Qu’est-ce qui détermine au final notre identité ? Qu’est-ce qui constitue ceux que nous sommes ? Face à une Histoire qui se répète, les enfants réagiront-ils comme leurs parents ?
Campagne de France, juin 1940, Billy-Sur-Aines. Lors d’une rixe entre soldats allemands et français, Louis Kerbraz reconnaît le médaillon qu’il avait confectionné pour Lieselotte Ruf, une jeune femme travaillant pour la Croix-Rouge, : rencontrée lors du premier conflit mondial. Face à lui, un homme bien décidé à se venger de sa condition d’orphelin de guerre. Quel va être la réaction de ce fils allemand devant son père français qu’il rencontre pour la première fois lors de cet affrontement ?
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Rien ne prévoyait que Louis Kerbaz, (l’immortel) jeune soldat breton, rencontre lors d’une incursion en no man’s land Liselotte Ruf, (l’Ange des tranchées ) une jeune infirmière allemande réfugiée dans une église en ruine. Les deux jeunes gens ont en commun une passion pour l’art, lui dessinant dans un carnet différentes sculptures religieuses (pietà) observées lors de la Première Guerre mondiale tandis qu’elle les photographies. De cette passion va naître entre nos protagonistes une relation amoureuse considérée comme interdite au vu de la complexité de leurs nationalités impliquées dans ce premier conflit mondial.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Lors d’une sortie en dehors des lignes françaises, notre breton assiste à une scène équivoque entre son aimée et un médecin allemand. Blessé gravement lors d’une offensive, il terminera la guerre alité dans un hôpital. De son côté, en novembre 1918, Liselotte retourne vivre chez ses parents, portant dans son ventre le fruit de leur amour. À la naissance du petit, le médecin accoucheur va déclarer à cette dernière que l’enfant est mort-né, l’abandonnant entre les mains de religieuses d’un couvent situé près de Stuttgard.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Les scénaristes ( Nathalie Ponsard – Gutknecht & Miceal Beausang – O’Griafa) nous proposent de suivre la destinée de cinq personnes, de nationalités et de générations différentes, qui vont inscrire leurs destins croisés dans des mondes en guerre. Les illustrations confiées à Aurélien Morinière sont vraiment criantes et saisissantes de vérités, ce dernier n’hésitant absolument pas à utiliser des grandes cases voir même des pages entières afin de nous présenter la vie des poilus et les horreurs de la guerre des tranchées. De plus, le choix des couleurs colle est parfaitement judicieux, reflétant les diverses situations dramatiques présentées. Au travers de cette saga familiale, le lecteur traverse divers lieu et époque de la Première Guerre mondiale. À signaler la présence d’un dossier pédagogique relativement bien documenté et structuré en fin d’album.
© : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa – Aurélien Morinière - Glénat
Une série prévue en quatre tomes à paraître dans le courant de cette année dont je ne peux que vous conseiller l’acquisition. Également mon premier coup de cœur de cette année 2023.
Alain Haubruge
Titre : Ceux que nous sommes
Série : Visage
Tome : 1
Genre : Histoire
Éditeur : Glénat
Scénario : Nathalie Ponsard - Gutknecht & Miceal Beausang-O’Griafa
Dessin & couleurs : Aurélien Morinière
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782344022924
« - Alors, c’est vrai ? On doit quitter Prague ?
- Oui, ma chérie. Nous devons partir. »
Etre juif à Prague pendant la Seconde guerre mondiale est loin d’être la condition la plus confortable. Un après-midi, la famille de Dita Adlerova reçoit une lettre les sommant de quitter leur domicile. Ils ont droit d’emporter cinquante kilos de bagages. Pour Dita, quatorze ans, pas question d’abandonner ses livres. Il va pourtant bien le falloir. La jeune fille et ses parents, comme des milliers d’autres juifs, doivent se rendre à la gare. Ils vont être déportés à Auschwitz. Arrivés sur place, ils ne seront pas gazés, mais lavés, puis tatoués. Ils ne seront ni rasés, ni changés. Incroyable ! Ils restent même en famille dans un baraquement moins insalubre que les autres. Que cache ce mystère ? Toujours est-il que Dita, passionnée de livres, sera chargée de s’occuper de la bibliothèque.
Salvia Rubio adapte en bande dessinée le roman d’Antonio Iturbe. L’histoire a pour mérite de dévoiler un angle peu connu des sordides et inadmissibles camps de concentration. Si l’on sait que les prisonniers vivaient dans des taudis et étaient en charge de travaux pénibles et dégradants, on sait moins qu’il existait des lieux plus privilégiés, si tant est que « privilégié » soit le bon terme. En effet, un bâtiment était réservé aux visites des responsables de la Croix Rouge qui ainsi ne voyaient pas toute la misère. Ils étaient bluffés par les nazis qui leur faisaient croire que les droits de l’homme étaient respectés à Auschwitz. Dans son malheur, Dita aura eu le privilège de croiser le chemin de Fredy Hirsch, juif allemand qui supervise la section qu’elle intègre. Sous le prétexte de les occuper afin qu’ils ne perturbent pas le bon fonctionnement du camp, l’homme réussit à faire dédier une baraque aux enfants. C’est là qu’il confiera à Dita la gestion de la bibliothèque.
Loreto Areca vient du dessin animé. Elle signe ici sa première bande dessinée. Ses grandes cases montrent la solitude dans laquelle se trouvent les prisonniers. Elle invite à l’empathie pour ces milliers de victimes qu’elle représente, soit anonymement, soit avec Dita et ses parents. Elle invite au dégoût avec un Josef Mengele, le célèbre médecin de la mort, aussi droit qu’un « i » dans son costume militaire tiré à quatre épingles. Elle invite au mystère avec Fredy Hirsch dont on découvrira avec Dita le secret qu’il cache.
Edita Adlerova, dite Dita, vit aujourd’hui à Netanya en Israël. Antonio Iturbe l’a rencontrée pour écrire son roman de six cents pages adapté ici par Salvia Rubio et Loreto Areca. Ils ont dû procéder à quelques raccourcis que la lecture de l’œuvre originale pourra combler. En attendant, cette bande dessinée est, comme tout ouvrage sur le thème, une œuvre de mémoire indispensable et c’est aussi une ode à la lecture.
Laurent Lafourcade
One shot : La bibliothécaire d’Auschwitz
Genre : Drame historique
Scénario : Salvia Rubio
Dessins & Couleurs : Loreto Aroca
D’après : Antonio G. Iturbe
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 142
Prix : 22 €
« - Un mort et un blessé grave dans le coma !... Un retour sur le terrain en fanfare, Agent Rafale ! Il n’y avait vraiment pas moyen de faire autrement ?
- Niet, colonel ! Je certifie que c’était eux ou nous et je n’aurais pas fait mieux au volant…
- On a pu les identifier, d’ailleurs ?
- Deux anciens dockers du port de Boston, virés il y a quelques mois pour trafic de drogue…
- La question est donc de savoir qui les a payés pour enlever le corps de ce garçon retrouvé dans la cargaison de poisson… »
Qui est-ce jeune homme, le corps à moitié recouvert d’écailles, retrouvé mort dans un container de poissons sur les docks de Boston ? Et pourquoi a-t-on tenté d’enlever son cadavre à la morgue ? Le WSIO (World Security International Office) est sur l’enquête. Si Whip et Gaucho ont réussi à intercepter les ravisseurs, de manière un peu brutale, Brazil et Nomade sont chargés d’identifier le corps et de retracer son parcours. Le container appartient à la compagnie Cooper Fishing Corp. Décollage imminent pour le Nunavut dans le Grand Nord canadien.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Reprendre une série n’est pas gage de succès, ni de réussite. Si on parle beaucoup de l’excellent revival de Ric Hochet dans les mains de Van Liemt et Zidrou, celui de Bruno Brazil est tout aussi honorable. Ric Hochet a eu une très longue période de vie originelle et a évolué avec son temps. Les auteurs ont choisi de l’ancrer dans les années 60. Bruno Brazil a eu une vie beaucoup plus courte. Si l’on excepte le dernier tome inachevé paru en 1995, les albums de Vance et Greg sont parus entre 1969 et 1977. Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Aymond ont eu l’idée de génie de reprendre la série là où elle s’était arrêtée, à l’époque où elle s’était arrêtée, et avec les personnages dans l’état dans lequel les auteurs les avaient laissés. Pas de téléphone portable, d’internet ou de technologie moderne. Nous sommes en 1977.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Au dessin, Philippe Aymond est dans un classicisme qui ne peut pas décevoir. Net, propre, maîtrisé. Au scénario, Bollée se place en digne successeur de Greg. Ça a l’air facile comme ça de faire de la bande dessinée populaire d’espionnage et d’aventure. Ce n’est pas si simple que cela. S’il y avait une recette, ça se saurait. Bollée dose l’action et les poursuites comme le faisait l’ancien rédacteur en chef du journal Tintin, tant et si bien que l’on a l’impression de lire une bonne « histoire du journal Tintin », comme c’était marqué dans les albums à l’époque. Les nostalgiques y trouveront leur compte, mais les nouveaux lecteurs tout autant. Cette « terreur boréale » traite de manipulations génétiques, sujet toujours d’actualité. Le final apporte de l’humanité à Brazil en intégrant un fil rouge en guise de cliffhanger.
© Aymond, Bollée, Ray - Le Lombard
Pourquoi créer de nouveaux héros quand les « anciens » en ont encore autant sous le capot ? Bruno Brazil démontre encore que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Laurent Lafourcade
Série : Les nouvelles aventures de Bruno Brazil
Tome : 3 – Terreur boréale à Eskimo Point
Genre : Thriller
Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
Dessins : Philippe Aymond
Couleurs : Didier Ray
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €
« - Votre mie n’est-elle point gracieuse ? Agréable à la vue et au toucher ?
- Je ne le sais, en six mois de noces, l’envie ne m’a même pas effleuré !
- Est-elle malodorante, bruyante ou estropiée ?
- Rien de cela. C’est une beauté nubile et estimée… Non. Le problème vient de moi… L’ancien officier chef d’armée ne peut plus sabrer ! Je vous mandate céans pour m’aider à trouver une solution. »
Le Comte François de Dardille vient de convoquer en sa demeure Monsieur le Marquis. S’il a besoin de son ami, c’est qu’il est dans une bien mauvaise passe. La Comtesse Amélie de Figule reproche à son époux de ne pas la satisfaire. Afin de le prouver, et pour se voir attribuer en compensation la moitié des terres de son mari, elle convoque le « congrès ». S’il veut éviter de se voir spolier d’une partie de sa fortune, le Comte va devoir assurer au lit et en public. Il craint de ne pouvoir y parvenir et espère que le Marquis lui donnera les clefs de la réussite.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
C’est un genre de récit peu commun auquel nous invitent Aurélien Ducoudray et Nicolas Dumontheuil : la farce sexuelle. Tout commence comme une tragédie. On ne sait pas encore comment ça finira, mais le cœur est une comédie. Ducoudray s’empare d’une réalité. Entre le XVIème et le XVIIème siècle, en France, une épouse pouvait faire annuler son mariage pour cause d’impuissance de son mari. Convoqué devant le Congrès, le mari devait prouver en public ses capacités sexuelles. C’est ce qui arrive ici au Comte de Dardille, plus préoccupé par sa fabrique de soldats de plomb que par les attributs d’Amélie. Le Marquis, habitué des parties fines, tente de l’intéresser aux vertus féminines.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
Ce qui aurait pu être une histoire platement érotique sous les crayons d’un dessinateur réaliste se transforme en facétie croquignolesque sous le graphisme de Nicolas Dumontheuil. Ce dernier met en scène ses personnages comme dans un théâtre. Il transforme le lecteur en spectateur que les acteurs happent pour les intéresser aux scènes qu’ils jouent. Qu’ils soient dans une forge, dans un bordel ou à bord d’un carrosse, les personnages sont des comédiens dans les mains d’un metteur en scène truculent.
© Dumontheuil, Ducoudray - Delcourt
Avec des dialogues ciselés, jamais vulgaire et toujours drôle, L’impudence des chiens invite Molière chez Rabelais. Une excellente surprise.
Laurent Lafourcade
One shot : L’impudence des chiens
Genre : Comédie historique
Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessins & Couleurs : Nicolas Dumontheuil
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 80
Prix : 19,99 €
« - C’est plus possible !!!
- La troisième en un an !!
- Et le maire ? Qu’est-ce qu’il fait le maire ?
- Voilà ce qui arrive quand on vote pour n’importe qui. Moi, j’ai pas voté pour lui !
- Et c’est qui, cette fois ?
- Le père Delpech l’a reconnue. C’est une petite de Luzech.
- Ah ? Elle est pas de chez nous ? Bon, ben, c’est déjà ça ! »
1960, sur les berges du Lot. Le corps d’une jeune femme est retrouvé dans une écluse. Ce n’est pas le premier. Ce ne sera pas le dernier. Le village est en émois. Tous les soupçons se portent sur Octave, un simple d’esprit qui vit avec son père. Le gaillard doit faire face aux lazzis et quolibets, à la cruauté humaine, notamment celle d’Alban qui pointe du doigt le coupable idéal. Heureusement, il y a Fanette, la belle Fanette, qui va prendre le contrepied dans cette affaire.
Si Victor Hugo avait placé l’action de Notre-Dame-de-Paris dans le futur d’un monde qu’il ne connaissait pas à l’époque, l’histoire se serait passée à Douelle, dans le Lot, à quelques kilomètres de Cahors. Quasimodo s’appellerait Octave. Esmeralda serait incarnée par une certaine Fanette, et on ne peut pas dire qui revêtirait le costume de Frollo sans trop en dire sur l’intrigue. Ce qui est sûr, c’est qu’Alban n’aurait pas joué Phoebus. Avec L’écluse, c’est un peu comme si Philippe Pelaez avait transposé l’œuvre mythique dans une autre époque et à un autre lieu. Le scénariste y instille cependant quelques accents pagnolesques avec les habitants de ce village qui réagissent en instinct grégaire un peu comme dans Jean de Florette.
Après La ballade de Dusty avec Ducoudray, Gilles Aris est de retour dans un thriller campagnard. Comme dans les meilleurs films des années 60, ses personnages ont des gueules. Leur psychologie transparaît dans leurs visages. Les regards et les silences en disent parfois plus long sur leurs sentiments. Les couleurs de mi-saison donnent une impression de chaleur estompée. Dès la première planche, le drame est en marche et rien ne peut l’arrêter.
L’écluse est de ces polars villageois ancrés dans leur époque. Il sent bon la France profonde. Le final non conventionnel montre qu’il ne faut jamais se fier aux apparences.
Laurent Lafourcade
One shot : L’écluse
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Gilles Aris
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €
S’il est bien un auteur du 9e Art franco-belge méritant tous les honneurs et les hommages d’un genre littéraire, ici le western, c’est bien Hermann ! Aucun scénariste-dessinateur n’a autant donné, rénové et innové, dans le western que lui ! Et toujours dans le respect des grands principes légendaires du genre, le western avec un grand « W » !
De « Commanche » à « Duke », nul doute qu’en plus d’en avoir fait le tour, Hermann a, à chacune de ses séries, été capable de se renouveler.
Que ce soit par ses scénarios ou son dessin, seul ou avec son fils désormais, chacun de ses albums est une épopée inédite.
Situation de départ, rebondissements et final, aucun risque de s’ennuyer ou même d’avoir cette désagréable impression de « déjà vu – déjà lu ».
Il fallait donc que ce dernier tome de « Duke » soit dans la même veine que l’ensemble de la série. Et autant le dire de but en blanc, nous n’avons pas été déçu !
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Duke et Timothy Swift reviennent en Californie, à Sonora, avec les 100.000 dollars, « avancés » par Soakes & Sears, pour « payer » King et libérer Peg.
Décidé de prendre une nuit pour se reposer et se rafraîchir avant la confrontation finale avec son « père par procuration », Duke se fait arrêter par le shérif. Recherché dans tout l’ouest, sa tête est placardée partout.
Rejoint au cachot par Ed, le mastodonte toujours vivant, ce dernier lui propose un marché à la condition que Finch reconnaisse qu’ils sont semblables …
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Car Ed est « en paix. Ses mains ont rendu justice. Quand l’homme a accompli ce pour quoi il est né, un sentiment de plénitude s’empare de lui. … Lorsque le corps s’accorde avec l’esprit, cela s’appelle la plénitude ! ».
Plongé dans ses pensées, le silence de Duke a le don de provoquer le géant. Une altercation musclée s’en suit et surtout l’intervention sanguinaire de Manolito lui permettent finalement de s’évader.
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Tout est désormais en place pour l’ultime rencontre. Il est l’heure de clôturer les comptes, tous les comptes ! A Ogden, comme dans le ranch de King, et ceux d’après par la même occasion ! Un dénouement à huis clos au Four Horseshoes sera-t-il suffisant ? Ou se fera-t-il par étapes ?
Poudres et sang, vengeance et violence vont dès lors se mélanger dans un feu d’artifices de haine et de rancœur.
Duke trouvera-t-il la réponse à sa quête ? Obtiendra-t-il sa rédemption ? Pourra-t-il enfin rencontrer la sérénité et la paix ?
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Yves H aime jouer avec les sentiments et émotions des lecteurs. Comme il l’a fait tout au long de cette saga, par sa narration parfois rythmée parfois non, il nous tient en haleine et nous mène en crescendo jusqu’au point ultime : le paiement de la dette de son héros. Si le tome précédent se caractérisait justement par un rythme assez lent, ce dernier accélère clairement pour un sprint final grandiose. Le tout se lit ou plutôt nous entraîne dans des atmosphères où le talent d’Hermann excelle sans conteste.
Et comme à chaque fois, ses couleurs et teintes soulignent l’intensité, la tension de l’intrigue. Pénombre, scènes de pluie, de brume ou ciel dégagé, ses paysages sont à nouveau sublimes. Des tableaux où tout texte est souvent inutile.
© Yves H – Hermann – Le Lombard
Bref, une série qui se finit en apothéose, comme nous pouvions l’espérer d’Hermann et de son fils. A lire et relire … enfin … dans sa totalité. Le western en BD est loin d’être mort …
Thierry Ligot
Titre : Ce monde n’est pas le mien
Série : Duke
Tome : 7
Genre : Western
Éditeur : Le Lombard
Scénario : Yves H
Dessin & couleurs : Herman
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €
ISBN : 9782808210119
Clairement l’événement ciné familial de la rentrée ! Humour, émotions et tendresse se mêlent avec la tristesse, le désespoir et la violence du contexte historique dans cette adaptation libre de la série BD.
Réalisé par Yann Samuell (à qui nous devons déjà « Jeux d’enfants » et un remake de « La Guerre des Boutons »), ce dernier réussit à merveille la plongée les Lulus dans le chaos de la 1ère GM. Une course effrénée à travers la France pour fuir les combats et tenter de se mettre à l’abri en Suisse, le « pays jamais en guerre ». Respectueux de l’esprit et du ton de la série BD, la vision du monde absurde des adultes dans ce conflit passe par leurs yeux … et la rencontre de personnages parfois contradictoires.
Entre l’enseignant bienveillant, l’éducateur rigide, le soldat pacifiste ou perdu, l’occupant déserteur ou l’officier strict, les différents visages de qui pour le « père » ou la « mère » que ces orphelins recherchent frénétiquement pour se sauver.
Le public est touché de la façon la plus sensible et directe par cette naïveté infantile. A chaque instant, le spectateur hésite entre rires et pleurs, sourires et larmes d’émotion tellement le film réussit à capter cette innocence dramatiquement écrasée par la violence de cette guerre.
Pour réussir cette prouesse, des acteurs remarquables, et en premier lieu les interprètes des Lulus : Tom Castaing (Lucas), Mathys Gros (Luigi), Léonard Fauquet (Ludwig), Loup Pinard (Lucien) et Paloma Lebeaut (Luce).
Portés par un casting de rêve, les Isabelle Carré, Alex Lutz, Ahmed Sylla, François Damiens, Didier Bourdon, … font merveille.
Nous serions injustes de ne pas signaler également la qualité des décors et de la photographie. Loin d’être un film de pure action violente, sensationnelle et hyper-technologisée, le côté un rien BD ressort dans l’image et le cadre.
Sans hésitation, un film à voir en famille et qui réserve bien des surprises aux spectateurs, fans ou non des albums BD.
Au cinéma à partir du 18 janvier 2023
Interview : Thierry Ligot
Images : Alain Haubruge & Thierry Ligot
Arnhem, 21 septembre 1944 Opération Market Garden : un groupe de soldats anglais appartenant à la 1ère division de parachutistes se trouve sous le feu d’un char Allemand équipé d’un lance-flamme.
Un des militaires, un français d’origine juive allemande servant sous l’uniforme anglais, reconnaît un char français (B1bis) transformé par les nazis. Ce char, le plus redouté par les Allemands durant la campagne de France fut également une mauvaise surprise pour tous ceux qui ignoraient son existence. Quasiment invulnérables face aux canons ennemis, ces derniers ne pouvaient compter que sur des pièces lourdes pour en venir à bout.
© Pécaud – Mavric – Andronik - Verney - Delcourt
Avec ce nouveau tome de la collection « Machines de Guerre », Jean-Pierre Pécau (scénariste) nous fait découvrir un des épisodes méconnus de la Seconde Guerre mondiale: la bataille de Stonne. Cette dernière va opposer Allemands contre Français du 15 mai 1940 au 27 mai 1940. Les chars allemands furent confrontés pour la première fois à une résistance plus qu’inattendue venant des forces françaises. À dix-sept reprises, le village de Stonne changera de camp en seulement trois jours.
© Pécaud – Mavric – Andronik - Verney - Delcourt
La bataille tournera à l’avantage des Allemands, le char français B1bis étant très gourmand en carburant. Les Français avaient une machine de guerre digne de ce nom, mais n’ont pas su exploiter son potentiel. Après l’armistice, les Allemands modifieront les blindés français en leur ajoutant un lance-flame. On les retrouvera sur le front russe face à Ivan mais également en Hollande chargés de la défense de la ville d’Arnhem lors de la catastrophique opération Market Garden mise en place par Montgomery.
© Pécaud – Mavric – Andronik - Verney - Delcourt
En résumé, un sixième tome très agréable à lire revenant sur un aspect très peu connu de la Seconde Guerre mondiale. À signaler la présence d’un dossier technique concernant le char B1bis en fin de livre.
Alain Haubruge.
Titre : Le boucher de Stonne
Série : Machines de Guerre
Tome : 6
Éditeur : Delcourt
Scénario : Jean-Pierre Pécaud
Dessin : Senad Mavric – Andronik
Couleurs : Verney
Nombre de pages : 56
Prix : 15,95 €
ISBN : 9782413041139
Premier vernissage 2023, mercredi 11 janvier, la Galerie Champaka accueille Marvano, un art de la science-fiction, dessinateur illustre de « La guerre éternelle » et de « Libre à jamais ».
Marvano est désormais un classique incontournable de la bande dessinée de science-fiction. Tout a commencé lors d’un festival SF où il a rencontré Joe Haldeman, l’auteur de The Forever War, à qui ont été décernés Prix Hugo et Prix Nebula, les deux plus hautes distinctions de la science-fiction anglo-saxonne. Audacieux, Marvano lui propose de transposer son roman en bd. La guerre éternelle sera publiée dans la prestigieuse collection Aire Libre!
© Marvano – Haldeman - Dargaud - Dupuis
En adaptant avec brio le roman d'Haldeman, Marvano impressionne les lecteurs à travers le monde. Il entame, en 1996, Dallas Bar, sept albums d'utopie politique, également tirés d'un roman d'Haldeman. Suivront, à partir de 2002, les trois tomes de Libre à jamais, un récit de science-fiction, signé une fois de plus par son auteur fétiche.
© Marvano – Haldeman - Dargaud - Dupuis
Des planches, couvertures et illustrations des trois cycles compose(ro)nt l'exposition Un art de la Science-Fiction que la Galerie Champaka a le privilège de programmer. Savante alchimie entre un trait d'une fabuleuse lisibilité et un sens inné de l'architecture de la planche, l'art de Marvano se met au service du récit. Equilibrés, inventifs et aérés, ses originaux sont, à bien des égards spectaculaires.
Exposition du 12 janvier au 4 février 2023
Galerie Champaka
27 Rue Ernest Allard
B-1000 Bruxelles
+32 3 514 91 52
Images : Axelle Coenen & Thierry Ligot
« - …et ainsi, je me propose d’inventer un appareil plus lourd que l’air permettant d’emmener un homme plus haut que les nuages.
- Fariboles !
- Impossible !
- (Ils verront bien !)
- Charlatan !
- Guignol ! »
Si Montgolfier est pris pour un doux dingue par ses contemporains doutant des vertus de son invention, il n’a pas été le premier à se trouver dans cette situation et ne sera pas non plus le dernier. Remontons le temps pour analyser comme les petits pas des hommes ont permis des bonds, ou des croche-pattes, pour l’humanité. « Depuis l’aube des temps, l’humanité est en marche. » En trois chapitres, ce précis scientifique (enfin, faut pas exagérer quand même) donne les clefs de cette évolution.
Les découvertes d’un autre temps vont des unités de mesure au pot au feu. Si aujourd’hui on mesure en mètres, les premiers hommes préhistoriques ont mesuré en « mammouth » même si ce n’était pas toujours facile. Il y aura des intermédiaires qu’on vous laisse découvrir. L’invention de la porte ne trouvera son utilité qu’avec celle de la sortie. Celle de l’hygiène permettra de sauver des vies.
Toucher le fondamental est le titre du chapitre 2. On passe de l’habitat grégaire au confort moderne. On découvre comment la révolution industrielle a changé la face du monde, tout comme les avancées en aéronautique. Côté divertissement, le cinéma va tout bouleverser, notamment les premiers spectateurs s’enfuyant devant l’entrée en gare d’un train à La Ciotat.
Vers l’infini et l’à-peu-près ouvre les horizons vers un futur que, quelque soit l’époque, on n’a jamais imaginé comme il fut ou comme il sera. Ce ne sont pas les fesses de Tommy dans la mission Freedom vers Mars qui diront le contraire. Il risque d’avoir des problèmes avec la justice américaine. En trois volets, Libon aura donc comblé les lacunes entre l’homme préhistorique et l’astronaute en présentant tous ces pans de l’évolution du monde.
Avec des auteurs comme Libon, Fluide glacial retrouve sa superbe des années 80-début 90. Comme d’habitude chez lui, rien n’est jamais sérieux. Mais ici, chaque saynète a un fond de vérité. Même s’il faut parfois racler profond, on la trouve. Et quand on gratte, ça ne peut que faire rigoler.
Laurent Lafourcade
One shot : Un petit pas pour l’homme, un croche-patte pour l’humanité
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Libon
Éditeur : Fluide glacial
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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