« - Mon dieu, comme c’est excitant ! Quelle aventure ! C’est la première fois qu’on me prend en otage.
- Oui, en effet, vous avez l’air de bien vous amuser..
- C’est incroyable… D’habitude, je ne gagne jamais rien, et là, pouf ! Ça tombe sur moi ! D’ailleurs… Pourquoi moi ?
- Nous allons négocier votre libération en échange du démantèlement de la centrale nucléaire que vous dirigez. »
Un incident à la centrale nucléaire de Chissouane a fait trois morts. Les veuves des victimes veulent faire fermer l’usine et pour cela enlèvent le directeur. Loin d’en être terrifié, le directeur en question s’amuse de cette situation qui le change de son sombre quotidien. Entre l’homme et ses ravisseuses, c’est déjà le syndrome de Stockholm. Pendant ce temps, les habitants du petit village La Fontaine-aux-Sources apprennent qu’un arrêté préfectoral a entériné la privatisation de leur nappe phréatique au bénéfice de la société Water Business et de son usine d’embouteillage pour la marque Opure. Le réseau de distribution d’eau pure de la commune va être coupé. Il va falloir tout faire à l’eau en bouteille. Les villageois ne l’entendent pas de cette oreille. L’eau va être dure à avaler.
© Geoffroy, Relom, Degreff – Delcourt
La seconde partie des Veuves électriques transforme l’essai. La comédie dramatique de Relom et Damien Geoffroy est toujours aussi drôle, sarcastique et piquante. Alors que l’introduction semblait nous emmener dans une nouvelle direction, les deux intrigues, celle de la centrale et celle de l’eau, se rejoignent car les mêmes responsables sont à leurs sources. Le propos cynique et les dialogues ciselés ne dissimulent pas les problèmes politico-industriels que soulèvent les auteurs. De simples épouses éplorées ne veulent pas qu’arrive à d’autres ce qu’on subit leurs maris ? Ça, ce n’est qu’un prétexte. Les interrogations sur l’intérêt du nucléaire et les problèmes écologiques liées à la surexploitation des nappes phréatiques ne sont aussi que des prétextes. Le sujet premier est bel et bien les manigances entre un homme d’affaires et un président de la République.
© Geoffroy, Relom, Degreff – Delcourt
Gonzangue Innitey a largement contribué à l’élection à la présidence de Gwenaël Peutinazy en mobilisant toutes les chaînes de télévision et tous les journaux dont il est propriétaire pour faire élire son poulain et avoir ainsi les mains libres pour ses magouilles dans ses usines. L’un a besoin de l’autre. Le président n’a qu’à faire arrêter les veuves s’il veut la même couverture médiatique au prochain scrutin. Ce président ressemble étrangement à Emmanuel Macron. Acte manqué ? Certainement pas. La satire est évidente. Celui qui se dit Président de tous les français est un otage de la finance. Emmanuel/Gwenaël, même caillou dans la chaussure.
© Geoffroy, Relom, Degreff – Delcourt
Les auteurs réalisent un grand écart tragi-comique, une figure de style pas facile à exécuter. Avec un final non conventionnel, Les veuves électroniques est une triste histoire désopilante.
Laurent Lafourcade
Série : Les veuves électriques
Tome : 2 - La Fontaine-aux-Sources
Genre : Comédie dramatique
Scénario : Relom
Dessins : Damien Geffroy
Couleurs : Degreff
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 64
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782413039440
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