Thierry Delgaudinne, l'un des tout nouveaux collaborateur du Graphivore nous dépeint le portrait de Francis Carin par le biais de la rubrique "5 questions à..."

IL est plus facile de mettre un visage sur Victor Sackville que sur Francis Carin. Francis Carin, c’est pourtant un grand nom de la BD. Mais l’homme est discret, stylé, et ne cherche pas les feux de la rampe, un peu à l’image de son personnage. Élégant, gentil, serviable, il faut observer Francis Carin lors des séances de dédicaces ou chez lui à son domicile.

- J’essaye toujours d’écouter les gens, explique Francis Carin. Avec les fidèles, c’est évidemment plus facile. Parfois, ils n’ont rien à dire ou sont timides. Je tente toujours de m’adapter. Avec les enfants aussi, je converse, et quand je leur demande à quel nom je dois dédicacer, ils me répondent souvent que c’est pour leur papa. Dany raconte aussi que quand c’est une jolie fille, on fait un peu durer la dédicace et quand on lui demande son prénom, elle donne le prénom de son petit ami.

À des séances de dédicaces, Francis Carin y participe une vingtaine de fois sur l’année. Le reste du temps, il travaille chez lui, à Hoyemont, un hameau de Comblain-au-Pont.

L’endroit est encore authentique, raconte le créateur de Victor Sackville. On compte encore quelques agriculteurs. Nous avons une chapelle construite par les habitants dans les années 50. Ici, on a tout.

Francis Carin  photo © T.Delgaudinne

Francis Carin, la 21e aventure de Victor Sackville sort ce 14 novembre. Que pouvez-vous nous en dire ?

J’ai mis 10 mois pour réaliser cet album. Marie-Noëlle Bastin l’a colorisé. L’histoire se déroule dans un train, le train bleu, entre Calais et Nice. Ai-je déjà reçu des critiques? Mon éditeur m’a envoyé un petit mot pour me dire qu’il était content. Les premières critiques viendront réellement dans quelques semaines lors des séances de dédicaces. C’est assez spécial, car à ce moment-là, on est décalé, on se trouve déjà très loin dans une nouvelle aventure. Je crois sincèrement que cet album est un bon cru, mais je n’ignore pas qu’on ne fait pas un chef-d'œuvre à chaque fois. Honnêtement, une seule fois, je n’ai pas été content d’un album. Mais celui-ci, je suis satisfait.

Vous souvenez-vous de vos débuts ?

En fait, lors que je me suis inscrit à Saint-Luc, mes parents n’étaient pas très emballés pour que je devienne dessinateur, alors je leur ai fait croire que c’était pour devenir professeur de dessin. Ça faisait bien et puis dessinateur pour eux, ce n’était pas la sécurité. J’ai toujours aimer croquer les personnages. Il y a une trentaine d’années, j’ai remporté un concours à la RTBF sur Jacques Brel. J’avais reçu un coffret de l’auteur du Plat pays, mais je n’ai jamais récupéré mon dessin. Après, je suis entré au magazine Pourquoi Pas? , par le biais de René Henoumont, et dès la semaine suivante, je dessinais la couverture de l’hebdo. J’ai aussi dessiné une cour d’assises dans les 70, ce qui est tout de même étonnant. J’ai aimé cette période, mais j’avais envie de faire de la BD. Aujourd’hui, j’ai d’autres projets comme travailler avec David, mon fils, qui lui aussi exerce le même métier.

Atelier de Francis Carin  photo © T Delgaudinne

Cliuez sur l'image pour l'agrandir

Francis Carin, la 1re guerre mondiale vous sensibilise beaucoup?

Effectivement. Mon grand-père avec lequel nous vivions a combattu sur le front de l’Yser. J’ai été très marqué parce qu’il me racontait sur les horreurs de ce fameux champ de bataille, sur cette boucherie incessante à laquelle il avait miraculeusement survécu. Une balle lui avait traversé le ventre avant de ressortir. Je suis aussi né à Retinne dans la rue du 6 août 1914. Tout gosse, j’ai éprouvé une étrange fascination devant le monument érigé dans cette rue en mémoire de ce jour où les défenseurs des forts de Liège ont péri en tentant de résister à l’invasion allemande. Cette période coïncide avec l’arrivée de nouvelles technologies …

 

Interview © Graphivore et Thierry Delgaudinne 2008

Publié le 13/11/2008.