Arthur de Pins explique Zombillénuim ( deuxième partie )
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Arthur de Pins explique Zombillénuim ( deuxième partie )

Zombillenium : l'enfer c'est les autres...ou presque !

C'est d'une demande de couverture pour un numéro spécial Halloween de Spirou magazine qu'est née l'idée de Zombillenium. Un parc d'attractions très spécial où l'on ne s'attendait pas forcément à croiser Arthur de Pins, au départ illustrateur et cantonné jusque-là (mais avec talent et succès) dans des « péchés mignons » ou autres couvertures de guides « Osez » gentiment érotiques. Après le succès du premier album (« Gretchen »), Arthur de Pins nous invite à un deuxième tour de manège nettement plus agité à Zombillenium avec « Ressources humaines » toujours réalisé sur ordinateur et édité chez Dupuis.

 

 

 

 

La direction prise par ce deuxième tome est assez inattendue, et on mesure que son espect plus sombre, même si l'humour est toujours omniprésent, vient des « vivants ». L'enfer c'est les autres ?

Arthur de PinsEffectivement. Le premier album était, disons, plus parodique, or c'est vrai que le fond de celui-ci est nettement plus sombre et violent. C'était une volonté de ma part, et puis il fallait quand même rappeler que l'enfer n'est pas forcément drôle, même si on peut se demander qui sont les vrais monstres dans ce cas. Il y a un grand retournement de situation, un thème qui pourrait être exploité dans les trois prochains albums, et peut-être l'occasion de régler des comptes avec certaines choses. 

 

 

Les premières pages, dans lesquelles cette famille passe plusieurs fois au même endroit en voyant le parc sans y arriver m'a fait penser au début de « 7 survivants » de Denys et Blengino (Delcourt), mais là il s'agit d'une véritable histoire d'horreur...

Ah vraiment? Je ne connais pas cet album. Je parlerais plutôt d'une nouvelle de Kafka, intitulée « le château », dans laquelle des personnages doivent rejoindre un château sans y arriver. Et n'oublions pas que dans le premier album, Francis Von Bloodt, le directeur du parc explique que l'on n'arrive jamais par hasard à Zombillenium! Dans celui-ci, la famille rencontre Aurélien à un carrefour, lui-même s'est fait tuer à un carrefour dans le tome 1. On rencontre toujours le diable à un carrefour...

 

Référence au bluesman Robert Johnson non ? Il y a plusieurs références à la musique dans « Ressources humaines », les déclarations de Francis en interview, le T-shirt Slayer de Gretchen...

Oui complètement. La symbolique du carrefour apparaîtra d'ailleurs dans chaque album. Quant au reste, ça vient sans doute de ma fascination, adolescent, pour toute l'imagerie liée au heavy metal, à son « folklore » pseudo-sataniste. J'étais vraiment à fond là-dedans, et ici je m'amuse et je me fais plaisir en jouant là-dessus...comme en réalisant le teaser de l'album avec une goutte de sang dans l'encre rouge à l'imprimerie Lesaffre... (visible sur dailymotion-ndlr)

 

 

 

 

Sirius, sur sa moto en couverture, n'est pas sans rappeler le « Ghost rider » de Marvel. Là aussi c'est voulu ?

Non, il s'agit d'un squelette à moto... Le crâne du ghost rider est en flammes, non ? En fait, pour mes monstres, je ne vais jamais chercher très loin. Mon intention n'est pas de révolutionner leur image. Francis Von Bloodt a tout du vampire style Christopher Lee, Blaise est un loup-garou très classique, Aton une momie... Ces images sont devenues des mythes, que je réutilise. Si on pense à Astaroth, Mike Mignola (Hellboy) n'a pas inventé l'image du démon rouge et cornu non plus.

 

Gretchen en couverture du tome 1, Sirius pour celui-ci, peut-on, parler de personnage principal pour chaque album ou pour la série ?

Surtout pas. Il n'y a pas de star à Zombillenium, et pour moi la vedette c'est le parc, son univers. Certains personnages sont peut-être plus « actifs » que d'autres, mais l'élément central c'est véritablement le parc. C'est également pour cela que je développe toute une galerie de « seconds rôles » ou de figurants. Mais comme Zombillenium est aussi une entreprise, certains prennent les décisions, la portent, ont un rôle bien déterminé au sein de celle-ci. Donc on les voit peut-être plus...

 

 

 

 

Où en sont vos autres projets ?

Là, je termine le second tome de « la marche du crabe » (Soleil) pour la mi-décembre, il s'agira d'une trilogie. J'essaye de m'en tenir à un album par an pour chaque série, Zombillenium et la marche du crabe, mais c'est serré. Je pensais boucler Zombillenium en 7 mois, j'y ai travaillé 10 mois et demi... Et puis j'entamerai les deux tomes 3... Je m'éloigne de l'univers érotique, mais je m'éclate vraiment dans ces BDs d'aventure !

 

Maïa Mazaurette, scénariste des derniers « péchés mignons » (Audie) est elle aussi récemment arrivée dans les pages de Spirou magazine...

Oui, et j'apprécie vraiment « Sale bête » avec Jean-Paul Krassinsky au dessin. Mais de son côté, si ses chroniques érotiques l'ont fait connaître, il ne faut pas oublier qu'elle a écrit pas mal d'autres choses, des nouvelles de science-fiction notamment. Finalement, on en est arrivés, via ce détour par la BD adulte, à revenir vers le grand public et Spirou...

 

 

Arthur de Pins dédicace.

 

 

Spirou, c'est important ?

 

C'est super-important pour moi. J'ai besoin de cette publication en feuilleton, chapitre par chapitre. Je pense que ça me permet de voir plus loin. Pour « Ressources humaines », j'ai reçu des réactions des lecteurs dès la publication du premier chapitre. Ca permet de comprendre leurs attentes, éventuellement d'amener de petites modifications à la suite, sans aller jusqu'à changer le scénario, mais c'est vraiment important. De plus, un découpage par 4, 6 ou 8 planches m'oblige à amener chaque fois un cliffhanger en fin de chapitre, ce qui maintient aussi un rythme à l'histoire complète. Je crois que Zombillenium est devenu, pour moi, indissociable de cette manière de travailler. Et seul un magazine tel que Spirou le permet.

 

Et l'informatique ?

On m'en parle souvent ! Il existe en BD une tradition hyper-tenace, cette image du dessinateur avec son crayon, puis sa plume ou son pinceau, travaillant sur sa grande planche... Ici, il faut comprendre que le geste est le même, qu'il s'agit toujours de dessin avant tout. C'est encore une comparaison musicale, mais c'est la même différence que de passer d'un piano à un synthé ou d'une guitare acoustique à une guitare électrique. Le geste, à la base, est le même. En BD, nous sommes très peu à utiliser l'Illustrator, et c'est pourquoi je participe régulièrement à des démonstrations dans des festivals ou des écoles. Expliquer les possibilités de cet outil, mais expliquer aussi qu'il s'agit toujours de dessin, et certainement pas d'une question de facilité ou de gain de temps !

 

Interview © Pierre Burssens 2011

Images © Dupuis-Arthur de Pins 2011

Photos © Pierre Burssens 2011



Publié le 15/09/2011.


Source : Graphivore

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