« - Tiens, tiens, il y a bien longtemps qu’on ne vous avait vu ! Qu’est-ce qui vous amène, Capitaine Régo ?
- Un peu de réconfort… Servez- m’en un petit ! Vous connaissez un certain Carlos Oliviera ?
- Evidemment, pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait ?
- Rien. Il est mort.
- Quoi ?! Mort ? Mais comment ça ?!!
- Un pneu qui éclate, une sortie de route, et pour finir son camion qui s’écrase contre un arbre. Voilà. Fin de l’histoire… »
En plein cœur de l’Amazonie, quand le Capitaine Régo, l’unique flic du coin, débarque au Toucan, le troquet de Margarida, c’est qu’il s’est passé quelque chose dans le coin. Un camionneur a été retrouvé mort au volant de son véhicule accidenté contre un arbre. Affaire classée. T’as qu’à croire ! Il n’y avait personne à côté de lui dans la cabine. C’est pourtant le camion dans lequel ont embarqué Max et Baïa. Où sont-ils donc passés ? Par ailleurs, les infirmières Charlotte et Christelle arrivent paniquées au village après l’agression à laquelle elles ont échappé avec leur malade dans le dispensaire.
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Régis Loisel est un virtuose du dessin. Ça, tout le monde le sait et le reconnaît. Qu’il soit un virtuose du scénario, on s’en doutait un peu depuis qu’il co-écrit La quête de l’oiseau du temps avec Letendre. Avec Un putain de salopard, on en a la certitude. On suit les aventures de plusieurs groupes de personnages dans la progression d’une même intrigue globale. Max a débarqué en Amérique du Sud avec une énigme laissée par sa mère décédée : qui est son père et est-il toujours vivant ? La carcasse d’un avion écrasé au fin de fond de la jungle recèle des secrets. Les cadavres ou les fantômes les dévoileront-ils ? Le dispensaire des infirmières a été la cible de tueurs déterminés à cause de la jeune femme qui y était soignée. Pourquoi s’en est-on pris à elle ? Un chantier de travaux amazoniens ne semble pas être fréquenté que par des ouvriers recommandables. Pourquoi le patron tient-il tant à ce que Max soit retrouvé ?
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Loisel multiplie les questions faisant monter un suspens crescendo. Son principe de construction scénaristique est pyramidal. Les pions de la base se rejoignent, pour certains, dans un final percutant.
Le scénariste n’en oublie pas une touche d’humour, volontaire ou pas, avec le running gag du « nettoyage » de cadavres par les crocodiles.
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Olivier Pont désirait une histoire qui se passait en Amérique du Sud. Plutôt que de choisir la Guyane que le dessinateur suggérait, Loisel l’a embarqué en Amazonie pour notre plus grand plaisir. L’immersion est totale. Aidé en cela par les couleurs de François Lapierre, l’invitation au voyage et le dépaysement sont assurés.
Avec Vincent Mallié, Mohamed Aouamri et David Etien, Olivier Pont fait définitivement partie de la famille des ADN-loiselo-compatibles.
Si Max recherche un certain putain de salopard, on peut dire qu’il y en a plus d’un dans la jungle. On dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais quand il est vert, il ne faut pas être manchot pour réussir à les trouver.
Laurent Lafourcade
https://www.youtube.com/watch?v=mFW3XiMOJIo
Série : Un putain de salopard
Tome : 2 - Omaneta
Genre : Aventure
Scénario : Régis Loisel
Dessins : Olivier Pont
Couleurs : François Lapierre
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 88
Prix : 18 €
ISBN : 9782810202331
©BD-Best v3.5 / 2024 |