« - Monsieur, vous avez laissé choir votre mouchoir…
- Ce n’est point un simple mouchoir, mon mignon. Il y a là deux trous pour dégager les yeux…
- Une sorte de masque ?! Et rouge, qui plus est… Un peu comme celui du fameux hors-la-loi, justicier cagoulé, qui m’avait fait bander dans mes vertes années !?!?
- Justement, Jean-Baptiste. Tu as bonne mémoire car l’oiseau s’est envolé avant tes cinq ans et n’est plus jamais reparu dans sa tenue assez particulière. »
Paris, décembre 1642. Il est minuit. Les bonnes gens dorment en paix. Le guet veille. Ils ne dorment pas tous, non. Le vieux Léonard Langue Agile, sa chèvre et ses oiseaux hantent les rues de la capitale. Oracle, prédicateur ou influenceur ? Mythe ou réalité ? Le vagabond forge les destins dont celui d’un certain Jean-Baptiste. Pendant ce temps, Richelieu se meurt tandis que dans un salon mondain de la rue des Tournelles, Ariane de Troïl rencontre Madame la Marquise Coëffier-Ruzé, Maréchale d’Effiat, avec qui elle souhaite mettre au clair une histoire de substitution de bébé. Ariane est persuadée que le fils qu’elle a eut avec le roi de France n’est pas mort. Aidée de Beau-Ténébreux son mari et de Gabriel de Troïl, le chevalier Condor, son père, elle est bien décidée à le retrouver.
© Jovanovic, Cothias - Dargaud
On savait Patrick Cothias et André Juillard en désaccord quant aux orientations de la série, notamment concernant le côté onirique. Les mains libres avec un nouveau dessinateur, Milan Jovanovic, Cothias reprend la main sans pour autant abuser. Il reste dans l’ADN des 7 vies. Léonard/Patrick, Patrick/Léonard, le créateur et son personnage ne seraient-ils pas une seule et même personne ? Cette mise en abime apporte un côté théâtral qui donne une impulsion dramatique, au sens tragédie du terme. On retrouve enfin ce sentiment de fresque romanesque du premier cycle.
© Jovanovic, Cothias - Dargaud
Jovanovic réalise un travail impeccable. Sans copier Juillard mais en restant dans le style du co-créateur de la série, le dessinateur serbe s’installe en maître des combats à l’épée. Et Dieu sait, ou plutôt Léonard sait, s’ils sont nombreux dans cet épisode. Jovanovic a notamment réalisé au préalable la série Ars Magna avec Alcante, et trois épisodes de Carthago avec Bec. Il fait partie de ces stakhanovistes du dessin sur lesquels on peut compter, comme ici après que Juillard a jeté l’éponge.
© Jovanovic, Cothias - Dargaud
Le fils d’Ariane, le fil d’Ariane. L’héroïne trouvera-t-elle le chemin jusqu’à sa progéniture ? Cothias se joue du lecteur et de ses personnages jusque dans le titre de l’épisode. Dans un twist final, Léonard Langue Agile reprend encore une fois la main et redistribue les cartes en véritable maître de jeu, annonçant un grand final dans lequel les acteurs tenteront de tirer la couverture à eux pour tenir le premier rôle.
Laurent Lafourcade
Série : Les 7 vies de l’épervier 3ème époque
Tome : 3 - Le fils d’Ariane
Genre : Aventure historique
Scénario : Patrick Cothias
Dessins & Couleurs : Milan Jovanovic
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
ISBN : 9782205084795
©BD-Best v3.5 / 2024 |