Extraire la lumière et le soleil… Isidore et Simone Juifs en résistance
Flux RSSFlux RSS

         Toute l'actualité

Extraire la lumière et le soleil…   Isidore et Simone Juifs en résistance

 

"-Mes pauvres parents…

-Ils arrêtent aussi les français… Je ne pensais pas que cela serait possible… Ce n'est pas ma France ! Qu'ont-ils fait de notre pays ? S'ils sont allés chercher tes parents, ils viendront nous chercher un jour…

-Nous devons protéger nos filles. Il faut absolument leur trouver un abri sûr. J'ai discuté avec nos voisins les Goldschild. Ils connaissent des gens. Des catholiques fidèles à leur foi…

-Très bien. Mais il faut que nous soyons discrets et organisés. Je dois justement voir nos amis éclaireurs pour avoir de l'aide."

 

 

 

 

 


                Isidore et Simone sont juifs en France en 1943. On ne peut pas dire que ce soit la meilleure situation au meilleur moment. Quelques années plus tôt, en 1910, Hayim et Rachel ont débarqué en France, pour fuir l'antisémitisme naissant dans leur pays, et dans le but de s'intégrer. Ils s'installent à Marseille où Isidore naquit deux ans plus tard. Ils se réfugieront à Barcelone pendant la Grande Guerre, avant de poser leurs valises à Paris en 1919. C'est chez les éclaireurs qu'Isidore rencontrera Simone. Elle est ashkénaze, il est séfarade. Qu'importe l'opinion du père de Simone, ils se marient en 1935 et ont une fille l'année suivante. 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne suite à l'invasion de la Pologne. Isidore est démobilisé. Simone, enceinte, abandonne son métier de sténodactylo pour se réfugier avec leur fils chez son oncle à Chartres. Isidore, sergent, les retrouvera à Toulouse en avril 1940. Ce n'est que le début des années sombres. Comment traverseront-ils la guerre ? Pas en restant passifs, c'est certain.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

                Lorsqu'en janvier 2018, le journaliste Simon Louvet visite le camp de concentration d'Auschwitz en compagnie d'un groupe de lycéens rouennais, il découvre le lieu chargé d'émotion où sont morts dix membres de sa famille. Descendant direct de Simone et Isidore Adato, Simon se sent investi d'un devoir de mémoire lorsqu'il entend l'historien Olivier Lalieu expliquer qu'il fallait récolter un maximum de documents sur les déportés et leurs histoires avant que les derniers témoins de l'époque ne disparaissent. Louvet a trouvé en Remedium le dessinateur idéal pour raconter l'histoire de sa famille comme si elle était la sienne. Le dessinateur de Cas d'école et de Cas de force majeure avait démontré dans ses ouvrages précédents comment il avait la capacité de transposer des témoignages durs en bande dessiné. Ceux de Simone et Isidore, par la voie et la voix de Simon, s'y ajoutent dans cet album œuvre de mémoire.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

                En postface, Olivier Lalieu éclaire chacun des chapitres de l'histoire. On apprend que ce ne sont pas les allemands qui les premiers ont exclu les juifs de certaines professions. C'est bien l'Etat français. Peu de catholiques comme Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, ont dénoncé le sort réservé aux juifs. On apprend comment les familles de déportés ont découvert ce qu'il se passait. On y lit le rôle décisif de la première armée de libération venue d'Afrique. On comprend le rôle primordial du Mémorial de la Shoah. Photos et documents d'archives rendent la famille Adato encore plus proche de nous, comme s'ils étaient nos anges gardiens à nous tous pour qu'une telle histoire ne puisse plus jamais être écrite.

 © Remedium, Louvet – Ouest France

"On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'Histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter
L'ombre s'est faite humaine aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres tremblants dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent."

                Jean Ferrat le chantait dans Nuit et brouillard. Il ne faut jamais oublier les victimes des guerres. Notre avenir se base sur les erreurs du passé à ne pas reproduire. Pour cela, il faut des témoignages. Simon Louvet et Remedium ont apporté leur pierre à l'édifice.

 

Laurent Lafourcade

 


One shot : Isidore et Simone Juifs en résistance

Genre : Histoire

Scénario : Simon Louvet

Dessins : Remedium

Éditeur : Ouest France

ISBN : 9782737388910

Nombre de pages : 188

 



Publié le 27/02/2024.


Source : Boulevard BD

        Toute l'actualité

©BD-Best v3.5 / 2024