La fin d'une formidable saga historique !!!

 

Promise au sacrifice, soumise à la question !!!

Janvier 1525. Vera cruz. Le confesseur Enrico Segura est mandé par la Sainte Inquisition pour interroger Maïna (Deux-Fleurs-De-Maïs), une Indienne qui a déjà subi la question sans jamais parler. En fait, ce que les espagnols cherchent à savoir, c'est la révélation de l'endroit où se trouve le trésor des Aztèques. Jean-Yves Mitton évoque ici avec maestria la foi des Aztèques envers Quetzalcoatl (le Serpent à plumes), le dieu Vengeur. Car l'histoire douloureuse de Maïna (surnommée la Malinche), c'est celle d'une vengeance. Il faut absolument relire les tomes précédents de la série pour en savourer l'apogée. Mitton utilise le procédé du flash back pour traduire la souffrance de Maïna. Il passe sans cesse de 1525 à 1520. A cette époque, Maïna va se marier. Hélas, elle et son fiancé sont promis au sacrifice en l'honneur de l'Empereur Aztèque Moctesuma. On peut déjà faire un parallèle avec le film "Apocalypto" de Mel Gibson pour les scènes sanglantes mais jamais gratuites. Si son fiancé est sacrifié ainsi que toute sa famille, elle en réchappe et est recueillie par un riche dignitaire bien décidé à la protéger. Pour remercier ce dernier, Maïna se donne à lui malgré le fait qu'il soit lépreux. Remarquée par des sbires de Moctesuma, la jeune femme est emmenée pour servir l'Empereur. Pendant ce temps, en 1525, la révolte des Indiens couve et c'est dans climat d'insécurité totale que Segura recueille les souvenirs de Maïna.

 

Le destin tragique de la Malinche...

En 1520, Deux-Fleurs-De-Maïs devient la maîtresse de Moctesuma. Dans sa folie meurtrière, ce dernier sacrifie la soeur de Maïna. Cette dernière se révolte et est emprisonnée avec le serpent sacré qu'elle tue avec ses dents. L'Empereur la nomme sa favorite. Le récit sanglant est truffé d'expressions indiennes que Mitton traduit dans un lexique en fin d'album. Le tout extrêmement bien documenté dans

divers ouvrages que Mitton cite dans le tome 7. Pour venger sa soeur, Maïna arrache avec ses dents la verge de Moctesuma et fuit la capitale des Aztécas, Mexico. Après un périple infernal , poursuivie, elle rejoint Vera Cruz pour y faire une rencontre capitale. Cependant, en 1525, elle subit à nouveau la pratique barbare de la question malgré l'opposition de Segura. A Vera Cruz, 5 ans plus tôt, la jeune Maïna devient la maîtresse de Cortez venu chercher l'or des Incas et les massacrer. Il l'oblige à revenir dans la cité où toute sa famille a péri. Arrivé à Mexico, Cortez veut prendre la ville d'assaut, sous-estime les Aztèques et subit un premier revers. Finalement, grâce à un subterfuge, il entre dans la cité non sans avoir perdu le statut de dieu. Lorsque l'Empereur veut qu'on sacrifie Maïna, Cortez ordonne le massacre de tous les Aztèques. Maïna réussit à fuir pour se retrouver plus tard capturée et soumise à la question. On l'aura compris: âme sensible s'abstenir. Quant à l'or, il faudra lire le dernier album pour apprendre une surprise de taille tandis que Maïna n'échappe pas à un sort cruel.... Toute la passion pour l'Histoire avec un grand H s'exprime dans cette saga extraordinaire, cruelle, mais pas dénué d'humour. Les fans de cette période et les autres se régaleront...

 

Un auteur au sommet de son art !!!

Dans Quetzalcoatl, Jean-Yves Mitton s'appuie sur une solide bibliographie. On ne perçoit pas toujours bien où se situe la romance par rapport à la réalité. De plus, son héroïne est plantureuse. Français, sorti des Beaux-Arts, il fait ses classes aux Ateliers des Editions Lug et peaufine un dessin réaliste très fouillé. C'est avec François Corteggiani qu'il connaît le succès avec sa série "De Silence et de Sang". Ensuite ce sera "Vae Victis", une saga gallo-romaine sur scénario de Simon Rocca. Son travail d'auteur se poursuit avec une histoire de corsaires: "Les Survivants de l'Atlantique", puis une série sur les Vikings. Ensuite, il se transforme en scénariste génial pour "Attila mon amour" dessiné par Frank Bonnet. Il n'y a pas assez de superlatifs pour qualifier son oeuvre: spectaculaire, authentique, extraordinaire... Avec Quetzalcoatl, il atteint un sommet !!! En annotations, il précise que le souvenir de la Malinche perdure encore comme celui d'une sainte et que Cortez tomba en disgrâce faute de n'avoir pas su trouver l'Eldorado. Selon ses sources, on estime le génocide des Indiens d'Amérique Centrale à près d'un million de victimes. Le Vatican attendit 1986 pour demander pardon aux Indiens mexicains. Faites comme moi, ruez-vous sur cette formidable saga...