"-Les invités sont là, Monsieur.
-Bonsoir, mon oncle.
-Bonsoir, Hazel !
-Vous ici ? Quelle surprise ! Vous passiez dans la région ?
-Hum ! Des jours que leur visite est prévue, Monsieur ! Même que je l’avais notée dans l’agenda.
-En effet ! Où ai-je la tête ? Eh bien… Ravi de vous accueillir ! Nous allons pouvoir faire de belles randonnées !"
Astrid Bromure est invitée à passer quelques jours de vacances en Ecosse chez son oncle Hazel. Elle est accueillie avec sa préceptrice Mademoiselle Poppyscoop par Lindsay, le majordome du tonton inventeur. Ce dernier vient de mettre au point le Copiex, une machine qui peut dupliquer tout et n’importe quoi dans la dimension souhaitée. Astrid apprend dans un carnet de son grand-père Aonghas Mac Muffin qu’il existerait dans la région des personnages légendaires typiques. Les terres rousses seraient peuplées de lutins répartis en deux clans : les Uppies, mycophiles du Nord, vénérant les champignons, et les Doonies, mycophobes du Sud, maudissant cèpes, bolets et autres girolles. Bien évidemment, la gamine curieuse va avoir envie d’aller vérifier sur place si leur existence est une légende… ou la réalité.
© Parme, Dreher - Rue de Sèvres
Ce n’est pas spoiler l’intrigue que de dévoiler qu’elle va les rencontrer et même les aider à résoudre une problématique. Pourquoi leurs maisons disparaissent ? Chaque petit peuple accusant l’autre, il allait falloir tout le flair et toute la sagacité d’Astrid pour dénicher les véritables coupables. Telle Gulliver au pays des liliputiens, Astrid va devoir démontrer qu’on a toujours besoin d’un plus grand que soi.
© Parme, Dreher - Rue de Sèvres
Astrid Bromure est une série hors du temps. Qui au XXIème siècle peut être intéressé par les préoccupations d’une petite fille riche semblant avoir survécu de l’univers de la Comtesse de Ségur ? Tout le monde… au moins quand c’est un Fabrice Parme qui prend les choses en main. Avec un humour british et des dialogues fins, avec un trait souple et minutieusement appliqué, l’auteur a mis en place un univers adorablement drôle. Après Le roi catastrophe, La famille pirate, un Spirou et autres albums, il serait temps que Parme, au graphisme reconnaissable entre mille, soit enfin reconnu à sa juste valeur par le public et la profession. C’est l’un des tout meilleurs dessinateur-scénariste jeunesse du moment.
© Parme, Dreher - Rue de Sèvres
En attendant, après avoir dézingué la petite souris, atomisé les fantômes, épinglé l’enfant sauvage, lyophilisé le monstre du Loch Ness, refroidi le yéti, fricassé le lapin, lessivé une baby-sitter, venez apprendre avec Astrid Bromure comment filouter les lutins.
Laurent Lafourcade
Série : Astrid Bromure
Tome : 8 – Comment filouter les lutins
Genre : Aventure humoristique
Scénario & Dessins : Fabrice Parme
Couleurs : Véronique Dreher
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810201686
Nombre de pages : 32
Prix : 12 €
"-Monsieur Graham… Une chambre pour quatre personnes, est-ce bien cela ?
-Oui.
-Euh… Ce monsieur est-il avec vous ?
-C’est mon fils. Il craint la lumière. Hypersensibilité. Y a-t-il un problème ?
-Non, aucun, monsieur. Toutes mes excuses. Je vais vous conduire à votre chambre."
New-York. Charlie et ses compagnons arrivent dans un hôtel. Il est emmitouflé dans un jogging, avec casquette, masque covid et capuche serrée au maximum, afin que personne ne remarque qu’il n’est pas humain. Si quelqu’un le reconnaît, ça fera du grabuge. L’organisation ALA sera rapidement au courant. Charlie est là pour retrouver le professeur Yuan. Elle était le bras droit de Grossman et sait probablement des choses à propos de Bêta. Bêta, c’est Omelas, l’autre humanzee, frère de Charlie. Ce dernier a l’intention de tout faire pour l’arrêter… en le tuant. Depuis la mort d’Hanna et Bert, Charlie n’a plus aucune valeur pour l’ALA. Lucy ne partage pas son avis et préfèrerait traduire Omelas et les terroristes devant les tribunaux.
© 2023 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2024
Pendant ce temps, dans plusieurs coins des Etats-Unis, des attentats meurtriers font des dizaines de victimes. A Houston au Texas, une étudiante fait feu dans l’amphithéâtre d’une université. A Chicago dans l’Illinois, les habitants d’un quartier résidentiel sont décimés, dans la rue ou à leurs fenêtres. Même scénario à Philadelphie, à San Jose,… A New York, c’est la conférence sur le génome et le futur de l’humanité d’Andrew Davenport, PDG de la société Galton, qui est prise pour cible. La professeur Yuan y assiste. Charlie arrivera-t-il à temps pour l’extraire du massacre avant qu’il ne soit trop tard ?
© 2023 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2024
Ce sixième épisode de Darwin’s incident prend une allure d’American Nightmare. Shun Umezawa passe un cran dans l’escalade de la violence. Certaines scènes auraient même été à la limite du soutenable en couleurs. Omelas est déchaîné, assoiffé de sang. Les manipulations génétiques restent au cœur de la problématique. Et si des expériences de reproduction par insémination artificielle entre singes et humains avaient déjà eu lieu dans la réalité ? Umezawa surfe sur une frontière, en équilibre entre une uchronie et une réalité en soi relativement plausible qui fait froid dans le dos.
© 2023 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
© KANA 2024
Entre protection animale, magouilles pharmaceutiques et manipulations génétiques, Darwin’s incident est une série plus addictive que jamais. Le volume se lit à la vitesse d’un cheval au galop. Inlâchable.
Laurent Lafourcade
Série : Darwin’s incident
Tome : 6
Genre : Anticipation
Scénario & Dessins : Shun Umezawa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505126140
Nombre de pages : 160
Prix : 7,90 €
Elliot au collège (sans Elliot)
Elliot au collège (sans Elliot), c'est pas banal. On va en profiter pour accompagner Eglantine et ses angoisses pendant ses vacances. L'autre récit complet de la semaine est marrante. Il est signé Tofy, qui commence à être un habitué des histoires courtes. Côté récit à suivre, Spirou et Fantasio terminent leurs problèmes avec la mémoire du futur.
Pendant ce temps, les abonnés… attendent la semaine prochaine pour leur prochain cadeau.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Erre, Fabcaro - Dupuis
Histoires à suivre :
Marsupilami (Le) : El Diablo |
Nesme / Trondheim |
Spirou et Fantasio : La mémoire du futur |
Schwartz / Abitan / Guerrive / Doucet |
Tuniques Bleues (Les) : De l'or pour les bleus |
Lambil / Neidhardt / Leonardo |
Récits complets :
Elliot au collège : Les vacances d'Eglantine |
Grosjean / Mallo |
Tourte aux champignons (La) |
Tofy / Guisquier |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Annabelle pirate rebelle |
Ghorbani / Sti / Cerise |
Dad Flashbacks |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Gary C.Nell, mon papy à l'Ouest |
Gorobei / Ced |
Kid Paddle |
Midam / Dairin / Patelin / Angèle |
Léon & Lena |
Clémence / Cerq / Alizon |
Méthode Raowl (La) |
Tebo |
Nelson |
Bertschy |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Psychotine |
Zimra / Pujol |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Titan Inc. |
Boisteau / Martin |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Rubriques :
3 infos 2 vraies 1 fausse |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Paul Martin |
En direct du futur : Natacha, un retour glam et vintage ! |
Walthéry |
Interview |
Grosjean |
Jeux : Skate Park |
Vog |
Tuto dessiné |
Elliot |
En kiosques et librairies le 11 Septembre 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
"Nous interrompons notre programme pour un flash spécial. Je suis en ligne avec Jean-Marc Grivin, reporter pour l’agence Média-multipresse. Bonsoir Jean-Marc… Crrr… Bonsoir, Etienne… Crrr… Alors Jean-Marc, vous vous trouvez en ce moment dans un petit village du nnom d’Ernelse, c’est bien ça ?... Absolument, Etienne? « Ernelse », qu’on aurait pu qualifier de « petit village tranquille ». Mais ce soir , ce n’est plus exactement le cas, ce soir où un paisible retraité a fait une macabre découverte en promenant son chien : un sac orange en plastique qui contenait un bras. Arrivés rapidement sur place, les gendarmes ont entamé des recherches dans les alentours et ont trouvé trois autres sacs orange abandonnés dans des endroits épars."
Luc et Stéphane, exilés dans le Sud, partent rejoindre Rudy, leur ami d’enfance resté dans le Nord de la France, leur région de naissance. C’est pas la joie. Juste avant de partir, ils ont enterré Olina, la chienne de Luc, après une nuit de souffrances. Le séjour tombe à point nommé pour leur changer les idées… ou pas. Alors qu’ils approchent de leur destination, Autreville, ils apprennent à la radio qu’une découverte macabre a été faite non loin de là. Un corps démembré a été retrouvé dans des sacs plastiques. Bref, ils ne sont pas venus pour mener l’enquête. Arrivés chez Rudy, ils retrouvent Grazziella, sa femme, qui veut qu’on l’appelle Grâce. Tous les quatre étaient à l’école primaire ensemble, avec un cinquième larron, Etienne, qui a acheté une maison au bout de la rue. Il ne va pas tarder à débarquer.
© De Thuin - Sarbacane
La joie des retrouvailles, somme toute fort sobre, va rapidement laisser place pour Stéphane à un sentiment étrange. Alors qu’il se sentait tout excité de retrouver les lieux de son enfance, lors d’une promenade, Etienne, doté d’un pessimisme chronique, lui pointe du doigt une atmosphère sombre insidieusement installée dans la société. Docteur en nanophysique, ce dernier présente à son camarade une machine qu’il a conçu tout seul, installée dans sa maison, offrant une expérience immersive en survolant virtuellement les localités de la région. De retour tous ensemble, le repas des copains mêle émotion et confidences avant que la télévision ne leur rappelle qu’un meurtrier sévit dans le coin. Avant de se coucher, Stéphane fait une promenade digestive dans la forêt de son enfance. Des fragments de jeunesse ressurgissent intacts.
© De Thuin - Sarbacane
Connaît-on suffisamment bien les amis avec qui l’on était si intimes enfants ? Le temps et la vie faisant leurs effets, les chemins se séparent et lorsqu’ils se recroisent les liens ne sont pas toujours aussi forts. Quand un fait divers d’apparence totalement déconnecté va faire l’effet d’une boule de bowling dans un strike, les relations entre les membres du groupe vont s’en trouver chamboulées. David De Thuin signe un polar intimiste, au cœur des sentiments. La couverture synthétise parfaitement le propos. Stéphane avance dans la lumière, sortant de la forêt noire dans laquelle se trouvent ses camarades qui l’observent, comme s’il venait de réaliser qu’il fallait quitter l’enfance pour comprendre le sens de la vie sur laquelle elle se base.
© De Thuin - Sarbacane
Dans un graphisme Spirou-compatible, De Thuin construit une biographie riche et variée. Sous la caméra d’un Claude Chabrol, Autreville aurait fait un film d’ambiance aussi inquiétant que poignant. Sous les crayons de De Thuin, Autreville est un album encore plus fort que s’il avait été dessiné dans un style réaliste. Il ne faut pas passer à côté.
Laurent Lafourcade
One shot : Autreville
Genre : Polar
Scénario, Dessins & Couleurs : David De Thuin
Éditeur : Sarbacane
ISBN : 9791040805014
Nombre de pages : 112
Prix : 22 €
"-Akira, on t'a volé ton portefeuille.
-Quoi ?!
-Concentre-toi un peu ! Si tu portais une combinaison de puissance, j'aurais pu manipuler ton corps pour te protéger du vol… Mais tant que tu n'en as pas, tu dois te défendre par toi-même ! Akira ?
-Qui est le coupable ? Alpha, où est la personne qui m'a volé mon portefeuille ? Tu la vois ?"
Akira et Alpha se promènent dans l'ancien quartier où il habitait. Akira a changé. Il n'est plus comme avant. Il n'est plus celui qu'on agressait, qu'on rackettait, et qu'on laissait à demi-mort dans une ruelle. Il est devenu assez fort pour protéger son argent. Il ne compte plus laisser personne lui marcher dessus. C'est alors que quelqu'un lui dérobe son portefeuille garni de cent mille aurums. Le chasseur de reliques semble déchaîné. Il fonce à travers les ruelles, armes aux poings, à la poursuite de la voleuse, qui se débarrasse du portefeuille après l'avoir vidé de son contenu. La jeune fille se réfugie en pleine foule, dans les bras de Katsuya, prétextant être poursuivie par un homme. Qui réussira à convaincre Katsuya que ce qu'il dit est vrai ?
© Kirihito Ayamura 2023 © Nahuse 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française
L'événement, que l'on pourrait penser presqu'anodin, va perturber Akira à un point qu'on ne pensait pas. Il va culpabiliser, penser que c'est de sa faute s'il s'est fait voler, parce qu'il est faible. Il doit se reprendre, se prouver qu'il a changé. Il semble prêt à faire un massacre pour que plus personne ne lui marche dessus. Heureusement, Yumina va remettre chacun à sa place. Tout cela va décider Lucia, la petite voleuse, à tenter d'intégrer le gang de Cheryl pour obtenir une protection. Elle y vient avec son pactole dérobé pour se faire accepter. Que va penser Akira lorsqu'il va arriver sur le site ?
© Kirihito Ayamura 2023 © Nahuse 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française
Petite pause pour les chasseurs de reliques. Après un huitième épisode très tendu, avec un combat implacable, ce neuvième tome met Akira face à ses démons internes. Le personnage acquiert en profondeur, en psychologie. Ce n'est plus un acteur d'action. Il devient un véritable héros avec une histoire personnelle. Tout doucement, la traque aux reliques se remet en place dans un dernier chapitre après une scène très drôle de lingerie, poncif de la culture shonen japonaise.
© Kirihito Ayamura 2023 © Nahuse 2023
© 2024, Editions Dupuis, pour l’édition française
Avec cette respiration, Rebuild the world prend un nouveau souffle qui était nécessaire pour relancer la série. On part ainsi vers un nouveau cycle, avec des personnages qui gagnent énormément en épaisseur.
Laurent Lafourcade
Série : Rebuild the world
Tome : 9
Genre : Shonen Survival
Roman d’origine : Nahuse
Dessins : Kirihito Ayamura
Design des personnages : Gin
Design de l’univers : Yish
Design des machines : Cell
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379503672
Nombre de pages : 178
Prix : 8,35 €
"-Salut Pa' ! Ça avance, le dressage de Dratar ?
-Halalala ! J'essaie de lui grimper dessus… Pas facile ! Il est fougueux ! Mais bon ! Je ne désespère pas de l'avoir dressé pour la prochaine bataille ! Au boulot !
-Hein ?! Quoi ? Notre petit Dratar à la guerre ?!
-Evidemment ! Un dragon dans son camp, c'est inestimable !"
Les Puygras sont de retour. Enfin, nous sommes de retour chez eux, dans leur seigneurie, en plein Moyen-Âge, entre Chinon et Loudun. Nous allons donc, à leurs côtés, nous instruire à l’école, combattre l’Anglois, taquiner la sorcière et côtoyer ectoplasme et dragon. C’est parti pour une douzaine d’aventures au cœur de l’Histoire… avec humour, qu’on se le dise !
© Lhote, Frecon – Bayard / BD Kids
Drogon de Puygras, Seigneur et accessoirement père de Gibus, n’a pas l’intention de perdre la prochaine bataille. Il dresse donc Dratar le dragon pour la guerre, ce qui n’est pas du tout du goût de Gibus qui ne souhaite pas qu’il arrive du mal à son animal de compagnie. L’histoire suivante est étonnamment d’actualité. Il y est question d’uniforme au collège. Mais notre gouvernement qui veut l’instaurer à l’école primaire n’a pas eu la même bonne idée que le directeur du collège de Gibus, à savoir demander aux élèves d’imaginer un costume. Ça aurait été plus fun. Pour pallier aux problèmes de vue de Brunissende, son frère va faire appel à la sorcière Prédestine. Pas sûr qu’elle soit d’un grand secours. Plus efficace sera le fantôme Méheu pour déchiffrer des écritures sur une vieille pierre découverte par Gibus.
© Lhote, Frecon – Bayard / BD Kids
Par trois fois, la famille Puygras va goûter de l’Anglois. Et ce n’est pas facile à digérer, surtout quand ils prennent possession du château familial et qu’il faut trouver des stratagèmes pour les en chasser. En effet, Drogon a capitulé devant le Général Mac Console. Son « chez moi » devient chez lui au grand dam du reste de la famille. Rassurez-vous, ça durera moins longtemps que la guerre de cent ans. Ils se retrouveront tous à la plage, au camp de vacances Les cocotiers, pour des joutes qui vont raviver leur rivalité. Les hostilités atteindront leur climax lorsque les anglois réclameront une rançon aux Puygras contre la libération de Mémé, qui se prend pour le Chevalier Noir depuis qu’elle est tombée sur la tête.
© Lhote, Frecon – Bayard / BD Kids
D’autres aventures émaillent cet opus poilant signé Olivier Lhote et Sylvain Frécon, dignes descendants de la meilleure époque Dupuis. Peyo et Franquin auraient adoré.
Les folles aventures de Gibus démontrent que l’âge d’or de la BD où les auteurs savaient allier humour et aventure avec maestria n’a pas disparu. Salvateur. On rêverait à présent de voir les personnages dans une grande histoire de longue haleine.
Laurent Lafourcade
Série : Les folles aventures de Gibus
Tome : 2 – Fantôme et sorcière
Genre : Humour moyenâgeux
Scénario : Olivier Lhote
Dessins & Couleurs : Sylvain Frécon
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036369704
Nombre de pages : 128
Prix : 11,50 €
"-Dis-moi ce que tu veux.
-Savoir le passé et l'avenir, ma digne mère. Rien que ça. Ce qui est aussi possible que de filer dix nœuds, le vent debout !
-Ta main !
-Sottises que tout cela ! Je ne crois qu'à la lame demon poignard, ou à l'amorce de mon pistolet… Et quand je dis à mon ennemi qu'il va mourir, le fer ou le plomb accomplissent mieux ma prédiction que toutes les…
-Silence !"
Une nuit de Novembre, sombre et froide. Kernok le pirate ne croit pas à ces sorcelleries qui le faisaient frissonner dans son enfance. S'il vient se faire prédire la bonne aventure avant de prendre la mer, c'est sa compagne Mélie qui le lui a demandé. Pourtant, Kernok tremble déjà. La vieille lui prédit treize jours à vivre. Treize jours et son âme sera à Teus's. Elle ne prévoit pas mieux pour sa compagne. Un rocher noir sera leur lit nuptial avec les lames de l'océan pour rideaux et les cris de corbeaux pour chant de noces. Ça ne va pas empêcher le pirate de prendre le large à bord de l'épervier, son fameux brick, attendu par son fidèle second maître Zéli. La chasse aux trois-mâts marchands peut débuter, à moins que l'on ne croise un vaisseau anglais.
© Corbettini, Brrémaud - Glénat
Kernok est un pirate sanguinaire mais sensible. A l'apparence d'une tête brûlée, il n'en reste pas moins humain et a ses failles. Quand il rencontre la voyante, la terreur des mers redevient un petit garçon qui ne peut cacher la trouille qu'il a à l'annonce de la madame Irma. Kernok est amoureux, amoureux fou de Mélie. Et c'est réciproque. Elle aurait tout donné pour lui. Il l'aime avec passion, à en crever de jalousie jusqu'à l'extrême. Enfin, Kernok est fédérateur. Son équipage est cosmopolite. Il est constitué de matelots recueillis dans tous les coins du globe : français, russes, égyptiens, américains chinois,… Le chef d'équipage a réussi l'exploit de créer une unité entre eux. Ensemble, ils écument les mers. La prophétie fatidique se réalisera-t-elle ou bien la voyante n'est-elle qu'un charlatan ?
© Corbettini, Brrémaud - Glénat
Frédéric Brrémaud adapte le roman d'Eugène Sue. Avec Kernok le pirate, l'auteur des mystères de Paris s'adressait à de plus jeunes lecteurs, pour un récit épique qui fait aujourd'hui figure de classique. Sue y mêle aventure, action, romance, mais aussi humour. Avec cette transposition très fidèle, avec de nombreux récitatifs laissant la narration à Eugène Sue lui-même, Brrémaud démontre comment, en 1830, le romancier feuilletoniste était aux avant-gardes d'un poly-genres intergénérationnel.
© Corbettini, Brrémaud - Glénat
Alessandro Corbettini livre son premier album en lavis de gris. Le choix pourrait être discutable, tellement on aurait eu envie de découvrir certaines scènes en couleurs. C'est peut-être pour fondre la violence dans les combats. Corbettini a un avenir prometteur devant lui tant il explose de talent dans des scènes navales tout ce qu'il y a de plus complexe à représenter.
Bien que le scénario soit librement adapté du roman d'origine, Brrémaud et Corbettini rendent hommage avec fidélité à Eugène Sue, raconteur d'histoires, qui aurait certainement touché à la bande dessinée si elle avait existé à son époque.
Laurent Lafourcade
One shot : Kernok le pirate
Genre : Piraterie
Scénario : Frédéric Brrémaud
D'après : Eugène Sue
Dessins & Niveaux de gris : Alessandro Corbettini
Éditeur : Glénat
Collection : Treize étrange
ISBN : 9782344057629
Nombre de pages : 96
Prix : 17,50 €
"C’est bien la vitalité de cette bande dessinée espagnole qui est à l’origine de l’intérêt du monde franco-belge pour sa production. Mais, paradoxalement, ce sont ses fragilités, structurelles pour les unes, contextuelles pour les autres, qui expliquent aussi bien cette présence si affirmée de cette école tant en France qu’ailleurs. On en conviendra, l’Espagne est un pays à forte tradition bédéesque, par ailleurs très sensible aux mouvances de l’Histoire. Malgré les bouleversements, transformations et mutations, certaines constantes transcendent cependant les époques." (Viviane Alary)
A l’occasion du festival SoBD qui lui a consacré sa treizième édition, cinq spécialistes de la bande dessinée espagnole retracent 150 ans d’histoire du Neuvième Art dans leur pays. Au fil de l’Histoire avec un grand H, ils nous invitent à dérouler le temps depuis 1857 pour comprendre comment les événements ont façonné un art et ses auteurs et ce que la bande dessinée espagnole a apporté au reste du monde.
© PLG
Manuel Barrero, docteur en communication, rédige le premier chapitre, consacré aux origines, de 1857 à 1939. Comme dans d’autres pays, la BD est née dans la presse bourgeoise avant de pénétrer les milieux populaires. Quand on pense Espagne, il faut penser à pays hispanophones comme Cuba, alors colonie espagnole. La revue La Charanga accueille dès 1857 des BD, avec des cases non détourées sans bulles, des planches légendées signées Victor Patricio Landaluze, alias Bayaceto. En Espagne même, c’est en Catalogne que la presse illustrée commence à se développer. Barrero montre comment des précurseurs ont apporté chacun leur pierre à l’édifice. Au début du XXème siècle, la bande dessinée jusqu’alors plutôt satirique et politique laisse peu à peu place à l’humour. Des revues sont fondées. Bientôt, viendra le temps des Tebeos, publications imprimées essentiellement faites de BD, devant leur nom au magazine TBO né en 1917. En même temps, le public s’élargit. La BD intéresse toutes les classes sociales, publics de tous âges et tous sexes. Dans les années 30, la BD américaine débarque avec des auteurs comme Alex Raymond, Lee Falk ou Harold Foster.
© PLG
Antonio Altarriba, essayiste et scénariste, raconte la bande dessinée sous le régime franquiste de 1940 à 1975. contre toute attente, l’Espagne du Caudillo impose la BD comme le medium dominant. Le réalisme, les sentiments et l’humour se partagent les pages des magazines. Au milieu des années 60, six millions d’exemplaires de Tebeos sortent de presse chaque mois. A l’orée de ces années, Francisco Ibañez créé dans le magazine Pulgarcito édité par Bruguera les aventures de deux détectives privés. Mortadelo y Filemon versent dans le loufoque et la parodie. La série sera éphémèrement éditée en France par les éditions Mon Journal. Considéré comme plagiaire de Franquin, surtout pour sa série …, Ibañez ne sera injustement jamais reconnu de notre côté des Pyrénées. Au début des années 70, le roman-photo prend le pas sur une certaine BD sentimentale. La BD d’aventure ne parvient pas à se renouveler. Les revues humoristiques ne se vendent plus aussi bien qu’autrefois. En 1975, la mort de Franco va marquer un tournant. Place à l’underground et aux Comics.
© PLG
Historien de la bande dessinée, Antoni Guiral prend en charge les années 1975 à 1999, du magazine au comic book. Les premiers titres novateurs ont déjà commencé à paraître depuis quelques années avec des fascicules et magazines pour adultes, notamment dans le domaine de l’horreur. En 1977, les revues Totem et Trocla/Troya scandent le début d’une nouvelle ère, en parallèle au déclin des magazines d’humour. Alfonso Font, Carlos Gimenez, Victor Mora et bien d’autres débutent leurs carrières. Les rapports entre auteurs et éditeurs se professionnalisent. En 1979, c’est la création d’El Vibora, qui deviendra un magazine révolutionnaire, en ouvrant ses pages aux ténors de l’underground, à de nouveaux auteurs comme Daniel Torres ou Jaime Martin, ainsi qu’à des artistes européens et américains (Muñoz, Sampayo, Burns, Clowes, König, Mattioli, Liberatore, Swarte, Tardi, Spiegelman, pour n’en citer que quelques uns). 1980, Corben signe la couverture du premier numéro de Illustration + Comix international. 1981, c’est le premier salon de la BD de Barcelone. Dans la décennie, Antonio Hernandez Palacios fait du western et Carlos Gimenez raconte son enfance dans Paracuellos. Les magazines se multiplient, jusqu’à l’avènement du manga avec, comme en France, Akira et Dragon Ball, et du Comics, versions espagnoles, dont Torpedo par Bernet et Abuli et un digne représentant.
© PLG
Le dernier chapitre, signé Noelia Ibarra et Alvaro Pons, professeurs d’université, s’attache au nouveau visage des Tebeos au XXIème siècle. Le marché a changé. La société est en mutation. Les habitudes de consommation évoluent. Les thématiques abordées se développent. De nouvelles maisons d’éditions voient le jour, comme Bang ediciones, qui ouvre grandement ses bras vers le marché francophone avec des petites pépites comme SuperPatata signé Artur Laperla. En 2023, le fanzine espagnol Forn de Calç reçoit le prix de la BD alternative à Angoulême. Le webtoon se développe également avec notamment Hooky, par Meritxel Garcia, édité en France chez Dupuis. Les auteurs du chapitre concluent sur le paradoxe entre la richesse des productions et les difficultés rencontrées par leurs auteurs. Créativement, la bande dessinée espagnole est au sommet. Il lui faut réussir son ouverture inévitable vers le numérique.
© PLG
Quand on parle de BD européenne, on a trop souvent tendance à la limiter au franco-belge. Cette histoire de la bande dessinée espagnole, publiée dans l’excellente collection Mémoire Vive des éditions PLG, démontre l’importance que revêt celle-ci. La voici enfin réhabilitée. Passionnant.
Laurent Lafourcade
One shot : Histoire de la bande dessinée espagnole
Genre : Ouvrage d'étude
Auteurs : Manuel Barrero, Antonio Altarriba, Antoni Guiral, Noelia Ibarra & Alvaro Pons
Éditeur : PLG
Collection : Mémoire vive
ISBN : 9782917837559
Nombre de pages : 192
Prix : 15 €
"-Je n'en peux plus de tout ce bruit ! Je veux quitter New-York ! Je veux partir… Je veux être celle qui se battra contre le représentant des iconoclastes !
-Ta motivation, c'est juste parce que le prochain défi se passera en dehors de New-York ?
-Non. C'est aussi parce que tout ce qui arrive à cette ville est de leur faute ! Je ne supporte plus ce qu'ils lui font ! Ils ont réussi à programmer sa destruction !"
Jessica est bien décidée à battre les iconoclastes à plate couture ! L'omnisciente veut leur clouer le bec, les humilier. La destruction des bâtiments de New-York sous prétexte de fouilles autour d'un savoir absolu ne peut plus durer. Les jeunes dieux tazmèdes Diego et Diana viennent de transmettre les conditions du nouveau défi imaginé par les vieux dieux. Le but est de cartographier les contours exacts du territoire de l'ancienne civilisation tazmède. Ce duel va opposer Jessica à Eduardo. Cependant, les dieux ont décidé de corser le défi en inversant leurs pouvoirs pour tester leurs capacités d'adaptation. A elle, la faculté de se mouvoir de façon très discrète et d'anticiper les déplacements des autres. A lui, le pouvoir de remonter vers des connaissances détenues par des petits groupes de personnes.
© Dugomier, Castellani, Bekaert - Le Lombard
C'est la quatrième manche du combat omniscients/iconoclastes. Ces derniers mènent deux à un. Si les omniscients perdent ce défi, l'échec sera scellé. La difficulté pour Jessica, c'est que, en plus d'hériter du pouvoir d'Eduardo, elle écope de son handicap : il est sourd et muet. Elle le devient donc. Côté politique, la présidente des Etats-Unis inscrit définitivement sa politique dans la mouvance tazmède. Après avoir offert la nationalité américaine à Diego, elle décide de contribuer aux fouilles en dégageant un important budget. Diego refuse de devenir un élément de récupération.
© Dugomier, Castellani, Bekaert - Le Lombard
Inscrit dans la suite directe du tome précédent "Affrontements", qu'il est indispensable d'avoir lu, ce "Second squelette" poursuit le duel entre les jeunes gens détenant le savoir absolu. Comme dans le tome précédent, les auteurs Renata Castellani et Vincent Dugomier glissent des préoccupations mystiques et politiques qui font de la série plus qu'une saga adolescente. Pour preuve l'opposition entre la Présidente et son adjoint : "Pour une fois que les gens se tournent vers une croyance basée sur la science et le savoir plutôt que sur du mysticisme, je ne trouve pas ça plus mal…", "?!... Je vous rappelle que vous avez prêté serment sur la Sainte Bible !", "Oh, vous savez comme moi qu'il ne s'agit là que d'une coutume pour rassurer. Rien dans la constitution n'y oblige un nouveau président." On voit là l'influence persistance de la religion sur le pouvoir. La couverture montre la tempête dans la tête de Jessica. Portant sur elle le poids du destin de son groupe, elle doit avancer contre vents et marées.
© Dugomier, Castellani, Bekaert - Le Lombard
Sous couvert d'une aventure de jeunes, pas super-héros mais aux supers-pouvoirs, Les omniscients traite du passage de l'enfance à l'âge adulte, via l'adolescence, période de tous les questionnements, où l'on a l'envie d'influer sur la marche du monde qui ne tourne pas rond. Entre les lignes, Les omniscients est une série qui soulève des problématiques sociétales. Le prochain tome s'annonce comme une fin de cycle. On attend une impulsion dynamique qui relancera l'action.
Laurent Lafourcade
Série : Les omniscients
Tome : 5 – Le second squelette
Genre : Thriller fantastique
Scénario : Vincent Dugomier
Dessins : Renata Castellani
Couleurs : Benoît Bekaert
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808212823
Nombre de pages : 48
Prix : 12,95 €
"-Maurice ! Ne traîne plus ! Les allemands arrivent ! Tu dois aller loin le plus vite possible ! Vu ton âge, ils peuvent te réquisitionner… ou pire !...
-T'en fais pas m'man ! J'ai déjà traversé une bonne partie de la France à vélo. Et si je peux, j'embarquerai directement vers l'Espagne ou le Portugal.
-Ne perds pas l'adresse à Lisbonne que je t'ai donnée. Ta tante et son mari t'y attendent. Je leur ai écrit een janvier, craignant l'éclatement d'une vraie guerre !
-Ça ira, m'man… J'essayerai de te donner de mes nouvelles…"
New York 1972, au Congrès international de la BD, dessinateurs européens et américains se rencontrent autour d'un bon verre. L'un d'eux a des origines bretonnes. Plus exactement, le berceau de sa famille se trouve à Guéméné. Le nom de cette ville du Morbihan va raviver des souvenirs à Maurice Tillieux, le dessinateur de Gil Jourdan. Il y a passé plusieurs mois, en 1940. En Mai de cette année-là, à tout juste dix-neuf ans, il quittait Bruxelles et sa mère, sur son vélo, pour éviter de se faire réquisitionner par les allemands qui envahissent le pays. Direction la France, dans l'espoir d'embarquer vers l'Espagne ou le Portugal. Après la traversée du Braban Wallon, Tillieux franchit la frontière française. Il trouve refuge dans des fermes, évite les bombardiers allemands, ce que n'ont pas réussi à faire toutes les personnes qui ont emprunté les mêmes routes que lui. Pas toujours facile de se faire accepter par les français. Ayant capitulé, les belges sont considérés comme des traîtres. Le cycliste traverse la Loire sans trop de difficultés et se dirige vers La Rochelle. Arrivé sur place, c'est la désillusion. Les allemands mitraillent tout ce qui s'éloigne des côtes. Impossible de rejoindre la péninsule ibérique. Maurice n'a pas d'autre choix que de remonter vers la Bretagne.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Adorateur de l'œuvre du papa de Gil Jourdan, Bruno Bazile, déjà auteur de M'sieur Maurice et la Dauphine jaune consacré à son idole, est ici accompagné d'Etienne Borgers pour raconter l'escapade de Maurice Tillieux. En vingt-huit planches sublimes au lavis, on est embarqué dans une époque chargée d'Histoire sur laquelle se basera l'avenir d'un des plus grands auteurs de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. Il est temps que Maurice Tillieux soit enfin réhabilité. Au même titre que Jijé, il fait partie de ces auteurs pas forcément connus des profanes en BD. Il a pourtant autant d'importance qu'un Roba, qu'un Jacobs, qu'un Peyo. C'est l'occasion de saluer l'incroyable travail que font depuis des années les éditions de l'Elan pour sa bibliographie.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Ce Maurice Tillieux 1940 n'est pas qu'un récit de BD. C'est un bel album composé d'un riche dossier introductif dans lequel les auteurs Daniel Depessemier, Etienne Borgers et Gérard Guégan relatent l'escapade de Tillieux, le contexte historique, les lieux de l'action et la genèse de ce livre. Après l'histoire au lavis, une version noir et blanc montre un autre point de vue du trait émouvant de Bruno Bazile, avant de finir sur un carnet de croquis et d'essais.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Pas uniquement réservé aux tillieuphiles, cet album raconte par le prisme du destin d'un jeune homme un pan de l'histoire du monde qui aurait pu changer celle du Neuvième Art s'il ne s'était pas bien terminé. Inévitable. Attention, tirage limité.
Laurent Lafourcade
One shot : Maurice Tillieux 1940
Genre : Biopic
Scénario : Etienne Borgers
Dessins & Lavis : Bruno Bazile
Dossier : Daniel Depessemier, Etienne Borgers & Gérard Guégan
Éditeur : Editions de l'Elan
ISBN : 9782931072066
Nombre de pages : 96
Prix : 39 €
©BD-Best v3.5 / 2024 |