Rencontre avec les auteurs du Scrameustache, Gos & Walt
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Sur fond d'amitié et d'humour, embarquez dans une nouvelle aventure du Scrameustache ! Parmi les Galaxiens vit K22, un individu qui la particularité d'être bossu, ce qui lui vaut les quolibets de quelques indélicats ! Ces moqueries l'ont rendu taciturne et un peu solitaire : il préfère l'étude de la flore et la faune montagnarde à la compagnie de ses semblables ! Il est même devenu le plus érudit qui soit dans son domaine ! Myrtille connaît son destin : il est de faire la liaison entre les frères de la montagne et la future génération de biologistes. L'ennui, c’est que K22, lassé des plaisanteries de ses condisciples, pourrait être tenté de tout laisser tomber et de vivre chez les nains de la montagne ! Voici donc la nouvelle mission de Khéna et du Scrameustache : convaincre K22 qu’il peut vivre en harmonie avec ses pairs malgré sa différence.

A l'occasion de la sortie du dernier tomes en date du Scrameustache, " le Lauréat K 22" nous vous proposons de parcourir une interview des deux auteurs, Gos & Walt qui ont répondu avec gentillesse et humour à nos questions.


De nombreuses années de carrière derrière le dos… Que pensez-vous de l’actuel monde de la BD ?    

Gos : Aïe ! Il y a toujours de la place pour les jeunes qui ont du talent, et surtout qui ont quelque chose à raconter. Aujourd’hui, bien plus que le graphisme, ce qui attire les jeunes, c’est l’histoire. Ce qui est effrayant, par contre, c’est le nombre de mauvaises choses qui sortent et pour ne citer qu’un exemple, je ne retrouve plus mes valeurs bédéistes dans le journal de Spirou. Il y a de moins en moins de gens qui ont du talent…

Walt : Mon père est encore très dans une vision « Dupuis », nous ne sommes en effet que depuis quelques années passés chez Glénat. Ce que je constate, c’est qu’il y a actuellement trop de BD qui sortent. Plus de 3000 titres par an et c’est trop. Il y a une vingtaine d’années, les éditeurs spécialisés, pour obtenir plus de parts de marchés, ont tous voulu devenir des généralistes qui se sont mis à vouloir éditer tous les styles. Cela a induit cette surproduction qui s’est malheureusement souvent faite au détriment de la qualité.

Cela nous conduit à un autre problème : tout ce qui sort ne se vend pas bien avec pour conséquence que de nombreux auteurs ne gagnent pas leur vie. Il y a trop de titres et la qualité se perd, donc les ventes ne peuvent pas être bonnes pour tout le monde.

Dupuis, qui était dans le temps le leader de la BD pour enfants a créé ses collections Aire Libre et Repérages qui ont été très soutenues promotionnellement. Cela s’est malheureusement fait au détriment de la BD tous publics qui était son fond de commerce et qui s’est écroulé par manque de visibilité, de soutient et aussi par des choix éditoriaux pas toujours très pertinents dans le renouvellement de cette partie essentielle du catalogue.

Je pense que nous ne resterons pas dans cette situation et que le niveau va remonter. Un écrémage se fera naturellement.

 

 

Gos

 

Quelle est votre méthode de travail conjointe ?

Gos : Moi, je ne veux pas me priver du plaisir d’écrire une histoire. C’est un très gros travail de trouver une idée avec tout ce qui a déjà été inventé. Donc, j’aime créer une histoire, la découper, la dessiner. Je laisse toujours des ombres dans le synopsis ce qui me permet de continuer à créer au fur et à mesure.

J’ai beaucoup de difficultés à m’adapter à un scénario tout fait. Par exemple, quand Walt a écrit tout seul le scénario du « Casse-tête Olmèque », j’ai souffert ! Cela m’énervait car je ne voyais pas toujours les choses de la même manière que lui.

Walt : Quand j’ai commencé mon travail de directeur de collection chez Glénat, nous avions décidé de scinder notre travail, mon père et moi. Nous avions précédemment l’habitude de co-scénariser et de co-dessiner les albums et pour le « Casse-tête Olmèque », nous avons décidé que je serais le scénariste et lui le dessinateur. Cela a été très dur.

Mon père a été très longtemps un auteur complet et c’était pour lui une véritable contrainte de s’adapter à un scénario qui n’était pas de lui. Nous avons donc décidé de reprendre l’ancienne méthode de travail qui nous convient définitivement mieux. Nous avons donc scénarisé et dessiné ensemble « les exilés ».

 

 

Walt

 

 

Se retrouver à travailler en famille ne doit pas toujours être évident. Comment gérer vous cette relation à la foi professionnelle et familiale ?    

Gos : Difficile ! Il y a un écart de générations. Il ne voit pas les choses de le même manière que moi et inversement. D’ailleurs, dans le temps, nous travaillions ensemble dans le même atelier et puis nous avons décider d’avancer chacun chez soi parce qu’il n’aimait pas ma musique et que je ne supportais pas la sienne ! Il vaut mieux être chacun chez soi !

Walt : Effectivement, mais, même séparés, nous sommes toujours arrivés à travailler au niveau scénaristique à mélanger nos idées pour en arriver à un résultat très correct. Maintenant, ce n’est pas toujours facile ! Parfois, mon père ne voit pas où je veux l’emmener et vice et versa. Mêler une relation familiale dans une relation de travail est complexe. Par exemple, mon père a un regard très critique sur mon dessin. Surtout au départ, je lui reprochais parfois d’être trop critique…

Gos : C’est parce que j’ai travaillé longtemps chez Peyo qui était quelqu’un de très difficile et j’ai soumis Walter à cette même rigueur.

Gos, d’où vous est venue l’idée de créer le Scrameustache ?    

Gos : Dupuis disait toujours à l’époque qu’il fallait créer quelque chose de nouveau. Moi je voulais faire un petit personnage sympa qui me permettrait de créer plein d’aventures. C’est ainsi que j’ai créé le Scrameustache, ce petit extra-terrestre !

Il faut savoir que j’ai embrassé pendant plus de 10 ans la carrière militaire et que j’ai vu défiler de nombreux dossiers sur les observations d’ovni dans l’espace. Il n’y avait pas d’appareils photo à l’époque. Cela me mettait en contact avec des comptes-rendus de commandants de bateau ou de pilotes d’avion. Je savais qu’il y avait quelque chose dans l’espace et me suis dit que ce serait un très bon sujet.

C’est un sujet qui me permet de faire des histoires sur Terre, dans l’Espace, au présent, dans le passé ou le futur. Aucune porte n’est fermée. Alors, je m’y suis mis et j’ai pris pas mal de temps à développer ce projet. J’ai d’ailleurs parallèlement travaillé sur Gil Jourdan. Et puis un jour, j’ai sorti ce dossier à Charles Dupuis qui m’a fait confiance et c’est parti !

 

 


 

Que pensez-vous que la collaboration de votre fils a apporté à la série  ?    

Gos : C’est à lui de le dire ! (Rires) Sérieusement, il a apporté beaucoup de causticité dans les histoires ce que je ne sais pas faire. On lui doit beaucoup de jeux de mots, des gags… Entre autre dans le « Président Galaxien »

Walt, n’avez-vous jamais songé à travailler sur une autre série ou à créer votre propre personnage  ?    

Walt : Non ! Le Scrameustache n’est pas pour moi une reprise car je baigne depuis toujours dedans. Je n’ai aucune difficulté à utiliser les personnages de mon père et à créer des histoires avec eux. J’aime bien le Scrameustache car il m’est familier.

Par contre, ce qui me tient à cœur, c’est de continuer ce que j’avais commencé : des histoires de Galaxiens. Je pense que je vais développer une série parallèle sur les Galaxiens qui me permettra de mettre encore plus en avant ce côté caustique avec des histoires longues, moyennes, courtes et peut-être encore des gags. Je m’amuse beaucoup avec ce type d’histoires.


Avez-vous l’idée de refaire un jour un album croisé avec une autre série comme cela avait été le cas avec Seron dans les Kromoks en folie  ?    

Gos : Cela avait été facile car, à l’époque, nous travaillions tous deux chez Spirou. On nous reprochait d’ailleurs de travailler plus pour nos albums que pour Spirou et c’est comme cela qu’on s’est éclaté à faire une BD que personne n’avait jamais fait jusque là. J’avais bien dit à Spirou de faire sortir les deux histoires en parallèle, mais cela n’a pas toujours été évident.

Walt : Cela a été un peu décevant car c’était un travail compliqué à réaliser pour nous et notre éditeur n’a pas fait la promotion que nous espérions pour l’album. Ils ne l’ont pas mis en exergue comme nous le souhaitions.

Gos : Et puis, pensez qu’à cette époque-là, il n’y avait ni fax ni email, ce qui rendait la communication difficile avec Seron qui habitait Spa. Je réalisais mes planches, lui envoyais des photocopies sur lesquelles il incorporait ses personnages et puis on se précisait à quelle planche on se retrouvait et ainsi de suite.

Walt : C’est vrai que c’était amusant ! Maintenant, ce serait intéressant à refaire car les possibilités de communication sont nettement plus étendues… Pourquoi pas dans le fond…


Dans quelle mesure avez-vous recours à l’informatique dans la réalisation du Scrameustache ? Cet outil a-t-il influencé votre manière de travailler  ?    

Gos : Très peu. J’ai la chance d’avoir tout le matériel qu’il faut et mon fils cadet m’a expliqué comment m’en servir. De ce fait, plutôt que d’envoyer mes planches chez l’éditeur comme je le faisais précédemment et d’attendre leur retour, je les scanne : j’élabore mes trois fichiers séparément, les textes d’un côté, les traits de l’autre et les couleurs faites par Liliane Denayer ; je rassemble le tout et l’envoie par le net.

Walt : L’informatique nous permet de faire des petites retouches également. Celles que l’on faisait précédemment à la gouache peuvent être faites par Photoshop© tout comme des recadrages de personnages. Nous faisons pas mal d’ajustements par ce programme et cela nous fait gagner énormément de temps.


Votre série connaît encore et toujours un franc succès. Quel effet cela vous fait-il d’être lu par tant de personnes  ?    

Gos : Cela fait plaisir ! Mais ce qui est très difficile et stressant, c’est de penser que certains jeunes ne jouent qu’avec des jeux vidéo et qu’ils n’apprennent plus à lire. De ce fait là, on imagine qu’un jour, tout sera électronique et où sera la place de la BD ?

Walt : C’est vrai que la BD se retrouve en concurrence avec de nombreux autres médias : les DVD, les jeux vidéos… Heureusement, il reste beaucoup de lecteurs. Je pense que la BD va perdurer et qu’elle continuera de cohabiter avec ces autres médias.

 

 




Comment ressentez-vous votre relation avec le lecteur. Que pensez-vous qu’il attende de vous ?    

Gos : Des choses nouvelles !

Walt : Quand le lecteur suit une BD comme le Scrameustache, il aime bien retrouver ses personnages favoris et les voir dans d’autres aventures. C’est plein de paradoxes car on est enclin à développer de nouveaux personnages secondaires alors qu’on nous demande quand des personnages anciennement créés vont revenir. De ce fait, on a décidé d’arrêter d’inventer de nouveaux personnages secondaires et de revenir à ceux déjà existants.

Gos : J’avoue qu’il m’est déjà arrivé plusieurs fois dans des festivals que quelqu’un fasse référence à un de mes personnages dont j’avais carrément oublié l’existence !

Si vous étiez un personnage de BD, quel serait-il ?    

Gos : Gaston, rien que pour le plaisir !

Walt : Moi, ce serait Khéna. Je pense qu’instinctivement, mon père l’a dessiné à mon image et mes copains de classe me disaient à l’époque qu’il me ressemblait. Nous avons des points communs.

Et puis, si j’étais Khéna, cela me permettrait de rencontrer le Scrameustache et de vivre ses aventures plutôt que de les raconter !!!

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?    

Walt : De rencontrer enfin le Scrameustache ! (rires)

 

 

 

 

Propos recueillis par Th. Richard & H. Dautricourt

Interview © Graphivore 2011

Photos © Graphivore 2011

Images © Glénat 2011



Publié le 06/06/2011.


Source : Graphivore

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