« - Votre nom ?
- Je m’appelle Agata.
- J’ai dit, votre nom !
- Ha… pardon ! Letewski. Agata Letewski.
- Nationalité ?
- Polonaise.
- Vous n’avez pas d’antécédents criminels ? Pas de sympathies communistes, ni fascistes ?
- Non.
- Quelle est la raison de votre venue aux Etats-Unis ?
- J’ai un oncle qui habite à Chicago. Il me propose du travail. J’ai une lettre de sa part. »
Avril 1931. La Statue de la Liberté brandit sa flamme au-dessus de la baie de l’Hudson. Un bateau s’approche d’Ellis Island avec un flot d’immigrés, parmi eux, Agata, une jeune polonaise de 19 ans. L’accueil au centre fédéral de l’immigration n’est pas des plus chaleureux, mais la belle blonde franchit le contrôle.
Agata a quitté Varsovie après un avortement clandestin. Elle rejoint son oncle Césary à Chicago qui va lui trouver un travail dans un bar de la ville.
Mais la cité n’est pas des plus calmes. Des bandes rivales s’affrontent dans une guerre des clans, dont celle de Lucky Luciano, le chef de la mafia italienne. Agata intègre cet échiquier impitoyable dans lequel la musique sera sa lueur au milieu des balles.
Et pendant ce temps, Franklin Delano Roosevelt proclame le « New deal ».
Olivier Berlion nous plonge dans l’Amérique des années 30 avec une série d’époque. La chose n’est pas aisée tant la période a été traitée dans tous les domaines et avec grand succès : au cinéma avec par exemple Les sentiers de la perdition et Il était une fois en Amérique, à la télévision avec Boardwalk Empire et les Incorruptibles, en bande dessinée avec De silence et de sang, qui a fait les beaux jours de la collection Vécu, et, dans un autre style, Sammy.
Berlion tire son épingle du jeu et trouve son originalité avec le concept du chien dans un jeu de quilles.
On ne peut pas reprocher à Olivier Berlion de s’endormir dans une routine. L’auteur se remet sans cesse en question dans des séries aussi diverses que variées. Il a tout essayé plusieurs fois : le one shot (Lie-de-vin), la série concept (L’art du crime), la série policière avec héros récurrent (Tony Corso), la série jeunesse (Le cadet des Soupetard). Il se lance à présent dans la fresque historique avec une série très documentée.
Pour mieux se plonger dans l’atmosphère de la prohibition et la réalité de l’ambiance retranscrite, Berlion fait évoluer son trait vers un réalisme plus pur, avec un encrage détachant les personnages et les rendant plus « photographiques ». Dans la plus pure tradition des Incorruptibles, il fait se côtoyer des personnages de l’Histoire de l’Amérique avec des héros de fiction. Les décors sont précis, soignés, avec des vues étourdissantes sur les immeubles de Windy City, Chicago la ville des vents et du crime.
Un cahier graphique complète l’album et permet d’apprécier les recherches du dessinateur sur cette série qu’il a muri pendant trois ans.
Laurent Lafourcade
Série : Agata
Tome : 1 – Le syndicat du crime
Genre : Polar historique
Scénario, Dessins & Couleurs : Berlion
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 88
Prix : 15,50 €
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