Bâle, se conclue. Après avoir fait fortune dans la filature et le tissage, Nicolas Koechlin, député du Haut-Rhin, décida de relever un nouveau défi. Les cent-quarante kilomètres de voie seront parcourus à la vitesse phénoménale de 65 km/h.
© Piatzszek, Bossard - Bamboo
Le scénariste Stéphane Piatzszek s’est emparé d’une famille, d’un événement et d’une époque pour raconter une saga réaliste et romanesque. A quoi bon inventer des histoires quand la réalité offre une aventure plus forte que toute fiction, surtout a une époque où tout cela semblait n’être que folie ? Piatzszek l’a bien compris. C’est même à se demander si Jean Van Hamme ne s’est pas inspiré de la famille Koechlin pour écrire Les maîtres de l’orge. Avec les frères Doomi et Fink, Piatzszek ajoute la part fictionnelle apportant de l’humanité. Avec leurs destins aussi différents que déterminés, ils introduisent toute l’émotion nécessaire à en faire une histoire forte. On rêve de conduire un train avec Doomi. On vibre sous les coups de pinceaux ravis de Fink.
© Piatzszek, Bossard - Bamboo
Florent Bossard s’est imposé avec un style propre à lui-même dans lequel la sensibilité prend le pas sur la rigidité historique avec laquelle on ne peut pas jouer. En une décennie, il est devenu un dessinateur digne des grands auteurs comme Paul Gillon, ou dans un autre style Jean-Paul Dethorey. D’ailleurs, Fink qui prend son envol au cour de l’aventure, ne serait-ce pas un peu lui qui, avec Kilomètre zéro, s’est émancipé et a imposé sa patte dans l’univers de la bande dessinée réaliste ?
Symbole d’une révolution industrielle qui se joue, Kilomètre Zéro est une fresque familiale qui aurait peut-être gagné a s’étendre sur une plus longue série. Elle se conclue ici sous forme d’une trilogie dense et efficace.
Laurent Lafourcade
Série : Kilomètre Zéro, une épopée ferroviaire
Tome : 3 – Un monde nouveau
Genre : Aventure historique
Scénario : Stéphane Piatzszek
Dessins & Couleurs : Florent Bossard
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 56
Prix : 15,90 €
ISBN : 9782818986905
BD Best rencontre pour la seconde fois Olivier Weinberg, à l'occasion de la sortie du "Alix Origines 3 - Le Démon de Torralba", chez Casterman. Interview réalisée à la librairie The Skull le vendredi 22 avril 2022.
© Marc Bourgne – Jacques Martin – Olivier Weinberg - Casterman
Propos recueillis par : Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Mise en ligne : Alain Haubruge
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©BD-Best v3.5 / 2022 | ![]() |
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