"-Pepper !!
-Là-bas ! Il est parti par là-bas !"
Smartphone en main et casque sur les oreilles, Poppy, une jeune fille, adolescente, sort promener son chien Pepper. Attiré par un renard qui s'était aventuré dans le monde civilisé, le chien le prend en chasse et sa maîtresse ne peut contenir sa laisse. La voilà partie à la course dans la forêt derrière son chien lui-même aux trousses du goupil. Alors qu'elle l'appelle, elle est conseillée par Rob, un jeune homme qui lui dit l'avoir aperçu dans une direction. Le garçon semble bien connaître la zone et réussit à amadouer et rattraper le chien. Ce n'est que la première rencontre bucolique entre Poppy et Rob. Il y en aura d'autres. A chaque promenade. En attendant, Poppy rentre chez elle. Elle retrouve sa mère endormie sur le canapé. Elle lui retire un mug de thé des mains pour ne pas qu'il tombe et lui remonte une couverture jusqu'aux épaules.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Le lendemain, c'est volontairement que Poppy entre dans la forêt. Pepper est ravi de retrouver Rob. Ce dernier vient de repérer l'empreinte d'un cerf. Pepper flaire sa trace. Les ados le suivent. Les voici en plein cœur d'une nature dominée par le monde animal. Un écureuil grimpe rapidement dans un arbre. Un troglodyte mignon, petit oiseau des bois, alerte ses compatriotes du danger humain qui avance. Ils ne retrouveront pas le cerf. Pepper est épuisé. De retour chez elle, Poppy propose à sa mère de les accompagner la prochaine fois dans cet endroit magique. Peut-être une autre fois… Pour l'instant, elle est trop perturbée par le décès de sa propre mère, la grand-mère de Poppy.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Kengo Kurimoto est un auteur canadien. Il invite à une contemplation bucolique. Son livre à l'italienne est une ode à la nature sous la forme d'un retour aux sources. On passe de la ville bétonnée à la forêt profonde en quelques pas, comme Alice suivant le lapin blanc et se trouvant en quelques mètres au pays des merveilles. Dans un monochrome gris-brun, Kurimoto dessine une poésie qui est en train de se vivre par ses personnages, en particulier par Poppy, alter ego du lecteur. Les plantes, les arbres, les animaux et la météo démontrent comment il est nécessaire, vital et salvateur de retourner à la nature. On les entend, les murmures des sous-bois. Il y a quelque chose de magique et de merveilleux. Le deuil est aussi l'une des thématiques de cet album qui invite à se recentrer et à revenir à l'essentiel.
© Kurimoto – Rue de Sèvres
Les murmures de la nature retentissent dans la vie de Poppy comme dans celle des lecteurs. C'est beau, c'est calme, c'est rassurant. Un médicament.
Laurent Lafourcade
One shot : Murmures des sous-bois
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Kengo Kurimoto
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810207732
Nombre de pages : 216
Prix : 18 €
"-Monsieur Carles est un génie !
-Ah ouais ? Ben moi je ne pense pas comme lui ! ses étapes, sa méthode, foutaise ! Un parfum, ça se fait d'instinct !
-Mais… Vous n'aimez pas Shocking ?
-Shocking, d'accord, il est plutôt bon ce parfum, mais moi j'en ferai de meilleurs !"
La plupart des créateurs de parfums sont tombés dans l'oubli. Parmi eux, Germaine Cellier a eu un parcours remarquable. Née à Bordeaux en 1909, elle sera éduquée chez les sœurs. Elle est plutôt impertinente. En 1921, la famille déménage en région parisienne et elle a maintenant une petite sœur. Trois ans plus tard, à quinze ans, Germaine intègre l'école privée Scientia à Auteuil pour devenir laborantine ou aide bactériologiste. Lors de l'exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925, elle découvre le pavillon des parfums. Quelques mois plus tard, diplômes en poche, elle décide de devenir créatrice de parfums. Sa carrière va réellement démarrer lorsqu'elle va intégrer une société grassoise basée à Argenteuil où elle va rapidement se faire repérer pour son nez.
© Egémar, Revel - Nathan
On accompagne Germaine Cellier dans sa carrière et dans sa vie privée, tout au long d'un siècle ravagé par les guerres, de sa naissance à sa mort en 1976. Elle travaillera pour les plus grandes maisons : Balmain, Nina Ricci, Balenciaga, Piguet,… Son "nez" rivalisera avec ceux de ses concurrents essentiellement masculins. Elle révolutionnera la parfumerie française en créant ses propres fragrances. Elle apprendra avec Jean Carles la pyramide olfactive mais s'opposera à lui sur les méthodes de création. Cette pyramide est celle qui différencie pour un parfum les notes de tête que l'on sent en premier puis s'estompent, des notes de cœur qui s'installent pour quelques heures, et des notes de fond qui peuvent rester imprégnées toute une journée.
© Egémar, Revel - Nathan
Béatrice Egémar n'est pas que scénariste. Elle est aussi designer olfactif et propose des causeries autour de ses livres sur le thème du parfum. Sous une couverture impeccablement maquettée, Sandrine Revel offre à la créatrice de parfums un parcours tout en délicatesse. Depuis quelques années, la dessinatrice ne cesse de progresser, de se diversifier, d'étonner. Ici, elle permet à grand fracas (de Robert Piguet) de faire sentir les fragrances dans des cases qui semblent olfactives. Les autrices complètent le cœur BD de l'album avec les coulisses de la création, dont un glossaire, un carnet de croquis et une interview imaginaire de Germaine Cellier. Cerise sur le gâteau, une carte imprimée sur des encres parfumées à Grasse est insérée dans l'album.
© Egémar, Revel - Nathan
Le biopic est un genre qui sied parfaitement à la bande dessinée. L'audace de Germaine Cellier est ainsi enfin reconnue.
Laurent Lafourcade
One shot : Germaine Cellier L'audace d'une parfumeuse
Genre : Biopic
Scénario : Béatrice Egémar
Dessins & Couleurs : Sandrine Revel
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782092494615
Nombre de pages : 160
Prix : 27 €
Bas les masques ! XIII
XIII est né il y a quarante ans dans le journal de Spirou. Peu de gens s'en rappellent. C'est presque en catimini à l'été 1984 que le plus célèbre amnésique du monde a laissé sa mémoire de côté avant de prendre possession des pages de l'hebdomadaire. Ses trois premières aventures y ont été prépubliées avant qu'il ne soit l'exclusivité de Dargaud. Pour fêter ça, XIII est à l'honneur d'un récit complet complètement décalé de Romain Dutreix, qui signe aussi la couverture, et d'un mini-récit lui aussi particulier scénarisé par le maître Jean Van Hamme et dessiné par le Vance compatible Philippe Xavier.
Pendant ce temps, les abonnés vont donc partager leur bonus avec tout le monde puisqu'il s'agit du mini-récit XIII.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Van Hamme, Xavier - Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : Sans penser à demain |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Lieutenant Bertillon : Sedna |
Pomès /Barth / Drac |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Le temps suspendu |
Lai / Bocquet / Alquier |
Spirou et Fantasio : La baie des cochons |
Elric / Lemoine / Baril |
Récit complet :
XIII : Treize fois quarante : Groom total |
Dutreix |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Crash Tex |
Dab's / Gom |
Dad Flashback |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Patelin / BenBK |
Nelson |
Bertschy |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
XIII : Un sacré numéro |
Sti |
Rubriques :
Interview |
Van Hamme |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Xavier |
En direct du futur : Le prix Atomium |
|
Jeux : Nouvelle attraction du Parc Spirou ! Parc Myspirium |
Antoine / Morin |
Spirou et moi |
Mab |
Supplément:
Mini-récit XIII : Bas les masques ! |
Van Hamme / Xavier |
En kiosques et librairies le 5 Juin 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
Vol de planches à la rédaction, Gaston est-il le dernier recours ?
Le chat et la mouette sont affolés. Mais eux, c'est pour une boîte de sardine. Gaston enfile sa veste. Des planches ont été volées à la rédaction. Un maître chanteur est à l'œuvre. C'est le grand final du très bon album de Gaston signé Delaf dans une histoire en six planches. Il sauve le journal et il revient. C'est juste dommage pour les lecteurs que ce soit de la post-publication. Autrefois, les lecteurs du magazine avaient le privilège de toutes les avant-premières. Il est vital que la rédaction y revienne. Espérons que ce soit l'un des objectifs du nouveau rédac'chef qui va bientôt débarquer.
Pendant ce temps, les abonnés n'ont pas de privilège cette semaine.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Erre, Fabcaro - Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : Sans penser à demain |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Lieutenant Bertillon : Sedna |
Pomès /Barth / Drac |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Le temps suspendu |
Lai / Bocquet / Alquier |
Spirou et Fantasio : La baie des cochons |
Elric / Lemoine / Baril |
Récit complet :
Gaston : Gare à Gaf-man |
Delaf / BenBK |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Brad Rock |
Jilème / David |
Crash Tex |
Dab's / Gom |
Dad Flashback |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Elliot au collège |
Grosjean / Riccobono |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Patelin / BenBK |
Méthode Raowl (La) |
Tebo |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Bercovici |
En direct du futur : Le passé de Dad |
Nob |
Jeux : La bataille d'Oursonville |
Bataillon |
Leçon de BD (La) |
Marko |
En kiosques et librairies le 29 Mai 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
"- Que cherchez-vous dans ces ruines la nuit ?
-J’écris un livre sur l’histoire de l’abbaye et la nuit est propice aux découvertes !
-De quelle nature ?
-Des restes de carnets privés des moines encore enfouis sous les pierres pourraient nous aider à y voir plus clair !
-Sur quoi ?
-Sur le passé et la présence d’un animal satanique troublant ces lieux !"
Dans un doux automne écossais, Yoko Tsuno, ses amis Bonnie et Emilia, ainsi que les enfants Rosée-du-matin, Khâni et le robot Angela passent la soirée dans une cabane dans un arbre. Tous vont y dormir parce que les travaux d’électricité du cottage ne sont pas terminés. Une fois les plus jeunes couchés, pendant que Yoko est occupée à gérer des commandes en ligne pour les filatures en laine d’agneau de Cécilia, Bonnie et Emilia sortent pour nourrir un renard. C’est là qu’elles découvrent dans les vestiges de l’abbaye de Loch Castle deux moines en train de faire des fouilles. Un muret s’effondre, Emilia chute, les individus en profitent pour disparaître. Le lendemain, Frère Maxime vient s’excuser auprès des filles. Il écrit un livre sur l’histoire de l’abbaye et profite des nuits pour faire des fouilles en toute tranquillité. D’après lui, il y aurait eu par le passé en ces lieux un animal satanique. Ce serait un aigle royal qui veillait sur un secret bien gardé. Si l’histoire dit qu’il aurait été massacré par les moines, une autre version prétend que des démons seraient venus l’enlever avec une espèce d’œuf avec des bras se déplaçant dans une spirale de lumière. Ça fait tilt dans la tête de Yoko. Il y a du Monya et de ses voyages dans le temps dans l’air.
© Leloup - Dupuis
Il avait scindé le tome 29 en deux parties, n’étant pas certain de le mener à son terme. Depuis, Roger Leloup est ragaillardi. Quatre-vingt-dix bougies au compteur, et le voici enchaînant depuis deux grandes aventures, Les gémeaux de Saturne, récit spatial, et à présent le plus terre à terre mais néanmoins fantastique Aigle des Highlands. L’histoire présente fait écho à deux des épisodes les plus marquants de l’âge d’or de la série : La spirale du temps (qui est à Yoko Tsuno ce que Le piège diabolique est à Blake et Mortimer) et La proie et l’ombre (polar aux frontières du surnaturel, qui est à Yoko Tsuno ce que Le chien des Baskerville est à Sherlock Holmes). Yoko Tsuno est l’une des dernières survivantes de la plus belle époque Dupuis. C’est avec des épisodes comme celui-ci que l’on se rend compte combien l’héroïne a marqué des générations de lecteurs, par son ouverture d’esprit, son intelligence et ses valeurs humanistes.
© Leloup - Dupuis
Comme dans l’aventure précédente, Roger Leloup excelle dans des décors minutieux, aussi à l’aise ici sur Terre que dans l’espace. Ses personnages souffrent par contre avec des visages parfois légèrement biscornus. De même, si l’intrigue est fort bien menée, avec un mystère qui s’installe crescendo, quelques dialogues naïfs manquent de modernité. Mais avec un tel niveau de carrière, ne peut-on pas tout pardonner à Roger Leloup ?
© Leloup - Dupuis
Yoko Tsuno est une madeleine de Proust pour les lecteurs quinqua et quadra. Avec des histoires comme celles-ci, elle montre encore son potentiel pour acquérir un nouveau lectorat qui a à sa disposition tout un tas d’albums dans lesquels se plonger.
Série : Yoko Tsuno
Tome : 31 - L’aigle des Highlands
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Roger Leloup
Couleurs : Leonardo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808504942
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
"-James ! Arrête-toi ! Attends-moi !
-Une bataille approche ? Comment le sais-tu ?
-J'ai entendu Modoc en parler avec les membres du clan.
-Ah, ton oncle ! Il me glace le sang !"
1746, dans les Highlands écossais, James chasse un loup qui s'approche du troupeau d'une belle chevrière. L'écossais protège Katrina qui, elle, s'en serait bien chargée toute seule. Enfin, c'est ce qu'elle dit. Entre eux, c'est un véritable jeu de séduction. Le jeune homme veut combattre au sein des rebelles écossais contre l'envahisseur anglais. Il veut se montrer digne de son clan mené par Modoc, l'oncle de sa dulcinée. Les tuniques rouges ont annexé la lande et chassent les rebelles. Parmi eux, le Capitaine Flint cherche à se venger des responsables de la mort de son frère. Pour y échapper, James et Modoc fuient vers le Nouveau Monde.
Boris Talijancic propose une fresque historique entre l'Ecosse et la Nouvelle-France. Sous couvert d'une histoire d'amour, c'est une histoire de guerre et de destins qui est en jeu. La guerre interne de Grande-Bretagne laisse sa place neuf ans plus tard à une guerre de territoire au Canada entre algonquins et envahisseurs européens. James et Modoc vont être au cœur de ces deux conflits. Dans chacun d'entre eux, une femme sera le pivot des événements : Katrina en Ecosse, une étrange lady sortie de nulle part qui cherche à rejoindre son oncle pour vingt pièces d'or à Fort Frontenac sur le nouveau continent.
Dans un style réaliste sauvage, Talijancic immerge dans une ambiance marquée. L'idée de départ promet une épopée à la manière des Pionniers de l'aventure humaine. On n'est bien sûr pas ici au niveau de Maryse et Jean-François Charles, mais l'auteur s'en sort pas mal. Ce qui est déplorable ce sont les scènes de nus inutiles, dont une scène de sexe ridicule qui fait vraiment tache dans l'album. Par ailleurs, l'arrivée impromptue de la nièce sortie de nulle part dans la deuxième partie arrive comme un cheveu sur la soupe. Clairement, Talijancic devrait s'adjoindre les services d'un scénariste pour donner de la consistance à son récit, car, pour ce qui est des dessins, il offre de belles scènes sauvages.
Dans un grand écart au-dessus de l'Atlantique, La dernière frontière est à deux doigts de montrer que l'aventure à la "Vécu" est toujours vivante. Un petit coup de pouce et on est embarqué.
Laurent Lafourcade
Série : La dernière frontière
Tome : 1 – James
Genre : Histoire
Scénario & Dessins : Boris Talijancic
Couleurs : Carita Lupattelli
Éditeur : Kalopsia
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
ISBN : 9782931205068
"-… Et du coup, je suis coincé, tu vois ce que je veux dire… ? Quoi que je fasse, ça sera la mauvaise décision !
-Tu sais ce que tu devrais faire, Théo ? Te poser les bonnes questions. Mais pour ça, il faut que tu écoutes ton cœur."
Théo a toujours eu beaucoup de mal à se présenter. Alors, il se laisse balloter par le courant et invente une direction. Il essaye de ne pas penser au vide. La plupart du temps, il fait tout pour passer à travers. Les seuls moments où il se sent lui-même, c'est quand il se demande qui il est. Théo est l'homme le plus flippé du monde. Même quand il écoute son cœur, ce dernier lui demande s'il a des antécédents familiaux en matière de maladies cardiovasculaires. L'anxiété fait partie du quotidien de Théo, qu'il soit seul chez lui, avec des amis ou en séance de dédicaces. Oui, en séance de dédicaces, parce que Théo, le héros, ou plutôt l'anti-héros, de cette série, c'est son auteur lui-même : Théo Grosjean.
© Grosjean - Delcourt
Dans cette série, il nous invite dans son quotidien angoissé, dans des situations de deux pages. On va le voir dans la rue, en plein covid, "agressé" par un joggeur qui lui tousse dessus. C'est ça, les nouveaux délinquants. On le suivra dans un flashback au lycée, interpelé par Emma qui n'a plus de feuille double et avec qui il échangera des SMS avant de sortir avec elle, puis être quitté. On partagera une journée dans sa vie de dessinateur, du réveil à 11h28 au coucher à 22h53, intense, très intense, efficace, pas sûr. On l'accompagnera dans sa visite chez le Docteur. Hypocondrie, quand tu nous tiens !
© Grosjean - Delcourt
Théo Grosjean a dépassé les 200 000 abonnés sur Instagram. Même si on ne semble pas être client, on est envoûté par cet "homme le plus flippé du monde". En bichromie orange et noir, le dessinateur se met à nu avec la plus grande pudeur. C'est d'ailleurs étonnant comment quelqu'un qui semble si timide peut se livrer à un tel point. C'est drôle, c'est tendre, c'est émouvant. Ça permet même de relire son autre série Elliott au collège sous un autre angle.
© Grosjean - Delcourt
On a tous en nous un peu de L'homme le plus flippé. A travers son auteur, cette série nous invite à nous à rendre compte. Une excellente surprise.
Laurent Lafourcade
Série : L'homme le plus flippé du monde
Tome : 3 – Improvisation totale
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Théo Grosjean
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
ISBN : 9782413078319
Nombre de pages : 104
Prix : 14,95
"-On n'entend plus votre lyre, ces derniers jours, l'aède. Un peu de musique ferait pourtant grand bien à ceux qui restent.
-… Grande-veneuse, c'est… c'est un honneur de vous recevoir, je…
-J'ai apporté de quoi manger et boire. Vous en avez besoin.
-Attendez…. Asseyez-vous ici, ma dame. Vous devez revenir d'une patrouille. Avez-vouspu retrouver des survivants ?
-La vague était d'une puissance inimaginable. Et elle est survenue totalement par surprise, sans aucun signe avant-coureur. Nous n'avons retrouvé que quelques cadavres. Les autres corps ont été aspirés dans les profondeurs de l'océan, lorsque le flot s'est retiré. Encore qu'ils soient possible que certains esclaves en aient profité pour s'enfuir.
-… Et le Dieu-fauve ?
-J'ai retrouvé sa cage, vide, brisée par le ressac…"
Les grands arbres sont morts mais les bêtes sont bien vivantes, tout comme ce singe blanc, Sans-Voix. Fort et rapide, il n'a pas peur de lutter contre le longue-queue qui vient de ne laisser aucune chance à Dos-Rouge et à Brise-Tête. Alors que le clan des singes se repaît du repas offert par la dépouille de la bête, leur héros du jour, Sans-Voix, est capturé par des humains. On le retrouve en cage, dix ans plus tard. Sa tête est ornée d'un masque noir. Il est devenu une bête de combats dans les arènes des îles Fomorii, un Dieu-Fauve. Sur le bateau qui le transporte, Athanael, aède officiel de la maison Matsya, est devenu un homme libre. Le poète est accompagnée d'Awa, sa jeune disciple. A la faveur d'une tempête et d'un naufrage, Sans-Voix s'évade. Alors que les rescapés s'organisent pour rejoindre la capitale, le Dieu-Fauve, lui, n'aspire qu'à se venger.
© Vehlmann, Roger - Dargaud
Découpé en quatre chapitres et un épilogue, Le Dieu-Fauve est un conte âpre. Chacun d'entre eux suit un personnage : le singe, le poète Athanael, la guerrière façon, puis l'héritière Awa. L'histoire commence comme une fable animalière et se termine en drame, de façon presque inéluctable. On est lui du Fabien Vehlmann de Seuls, du Marquis d'Anaon ou même du dernier Atlas. Il livre ici un album qui ne ressemble en rien à ce qu'il a fait auparavant. Si au niveau du fond du scénario, l'intention est claire, au niveau de la forme, c'est beaucoup plus flou. Il y a très peu de dialogues et beaucoup trop de récitatifs. Le scénariste ne trouve jamais son équilibre et le lecteur a parfois du mal à suivre la direction dans laquelle le scénariste veut l'amener. Clairement, on est dans un récit tribal où violence animale et violence humaine n'ont rien à envier l'une de l'autre. Vehlmann pousse le curseur très loin… trop loin ?...
© Vehlmann, Roger - Dargaud
Roger est un dessinateur d'un réalisme souple à la Mathieu Bonhomme ou d'un Christian Rossi époque Jim Cutlass. Que l'on soit en territoire perdu, en pleine ville, en jungle ou en mer, le dessinateur de Jazz Maynard embarque le lecteur dans l'univers voulu. Comme l'exige le scénario, il joue dans la surenchère de violence, parfois à la limite du supportable. Les combats sont chorégraphiés dans un lyrisme certain. Pour ceux qui passent le cap "sanglant", les couleurs en tons ocres, bruns, bleu nuit, chapitrent et subliment le trait de l'auteur. La couverture d'apparence banale est finement pensée. Regardez les gouttes de sang sur le singe et en particulier celle qui perle le long de son menton. Tout est résumé sur le pelage et dans le regard de Sans-Voix, qui aurait pu s'appeler Sang-Voix, avec un "g" à la place du "s".
© Vehlmann, Roger - Dargaud
A la manière de la plus récente version cinématographique de La planète des singes, les auteurs proposent une histoire sans concession façon Kill Bill.
Laurent Lafourcade
One shot : Le Dieu-Fauve
Genre : Aventure
Scénario : Fabien Vehlmann
Dessins & couleurs : Roger
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505085645
Nombre de pages : 112
Prix : 21,50 €
"-Vous êtes qui, vous ?
-Bonjour… Lieutenant Bertillon, police judiciaire. Euh, on doit mener une enquête pour l'incendie, c'est la procédure. Du coup, je suis là et vous, vous devriez être de ce côté.
-Dylan est mort. Son corps était encore là, carbonisé, il y a pas une heure. Alors vos remarques, vous pouvez vous les garder."
Le lieutenant Bertillon vient d'arriver sur les lieux du drame. Un incendie a ravagé la caravane d'un forain. Le jeune Dylan y a perdu la vie. On ne peut pas dire que le flic soit accueilli à bras ouverts. Joshua, le père de la victime, l'entraîne au sommet de la grand roue. Pour lui, c'était un foutu accident. Dylan, son fils, c'était le meilleur des petits gars, le meilleur. Tout le monde l'adorait. Il allait fêter ses vingt ans et devait se marier avec Wanda. Les flics, on n'en veut pas dans le parc. Le patriarche demande au policier de ne pas revenir. Ce dernier a cependant l'intention de mener son enquête.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Un nouvel enquêteur chez Dupuis. Jérôme K.Jérôme Bloche n'a qu'à bien se tenir. Tous les deux ont un air dégingandé, mais si l'un est privé, l'autre est fonctionnaire. Bertillon est lieutenant de police. Sa première enquête l'emmène donc dans une fête foraine. Reçu très froidement, il va réussir à s'imposer grâce à son flegme et son obstination. Il sait se rendre inoffensif et transparent pour avancer. Si la communauté n'accepte pas que l'on mette son nez dans ses affaires, Bertillon trouvera son meilleur allié en la personne de Curtis, le vendeur de hot-dogs.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Cyrille Pomès est l'un des dessinateurs révélation de ces dernières années. Si Le fils de l'Ursari l'a propulsé sur le devant de la scène, Moon l'y a définitivement installé. Après adaptation et one shot, après participation à un collectif (Le crime parfait), il ne lui manquait plus qu'une série. C'est chose faite avec les enquêtes du Lieutenant Bertillon. Lorsqu'il a demandé à sa collègue d'atelier Carine Barth de co-écrire avec lui un polar dans un fête foraine, il ne mesurait les difficultés graphiques auxquelles il serait confronté. La fameuse roue, les autos-tamponneuses, le palais des glaces, la liste des attractions est longue. Les auteurs ont mêlé l'imaginaire collectif d'un Tim Burton ou d'un David Lynch aux fêtes foraines américaines des années 80. Le décor est un personnage à part entière du récit.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Polar bien mené, cette enquête marque l'entrée en scène dans le neuvième art d'un nouveau flic qui mérite une carrière aussi réussie que celle d'un Léo Loden ou d'un Soda.
Laurent Lafourcade
Série : Une enquête du Lieutenant Bertillon
Tome : 1 - Amotken
Genre : Polar
Scénario : Carine Barth & Cyrille Pomès
Dessins : Cyrille Pomès
Couleurs : Drac
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
"-Bonjour, Monsieur Rosy. J'ai complètement revu mon histoire.
-Ah ! C'est bien, on va voir ça. Ben, c'est bon, vous avez bien bossé. Je vous propose d'aller voir Yvan Delporte , le rédac-chef.
-Oui, bien sûr.
-Yvan, voici Jean-Claude Fournier dont tu as vu les planches."
Lorsque Jean-Claude Fournier arriva ce jour-là à la rédaction du journal Spirou pour essayer d'enfin placer ses planches de bandes dessinées, il était loin de se douter qu'après Maurice Rosy et Yvan Delporte, il allait rencontrer le grand patron, Monsieur Charles Dupuis, en personne. Il est embauché. Son rêve est en train de se réaliser. Mais avant ça, le chemin fut long. Il le sera aussi ensuite. Tout est raconté par l'auteur en personne dans ce biopic en courts récits tranches de vie, intercalées par des explications illustrées. Dans sa préface, Emmanuel Lepage explique que Fournier, accueilli par Franquin dans les années 60, a rendu la pareille en transmettant tout son savoir à de nombreux auteurs, dont lui, aujourd'hui reconnus de la profession. Jean-Claude Fournier prend ensuite la main pour raconter sa vie et sa carrière, depuis son premier jour.
© Fournier - Daniel Maghen
Fils d'un père garagiste, il déteste le sport qu'il juge violent. A la faveur d'un concours de bande dessinée sur le thème de la sécurité routière proposé aux élèves des Côtes-du-Nord, le jeune Jean-Claude se révèle et gagne…un ballon de foot pour toute la classe. Un cauchemar. Chez son tonton Albert, il passe des heures à observer un bateau dans une bouteille. Il ne sait pas encore qu'en découlera des années plus tard une aventure de Bizu. Ado, sa mère se met en colère contre lui parce qu'il passe des heures à lire des illustrés au lieu de suivre les cours.
© Fournier - Daniel Maghen
Noël 1965, Fournier renonce à un stage de directeur de colonies de vacances pour répondre à une invitation de Franquin. Cette décision va définitivement changer sa vie. Il entre dans l'atelier du maître aux côtés duquel il apprendra les rudiments du métier. Le dessinateur de Spirou et Fantasio lui présentera Maurice Rosy et la rédaction du journal Spirou dirigée par un certain Yvan Delporte. Il y croise Raoul Cauvin qui fait des photocopies et n'a pas encore commencé sa carrière de scénariste renommé. La poésie de Spirou envahit les pages de l'hebdomadaire avant que son papa ne se voit confier la destinée du héros fer de lance de la maison d'édition : Spirou en personne. Fournier dégaine les anecdotes qui raviront les amoureux de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. L'Ankou marquera certainement le sommet de sa carrière, avant que quelques années plus tard on ne lui retire, ou plutôt qu'on l'invite à se retirer des aventures de Spirou.
© Fournier - Daniel Maghen
La mésaventure permettra à Bizu de revenir sur le devant de la scène, mais d'abord chez un autre éditeur, puis quelques années plus tard chez Dupuis. Ce ne sera pas un succès commercial. Il rencontre alors Zidrou avec qui il crée Les Crannibales, une série de gags sur une famille de cannibales, série qui ne sera pas elle non plus suffisamment rentable. Fournier se dirige alors vers une bande dessinée plus adulte, d'abord avec Les chevaux du vent avec Christian Lax, puis avec Plus près de toi, accompagné de Kris. L'album se termine par un cahier de corbards, archives et compagnie, dont les premières ébauches de La maison dans la mousse, l'aventure de Spirou et Fantasio qu'il laissera en plan à la cinquième planche, écoeuré par l'aveuglement d'un éditeur incompréhensif.
© Fournier - Daniel Maghen
Fournier est l'un des auteurs majeurs des années 70 et des suivantes. Il se raconte ici dans des moments de vie, privés ou professionnels. C'est intime et émouvant, et surtout, ça démontre sa contribution majeure à ce qu'est la bande dessinée aujourd'hui. Indispensable.
Laurent Lafourcade
One shot : Fournier Ma vie de rêves
Genre : Biopic
Scénario & Dessins: Jean-Claude Fournier
Couleurs : Jean-Claude Fournier & Anne-Marie d'Authenay
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741547
Nombre de pages : 152
Prix : 26 €
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