« - Pourquoi nous envoient-ils précisément à l’Est ?
- Oh, mon Dieu !
- Les enfants… Il faut sortir de ce train…
- Tout à fait d’accord !
- Quoi ?!
- La porte doit être verrouillée, nous passerons par la fenêtre !
- Très bien !
- Mais qu’est-ce que vous faites ? Vous perdez la raison !
- Erreur, c’est la soif de vie qui rend la jeunesse lucide ! »
Spirou accompagne P’tit Louis et sa sœur dans un train pas comme les autres. Nous sommes au tout début des années 40. Ils ne le savent pas mais les wagons roulent vers le camp de la mort d’Auschwitz. Pourtant, tout le monde ne semble pas être convaincu du traquenard. Spirou flaire l’embrouille. Il décide de quitter le train en route et de sauter par une fenêtre avec les gamins. Le groom n’ira pas à Auschwitz, mais l’aventure ne fait que commencer.
© Bravo, Benoit - Dupuis
Bravo a mené un travail d’historien. Chaque scène ne laisse rien au hasard. Dans les trains belges, jusqu’en 1943, les juifs ne se doutaient pas du piège dans lequel les embarquaient les nazis. On était encore loin des wagons à bestiaux. Par ailleurs, les nazis avaient créé une association de juifs pour les juifs, l’Association des Juifs de Belgique (AJB), qui recensait et convoquait les juifs du pays à la caserne Dossin de Malines et qui n’était rien d’autre qu’un camp de transit avant Auschwitz.
Spirou y est également victime malheureuse de bombardements alliés. Il s’en tirera, évidemment, mais ce ne fut pas le cas de nombreux civils, l’US Air Force ne pratiquant pas les tirs de précision. Il deviendra ensuite résistant actif, tout en restant non violent, alors que Fantasio n’hésite pas à prendre part à la lutte armée.
© Bravo, Benoit - Dupuis
En arrêtant dès les premières pages de ce troisième volet de L’espoir malgré tout la route de Spirou vers Auschwitz, Emile Bravo reste cohérent avec l’avenir du groom. En effet, si Spirou avait atteint le camp, il n’aurait pu en sortir indemne, tout du moins moralement. Concernant toujours son avenir, par le truchement de Mieke, Bravo justifie le rapport de Spirou aux femmes et pourquoi il ne connaîtra plus d’histoire d’amour. Mettons à part Luna Fatale dont les sentiments amoureux pour Spirou sont évidents mais dont l’inverse reste plus ambigu, ainsi que le tout récent Pacific Palace, qui n’existait pas lorsque Bravo a rédigé son scénario, et qui n’induit de toute façon aucune contradiction.
© Bravo, Benoit - Dupuis
Il reste encore un acte à L’espoir malgré tout. A ce jour, le récit historique à tous points de vue (9ème art et histoire du monde) est à la hauteur de ses ambitions.
Laurent Lafourcade
Série : Spirou, l’espoir malgré tout
Tome : 3 - Un départ vers la fin
Genre : Aventure historique
Scénario & Dessins : Bravo
Couleurs : Benoit
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 116
Prix : 16,50 €
ISBN : 9791034731633
©BD-Best v3.5 / 2024 |