« - Un corps céleste ?
- Une comète. Gigantesque.
- Dans combien de temps ?
- Avant le printemps. Nos estimations tombent autour du 6 mars. Tout sera détruit sur un rayon d’au moins cent kilomètres autour de l’impact.
- Tu es sûr de toi ?
- Les résultats sont formels. Tous les astronomes du laboratoire sont arrivés à la même conclusion. Le désastre est inévitable.
- Allons, avec un peu de chance, elle va tomber en plein taïga, ta météorite. On ne va pas faire évacuer la région pour éviter qu’un ours finisse en descente de lit.
- Et laisser mourir des innocents ? »
1774, à Saint-Petersbourg, l’astronome Nikita Pétrovitch vient de découvrir qu’une météorite va s’écraser sur le territoire soviétique faisant des milliers de morts. À la chancellerie de l’académie et de l’université des sciences, le chancelier Nikolaï Troubeskoy n’a pas l’air de se sentir concerné par la catastrophe annoncé. Pétrovitch a sous son aile, comme assistant, Ivan, le fils de la maîtresse de Troubeskoy. Le jeune chien fou a pour ambition d’embrasser une carrière scientifique, mais en a-t-il seulement les capacités ? Toujours est-il que l’apprenti et son maître vont traverser le territoire de l'impératrice Catherine II de Russie jusqu’aux alentours de Vanavara pour alerter la population locale de la chute de la météorite sur leur tête. Mais tout ne va se passer comme prévu et les deux compères vont être kidnappés et retenus prisonniers dans un village d’autochtones peu civilisés.
Krassinsky a obtenu ses lettres de noblesse dans la bande dessinée avec Les cœurs boudinés, paru en 2005 chez Dargaud. Il est également connu pour sa participation à Fluide Glacial, mais aussi à Spirou avec la série trop vite arrêtée Sale bête.
Dans un graphisme enlevé et en couleurs directes, Krassinsky signe un one shot animalier décapant. Les personnages sont tout sauf politiquement corrects. Les grandes affaires se règlent au lit et chacun avance pour sa pomme. Tous pourris. On se croirait presque dans un épisode de Canardo au siècle des Lumières. Le dessinateur, comme dans une pièce de théâtre, insiste sur les personnages et se soucie peu des décors, souvent esquissés, en jouant sur les tons.
Macherot, chantre du récit animalier en bande dessinée, aurait certainement adoré cette version de la fin du monde dans laquelle il est montré que c’est en humanisant les animaux qu’on les rend plus cruels qu’ils ne le sont. À méditer.
Laurent Lafourcade
One shot : La fin du monde en trinquant
Genre : Tragédie animalière
Scénario, Dessins & Couleurs : Krassinsky
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 232
Prix : 25 €
ISBN : 9782203161610
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