Deux soeurs, un zombie, une fée,... La vie de famille de William
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Deux soeurs, un zombie, une fée,... La vie de famille de William

 

 

 

Entretien avec William, créateur de Tizombi, de Wat et surtout des Sisters, l’un des plus grands succès de ces dernières années dans la BD d’humour, dont le seizième album vient de paraître.

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour William, Les sisters reviennent pour un 16ème album, Cap ou pas cap’ ? Je te propose une interview Cap ou pas Cap. Cap ou pas Cap qu’on commence comme ça ?

On y va.

 

Cap ou pas Cap de faire des portraits dans des magazines ?

Effectivement, avant de faire de la BD, j’ai fait des portraits. J’avais un copain qui faisait des caricatures et je me suis dit que pour me démarquer j’allais faire des portraits. A l’époque, je travaillais à l’usine et pour arrondir mes fins de mois, le week-end, je partais dans les fêtes de villages pour « croquer » les touristes. Je ne les ai jamais publiés dans des magazines.  C’était très formateur en même temps. Ça a été mon école.

 

 

 

© William - Bamboo

 

 

 

Cap ou pas Cap de signer une BD historique ?

C’est déjà fait, alors Cap.

Ma première BD était une BD médiévale qui s’appelait Alban de Montcausson. C’était une romance qui se passait pendant la guerre de cent ans. Ça m’a amusé. Il y a des faits historiques mais c’est tout de même romancé. Ça a été ma première expérience de bande dessinée avec beaucoup de documentation, un dictionnaire sur Violet le duc, des armoiries, les armures de l’époque, etc … J’acceptais tout ce qui venait. J’avais un copain qui était passionné de BD et de médiéval et qui m’a proposé un scénario qui se passait dans son village à Florentin-la-Capelle dans l’Aveyron. J’ai trouvé ça vraiment sympa. Il y avait une histoire en plus avec cette romance avec la belle Héloïse et le chevalier Alban. C’était ma première BD éditée localement. Je faisais des illustrations pour Aveyron magazine et les rédacteurs en chef m’ont proposé de travailler sur cette BD et de l’éditer. C’était une première expérience pour mon scénariste et pour moi. J’ai pu aller dans les festivals avec cette BD historique. 

 

 


© William, Ajalbert - Les BD d'Aveyron

 

 

Cap ou pas Cap d’accepter un scénario signé Georges Lautner ?

Cap aussi, bien sûr. Ça a été une riche expérience. Rencontrer déjà ce metteur en scène culte était très impressionnant. Je dois dire que lui était très simple, mais on peut être impressionné par l’homme, le réalisateur. Il a su me mettre tout de suite très à l’aise. Avec l’éditeur Emmanuel, Proust, on a fait ce diptyque qui, à la base, ne devait être qu’une seule histoire et on l’a terminé au tome 2. Les ventes n’étant pas celles espérées, on n’a pas pu faire un tome 3. C’était très agréable de bosser avec Georges Lautner. 

 

 


© William, Lautner - EP

 

 

Tu es papa de deux filles. Cap ou pas Cap de les mettre en scène dans une BD ?

Alors, je dirais que je suis Cap. Mais au départ je n’étais pas Cap. Quand j’ai créé le blog Un air de famille en 2006, je travaillais en tant que coloriste puisque mes BD ne marchaient pas. J’avais vraiment envie de dessiner. J’étais frustré de coloriser les dessins des autres. Je me suis dit pourquoi ne pas me lancer. Mes filles me faisaient rire, se disputaient et se rabibochaient dans la minute. Je me suis lancé dans des petits dessins que j’ai scannés et mis sur un blog. Tout a commencé comme ça. Je leur ai demandé si je pouvais mettre leurs prénoms. La petite avait 6-7 ans et la grande 9-10. Elles ont quatre ans et demi d’écart. Elles étaient d’accord. Il y a des copines fictives, d’autres réelles. Certains prénoms des copains étaient inventés pour éviter les catastrophes à la maison. 

 

 


© William

 

 

C’est Grâce à ce blog mettant en scène blog mettant en scène Wendy et Marine que tu as été repéré par Bamboo ?

Alors, c’est marrant parce que j’ai rencontré Christophe dans un festival. Je dédicaçais Baraka avec Georges Lautner et lui dédicaçait Les Pompiers. On a échangé et sympathisé. On avait pas mal de goûts en commun. On est né la même année. On a les mêmes goûts en pop culture. Il me suivait un peu sur le blog et moi j’aimais son côté comique gag à la page. Christophe m’a dit que s’il lui venait une idée il m’enverrait quelques scénars. Il y en avait un sur deux femmes de ménage qui avaient des super pouvoirs genre James Bond girls. Il y avait un autre projet avec des fées et un petit lutin. C’était des personnages que j’avais créé sur le blog et je lui ai dit qu’on pourrait faire un petit truc là-dedans, en enrichissant un petit peu cet univers.

Sur mon blog, je faisais plutôt des dessins genre dessins de presse. J’ai demandé à Christophe de me faire une mise en page écrite pour voir si j’arrivais à retranscrire ça et le transformer en page de BD. Comme le résultat nous plaisait, on l’a proposé à Olivier Sulpice, éditeur chez Bamboo. Il m’a appelé tout de suite pour me dire qu’il était intéressé. Je lui parle de Christophe au téléphone, en lui disant qu’il aimerait bien m’aider pour scénariser, qu’on travaillerait donc à deux sur les scénars.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Tu mets donc beaucoup de tes filles dans la série. Souffles-tu des idées à Cazenove qui les met en forme ?

Là, cela fait quatorze ans qu’on travaille sur Les Sisters. Maintenant, Christophe connait bien les personnages. Il me propose des trucs aussi, par exemple en rapport à des souvenirs avec son frère. En général, je lui propose un thème pour l’album. Les idées me viennent comme ça le matin. Je les note sur mon téléphone et lui envoie plusieurs bribes de scénarios. Il met tout ça en forme, construit un gag en bas de page sous forme de découpage écrit. On tente d'éviter les poncifs mais quelques gags reviennent, des thèmes récurrents comme le journal intime ou la jalousie de Wendy pour Sammy son petit copain. L’univers est assez riche.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Y mets-tu aussi un peu de ton enfance ou bien penses-tu que les générations évoluent trop vite pour pouvoir le faire ?

Non franchement, je n'utilise pas mes souvenirs d'enfance,

 Le papa est un personnage qui est en second plan. Je n'ai pas du tout eu la même enfance. J’ai une sœur 4 demi frères et deux demi sœurs,

 C’est vraiment la vie de mes filles, raison pour laquelle ça s’appelle « les Sisters » et non « Un air de famille ». Je voulais vraiment me consacrer sur les deux personnages. Si on avait gardé Un air de famille, les gens auraient pu confondre avec le film de Cédric Clapish. « Les sœurs » ou « les frangines », ça n’était pas terrible. Et puis l’idée du franglais avec « Les sisters » m’est venue car elles s'appelaient souvent ainsi,

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Comment faire justement pour rester au contact des jeunes générations, parler comme eux, les sensibiliser, les faire rire ?

Alors, ça ce n’est pas évident parce qu’il y a le langage qui évolue tout le temps, l’argot, le verlan, etc… Il faut être vraiment toujours aux aguets. J’écoute souvent mes filles parler et je me dis : « Tiens, ça, c’est pas mal. ». Je ne leur dis pas et quand elles voient les albums me disent : « Je me rappelle j’avais dit ça ! ». Je ne les scrute à la loupe mais dès que je peux choper une expression, quelque chose d’actuel, j’essaie de le mettre quelque part. Christophe n’a pas d’enfant mais il pose beaucoup de questions en festival. On essaie de rester à la mode sans trop l’être car Les Sisters n’est pas une BD pour être à la mode. Il y a des gens qui abandonnent la lecture, peut-être trop enfantine pour eux. Et d’autres qui continuent. J’ai vu en dédicaces des parents qui ont lu et qui font lire à leur gamin. Il y a plusieurs lectorats et plusieurs façons de lire la BD.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Pour ceux qui ne les connaîtraient pas, quelles sont les différences de caractère entre Wendy et Marine ?

Elles ont un fort caractère toutes les deux, deux caractères bien distincts, des fortes personnalités. C’est ce qui m’a fait faire ce blog. Je trouvais ça marrant et je me demandais si d’autres vivaient cela à la maison. C’est marrant autant elles sont très différentes physiquement et autant coté caractère, elles en ont un très fort toutes les deux. C’est pour ça que ça peut partir tout de suite en live. Mais elles s’adorent. Tout ça continue à leurs âges, même si la plus grande a quitté le nid.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Le premier album des Sisters est paru en 2008. Si on considère qu’elles avaient déjà à l’époque 8 et 12 ans, elles auraient aujourd’hui 21 et 26 ans. Tu les fais d’ailleurs réellement vieillir dans un gag en toute fin d’album mais elles gardent leurs particularités. Est-ce pour garder contact avec le public des débuts de la série qui a grandi avec elle, pour accrocher de nouveaux lecteurs et lectrices plus âgées ou bien tout simplement pour le fun ?

Pour la dernière page, avec Christophe, on a trouvé que ce serait marrant de faire un gag où elles seraient adultes. En fait, elles se projettent donc elles s’idéalisent. Elles n’ont pas changé en fin de page. Elles ont le même physique alors que quand j’ai commencé la BD Marine avait huit ans. Je ne savais pas à quoi, elle allait ressembler plus tard. Elles s’imaginent ce qu’elles seront. De même, depuis une dizaine d’albums, on a décidé avec Christophe en début de page de les faire plus jeunes, donc Marine à deux ans et Wendy en a cinq ou six. C’est devenu un gimmick.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Un hors-série des Sisters à la vingtaine est-il envisageable ?

Non, cela ne m’intéresse pas. Sur la dernière page, elles ne sont pas réellement plus grandes. On va un peu dans le futur pour que ça raisonne par rapport au gag. Je dis ça maintenant, peut être que je changerai d’avis plus tard. Je ne comprends pas pourquoi je ferais une blonde écervelée, alors que Marine est grande maintenant. Elle est intelligente et instruite, ça ne collerait plus. Ce qui m’intéresse c’est la petite qui apprend la vie par le biais de sa grande sœur.

 

Comment est né le concept des Super Sisters ?

C’est pareil, c’est quelque chose que j’avais créé sur le blog. J’ai toujours aimé les comics. Et j’ai trouvé ça marrant de faire quelques pastilles où elles auraient des supers pouvoirs. J’ai laissé ça dans un coin et, avec Christophe, un jour, on a pensé que ce serait drôle d’inclure un gag où elles apprennent à devenir des supers héroïnes, avec des costumes avec le W et M. C’est resté. Il y a une page dans chaque album où elles ont ce super costume. En 2010, l’éditeur m’a proposé de faire autre chose entre deux albums des Sisters. On a fait un premier album des Super Sisters, puis un deuxième. C’est un univers qui me plaît depuis tout jeune et mes lectures de Strange.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

A propos de Super-héros, tu es plutôt Marvel ou DC Comics ?

Je suis les deux. J’ai commencé avec DC Comics et je me suis mis plus tard à Marvel. Quand j’étais jeune, je prenais tout ce qui venait dans la seule librairie du coin. Il fallait que je dévore des cases. J’achetais donc tous les magazines, moins chers que les albums. 

 

Les Sisters se déclinent en petits romans, en dessins animés, en magazine, …  Tout ça semble étourdissant. Comment arrives-tu à contrôler tout ça ?

J’acquiesce et je suis content dès que l’éditeur m’informe de tous ces petits bonus. C’est l’éditeur et toute son équipe qui font tout pour promouvoir la série et créer des rencontres, des opportunités, comme le dessin animé. On a eu plusieurs rencontres pour cette adaptation télévisée avec plusieurs studios. On a eu quelques déconvenues avec certaines boîtes de prod. Pour le jeu vidéo, ça s’est fait très vite. Le magazine, lui, a été lancé par Milan Presse.

Pour toutes ces choses, on nous propose et nous avons un regard de validation. C’est l’équipe de Bamboo qui gère tous ses produits dérivés. Il y a des petites figurines Plastoy qui vont sortir pour le jeu vidéo collector à la fin de l’année.

 

 

 


© William, Cazenove - Bamboo, Milan

 



© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Abordes-tu ton travail de la même façon en BD et sur les autres médias ?

Pour le dessin animé, au début, cela m’a demandé un peu de travail. On a vu les producteurs. Il fallait créer tout un univers. Je leur ai redessiné tous les personnages dans un style un peu plus cartoon, pour les Character Design. Il a fallu créer de nouveaux personnages pour le dessin animé qui n’existaient pas dans la bande dessinée, comme Madame Georgette la voisin, le vigile, les commerçants. Je les ai représentés de face, de trois-quart, sous divers angles. On a assisté au doublage. C’est une sacrée expérience de voir les acteurs incarner ses propres personnages.

Pour le jeu vidéo, c’est différent. Ce sont les personnages copiés collés de la BD. 

 

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

 

 

 

On annonce également un long métrage au cinéma avec de vrais acteurs.

Pour l'instant, ça reste assez flou et moi je me concentre sur la BD. Pour tout ce qui est produits dérivés ou adaptaions je laisse l’éditeur s’en charger. Quand c’est bien fait, c’est super. Pour l’instant, on est très contents du dessin animé, du jeu vidéo et du magazine, des figurines ou des jeux de société.

 

Alors que, comme Roba avec Boule et Bill ou bien Franquin avec Gaston, tu aurais pu, au bout d’un moment rester sur ton confort avec les Sisters, tu t’es lancé dans d’autres séries. As-tu créé Tizombi comme une échappatoire pour garder les pieds sur Terre ?

Alors c’est pareil qu’avec les Sisters. Ça part d’un délire sur un blog que j’avais en 2009. J’avais créé ces petits personnages que j’ai proposé sur un forum et j’ai eu un super accueil avec ces petits personnages qui ont mûri. J’ai fait des illustrations. J’ai même sorti à compte d’auteur le Tizombi zéro. J’en ai tiré 250 exemplaires et j’ai tout vendu. J’en ai envoyé un exemplaire à Olivier qui m’a dit : « Je n’aime pas les zombies mais ton petit personnage me fait rire. Si tu veux, on propose à Christophe d’y travailler. »  Il y a eu quatre tomes. Je ne peux pas tout faire. Il me faut six mois pour faire un album des Sisters. Comme après chaque album, pendant un mois, j’ai besoin de ne pas faire de BD, en gros, il me restait quatre mois. J’ai donc confié les couleurs de Tizombi à Elodie Jacquemoire, comme pour Wat.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

D’où te vient ce goût des macchabées ? Du Thriller de Michael Jackson ?

Michael Jackson m’a marqué, c’est sûr. Mais j’ai surtout été marqué par les film de Romero. Ce sont les films de mon adolescence : La nuit des morts-vivants, Zombies, Le retour des morts-vivants, ... On les regardait et on adorait se faire peur avec ça.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Tizombi a une particularité qui lui est propre.

Oui, c’est le seul zombie à être né zombie. C’est une idée de Christophe. Le personnage que j’avais créé sur le blog était tout seul et s’ennuyait. De temps en temps, il y avait une poule. Il mangeait la poule et après il pondait des œufs. Il n’y avait pas de scénario. C’était juste des dessins comme ça pour le délire. Christophe a trouvé le « truc ». 

 

Comment parler de zombies aux enfants ? T’est-il arrivé de t’auto-censurer pour ne pas montrer des scènes trop trashs ?

Tizombi, c’est trash dans le visuel mais pas dans le fond. C’est bien crado mais il y a ce côté humoristique comme dans Pierre Tombal. L’ambiance est morbide mais pas effrayante. 

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Il y a quelques mois, toujours avec Christophe Cazenove, tu changes de dimension. On passe à des histoires plus longues pour présenter Wat, la fée qui avait perdu ses ailes. Qui est cette lointaine cousine de Clochette ? Est-ce que ce personnage résonne en toi ?

Je ne sais pas si le personnage résonne en moi, c’est un univers. Le petit peuple m’a marqué aussi. J’ai toujours aimé ça. Plus jeune, je lisais le Peter Pan de Loisel. Je préfère sa fée Clochette à celle de Disney. Il y avait le coté graphique et nouveau. J’ai aussi toujours aimé les trolls et tout cet univers rattaché. Graphiquement, Wat ressemble à une des copines de Wendy. On me dit souvent que c’est Samy avec des ailes. Samy, en fait, c’est la petite fée qui est devenu la copine des Sisters. C’était un dessin prévu au début pour les Fables de comptoir, un projet qu’on avait avec Christophe.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Wat retourne à la campagne après avoir vécu en ville. Est-elle une héroïne post-COVID ? Autrement dit, tout comme la crise sanitaire a fait se poser des questions à de nombreux citadins qui se sont dirigés vers un retour à la terre, Wat serait-elle née s’il n’y avait pas eu de confinement ?

Oui, parce que l’album s’est fait avant le confinement. La période de colorisation a eu lieu pendant le confinement mais c’était un hasard.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

La perte de ses ailes, c’est une privation de libertés. Y a-t-il une métaphore qui se cache sous cet événement ?

Non, on ne va pas chercher si loin. Il y a toujours une quête dans les albums d’aventures et Christophe a trouvé cette idée. C’est bien, parce qu’il y a plusieurs petites histoires mais il y a toujours cette quête. Il faut toujours qu’il y ait quelque chose dans le scénario qui tienne la route et vers quoi le lecteur va et espère.

Wat a perdu ses ailes et je ne sais toujours pas si elle va les retrouver. Christophe me garde des surprises. Une fée qui perd ses ailes, un troll qui les a piquées, ça fait le charme de ce duo improbable. La BD est souvent une histoire de duos.

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Les sisters, Tizombi, Wat, n’est-ce pas trop dur de mener trois séries de front ?

Je ne mélange pas les projets. Quand je travaille sur Sisters, je suis à fond sur Sisters. Je ne peux pas travailler sur plusieurs projets en même temps. Tizombi est en pause. Il dort dans sa tombe, mais j’espère y revenir un jour. Je ne suis pas seul décideur. Il y a aussi les ventes. Wat a très bien démarré. Le tome 2 sera terminé à la fin de l’année, la coloriste prendra le relais. L’album sortira au printemps. Je ne sais pas encore si l’an prochain je ferai un autre Wat ou Tizombi.

 

Comment s’organise une de tes journées de travail ?

Je travaille de façon très scolaire. Le fait d’avoir amené mes filles à l’école parce que ma femme travaillait et moi j’étais à la maison, c’est resté en fait. Le mercredi après-midi, je fais de la paperasse mais je ne travaille pas. Je travaille de 8h à 12h. Je fais une pause jusqu’à 14h et je reprends jusqu’à 19h. En principe, j’attaque la planche en noir et blanc en début de semaine et je mets la couleur en fin de semaine. Sur Les Sisters par exemple, j’essaie de faire deux planches couleurs comprises dans la semaine. Sur Tizombie et Wat, je fais trois planches mais seulement en noir et blanc. Je travaille en écoutant la radio ou de la musique. Je regarde parfois des vidéos, des documentaires, … Et parfois, il n’y a rien. J’ouvre la fenêtre et j’écoute les oiseaux qui chantent.

 

 

 

© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Allez, on termine comme on a commencé. Y aurait-il de la place pour un projet dans lequel on pourrait retrouver William en tant qu’auteur complet ? Cap ou pas Cap ?

C’est un doux rêve, mais je ne sais pas si c’est réalisable… Aurais-je assez d’énergie pour créer toute une histoire qui tienne la route ? Surtout parce que moi quand je commence un truc, ça part dans tous les sens. Et après, je me dis que je ne suis vraiment pas scénariste. Les dialogues, je suis assez à l’aise avec ça, mais le scénario non. Alors un album de gags, pourquoi pas, mais une longue histoire de 46 planches non. Mais ça n’est pas du tout d’actualité. Et puis, j’ai toujours aimé travailler en binôme. J’ai besoin d’un certain confort vis-à-vis du scénario pour créer le découpage, la mise en scène, le dessin.

 

Merci William !

 

 


© William, Cazenove - Bamboo

 

 

Interview réalisée par Laurent Lafourcade, avec l’aimable participation de Kris Arnal

 

 



Publié le 23/11/2021.


Source : Bd-best

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