Arthur de Pins nous explique Zombillénium
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Arthur de Pins nous explique Zombillénium

Tags sur les murs, avertissement du curé du coin : visiblement les esprits s'échauffent autour de Zombillénium. Quand on n'embauche que des morts (ou des sorcières !) dans une région où le taux de chômage est à 25%, il faut bien s'attendre à quelques frictions.
Si l'on ajoute à ça des visiteurs une miette pénibles et des employés qui, pour être morts, n'en aimeraient pas moins prendre des vacances, on comprend que ce n'est pas trop le moment de venir parler revendications salariales à Francis Von Bloodt.

Un deuxième tome qui vient étoffer le casting de Zombillénium avec Astaroth, le démon adolescent, et qui confirme, s'il en était besoin, le talent tout particulier d'Arthur de Pins à manier un humour noir totalement jubilatoire.

 

 

Quelle est l’histoire de Zombillénium ?


Arthur de Pins (ADP) : Dans le tome 1 de Zombillénium, j’ai proposé une introduction au parc par le biais du personnage d’Aurélien. On le suivait dans les coulisses et l’on découvrait cet univers.
Le tome deux s’attarde plus sur les relations entre les humains, c'est-à-dire les villageois qui vivent à côté du parc et les monstres du parc d’attraction. Ce sont des relations qui ne sont pas toujours évidentes.
On suit deux histoires parallèles. D’une part, il y a l’histoire de villageois qui tentent de commettre un attentat au sein du parc. Et d’autre part, une famille qui se rend au parc en tant que visiteurs. C’est une famille qui a beaucoup de problèmes et qui règlera ses comptes durant leur journée au parc.
La thématique de Zombillénium est la même que celle de beaucoup d’œuvres sur les monstres comme Freaks, qui présente des monstres qui sont en fait moins méchants qu’ils n’y paraissent.


Qui est le véritable protagoniste dans la série ?


ADP : Et bien, il y a un quatuor de tête : Aurélien, Gretchen, Francis et Sirius. Mais dans cette histoire et contrairement au premier tome, j’ai laissé Aurélien et Gretchen au second plan afin de développer Francis et Sirius. Je sais que certains lecteurs s’attendaient à ce que je donne une « suite » à la petite romance qui se développait entre Aurélien et Gretchen mais malheureusement pour eux, ce ne sera pas dans ce tome là.
D’ailleurs, j’ai pris beaucoup de plaisir à varier l’importance des personnages dans ce tome parce que j’estimais que Francis et Sirius n’étaient pas assez développés.
Pour moi, ces quatre personnages sont vraiment centraux et auront un grand rôle dans le tome trois. Mais le personnage principal de la série c’est le parc ! Parce que c’est le lieu que l’on retrouve à chaque fois.


Comment avez eu l’idée de Zombillénium? Et pourquoi avez-vous développé ce projet dans Spirou ?


ADP : Il y a trois ans de cela, Frédérique Niffle m’a commandé une ouverture pour le Spirou spécial Halloween. En plus, cet appel de Frédérique est vraiment tombé à une période ou je ne faisais que du Péché Mignon et j’étais assez étonné qu’il me demande cela. Mais j’étais content car dans mon adolescence, j’étais très fan de monstres.
Suite à cette couverture qui nous a plu à Frédérique et à moi, il m’a proposé de faire un album autour de ce thème et en particulier avec les personnages qui apparaissaient dans cette couverture, tout en me laissant carte blanche. Ce qui est assez rare dans le milieu de la BD !
Tout de suite, s’est posé la question de trouver un concept autour de ces monstres. Et cet autre concept a été de projeter ces monstres dans l’univers le plus banal qui soit, c’est à dire la vie de bureau. J’ai fait un mélange de Tim Burton et The Office, en fait. Ce sont des personnages extraordinaires dans un quotidien complètement ordinaire. J’avais cette image d’un zombie, un vampire et d’un loup-garou qui se retrouvent autour de la machine à café.
Après, il y a eu l’idée du parc d’attractions parce que je voulais que les monstres aient un contact avec les humains. En plus, dans le cadre d’un parc d’attraction, les humains ne se doutent pas qu’ils sont en face de vrais monstres car pour eux, ce sont des comédiens maquillés et déguisés.

 

 



Pourquoi avez-vous situé cette histoire dans le Nord de la France ?


ADP : Il y a plusieurs raisons à cela.
D’abord, au niveau esthétique parce que le Nord de la France, c’est complètement plat. Et je trouvais que le parc, avec ses tours avait beaucoup plus de majesté, était plus impressionnant dans un univers comme cela. Et puis, le Nord est souvent nuageux. Ce qui correspondait mieux à un parc au thème des monstres.
Il y a une autre raison plus littéraire et cinématographique. Le Nord est souvent le théâtre de drames sociaux. Je pense particulièrement à la littérature de Zola, les films des frères Dardenne, etc. ça correspondait au contexte que je voulais approcher.
Il y a enfin une troisième raison. Dans le Nord de la France, il y a énormément de parc d’attractions. Parce que c’est un peu le carrefour de l’Europe. Ce n’est pas loin de la Belgique et de l’Angleterre. Je pense qui si on devait créer un parc Zombillénium, ce serait dans cette région.


Graphiquement, on constate que Zombillénium est différent de Péchés Mignons, votre autre série publiée chez Fluide Glacial.


ADP : J’ai profité de l’opportunité de cette série pour renouer avec un trait plus classique parce que dans Péchés Mignons on a des personnages disproportionnés. Ils n’ont pas de nez. Ils ont des gros yeux… C’est très amusant pour le contexte de Péchés Mignons mais je voulais aborder une approche plus réaliste pour Zombillénium.
Bien que j’utilise la même technique graphique, les personnages sont plus réalistes et les couleurs sont plus grisonnantes et froides que dans Péchés Mignons.

 



En ce qui concerne votre technique graphique. Est-ce plus facile de travailler à l’ordinateur ?


ADP : Pour moi, ce n’est pas du tout une question de facilité. L’ordinateur a vraiment été un choix esthétique. J’ai découvert Illustrator il y a une dizaine d’années par le biais d’un illustrateur qui s’appelle Monsieur Z. J’ai tout de suite été séduit par cet outil et j’ai voulu l’utiliser. Ce que je fais depuis maintenant dix ans ! Pour moi, c’est vraiment la fin qui compte et non les moyens. Certains pensent que l’on gagne du temps à travailler sur ordinateur alors que ce n’est pas spécialement le cas. Par exemple pour cet album-ci, j’ai passé environ dix mois et demi ou onze mois à faire cet album… Ce qui est la moyenne lorsque l’on réalise une BD de manière plus traditionnelle.


Dans votre travail d’illustrateur, vous avez souvent croqué des icones de la culture pop. Et là encore, on peut retrouver les personnages de Michael Jackson et d’Harry Potter en feuilletant les pages de Zombillénium. Retrouvera-t-on souvent des célébrités dans votre BD ?


ADP : Je ne pense pas parce que je ne mets pas vraiment l’accent sur ça dans mes scénarii, même s’il y a de l’humour de temps en temps.
Dans le tome un, j’ai mis Michael Jackson parce qu’à la base, j’adore Thriller et que je voulais faire un clin d’œil au clip. Mais le truc le plus dingue c’est que lorsque la planche est parue dans Spirou, c’était la veille ou le lendemain de la mort de jackson ! Et c’est devenu un hommage posthume. Et je me dis que quelque part, tant mieux parce que je suis un énorme fan de Michael Jackson !
Quant à Harry Potter, enfin, on devine que c’est Harry Potter ! En fait, ça vient d’une question que je me suis toujours posé à propos d’Harry Potter : à quoi serve les études de sorciers ? C’est pour cela que le personnage de Gretchen, après avoir fait une fac de sorciers, se retrouve un peu dans une impasse parce que je ne voyais pas la finalité de telles études.

 

Interview © Graphivore-Christian Missia 2011

Images © Dupuis-Depins 2011



Publié le 14/09/2011.


Source : Graphivore

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