Zoo (tome 3)

Série : Zoo

Auteur : Frank & Bonifay

Prix : 14 €

Date de sortie : 24/10/2007

Nombre de pages : 80

Catégorie : Drame

Type de reliure : Album cartonné

Éditeur : Dupuis

Collection : Aire Libre

Publié le 19/11/2007

Entre arche de Noé et paradis originel

Quelque part au bout d'une route normande, le docteur Célestin a installé les fondations de son zoo. S'y côtoient les plus beaux animaux de la création. Ours, panthères, gazelles... Une petite communauté humaine y déploie aussi sa différence. Il y a la fille adoptive de Célestin, Manon, la sensuelle sauvageonne. Elle partage son amour entre ses animaux et Buggy, le sculpteur animalier, magicien des formes. Sans oublier la dernière venue : Anna, la femme sans nez, qui a fui la Sibérie où son destin fut déchiré.

Entre arche de Noé et paradis originel, le zoo défie les contingences morales de son temps. Pour déstabiliser ce microcosme, il fallait au moins une guerre mondiale. La fin du tome 2 voyait Célestin partir pour les tranchées du front, brusque et violent retour à la réalité. Avec le tome 3, c'est au tour d'Anna de se rendre vers le Grand Dehors. Sur les traces sanglantes de la guerre des autres, elle va chercher le bon docteur dans les ruines de l'ancien monde. Elle qui a perdu son âme, va-t-elle enfin la retrouver ? Va-t-on assister à la fin du zoo ou à sa renaissance ?

Découvrez la bande-annonce de l'album !

L'avis de Julien Depuydt :

Les animaux ne sont pas fous, les hommes oui. Sauf papa Célestin. C'est accompagné de pleurs qu'il s'en va en guerre. Pas pour tuer, mais pour sauver. Célestin est médecin, et pense pouvoir soulager les hommes de leur folie.
Mais il n'est pas seul, et a sa propre meute, qui dépend de lui. Pourtant, il s'en va, et la vie s'arrête. Les animaux ne sont pas des hommes, mais ne veulent pas mourir pour autant. Il est donc temps de ramener Célestin chez les siens, quitte à le protéger en le mettant en cage.
Pour traverser l'horreur, Anna se dévoue, tandis que Manon pleure.
Les couleurs du zoo sont supplantées par la grisaille de la guerre. Anna, dans le malheur de son handicap, ne peut heureusement sentir la chair morte. Mais elle n'en est pas moins insensible à la douleur humaine. Qu'elle soit d'un côté ou de l'autre, la folie est la même.
Célestin n'est plus, mais reste vivant dans les mémoires. Anna était morte, mais est revenue, chargée de sa mémoire. N'est-ce pas la boulangère qui fait un noeud pour se souvenir d'un pain ? Evénement insignifiant dans le vivant, il prend une autre dimension dans la disparition.

Frank Pé et Bonifay signent ici la fin d'un drame attendu depuis longtemps. Le zoo était trop beau, les humains trop animaux. La tristesse atteint un paroxysme, et Frank Pé préfère ne pas la commenter. De longues séquences sans textes, ils ne sont pas toujours utiles. D'autres plus bavardes, pour signaler que la vie reste présente. C'est un très bel ensemble que nous pouvons lire dans ce Zoo tome 3. De la poésie, de la tristesse, une touche d'espoir, chacun sa palette de couleurs et de sentiments.

Un album intense, qui ne déçoit pas. Le scénario était prêt depuis longtemps, mais il fallait le rendre correctement, mission remplie avec succès. Il faut prendre le temps de s'en imprégner. On n'en ressort pas changé, mais satisfait.

Autre(s) critique(s) de cette série

Bégé

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