Chroniques noires. Un certain Daneri
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Chroniques noires.  Un certain Daneri

 

« - Que voulez-vous ?

-   Bonsoir, je…

-   C’est moi qui l’ai appelé, Laeticia. Fais-le entrer. Entrez, Daneri. Venez… J’ai un fils, Daneri, et il a besoin en urgence de vos services de… de… Je ne sais comment appeler ça… Détective, c’est bien ?

-   Appelez ça comme vous voulez. »

 

 

 

 

 

 

 

Flic ou détective ? Honnête ou border line ? On ne sait pas grand-chose sur la carrière de Daneri. Enquêteur, il l’a été, indéniablement. Aujourd’hui dans la force de l’âge, l’homme offre, ou plutôt vend, ses services à ceux et celles qui ont des mystères à résoudre et/ou des comptes à régler. En arrivant chez cette vieille dame un peu sorcière et en acceptant de protéger son fils, Daneri ne se doutait pas que sa mission n’allait pas connaître l’issue qu’il pensait. Daneri connaît les truands pour les avoir fréquentés. Il les côtoie ou les combat avec les mêmes armes, la même impassibilité, la même noirceur.

 

 

 

 

© Breccia, Trillo– iLatina

 

 

On ne présente plus Carlos Trillo. Le scénariste attitré d’Eduardo Risso et de La grande Arnaque, dessinée par Domingo Mandrafina, certainement l’un des meilleurs albums BD de tous les temps, signe huit courts récits noirs avec un héros, ou plutôt un personnage principal, atypique. Elles ont été publiées entre 1974 et 1978 en Argentine et sont éditées pour la première fois en français.

Daneri a du vécu. C’est un homme meurtri par les blessures de son passé, que l’on ne connaît pas, mais que l’on peut lire sur ses rides et dans ses cernes. Dans un contexte argentin post-Peron, le pays sombre dans une dictature sanglante, une anarchie où chacun s’impose ses règles.

 

 

 

 

© Breccia, Trillo– iLatina

 

 

Alberto Breccia s’impose en maître du noir et blanc. Le dessinateur de Mort Cinder ne se contente pas d’aplats, mais pratique le dripping (lancé de taches à la manière de Jackson Pollock), mais aussi le collage, apportant des textures et flirtant avec l’abstraction. Ces procédés sont autant de manières pour lui de traduire une ambiance glauque, âpre et fatale. Quand on pense qu’il était autodidacte. Daneri est aussi l’occasion pour Breccia de donner un côté politique à sa bibliographie et de revenir sur son enfance à Buenos Aires dans le quartier de Mataderos, lui l’artiste uruguayen. Laura Caraballo détaille les destins liés de Breccia et Trillo dans une introduction fine et fort intéressante.

 

 

 

 

© Breccia, Trillo– iLatina

 

 

Benoit Sokal vient de nous quitter. Les ambiances étant cousines, étrangement, Daneri aurait pu être un personnage de Canardo sans que cela ne dénote. Ce qui fait l’originalité de Un certain Daneri c’est que les situations échappent totalement aux personnages, voire même aux auteurs.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Un certain Daneri 

 

Genre : Polar 

 

Scénario : Carlos Trillo 

 

Dessins : Alberto Breccia 

 

Traduction : Thomas Dassance 

 

Éditeur : iLatina

 

Nombre de pages : 48

 

Prix :  15 €

 

ISBN : 9782491042196

 



Publié le 20/06/2021.


Source : Bd-best

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