Anatole Deibler, 400 fois compagnon de la Veuve
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S’il est un métier plus que « particulier », au service des puissants, rois, empereurs, dictateurs, y compris régimes politiques mêmes démocratiques, celui de bourreau est bien celui-là.

 

Dynasties d’exécuteurs des hautes œuvres, chargés d’appliquer les arrêts de justice, peines corporelles voire carrément peines de mort, la France en connut de célèbres, tel Geoffroy Thérage, bourreau de Jeanne d’Arc, Charles-Henri Sanson, bourreau de la Révolution française, ou encore Anatole Deibler !

 

 

 

 

 

Depuis la Révolution, son statut s’est « réglementé ». Devenu « agent contractuel de l’Etat », il percevait des gages payés par le Ministère de la Justice. En 1981, la France supprime la peine de mort, et avec elle, la fonction de « bourreau ». Son dernier s’appelait Marcel Chevalier.

Avant lui, la fonction était en charge d’André Obrecht, de Jules-Henri Desfourneaux, et avant eux d’Anatole Deibler !

Surnommé « Monsieur de Paris », il est considéré comme le plus illustre bourreau de la IIIe République.

Il mourra d’une crise cardiaque, le 2 février 1939, dans le métro parisien alors qu’il devait se rendre à Rennes, sa ville natale, pour une exécution capitale. Il avait 76 ans et 395 exécutions à son actif, dont 299 comme exécuteur en chef.

 

Parmi celles-ci, nous trouvons les membres de la bande à Bonnot ou encore le sinistre Landru.

 

 

© Keraval – Monnerais – Locus Solus 2022

 

 

Suivi toute sa vie par les journalistes, il était convaincu par son travail. Sa volonté de le faire parfaitement le poussera à prendre des notes dans des carnets. Il y relatera toutes ses exécutions, mais également les procès des condamnés, ...

Lui, l’homme public, connu de tous avait paradoxalement, ou très logiquement, la peur était de se faire reconnaître dans la vie. Pour l’anecdote, il voyageait toujours sous un faux nom.

 

Mais son époque voit des changements de mentalité. De nombreuses personnalités, y compris politiques, s’interrogent sur ce principe de peine capitale. Lui-même y sera sensible, au point d’envisager éventuellement une reconversion professionnelle … dans le négoce de champagne.

 

 

© Keraval – Monnerais – Locus Solus 2022

 

 

C’est en se basant notamment sur ses carnets qu’Olivier Keraval nous offre un scénario intelligent sur le parcours de cette figure hors du commun. Homme cultivé, il adorait lire et écrire, une manière de s’évader de ses fonctions.

 

Roman amplement illustré, il ne s’agit pas d’un BD au sens strict du terme, ni réellement d’un roman graphique. Olivier Keraval parle à la place d’Anatole Deibler pour lui faire narrer sa vie, ses pensées, son travail … et nous immerger dans les grandes affaires criminelles de son époque … Affaires dans lesquelles il jouera souvent le rôle du « dernier » intervenant !

 

 

 

© Keraval – Monnerais – Locus Solus 2022

 

 

A ce sujet, notons le remarquable travail d’illustration de Luc Monnerais. Il apporte élégance et rythme à la narration. A la mode « gravure » de presse, en planches ou en cases, en noir et blanc ou en sepia, muettes, le prologue, les 14 chapitres et l’épilogue prennent une dimension de témoignage direct nous plongeant dans l’atmosphère iconographique de l’époque.

 

Il est évident que ces deux-là se connaissent parfaitement. Leur complicité dans la réalisation texte – illustration se ressent à chaque page !

 

 

© Keraval – Monnerais – Locus Solus 2022

 

 

En conclusion, et même si ce livre date déjà d’un an, il n’est jamais trop tard pour découvrir un roman illustré passionnant, prenant, nous mettant en présence d’un témoin surprenant du système judiciaire français du XIXe – XXe siècle, mais également de ses réflexions sur ce dernier, sur son histoire, voire sur la grande Histoire qu’il traversa !

 

 

Une idée originale de cadeau peut-être car sortant des sentiers battus des BD « classiques » !

 

 

 

Thierry Ligot

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Titre : Dans la peau du bourreau – Anatole Deibler 1863 – 1939

Texte et scénario : Olivier Keraval

Illustration : Luc Monnerais

Editeur : Locus Solus

Thèmes : Histoire – Peine de mort - biopic

Parution : 30/09/2022

Page : 128

Format : 19,4 x 25,5 cm

ISBN : 978-2-36833-402-7

Prix : 25 €



Publié le 19/11/2023.


Source : Bd-best

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