A la rencontre d'Yslaire et de la mer vue du Purgatoire
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A l’occasion de la parution du sixième tome de la série Sambre intitulé  « La Mer Vue du Purgatoire », la galerie Champaka avait organisé une exposition-vente de crayonnés. L’auteur, Bernard Yslaire était présent dans la galerie bruxelloise pour rencontrer son public. Notre journaliste Christian Missia était aussi présent et a pu l’interviewer. Voici le fruit de cette rencontre.

 

Bonjour Bernard Yslaire. Quel est la raison de votre présence à la galerie Champaka ?

Yslaire : Je suis venu expliquer les crayonnés du nouveau Sambre. Pourquoi on expose les crayonnés. Quel était le chemin de fabrication du nouvel album de Sambre dans la mesure où ce n’est pas habituel de présenter des crayonnés dans une galerie car en général, on y présente des planches terminées. C’était vraiment l’occasion de présenter « ma petite cuisine interne » qui est assez particulière. Montrer comment je fonctionne. Il faut quand même reconnaitre qu’elle est à mi-chemin entre le papier et le crayonné et tout un travail numérique.

Très concrètement, pourriez-vous nous expliquer votre méthode de travail ?

Yslaire : Je commence par faire des crayonnés sur un simple papier bristol. Puis je scanne les crayonnés et je les intègre dans un programme de photoshop. Et là, je vais utiliser les calques de photoshop. Ce sont des calques virtuels. L’un de ces calques me servira à l’encrage et sur les autres, j’appliquerai les couleurs puis je superposerai le tout.

Quel est l’histoire de ce sixième chapitre de Sambre ?

Yslaire : Julie sort du bagne et elle est envoyée à Cayenne. Sur le chemin, le bateau fait naufrage et elle abouti sur une petite île sur laquelle il y a un phare. Finalement, Julie sera recueillie par le gardien du phare qui tombera amoureux d’elle. Toutefois, ce phare représente un peu le purgatoire de Julie. On dit parfois que les phares perdu en pleine mer représentent l’enfer et ceux situé sur terre, le paradis. Et donc, les phares ou l’on trouve un peu de terre autour sont des formes de purgatoires. Julie est donc coincée là et elle va être en dialogue avec ses fantômes du passé, notamment celui de Bernard, qui est son amour perdu. Cette histoire est un moment de transition durant lequel Julie va essayer d’avoir une nouvelle vie.

 

 


Parallèlement à la série Sambre, vous avez développé une série de préquels intitulés : « la Guerre des Sambre »dessinés par Mastide et Mezil pour le premier cycle et par Marc-Antoine Boidin pour le second cycle. Combien de cycles avez-vous prévu en tout ?

Yslaire : Je ne sais pas combien il y aura de cycles car cela dépend de mes rencontres avec les dessinateurs. Si ceux-ci ont envie de participer au projet, puisque chaque cycle est illustré par un dessinateur différent. Chaque collaboration est unique, avec des auteurs qui ont envie de vivre cette aventure. De travailler sur mon thème qui est Sambre. De ce plier aux règles de l’univers de Sambre tout en y apportant une touche d’originalité ou un angle d’attaque qui soit nouveau. C’est une aventure difficile, rigoureuse, qui demande beaucoup de discipline mais encore une fois, tout dépend des rencontres car tout repose là-dessus. Jusqu’ici, ça se passe bien et j’espère qu’il y en aura encore quelques uns. Au plus court, il y aura trois cycles mais j’aimerais en faire plus que ça puisque je compte moi-même dessiner un cycle dans un temps futur.

Comment avez-vous rencontré Jean Bastide et Vincent Mézile ?

Yslaire : Bastide et Mézile, je les ai rencontrés lorsque j’étais membre du jury de St Luc à Bruxelles. A ce moment là, ils étaient accompagnés de deux autres dessinateurs avec qui ils réalisaient une BD à quatre. A l’époque, j’avais trouvé leur travail très intéressant. J’aimais beaucoup leurs dessins et leur mise en scène. Ca sortait du lot et je le leur ai dit. Six mois après, ils m’ont contacté pour que je les aide à terminer une BD qu’ils avaient commencée à St Luc. J’ai accepté de les aider mais j’ai préféré leur proposer de travailler plutôt sur la Guerre des Sambre qui était déjà en projet et pour lequel je cherchais des jeunes auteurs. Ils ont discuté entre eux et finalement Bastide et Mézile ont accepté le projet tandis que les deux autres dessinateurs ont décliné ma proposition. Bastide et Mézile ont travaillé sur les BD et nous avons eu une relation de maitre à élèves ou à peu près car à l’époque ils avaient aux alentour de 20 ans. C’était un peu l’école pour eux car j’essayais de leur transmettre des choses et en échange, ils m’offraient leur jeunesse, le temps de trois albums.

 

 


Cela s’est il passé de la même façon pour votre collaboration avec Marc-Antoine Boidin sur l’autre cycle de la Guerre des Sambre ?

Yslaire : Un peu mais il n’a pas le même âge, il a une trentaine d’années mais il n’a pas non plus tant de bouteille que ça. Donc, il y a une part de savoir que je transmets en même temps. Et puis, c’est une relation qui ne ressemble pas à l’autre car il s’agit à chaque fois de s’entendre avec un autre dessinateur sur un sujet qui m’est très cher, qui m’est propre. Et les solutions que l’on trouve sont originales à chaque fois. Cela donne des récits inédits à chaque fois.

Le seul point commun qu’il y a dans chaque cycle de la Guerre des Sambre, c’est qu’il s’agit toujours d’une histoire d’amour dans lesquelles on retrouve des membres de la famille des Sambre qui vont rencontrer des personnes aux yeux rouges. Et cet amour sera toujours un amour passion qui les autodétruira. Et donc sur un thème assez tragique, on peut se permettre beaucoup de variations. C’est comme des rimes en poésie sur un même thème. On peut en faire beaucoup mais il faut aussi que cela est du sens.

A travers tous ces cycles, j’essaie de remonter la généalogie des Sambre afin d’essayé de comprendre d’où vient la folie des Sambre. C’est ça l’idée d’origine de la Guerre des Sambre.

Il y a une dizaine d’années, vous aviez publié une BD intitulée XXème Ciel.com… A l’heure actuelle, avez-vous d’autres projets liés aux nouvelles technologies en préparation ?

Yslaire : Absolument ! Là, je suis justement en train de faire un projet sur IPad qui est dans le même ordre que XXème Ciel puisque XXème Ciel.com était un site internet adapté en bande dessinée. Et de la même manière, je travaille sur un projet avec ma femme sur l’IPad qui va sans doute donner lieu à un livre après. Je continue à évoluer dans les nouvelles technologies. Ca me passionne ! Je suis à la recherche de langages à cet égard. Je ne cherche pas à adapter une BD sur IPad, je cherche plutôt à faire une nouvelle chose sur IPad ! Et sans doute qu’après, cela fera une BD. Je trouve que sur IPad ce n’est pas la même chose car sur les tablettes numériques, si l’on veut arriver à un résultat, il faut créer des choses nouvelles et typiquement sur ce support. Il n’y a que comme ça que l’on arrivera à créer un langage, à ouvrir des horizons et à créer un marché !

 

 


Le cinéma ne vous tente pas ?

Yslaire : Ben si et je ne manque pas de projets ! Actuellement, je suis en train d’écrire le scénario de ma BD « le Ciel au Dessus de Bruxelles » suite à la demande d’un réalisateur polonais, qui est le fils de Zulawsky et qui voulait adapter ce livre au cinéma. Donc, on s’est rencontré à Varsovie mais bon, ce n’est qu’une première étape pour moi… Mais oui, j’aimerais aller plus loin dans le cinéma !

 


Interview © Graphivore-Christian Missia 2011

Image © Glenat 2011

Photos © Christian Missia 2011



Publié le 25/06/2011.


Source : Graphivore

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