Rencontre avec Reynold Leclerc
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  Rencontre avec Reynold Leclerc

A quelques heures de l’ouverture de l’édition 2012 de la Foire du Livre de Bruxelles, notre rédaction s’est intéressée à un phénomène devenu courant dans les festivals du livre mais qui est pourtant peu connu du grand public : la gestion des stands des éditeurs par des libraires.

Afin de lever le voile sur cette pratique, Reynold Leclercq, libraire bruxellois, cofondateur des librairies de bande dessinée Brüsel et éditeur pour Casterman a accepté de répondre aux questions de notre journaliste.

 

 

 

 

Pourquoi les éditeurs font ils appel à des libraires pour gérer leurs stands pendant les festivals ?

RL : C’est quelque chose de généralisé actuellement. Que ce soit à Angoulême, à Saint-Malo ou à la Foire du Livre de Bruxelles, on demande toujours à un libraire de s’occuper de l’exploitation parce qu’à chacun son métier ! C’est un peu illusoire de penser qu’un bon éditeur sera aussi un bon libraire et peut être inversement aussi… On remet la compétence de la gestion à quelqu’un qui s’y connait. Moi, j’ai été libraire pendant 20 ans. Faire une table, mettre en avant des livres, ce n’est pas donné à tout le monde ! Casterman assure tout ce qui concerne l’encadrement logistique. C'est-à-dire, le stand, la promo, la gestion des auteurs. Les interviews, les dédicaces, etc. Par contre, tout ce qui concerne l’approvisionnement des stocks. L’emballage, le déballage est confié aux soins d’un libraire qui touchera sa marge afin de compenser le manque à gagner dû au fait qu’il devra fermer sa librairie durant toute sa présence sur une manifestation telle que la Foire du Livre, par exemple.

Etre présent sur un grand festival revient cher pour les petits éditeurs. Est-ce que c’est différent pour un mastodonte de l’édition tel que Casterman ?

 Oui, vu que les stands sont beaucoup plus gros chez les gros éditeurs, les coups engendrés sont beaucoup plus importants ! C’est claire que quand on est un petit éditeur ou bien lorsqu’il n’y a qu’une personne qui fait tout, par exemple, l’investissement n’est pas du tout le même. Et puis, il y a une aide des festivals qui permet aux petits éditeurs de mieux s’installer sinon, ce n’est absolument pas rentable ! Parce que là, ils doivent tout assumer eux même et investir des milliers d’euros en location. Ce qui revient à tuer leur weekend ! C’est un exercice qui est long. C’est fatiguant de faire un salon. Il y a milles choses à gérer et à surveiller. Ce qui fait que si en plus, on ne gagne pas sa vie, cela ne vaut vraiment pas la peine.

Bon, il y a toujours l’argument de la promotion, de la représentativité au sein des ses pairs, qui est bien entendu important. Mais il faut bien calculer le risque…

 

 


Si je vous suis bien, ce n’est pas très rentable d’être présent dans un festival… même si on vend beaucoup de livres ?

 Non, ce n’est pas rentable ! Si on prend la totalité des frais engagé, on perd de l’argent ! Mais bon, c’est comme quand on perd de l’argent lorsque l’on fait une pub dans un journal, sur internet ou ailleurs. On est là dans un but de promotion. Si on retrouve à chaque fois le même éditeur, qui a une politique sympa, des dédicaces qui se passent bien, du buzz, etc. Forcément, on finira par parler de cet éditeur car il a une vraie présence promotionnelle et on retiendra qu’il était là.

Actuellement, on assiste à un tassement du marché de la BD. Tous les gros titres on chuté dans leurs ventes et certains pensent que même les majors de la BD doivent redoubler d’imagination pour rester dans la course. Partagez vous cet avis ?

 Ben oui. Moi, j’ai un principe d’édition qui est simple : faire des livres que j’arriverai à vendre dans mes points de ventes. Je me remets dans la peau du libraire que j’ai été et je me demande si je vois une pertinence à publier tel titre ? Est-ce que je lui trouverai facilement un lectorat ?

Je ne dis pas que chaque livre que je publierai sera en phase avec l’esprit de ma librairie, pas du tout ! Mais en tant que libraire, je me suis rendu compte qu’il y avait des choses que je n’aimais pas mais que j’arrivais à vendre parce que j’ai réussi à percevoir ce qui plaisait aux gens.

Et puis, je suis un gros lecteur, ce qui me permet d’avoir un jugement, que j’espère être le plus juste possible. Mais on n’est jamais à l’abri d’un succès et rien ne garanti toujours un gros succès. C’est le marché qui décide. C’est vrai que je redouble de vigilance. Je signe peu de choses. Mais une fois que le projet est en cours, c’est que j’y crois vraiment !

 

Propos recueillis par Christian MISSIA



Publié le 29/02/2012.


Source : Graphivore

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