« Les schémas corporels de la plupart des organismes pluricellulaires révèlent une certaine forme de symétrie. La symétrie bilatérale est un trait d’évolution. Une petite minorité d’êtres est asymétrique. Quelque étrange changement a dû se produire pendant mon développement embryonnaire. Je suis née avec une frange de symétrie sur tout le corps. Et dès lors, j’ai commencé à détruire presque tout ce que je touchais. Finalement, j’ai décidé de me chercher un endroit adapté. »
Elle a le corps divisé par une ligne de symétrie. Elle détruit tout ce qu’elle touche. Alors, elle cherche un endroit où elle ne puisse plus faire de mal. Elle est habillée de plastique pour protéger le monde autour d’elle. Lui, il ne fait pas beaucoup attention aux autres, même pas du tout. Alors, il s’esquive. Il est une masse de désintérêt. Pour supporter son trouble du déficit de l’attention et son hyperactivité, il cherche ses propres intérêts, et une chose sur laquelle focaliser son attention. Un jour, il va l’apercevoir… et il va la prendre en filature.
© Tena - Bang ediciones
L’asthénie se différencie de la fatigue. C’est un affaiblissement général de l’organisme qui touche le physique, le psychique, la libido et l’intellect. Elle souffre de cette maladie. Elle s’en est fait un monde, un monde où elle finit par accepter cet homme après avoir essayé de le dissuader par peur de le faire souffrir, de lui faire mal,… de le tuer. Son monde, son cocon, c’est Astheneia.
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Les personnages d’Andrés Tena n’ont pas de nom. C’est pour être un peu plus vous, un peu plus moi, un peu plus toi, un peu plus chacun, avec nos qualités et nos défauts, nos exigences et nos résignations. Le monde d’Andrés Tena est la fatalité d’un siècle où, paradoxe aux progrès technologiques, la communication est de plus en plus complexe entre les êtres. La fausse socialité des réseaux est une solitude réelle mise en exergue. Astheneia est aussi le récit d’une séduction toxique et d’une confiance trahie. Elle pensait tellement être un danger pour lui qu’elle n’a pas imaginé que la situation pouvait se retourner. Et puis il y a ce poulain, si pur, si beau, qu’il déclenche chez elle un syndrome de Stendhal, maladie psychosomatique provoquant des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations ou des hallucinations chez certains individus exposés à des œuvres d’art qui les subjuguent.
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Le trait d’Andrés Tena fait montre d’un esthétisme atypique. Les personnages longilignes et dégingandés n’ont pas de pupilles. Leurs lèvres sont épaisses et leurs doigts interminables. Les décors sont minimalistes. Les couleurs restent dans des tons pastels à la gamme réduite.
Astheneia n’est pas un récit facile d’accès. D’un apparent pessimisme sur la nature humaine, l’auteur ouvre une porte vers un espoir certain. Une curiosité à découvrir, un conte philosophique étrange.
Laurent Lafourcade
One shot : Astheneia
Genre : Conte philosophique.
Scénario & Dessins : Andrés Tena
Éditeur : Bang ediciones
Traduction : Léa Jaillard
Nombre de pages : 136
Prix : 20 €
ISBN : 9788418101106
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