Au cœur du franquisme. Contrapaso 1 – Les enfants des autres
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Au cœur du franquisme.  Contrapaso 1 – Les enfants des autres

 

« - On boucle dans dix minutes !! Et ton article, Emilio ? Mais qu’est-ce que tu peux bien écrire ? Toutes les exécutions sont les mêmes ! Mais… Qu’est-ce… ? Tu es devenu fou ?!

-   Il était innocent, Fontana. Je l’avais prouvé et ils l’ont quand même tué. La justice du régime trouve toujours un coupable.

-   Je ne peux pas publier ça sans qu’on interdise le journal. Tu le sais très bien !

-   Oui, je le sais.

-   Et alors, pourquoi tu l’as écrit, nom de dieu ?!

-   Parce que c’est la vérité. »

 

 

 

 

 

 


Madrid, 1956. Emilio Sanz est journaliste à la rubrique faits-divers du quotidien La Capital. Envers et contre tous, il écrit la vérité, tout simplement. Mais toutes les vérités n’étant pas bonnes à dire, ses articles passent à la moulinette de la censure. Il s’en est fait une raison mais ne s’interdit pas de relater les événements. La direction du journal s’occupe du reste. On lui colle donc un jeune acolyte, reporter formé à Paris, Léon Lenoir, mais celui-ci est aussi adepte de la doctrine de Camus : lucidité, refus, ironie et obstination. La détermination froide d’Emilio donne des leçons à la jeune recrue qui a parfois du mal à garder le cœur bien accroché. Dans une Espagne fasciste muselée par les enfants de Franco, Sanz et Lenoir se trouvent confrontés à une série de meurtres mystérieux de femmes.

 

 

 

 

© Valero - Dupuis

 

 

Teresa Valero s’est lancée dans une bande dessinée historique qui met à l’honneur ces journalistes qui ont tenté de lutter contre la censure franquiste qui niait les faits et les crimes. La loi de 1938 définissait la presse comme un service public soumis à l’organisation, la vigilance et le contrôle de l’Etat, et le journalisme comme un apôtre de la pensée et de la foi de la Nation. Ça en dit long sur l’indépendance du métier. Avec les personnages de Paloma Rios, la dessinatrice, et de Charo, la fille du médecin légiste, l’autrice met les femmes au premier plan en leur donnant des rôles prépondérants, montrant le recul et l’analyse qu’elles peuvent avoir des situations, avec un certain sang-froid. Ces femmes s’affirment, espèrent la fin de la femme-objet refusant cette condition.

 

 

 

 

© Valero - Dupuis

 

 

Contrapaso est un  récit de fiction basé sur des faits réels. En Espagne, la paix n’est pas arrivée après la seconde guerre mondiale. Le pays s’est retrouvé en pleine guerre civile. Valero inscrit son roman noir dans un contexte historique complexe qu’elle n’a jamais voulu négliger. Elle a rencontré documentalistes, légistes, étudiants révoltés de l’époque pour construire un reflet vivace de l’ambiance qui régnait dans le pays. Entre 1938 et 1952, 20 000 enfants furent arrachés à leur mère dans des prisons, des cliniques ou des hôpitaux. Il y en a eu 300 000 jusqu’en 1990. Ces enfants étaient « volés » pour être adoptés, ne pas devenir des militants marxistes, psychopathes antisociaux et libérer ainsi la société d’une soi-disant plaie redoutable.

 

 

 

 

© Valero - Dupuis

 

 

Thriller politique, Contrapaso est une œuvre de mémoire mise en image par une dessinatrice ibérique qui a autant de talent qu’un Guarnido.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

Série : Contrapaso

 

Tome : 1 – Les enfants des autres

 

Genre : Thriller politique 

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Teresa Valero

 

Éditeur : Dupuis

 

Nombre de pages : 152

 

Prix : 23 €

 

ISBN : 9791034731411

 



Publié le 26/05/2021.


Source : Bd-best

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