Ca barde à Bir Hakeim pour les Woman On War !!!

Petit historique pour commencer: les Woman On War (W.O.W) sont des espionnes à la solde du président Roosevelt. Chacune a un pouvoir. Vous allez voir, c'est désopilant. Poison Ivy (qui donne son nom à la série) a le baiser qui tue. Boston Iceberg congèle tout ce qu'elle touche. Gordon Lady est aveugle mais à un sens de l'ouïe exacerbé. X-Raymonde est télépathe. Yum Yum Jaw est cannibale. Mémory est capable d'assimiler en quelques heures le contenu d'une bibliothèque. Dans le premier épisode (qui gagne à être lu comme le deuxième d'ailleurs), les auteurs Yann et Berthet nous invitent à faire la connaissance de Swampy dans le bayou américain et nous expliquent comment elle a acquis son pouvoir et comment elle est devenue Poison Ivy.

Un baroud d'honneur

Après leur mission réussie en Chine, les W.O.W sont investies d'une nouvelle et noble tâche: intercepter un convoi français en Lybie. Juin 1942, c'est la deuxième guerre mondiale. A Bir Hakeim, des soldats français empêchent Rommel d'avancer permettant ainsi aux anglais de prendre Tobrouk. Après un combat héroïque, les W.OW (transformées pour l'occasion en infirmières) parviennent à joindre le convoi commandé par le Colonel Albert-René de la Pâte Feuilletée (si,si, je n'invente rien). Après une traversée épique du désert, après avoir trouvé des lingots d'or et démasqué des traîtres, elles échouent à Bir Hakeim pour un baroud d'honneur. Il y a de tout dans cet épisode: de l'action, de l'amour, de l'humour, une danse du ventre, des soldats congelés, d'autres dévorés... C'est poilant, marrant, tordant, comique. Les filles sont superbes. Le lecteur se tord de rire face aux références cinématographiques: "Un taxi pour Tobrouk", "Les Morfalous". Les clins d'oeils BD sont aussi très réussis: Astérix, Oumpah-pah. On voit même le Petit Prince et son renard comtempler la colonne de camions qui s'en va dans le désert...

Dans les coulisses

Le scénario de Yann est plein de trouvailles et plein d'ingéniosité. Les dialogues sont pétillants et cocasses. C'est fort bien documenté. Berthet se surpasse par son dessin précis et son crayon bien affûté. Le duo fait mouche (même si je les préfère aux commandes d'un nouvel épisode de Pin-Up). Yann s'est fait connaître grâce à de nombreux scénarios: les Innommables, La patrouille des Libellules, Sambre, le Marsupilami, Lucky Luke, Bob Marone, Nuit Blanche, Les Eternels (et j'en passe). Dans ces albums, on relève ce sens critique, cet excès, cette démesure qui feront de lui un démiurge de la farce comique ou tragique. Dans une interview qu'il m'a accordé Yann m'a confié qu'il avait vécu son enfance sur un cargo commandé par son père. Ce dernier se tuait au travail. Il était fier de son argent, de sa villa, de ses voitures, de ses cheveaux. A 18 ans, Yann a rejeté l'autorité de son père et envoyé des planches au magazine Spirou. On retient ses scénarios plutôt que ses dessins. Au début, explique-t'il, c'était l'enfer. Il vivait au milieu des cartons sans pouvoir payer son loyer. Pendant dix ans, il a ramé pour être lui-même. Aujourd'hui, il est stressé, il court pour respecter ses contrats. Mais pas pour le fric, comme son père, juste pour être lui-même. Berthet a commencé avec Le privé d'Hollywood, Couleur Café, Sur la route de Selma, Halona, Yoni, mais c'est Pin-Up avec Yann qui l'a rendu célèbre...

Très prochainement, une nouvelle interview de Yann et Berthet