« Comment réfléchir à la question de la peine de mort, lorsque l’on est face à l’un des pires bourreaux de l’Histoire ? » L’enfer est vide tous les démons sont ici
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« Comment réfléchir à la question de la peine de mort, lorsque l’on est face à l’un des pires bourreaux de l’Histoire ? »  L’enfer est vide tous les démons sont ici

 

« - Bonjour. Je suis journaliste à l’express en France. J’ai rendez-vous avec votre rédacteur en chef.

- Vous êtes Mademoiselle… ?

- Amelot. Jeanne Amelot.

- Monsieur Abecassis, voici la journaliste que vous attendiez.

- Vous êtes juive ?

- Je suis journaliste, j’ai été envoyée par ma rédaction pour couvrir le procès, je... 

- Je sais tout ça ! Ce n’est pas ma question. »

 

 

 

 

 

 


 

                7 avril 1961, la jeune journaliste Jeanne Amelot arrive à Tel Aviv pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann pour L’express. Le criminel nazi est responsable de l’extermination de millions de juifs. Malgré un accueil glacial par le rédacteur en chef du journal local, Jeanne le convainc de l’intégrer à son équipe de journalistes. Elle sait que va se tenir ici, à Jérusalem, un procès historique. Les journées vont être longues et difficiles.

 

 

 

 

© Bardiaux-Vaïente, Kerfriden—Glénat

 


                Marie Bardiaux-Vaïente est historienne. Elle a signé une thèse sur l’abolition de la peine de mort dans les six pays fondateurs de l’Union Européenne. Après avoir raconté en bande dessinée les tenants et les aboutissants de la carrière de l’avocat Robert Badinter qui deviendra en 1981 Garde des Sceaux dans le gouvernement de Pierre Mauroy sous François Mitterrand dans l’excellent album L’abolition, elle décrit l’un des plus retentissants procès de l’après-guerre, celui d’Adolf Eichmann.

 

 

 

 

© Bardiaux-Vaïente, Kerfriden—Glénat

 

 

                La scénariste a évité le piège dans lequel elle aurait pu tomber, à savoir celui du récit de procès verbeux et froid.  Les acteurs se succèdent à la barre. Leurs témoignages sont traduits en images dans des scènes en noir et blanc. Les séquences sont entrecoupées de réactions des journalistes. On a souvent froid dans le dos face à l’horreur décrite et à l’implacabilité de l’accusé mais on ne peut pas refermer le livre jusqu’à la décision finale des jurés et même au-delà puisqu’en conclusion la question de la peine de mort est replacée dans l’Histoire. Accompagnée dans le procès par la célèbre Hannah Arendt, Jeanne Amelot ne serait-elle pas l’avatar de Marie Bardiaux-Vaïente ?

 

                Comme il l’avait fait sur L’abolition, Malo Kerfriden réalise un travail de dessinateur exceptionnel faisant de cet album un livre indispensable. Dans des bichromies bleues et sables, l’auteur montre les scènes du temps présent pour les personnages. Les flash-backs sont traités dans un noir et blanc net et glacial. En particulier, le témoignage de Rivka Yosselevska est une scène insoutenable dont on ne peut ressortir indemne.

 

 

 

 

© Bardiaux-Vaïente, Kerfriden—Glénat

 


                « Comment réfléchir à la question de la peine de mort, lorsque l’on est face à l’un des pires bourreaux de l’Histoire ? » Voilà toute la problématique soulevée par L’enfer est vide tous les démons sont ici car, plus que la retranscription d’un procès historique, le livre est un plaidoyer contre la sentence ultime remettant en cause la loi du talion.

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : L’enfer est vide tous les démons sont ici 

 

Genre : Histoire 

 

Scénario : Marie Bardiaux-Vaïente 

 

Dessins & Couleurs : Malo Kerfriden 

 

Éditeur : Glénat

 

Nombre de pages : 124

 

Prix : 19,50 €

 

ISBN : 9782344040041

 

 

 

 



Publié le 13/12/2021.


Source : Bd-best

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