Douze albums au pied du sapin (Partie 1)
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Douze albums au pied du sapin (Partie 1)

 

Comment choisir 12 albums sur une année de lecture de plus de 400 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Choisir, c’est renoncer. Voici donc, sans classement, la sélection des douze albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin. Parmi eux, sera décerné début janvier le prix Boulevard BD d'or 2023. 

 


Les amis de Spirou 1 - Un ami de Spirou est franc et droit...

"- Pardon… Je suis fort affecté… Pendant l’occupation, j’ai rencontré des hommes, des femmes… qui ne donnaient jamais leurs vrais noms. Parmi ces artisans clandestins de la libération, certains ont échappé jusqu’au bout aux balles et aux guet-apens. D’autres n’ont pas eu cette chance. Deux d’entre eux sont morts en martyr de la liberté. Au début de la guerre, vous aviez 12 ans, 13 ans… Vous étiez unis par la bande dessinée depuis quelques années. Des enfants qui ne pensent qu’à lire, jouer, et pourtant..."

31 décembre 1944, cimetière de Marcinelle. Jean Doisy pleure sur la tombe de deux jeunes résistants, morts pour la patrie. Ils étaient des amis de Spirou. Ils faisaient partie d’un groupe de six membres. Remontons l’histoire, quatre ans et demi plus tôt, en août 1940. Cinq garçons assistent aux horreurs perpétrées par l’occupant nazi. Ils étaient fiers d’appartenir à un club pour rire créé en 1938 dans le journal de Spirou, au temps de l’insouciance. Un club pour rire, oui, mais avec des valeurs de morale. C’est ainsi que ce groupe d’amis recueille Miche, une petite fille juive dont la famille vient d’être raflée. Ensemble, ils vont lutter contre l’envahisseur.

David Evrard et Jean-David Morvan s’emparent du code d’honneur des amis du journal de Spirou pour raconter une histoire de résistance. Ils ne s’éloignent pas tant que ça de la réalité, Jean Doisy, alias le fureteur, rédacteur en chef du journal à cette époque, ayant été un grand résistant. Le code d’honneur des amis de Spirou repose sur neuf préceptes :

· Un ami de Spirou est franc et droit;

· Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non;

· Un ami de Spirou aime la discipline libre et joyeuse;

· Un ami de Spirou est fidèle à Dieu et à son pays;

· Un ami de Spirou est l’ami de tous mais surtout des faibles;

· Un ami de Spirou sait se rendre utile, se déranger pour les autres, se priver;

· Un ami de Spirou n’a pas peur de se salir les mains, mais veut se garder propre dans ses pensées, ses paroles et ses actes;

· Un ami de Spirou est toujours gai et de bonne humeur, même devant la difficulté;

· Un ami de Spirou  s’engage à ne dévoiler à personne la clef du code.

© Evrard, Morvan, BenBK - Dupuis

            C’est le premier de ces préceptes qui donne son titre à ce premier tome. Chacun des gamins de la bande prend un pseudonyme inspiré d’un héros du journal. Flup devient Spip 02, Georges est Fantasio 24. Tif 38 et Tondu 39 sont les nouveaux noms de Pierrot et Paulo. Armand se nomme Valhardi 17 et la petite Miche est Spirouette 33947. Malgré leur jeune âge, ils vont combattre le nazisme, et l’on sait déjà que deux d’entre eux n’en reviendront pas. La série est l’occasion pour les auteurs de rendre hommage à la grande histoire de la bande dessinée. Ce n’est pas au Moustic Hôtel mais à l’hôtel Velter, du nom du créateur même du groom, que l’on croise le chef portier Entresol ainsi que Spirou lui-même. On aperçoit une brasserie Delporte, des assurances J.G., et on voit Jijé lui-même à la rédaction dans les bureaux de Marcinelle. Clin d’œil à Hergé, l’agent 15 de Quick et Flupke est dans la rue.

            Après Irena et en parallèle à Simone, le duo Evrard/Morvan poursuit son devoir de mémoire dans un registre et un style où l’on n’attendait pas autant d’émotion. Incroyablement efficace et passionnant.


Série : Les amis de Spirou

Tome : 1 - Un ami de Spirou est franc et droit...

Genre : Histoire

Scénario : Jean-Denis Morvan

Dessins : David Evrard

Couleurs : BenBK

Éditeur : Dupuis

ISBN : 9791034763184

Nombre de pages : 72

Prix : 14,95 €


L'enfer

"-Virgile ? Tu serais Virgile ? Tu es Virgile !

-Mon seul maître et mon inspirateur !

-Mais comment ? Dis-moi ? Est-ce mon rêve qui continue ?

-Nul rêve ici, mon bon Dante, et c'est vrai, Béatrice t'attend. Il t'est enfin permis d'espérer la retrouver. C'est elle qui m'envoie pour te guider jusqu'à elle…"

Dante vient de perdre sa bien-aimée, sa douce Béatrice qui enchantait ses jours. Inconsolable, même à Florence, sa ville qu'il aime tant, l'homme décide de se retirer dans sa villa isolée en pleine campagne. C'est lors d'une promenade en forêt qu'il entend Béatrice l'appeler. Chimère ou réalité ? C'est en tout cas le poète Virgile qu'il aperçoit quelques instants plus tard et qui s'annonce comme un messager de la défunte pour guider le veuf jusqu'à elle. Pour la retrouver, Dante, accompagné par Virgile, va devoir traverser les neuf cercles de l'enfer. Le voyage ne va pas être un long fleuve tranquille. Les amoureux seront-ils réunis ?

L'enfer de Dante, première partie de La Divine Comédie, est l'un des ouvrages réputés les plus complexes à aborder. Long, répétitif, ça n'enlève en rien ses qualités littéraires qui font de l'ouvrage un classique depuis des siècles, l'œuvre datant du début du XIVème siècle. Dante Alighieri se met en scène, le terme en abime serait même plus approprié. Il lui faudra franchir le fleuve Achéron à bord de la barque de Caron, traverser les limbes, affronter un cerbère, côtoyer des âmes perdues, éviter le regard des Méduses et le Minotaure, jusqu'à rencontrer Lucifer, l'ange déchu.

© Brizzi - Daniel Maghen

Si en 1490, à la demande de Lorenzo di Medici, c'est Boticelli qui illustra La Divine Comédie avec cent-deux dessins à la pointe de métal, ce sont les frères Gaëtan et Paul Brizzi qui en 2023 proposent leur vision. Après avoir travaillé dans l'animation, entre autres chez Disney, ils se concentrent depuis quelques années sur la bande dessinée et en particulier sur les adaptations littéraires avec par exemple La cavale du Docteur Destouches de Céline, Les contes drolatiques d'Honoré de Balzac ou bien L'automne à Pékin et L'écume des jours de Boris Vian. Avec leur "Enfer", les auteurs rendent abordable un ouvrage écrit en langue vernaculaire il y a sept cents ans. Chaque case semble être une gravure d'époque, tout en gardant les codes et le ton du média bande dessinée, comme si celui-ci était né lui aussi il y a plus d'un demi-millénaire. C'est assez fascinant.

Avec fluidité mais précision, avec romance mais respect, les frères Brizzi contribuent à la pérennité d'une œuvre du patrimoine mondial.


One shot : L'enfer

Genre : Poème épique

Scénario & Dessins : Gaëtan et Paul Brizzi

D'après : Dante

Éditeur : Daniel Maghen

ISBN : 9782356741349

Nombre de pages : 160

Prix : 29 €


Visages - Ceux que nous sommes 1 – Derrière les signes ennemis

"-Ben moi, mon père, c'était un héros de guerre !

-Le mien, il a tué au moins 1000 français !

-Ben le mien, il est même pas mort… Et il va bientôt venir me chercher avec ma mère !

(…)

-Bonjour, ma sœur… Pourquoi personne ne veut me parler ?"

1927. Dans un orphelinat catholique du Sud de l'Allemagne, Georg, un jeune garçon est bien esseulé. Personne ne veut lui parler, aucun de ses camarades. Lorsqu'il en demande la raison à une religieuse de l'institution, il n'a pour réponse qu'une gifle et une insulte : "Bastard !!!". La nuit suivante, il entre par effraction dans le bureau où sont rangés les dossiers de chacun des orphelins pour consulter le sien. Il en a la confirmation. Il est un bâtard, comme on le disait vulgairement. Son père est français, sa mère est allemande. Il subtilise un médaillon dans lequel il y a une photo de chacun d'entre eux. Il n'a pas l'intention d'attendre qu'ils viennent le chercher. Georg s'enfuit. Il compte les retrouver. Dans quelques années, il sera sur le front. Lors de la guerre précédente, ce sont ses parents qui y étaient, lui, poilu dans l'armée française, elle, infirmière allemande. Comment se sont-ils rencontrés ? Comment est née leur histoire d'amour ?

"L'Histoire est le visage de l'aventure humaine." Si tout un chacun tente d'écrire l'histoire de sa vie, le XXème siècle l'a fait à la place de millions d'hommes et de femmes. De 1900 à 1954, les auteurs de la série concept Visages - Ceux que nous sommes racontent sur trois générations la destinée de cinq membres d'une même famille. Les scénaristes Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-O'Griafa ne choisissent pas une narration linéaire mais passent d'une époque à l'autre sans jamais perdre le lecteur. On commence en 1927, on poursuit en 1940, on continue en 1914 pour aller jusqu'en 1918. Les auteurs nous plongent au cœur de la Grande Guerre avec pour toile de fond l'histoire d'amour entre Lieselotte Ruf et Louis Kerbraz.

Toutes les histoires sont des histoires d'amour, même les histoires de guerre. Visages-Ceux que nous sommes, c'est tout cela tout en allant bien plus loin. Une citation de Gauguin, titre de l'un de ses tableaux les plus fameux, l'annonce en préambule : "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Georg cherche ses origines, qui il est et la façon dont il peut, dont il doit prendre en mains son destin avec le poids de sa généalogie. Mais si c'est bien lui qui lance la saga, ce sont bel et bien ses parents qui sont au cœur de ce premier épisode. Leur rencontre était si improbable qu'elle s'est produite. Et, comme pour faire un pied de nez à Gauguin, c'est l'art qui les réunit. Si elle est photographe, lui est un dessinateur mais aussi un artisan qui transforme les douilles en bijoux. Les auteurs posent également la question de la croyance et de la religion, sans en parler, en organisant la rencontre entre Lieselotte et Louis dans une église à moitié détruite. Quand l'on fait face à un drame, les rapports avec le divin s'en trouvent bouleversés, dans un sens comme dans l'autre.

© Ponsard-Gutknecht, Beausang-O'Griafa, Morinière - Glénat

Le dessinateur Aurélien Morinière n'avait rien publié depuis près de trois ans avec le thriller L'homme bouc. Et pour cause. Il était occupé sur cette nouvelle série dont les quatre volumes sont annoncés pour cette année. Il fallait donc prendre un peu d'avance. Morinière dépeint la violence des sentiments avec force et celle de la guerre avec une cruauté froide. Il démontre que quelque soit leur camp les soldats n'avaient pas d'autre choix que de tuer, soit pour survivre, soit parce qu'ils étaient emportés par la meute. Ses grandes cases sont majestueuses, que ce soit ces soldats marchant dans la forêt des Ardennes, ou bien le lieu de culte dans lequel se fait la rencontre qui scellera le destin du futur Georg.

Réalisé par les scénaristes de la série, un cahier documentaire complète l'album. Il y est question du Hartmannswillerkopf, éperon rocheux sur lequel ont péri ou ont été blessés 30000 soldats, de la Prusse, de l'Allemagne, de Versailles et de son traité, du vote des femmes en Allemagne, dès 1919, de l'artisanat des tranchées, dont il est fortement question dans l'album. On y parle également de la bataille de l'Yser, de celle de Dixmude et du 87ème régiment de fusiliers marins bretons. Tout cela serait incomplet sans l'exposition Visages. ceux que nous sommes au Goethe-Institut de Paris jusqu'au 11 mars. Au cours d’un parcours pensé pour les scolaires et pour le tout public, les visiteurs et visiteuses découvriront la saga tourmentée de cette famille déchirée sur trois générations. Sur un fond historique authentique, de 1900 à 1954, ils suivront la destinée de ces quatre personnages de nationalités et de générations différentes. Des visites pour groupes scolaires, de durées flexibles, sont également possibles. L'exposition voyagera ensuite dans les différents Goethe-Instituts de France.

Le vingtième siècle est certainement l'un des plus sombres de l'Histoire de l'humanité. "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Accompagnons Georg pour trouver la réponse à ces questions. Si tant est qu'il y en ait une.

Déjà trois albums de prévus sur les quatre sont parus en 2023. Le final est pour janvier.


Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 1 – Derrière les signes ennemis

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344022924

Nombre de pages : 56

Prix : 14,95 €

 

Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 2 – La pratique Andromaque

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344032886

Nombre de pages : 64

Prix : 14,95 €

 

Série : Visages - Ceux que nous sommes

Tome : 3 – Vers la fontaine ardente

Genre : Histoire

Scénario : Nathalie Ponsard-Gutknecht & Miceal Beausang-O'Griafa

Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière 

Éditeur : Glénat

ISBN : 9782344032893

Nombre de pages : 56

Prix : 15,50 €


Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l'hippopotame

"-Hé hé !

-Je crois que le cours est pas près de commencer les gars.

-Hi hi.

-Hé patate !

-Bouboule !

-Grosse vache !

-T'aurais pas des punaises ? Pour mettre sur sa chaise…

-Qu'elle éclate !"

Romain, 11 ans, bientôt 12, ne supporte plus que ses camarades de classe se moquent de la maîtresse. Mademoiselle Sophie a toujours été grosse, mais depuis les vacances, en quinze jours, elle a énormément pris. Elle s'essouffle en montant les escaliers et doit subir les lazzis et quolibets des élèves qui se cachent à peine pour se moquer d'elle. Elle est si gentille. Jamais elle ne crie sur quelqu'un qui ne comprend pas. Elle aime tous les élèves. Elle a toujours pris la défense des opprimés. Aujourd'hui, elle a besoin de Romain. Le garçon voudrait bien, tel un super héros, rabattre le caquet des méchants, mais la dure réalité le rappelle à l'ordre. Romain se confie à sa grande sœur. Pourquoi Mademoiselle Sophie s'enferme à clef le midi dans sa classe ? Romain va n'avoir désormais qu'un seul but : découvrir les nuances derrière les apparences. Il veut comprendre qui elle est vraiment et savoir ce qui lui arrive.

La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui devient adolescent et d'une dame obèse, mal dans sa peau, mal dans son âme, parce que son corps est devenu un fardeau. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est l'histoire d'un petit garçon qui met un pied, puis l'autre, dans un monde d'adulte et qui essaye de comprendre comment ça se passe chez eux. La fable du lion et de l'hippopotame, c'est une histoire d'amour, ou plutôt d'amours, avec un "s" : l'amour que l'on croît impossible parce qu'on ne se voit pas comme les autres nous voient, l'amour que l'on voit passer devant soi sans qu'il ne s'arrête et qui se met en place entre deux personnes, mais pas pour soi, l'amour d'un élève pour sa maîtresse envers qui il est si reconnaissant qu'il est hors de question pour lui qu'il la laisse se détruire.

© Hippolyte, Zabus - Delcourt

Vincent Zabus est le Ionesco de la bande dessinée. Passionné de théâtre, le scénariste livre une histoire qui n'aurait peut-être pas existé sous cette forme si Rhinocéros n'était pas passé par là. Zabus ne pousse pas l'absurde aussi loin que le maître du genre mais joue comme lui avec ce parallèle entre l'espèce humaine et le monde animal. Romain préfèrerait rester petit à jamais, ce serait rassurant, rassurant et terriblement ennuyeux. C'est impossible. Le lionceau doit laisser sa crinière pousser pour devenir un lion. Rhinocéros était une satire sur la montée des totalitarismes et les dangers du conformisme avec la perte de la pensée individuelle. Les élèves de la classe de Mademoiselle Sophie ressemblent à cette meute qui avance d'un même pas et s'entraîne dans une méchanceté dangereuse car globale.

Après Les ombres et Incroyable !, Hippolyte retrouve son complice Zabus pour un conte merveilleux, qui arrache des larmes, ouvre les cœurs et réchauffe les âmes. Hippolyte ne met que les traits nécessaires à l'émotion dans un graphisme à la Sempé qui aurait rencontré Quentin Blake.

La Fontaine a écrit les plus belles fables. Il en manquait une, celle d'un lion et d'un hippopotame. Zabus et Hippolyte l'ont rédigé et dessiné, avec la même force et la même grâce que leur prédécesseur. Indispensable.


One shot : Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l'hippopotame

Genre : Emotion

Scénario : Vincent Zabus

Dessins & Couleurs : Hippolyte

Éditeur : Dargaud

ISBN : 9782205089851

Nombre de pages : 168

Prix : 23 €


Le fils de Taïwan 1 – Le garçon qui aimait lire

"-Maman !

-Ça va ! On a eu de la chance ! Le petit et moi, on a failli y passer.

-Kunlin, ça va ?

-Oui, tout va bien."

1935. Kunlin Tsai a quatre ans et demi. Après un séisme, il retrouve sa famille saine et sauve devant les décombres de leur maison. Les districts Houli et Qingshui ont été ravagés. Taïwan compte 15 000 victimes et 60 000 habitations détruites. A la fin de l'année, la maison des Tsai est reconstruite. Kunlin va grandir, aller à l'école, chanter, écrire. La bibliothèque stimule sa curiosité. Lors d'un défilé des lanternes, il apprend que Nankin, capitale chinoise de la République, est tombée aux mains des japonais. C'est une victoire, mais la guerre s'approche peu à peu. 1941, en CM2, Kunlin, brillant élève, prépare son entrée au collège. Il veut devenir professeur.

Yu Pei-Yun etZhou Jian-Xin racontent la vie d'un jeune taïwanais, depuis sa prime enfance. Kunlin est vaillant, persévérant. Au lycée, il apprendra à être engagé et consciencieux dans l'effort, à lire et étudier après le travail et à persévérer dans les études malgré les besognes pénibles. Le lycée est patriotique et militaire. L'éducation est stricte.

© 2020 Yu Pei-Yun, Zhou Jian-Xin, original edition published by Slowork PublishingCo Ltd (Taïwan)
© Pei-Yun, Jian-Xin – Kana 2023

Yu Pei-Yun a rencontré Kunlin Tsai en 2016. Il avait 86 ans. Victime de la Terreur blanche dans les années 50, le vieil homme raconte l'oppression politique sous laquelle il a vécu. La scénariste a alors l'idée de raconter sa vie dans un manhua en quatre épisodes, dont voici le premier. Le dessinateur Zhou Jian-Xin adopte quatre styles graphiques différents pour recréer les atmosphères différentes de chacune des périodes d'une existence meurtrie. Ici, avec un trait crayonné, rond, avec comme couleurs seules quelques touches de rose, on est encore dans l'insouciance de l'enfance et la concentration dans les études. Kunlin Tsai est dans son cocon de livres qu'il adore. Derrière ses lunettes, sans pupille, il se concentre sur ses études. La scène finale marque un tournant annonçant des lendemains moins enchanteurs.

Manhua documentaire décrivant le développement historique d'une île du Pacifique, le fils de Taïwan narre la vie d'une victime politique. C'est parti pour quatre-vingt-dix ans d'histoire et pour l'un des événements de la bande dessinée asiatique de l'année en Europe.

Déjà trois albums de prévus sur les quatre sont parus en 2023. Le final est pour janvier.


Série : Le fils de Taïwan

Tome : 1 – Le garçon qui aimait lire

Genre : Histoire

Scénario : Yu Pei-Yun

Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin

Éditeur : Kana

Collection : Made in

ISBN : 9782505115861

Nombre de pages : 170

Prix : 18,50 €

 

Série : Le fils de Taïwan

Tomes : 2 & 3

Genre : Histoire

Scénario : Yu Pei-Yun

Dessins & Couleurs : Zhou Jian-Xin

Éditeur : Kana

Collection : Made in

ISBN : 9782505115878 / 9782505115885

Nombre de pages : 192

Prix : 18,50 €


Armelle & Mirko 1 – L'étincelle

"-Armelle ! Réveille-toi !

-Grandes sœurs ? C'est vous ?

-Ha ha ha ha ha ha

-Thérèse ? Sylvie ? Sortez-moi de là, j'ai peur !"

            Armelle est une tortue froussarde. Depuis que, petite, ses sœurs l'ont enfermée sous un seau pendant qu'elle faisait la sieste, elle a peur du noir. Les heures sombres sont pour elles cruelles. Armelle souffre d'achluophobie. Elle a une peur panique de se retrouver privée de lumière. Elle est peureuse et peu heureuse. Elle lutte pour ne pas s'endormir. Chaque bruit de la forêt est un cauchemar qui fait un nœud dans ses entrailles. Et le jour, elle s'ennuie, quelque soit la saison. En plus de ça, lorsqu'elle a une frayeur, elle ne peut même pas se recroqueviller dans sa carapace puisqu'il y fait tout noir. Un beau jour pourtant, Armelle va rencontrer Mirko, un petit être volant et fort élégant, avec de belles antennes courbées qui font le tour de nos cœurs, une tête rouge prompte à chasser les idées noires, de longues ailes pour les courtes distances, et portant sur son dos l'instrument de la mélodie du bonheur. Mirko réussira-t-il à apaiser les souffrances d'Armelle ?

            On avait l'habitude de voir Loïc Clément écrire pour Anne Montel. Les complices se sont ici associés pour offrir une magnifique histoire aux pinceaux merveilleux de Julien Arnal. Les auteurs du temps des mitaines lui ont concocté une fable, pas aux accents politiques comme celles de La Fontaine, mais emplie d'émotion, une histoire qui aurait très bien pu intégrer la collection des Complaintes des cœurs brisés, scénarisées par le même Loïc Clément. Deux êtres qui auraient pu ne jamais se rencontrer vont nouer une amitié à l'abri de toutes épreuves. Chaque planche de Julien Arnal est un petit tableau. De saison en saison, il nous invite dans une forêt aux milles couleurs du temps. Et lorsque vous aurez terminé l'histoire, regardez en détail les pages de garde, différentes au début et à la fin. Ne les détaillez pas avant. Vous comprendrez pourquoi.

© Clément, Montel, Arnal - Delcourt

            En filigrane de cette fable bucolique, les auteurs traitent d'un sujet complexe, qui touche de plus en plus de monde, de plus en plus de jeunes, avec des éléments déclencheurs qui peuvent être divers et variés. Ce mot est un gros mot, un mot que l'on n'ose pas prononcer mais qui doit l'être car il n'y a aucune raison de s'en cacher, et il n'y a pas à en avoir honte. Ce mot qui touche Armelle parce qu'il ne se voit pas et que c'est pour cela que souvent il n'est pas compris par les autres, ce mot, ce mal des maux, c'est la dépression. Alors que de nombreux médecins sont infoutus de soigner ce cancer de l'âme, Loïc Clément et Anne Montel apportent un formidable message d'espoir, une lumière vers la guérison, une étincelle. Si vous avez donc chez vous une tortue comme Armelle, lisez avec elle cette histoire, et faites-lui comprendre qu'il faut être patiente et attendre l'arrivée de Mirko, parce qu'il y a toujours un Mirko qui va venir, c'est forcé, c'est comme ça. Ça peut prendre du temps mais il va arriver.

            Je n'ai plus de tortue chez moi parce que je n'ai pas eu ce livre entre les mains assez tôt. Alors n'attendez pas. Pour ceux non concernés par le sujet sous-jacent, ce conte est à mettre entre toutes les mains, dès le plus jeune âge. Le talent des grands auteurs est de proposer différents niveaux de lecture et c'est le cas ici. Armelle et Mirko est d'une beauté sublime qui aide à faire briller les étoiles, sur la Terre comme au ciel.

Armelle & Mirko est une trilogie aux histoires indépendantes dont deux albums sont déjà parus cette année.


Série : Armelle & Mirko

Tome : 1 – L'étincelle

Genre : Fable poétique

Scénario : Loïc Clément & Anne Montel

Dessins & Couleurs : Julien Arnal

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413045045

Nombre de pages : 32

Prix : 15,95 €

Série : Armelle & Mirko

Tome : 2 – Le voyage

Genre : Fable poétique

Idée & Histoire originale : Anne Montel

Scénario : Loïc Clément

Dessins & Couleurs : Julien Arnal

Éditeur : Delcourt

ISBN : 9782413075578

Nombre de pages : 32

Prix : 15,95 €


 

(à suivre...)

 

Laurent Lafourcade



Publié le 23/12/2023.


Source : Boulevard BD

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